Chapitre 14 : Branle-bas de combat

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Le lendemain, après un court repas matinal, Anna suivit les six jusqu'à la place centrale où se tenait le conseil des polyarques. S'adressant à la population inquiète, le polyarque navigateur dévoila la situation d'une voix solennelle et empreinte de tristesse:

"Citoyennes, citoyens, filles et fils de Blanche-Elliarum,  réfugiés survivants de Diebas Etrof; les nouvelles ne sont pas aussi bonnes que nous aurions aimé pouvoir vous l'annoncer. Avec l'arrivée des réfugiés de Diebas, nos soupçons ont été confirmés. Le continent regorge toujours des monstres qui nous en ont chassés. Pour notre plus grand malheur, les réparations et observations réalisées par nos fidèles voiliers montrent que l'édifice tout entiers pourrait être compromis d'ici quelques semaines. Nous atteignons un point de non retour où le moindre incident pourrait précipiter la cité entière. Quoi que nous fassions, la cité sera au sol dans pas plus de huit mois. C'est pourquoi nous avons pris la décision de nous poser d'ici cinq à six semaines. 

Comme vous le savez, amerrir signifierais la destruction de notre champignonnière, ainsi que l'abandon de toute source d'eau non salée. Cette option n'est donc pas viable. Depuis que nous avons décollé, nous autres, navigateurs, avons cherché une terre hospitalière, tout en dressant des cartes, mais nulle terre n'a été aperçue hormis le continent. Il reste donc notre seule option viable. Cela fait quelques jours que nous cherchons le lieu le plus propice à un atterrissage permettant à la fois une défense efficace et une récole rapide de diverses ressources. Nous vous informerons dés que nous aurons fait un choix. D'ici là,le branle-bas de combat est déclaré. Il vous sera demandé de travailler différemment, plus vite et mieux. Notre survie à tous dépend de chacun d'entre vous. 

Peuple de Blanche-Elliarum, en vous je mets ma confiance ! Le destin de l'humanité entière repose peut-être sur nos épaules; soyons dignes de cet honneur ! Nous avons tous perdu des proches la nuit du grand départ... faisons en sorte que ces sacrifices n'aient pas été vains ! Rendons-leur honneur en honorant la seule chose qui vaille la peine de tuer pour elle: la vie! "


Les jours qui suivirent les révélations du polyarquat, la cité entra dans une effervescence inimaginable. Tout le monde courait, oscillant entre terreur et résignation. Bren avait cependant l'impression que les chevaliers étaient plus calmes que tous les autres. 

Alors que les écuyers se voyaient accordé le temps de souffler, entre deux exercices intensifs de combat, il s'approcha du chevalier qui les surveillait. Il s'appelait Thibault, lui aussi. Depuis le jour de majoration où il avait évité à Bren de se faire remarquer, l'écuyer avait pu compter sur lui et sur ses conseils pour l'aider à progresser et pour le raisonner. Peut-être que le prénom avait joué en sa faveur,toujours est-il que Bren s'était rapidement attaché à lui et tâchait de prendre exemple sur lui. Il s'approcha donc du chevalier et demanda:

"Sire, comment expliquez-vous que les chevaliers soient aussi calmes par ces temps troubles? même les polyarques et les navigateurs sont plus agités.

- Eh bien, jeune homme, répondit le chevalier, c'est sans doute parce que nous avons vu les événements arriver de loin.

- Mais les navigateurs aussi savaient tout depuis longtemps... et puis nous serons les premiers au combat !

-Justement, repris l'aîné, c'est là la raison d'être du corps des chevaliers. Nous sommes formés dans l'optique d'affronter des prédateurs monstrueux, et c'est en vue du retour au sol que nous nous préparons.  En somme,nous étions les plus préparés à cette annonce car c'est l'aboutissement de notre formation."

Bren hocha la tête, pensif, avant que, lui posant son gantelet sur l'épaule, Thibault lui dise de reprendrel'exercice. Il retourna alors dans l'arène.

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