Timide (sous contrat d'édition)

17. Eléonore

Kinaé et Kyle était rentrée depuis un bout de temps. J'avais forcé mon petit diable à prendre une douche- qui s'était vite terminé en troisième guerre mondiale, je l'avais couché dans sa chambre en embrassant son front, ses deux joues, son nez et son menton, comme d'habitude.

-Ça me manque, de ne pas dormir avec toi.

-Et bien... Je pourrais venir dormir dans ta chambre demain?

Il sourit et se tourna dos à moi pour dormir tandis que je quittais la pièce sur la pointe des pieds. Kyle devait être crevé, à suive le rythme de trois adolescents. C'est vrai que je ne lui avais pas accordé beaucoup de temps ces derniers jours. Tyler avait occupé la presque totalité de mes pensées...

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Je me tournais dans mon lit, ne trouvant pas le sommeil. Parler de Léo, de ma mère, avait réveillé de mauvais souvenirs, autant que de bons. J'avais passé une bonne partie de ma vie à les fuir et désormais, il refaisait surface sans que je ne puisse les contrer. Discuter de cela avec Tyler avait été comme refermé une blessure par un fer chauffé à blanc. Ça nous avait fait mal à tout les deux et pourtant, c'était nécessaire pour se sentir mieux.

J'avais perdu l'habitude de ressentir cette tranquillité. Ce sentiment insouciant... On sait que l'on a pas besoin de tout réussir, d'être parfaite. Que ce n'est pas nous qui devrions régler les problèmes parce que quelqu'un d'autre le fera à notre place. J'avais l'habitude de m'occuper de Kyle, de déposer les factures.... J'avais ma routine. Et là, je ne devais me préoccuper de rien. Et ça faisait du bien, pour une fois. Je n'étais pas l'adulte, je pouvais faire des conneries....

Mon père m'inquiétait tout de même. Depuis que j'avais découvert sa tentative de suicide, je faisais en sorte qu'il ne reste jamais seul. Et là, je partais carrément une semaine! J'avais peur qu'il ne refasse...ça. Je savais que c'était dur pour lui, peut-être même plus dur que pour moi. Mais ça ne changeait rien. Les forts se relevaient là où les faibles abandonnaient. Il devait en faire autant.

J'étais cruelle avec lui et j'en avais conscience. J'exigeais à mon père quelque chose dont j'étais incapable. Léo, Léo, Léo.... Il me manquait. Pire, je ne pouvais pas vivre sans lui. Je pouvais sourire, être heureuse pendant quelque instants. Je pouvais même le chassait de ma mémoire pendant des heures entières..... Mais il revenait. Il revenait toujours. Lorsque le soir, j'enfilais son t-shirt et en inspirais une grande bouffée ou même lorsque mon regard se portait sur mon collier en demi-cœur. L'autre partie était toujours avec lui, dans une tombe morbide au fond d'un cimetière. Cela faisait longtemps que je n'avais plus pensé à lui de cette manière. Comme quelqu'un de mort. Quelqu'un que je ne reverrais plus et qui faisais partie de mon passé. Mon point d'encrage avait disparu et j'avais mis pas mal de temps à en trouver un autre.... En réalité, je serais morte sans Kyle.

Léo, maman, l'accident.... C'était devenu des sujet tabou chez moi. Mon père oubliait généralement qu'il avait été marié ou du moins, il nous le faisait croire. Mon petit frère avait ce regard vide dès qu'on approchait le sujet de trop près...

Je ne pouvais pas parler, de rien, à personne. J'avais commencé à suffoquer lentement... On dit que le temps guérit les blessures. C'est faux. Le temps fait en sorte qu'on les oublie. C'est tout. La perte de nos proches est impardonnable. On ne peut jamais se soigner, à moins de n'avoir aucun cœur. Surtout quand c'était si.... Imprévisible.

Mes pensées devenait de plus en plus noires et je devais sortir de cette chambre, avant de sombrer définitivement et d'attraper le cafard. Je sautais hors de mon lit et me dirigeais doucement vers la chambre de Tyler en toquant trois petits coups. Il m'ouvrit en boxer et je plongeais mes yeux dans les siens pour les empêcher de descendre plus bas. Depuis quand cela me gênait? J'avais vu Tyler dans cette tenue au moins un million de fois alors qu'est-ce qui avait changé?