12. Eléonore

105K 5.9K 1.1K
                                    

Midi venait à peine de sonner. Je déposais à la hâte quelque cahiers avant de me diriger vers le self.

J'avais laissé Jason entrer un peu dans ma bulle. C'était comme.... Un échange d'information personnel. C'était bizarre. J'aurais dû être triste de reparler ainsi de ma mère, j'aurais dû.... Me sentir coupable, comme toujours quand je pensais à elle. Je ne sais même pas pourquoi je lui en ai parlé, alors qu'il avait abandonné le sujet. Plus je côtoyais Jason, plus je m'embrouillais: lorsque je pensais l'avoir déchiffré, il faisait un truc stupide qui ne le rendais que plus mystérieux. Comme entamer une conversation par SMS pour parler de son père. Il n'était pas curieux, il ne fouinait pas dans la vie des autres. Il n'aimait pas les ragots. C'était une énigme ambulante....

Mais s'il ne l'était pas, Jason serait-il à ce point captivant?

Et plus il se souciait de moi, plus j'avais envie de découvrir qui était le vrai Jason Parker. Le séducteur, le blagueur, le lourdeau, le petit rebelle.... Au fond, n'était-ce pas une simple apparence? Serais-je déçue de son véritable caractère?

Mes pensées furent stoppées par une main sur mon épaule. Pas comme celle de Jason dont le touché était doux mais ferme. Je pouvais sentir des ongles manucurés appuyer une pression suffisante pour me faire faire une grimace.

-La Muette.... Quel plaisir de te voir!

-Va-Vanessa.

-T'es fière de ton coup, hein? Tu crânes devant Jason et joue la forte mais lorsqu'il n'est plus là pour te protéger.... Tu redeviens la pauvre minable qui ne sait pas aligner trois mots.

-Je...Je..

-Chut! C'est moi qui parle!

Elle m'avait retourné et mon dos rencontra l'une des portes en métal des casiers. Je réprimais le gémissement de douleur qui faillit franchir la barrière de mes lèvres. Mes mains devinrent moites et mes yeux contemplèrent mes basquettes. Je n'étais pas de taille à affronter la Reine du Lycée. Autant Jason me faisait sentir spéciale, autant cette fille me paniquer. J'avais l'impression démesurée qu'elle avait le droit de vie et de mort sur moi. Qu'il ne lui suffisait que d'un mot pour détruire ma vie... Surtout ma vie sociale, qui était déjà presque inexistante. Alors je préférais faire profil bas.

-Voilà, une parfaite petite perdante. C'est ça, qui te rends si différente, Elinoue. Là où je me venge, tu t'écrases. Et c'est pour cela que Jason ne sera jamais attiré par des filles comme toi. Parce que tu es trop fragile, et qu'il lui faut une fille confiante qui sait l'envoyer au septième ciel. Or, toi, tu ne seras même jamais capable de le regarder torse nu sans t'évanouir. Tu vieilliras seule avec dix chats noirs comme une sorcière comme toi le mérite. Mais je sais... Je te comprends, je t'assure.... Il te fait de sentir spécial, n'est-ce pas? Dis-moi si je me trompe: il est capable de te redonner un peu de confiance en toi. Il te fait planer... Peut-être même es-tu amoureuse de lui? Malgré qu'il est clair que tu sois loin d'être à la hauteur.

Je ressayais les insultes sans broncher, Vanessa m'avait souvent fait ce genre de remarques. Je sentis ma paupière gauche tressauter, comme à chaque que le stress était trop grand ou que je sentais trop de regard sur moi. Ce tique m'exaspérait au plus haut point et j'avais déjà essayé d'y remédier.... En vain. Ses mots ne me touchaient pas. Ils ne devraient pas me toucher.

-Tu veux en avoir la preuve? Que même un phoque serait plus excitant que toi? Gabriel? Tu peux venir?

Gabriel était une brute du lycée mais il faisait aussi partie de l'Elite, comme j'aimais les appeler: un populaire par excellence. Avec ses cheveux coupés en brosse et ses grand yeux verts, il attirait les regard. Ce garçon était intelligent, élégant et juste un peu effrayant. Dès que les filles le croisait, elles rêvaient qu'il soit le Harry Style un peu dark de toute ses fictions.... Les boucles en moins. Ses parents étaient aisés et tout le monde les connaissait dans la ville. Il dégageait une...aura inquiétante. Il était le genre de danger auxquels les filles aimaient se frotter.

Timide (sous contrat d'édition) Where stories live. Discover now