8. Jason

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Jason rentra chez lui de mauvaise humeur. Il avait mangé seul à midi, sans même savoir ce que sa Rouquette pouvait bien lui reprocher.

Mais vraiment, qu'est-ce que cette fille était lunatique ! Il croyait enfin s'être approprié sa confiance et elle lui prouvait le contraire.

Du coup, il s'était retrouvé avec Vanessa toute la journée. Et il avait une horrible migraine. C'était tellement....différent avec Eléonore. Il s'était amusé, vraiment. Peut-être qu'il faisait semblant d'être sympas, peut-être faisait-il semblant d'être attentionné mais jamais il n'avait simulé ses rires. C'était d'ailleurs surprenant, qu'il rit plus avec elle, cette fille timide, plutôt qu'avec ses amis.

Enfin, "amis" ! Tout était relatif !

Il ne savait même pas ce qu'elle lui reprochait. Son égo était blessé, sa fierté piétinée parce qu'il avait, comme un con, couru après elle.

Enfin, jusqu'à la sortie du self, en tout cas. Et elle ne s'était pas retournée, ne l'avait même pas regardé, comme en math où il n'avait carrément rien écouté du cours...

Mais quelque chose s'était passé. Elle l'avait épié au début de la journée, c'était le professeur lui-même qui l'avait dit.

Alors pourquoi, de but en blanc, ils étaient revenus en arrière? Ils étaient devenus amis, non?

Il souffla bruyamment en nettoyant la vaisselle et sa mère le regardait, appuyée contre le mur.

-Ça va, Jass?

-Il y a juste cette fille, Eléonore. Elle me fait la tête et je ne sais même pas pourquoi...

-Jason, je te préviens : si tu ramènes encore un pot de peinture à la maison, je l'utiliserai pour repeindre les murs de la salle de bain!

-Maman ! Non, elle est pas comme ça... Tu l'aimerais bien, en plus.

-Intelligente, serviable, aimable, attachante, distinguée, élégante. Et belle en option ?

-Euh.... Sûrement.

-Et as-tu fait quelque chose de mal pour qu'elle t'en veuille?

-Mais même pas!

Il finit la vaisselle et embrassa sa mère avant de partir se coucher.

***

Le lendemain, Jason attendait sa Rouquette de pied ferme dans une des rues adjacentes du lycée, une cigarette entre les lèvres. Appuyé ainsi sur le mur, on aurait parié qu'il était ce genre de garçon rebelle, qui fumait paquet de clope sur paquet de clope.

Mais n'était-ce pas un peu ce qu'il était? Enfin, lui, ne fumait que lorsqu'il était énervé. Vraiment, vraiment énervé.

Mais c'était parce qu'il voyait son défis partir en fumé. Pas du tout parce qu'il c'était attaché à elle. Encore moins parce qu'elle lui plaisait.

Parce qu'elle ne lui plaisait pas, soyons clair. Enfin, un peu, car sinon il ne l'aurait pas voulu comme trophée. Enfin bref, il n'éprouvait rien d'autre pour elle que des pulsions de victoires.

Il était en train de raconter de la merde, c'était pas possible....

Mon dieu, ce qu'il devenait imbécile. Comme si cela pouvait arriver de toute manière! Il s'était juré de ne jamais tomber amoureux après avoir vu son meilleur ami complètement abattu. Jason avait sorti avec de véritables canons alors, il ne tomberait certainement pas pour une timide. Elle n'était pas sexy, ni même "chaude". Elle était TIMIDE. Une timide, c'est mignonne. Point.

En pleine réflexion, il faillit louper sa Rouquette qui passait devant lui sans même le voir.

Mais lui, l'avait vu.

Il sentit son frisson lorsqu'il lui saisit le poignée pour la plaquer contre le mur de la ruelle. Elle voulut hurler avant de le voir et ses yeux s'assombrirent. C'était assez impressionnant de voir des yeux vairon, vert et bleu, devenir presque noir. Elle semblait....forte, comme la dernière qu'ils étaient sous la pluie. Elle était puissante, sur d'elle.

Elle était sublime. Il se rendit compte alors qu'elle pouvait très bien être sexy, lorsqu'elle mettait sa timidité de côté.

-Si tu ne me lâches pas, je cries au viol.

-Qu'est-ce que je t'ai fait ? Pourquoi tu m'ignores depuis hier ?

-Fous-moi la paix.

-Réponds, Eléonore.

-Tu as du culot, tout de même ! Je t'ai déjà dit de me laisser tranquille mais non, Môsieur ne peut pas parce que Môsieur a d'autre projet, n'est-ce pas? Comme gagner un stupide pari?

-Mais de quoi tu parles?!

-Allez, tu peux me le dire : Combien Brian a mis dans la mise ? 10 dollars? 20? 50?

-Attends... Tu pense que j'ai parié ? Sur toi?!

-C'est vraiment dégueulasse! T'es immonde! Je savais que tu étais arrogants, vantard, orgueilleux, égoïste et j'en passe mais je ne me doutais pas que tu étais aussi un connard.

Le garçon lui tenait toujours le poignée mais sa prise se fit plus douce. Avait-elle vraiment cru cela? Vu toute les insultes qu'elle lui crachait, elle n'en avait même pas doutée. Cela avait dû la pousser à bout, pour qu'elle ose ainsi lui dire ses quartes vérités. Il relâcha son poignée et passa sa main sur son front.

-Tu as vraiment cru que j'allais faire ça? Ok, ok, j'avoue que j'ai une bonne partie des défauts que tu as énoncé. Mais je n'aurais jamais parié sur une fille avec des potes. Si je la veux, je l'aurais de toute façon et je n'ai pas besoin de le prouver à quelqu'un d'autre que moi. Si je t'ai parlé à mon arrivée, c'est parce que tu avais l'air assez bien, j'étais un peu seul. J'ai été vers toi parce que t'étais jolie, en plus. Tu as rigolé, je me suis dit que tu pouvais avoir de l'humour et être sympas. Après, tu m'as prêté un bic rose Hello Kitty, je me suis dit que c'était ta manière de me taquiner et je suis rentré dans ton jeu. Je ne vais pas te mentir, le fait que tu me repousses m'a incité à aller vers toi. Et puis, j'aime bien parlé avec toi. Je croyais qu'on était amis. Apparemment, si tu as préféré croire quelqu'un d'autre que moi, je suppose que je me suis trompé....

-Oh.... Je... Tu me jure que....?

-Tu es ma Rouquette. On pourrait vraiment être amis tout les deux, si on s'en donnait la peine.

-Je suis désolée. Vanessa avait l'air tellement sûre d'elle, elle arrêtait pas de dire des méchancetés et, commença-t-elle avant d'être coupée.

-C'est Vanessa qui t'a dit ça ?! La garce, je le savais qu'elle tramait quelque chose hier.

Il savait que, à ce moment-là, il ne devait sûrement plus ressembler au gentil mec amical mais plutôt à un fou dangereux. Ses yeux était presque bleu nuit et sa mâchoire, contractée à l'extrême. Il trouverait le moyen de faire payer Vanessa. Pas forcément maintenant, où elle s'y attendrait. Mais plus tard. Sans aucun doute.

Elle baissa les yeux au sol.

-Je suis désolée d'avoir douter de ta sincérité. Je m'excuse.

Jason oublia Vanessa pour fixer son attention sur sa Rouquette qui observait ses pieds.

-Je sais aussi que j'aurais dû te parler au lieu de fuir sans même te donner le temps de t'expliquer. J'en ai fait toute une histoire pour pas grand chose, en réalité. Et je te considère comme mon ami....La plupart du temps.

-Je....Ok, marmonna-t-il en la prenant par la main pour se diriger vers le lycée.

Les grilles se fermèrent juste derrière eux et ils durent courir pour arriver à l'heure. Le professeur les regarda d'un œil sévère en leur désignant la place du fond. Eléonore rougit violemment lorsqu'elle remarqua que Jason n'avait pas lâché sa main depuis qu'ils avaient quitté la ruelle. Elle se mît à bégayer lorsque le professeur fit les présences.

En s'installant discrètement, Jason lui demanda un stylo à prêter. Et, taquine, Il la vit lui tendre le fameux bic Hello Kitty.

Avec un sourire en coin, il le prit.

Timide (sous contrat d'édition) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant