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Après la claque, Anne-Sophie inonde Charlie d'insultes, mêlant ses attaques verbales à des coups de sac à main et des bousculades. Il tente en vain de la calmer avant de l'insulter en retour, ce qui ne fait qu'envenimer encore plus la situation.

Les regards des personnes passant par-là sont tournés vers nous, vers eux, et les cris attirent d'autres spectateurs. Je ne sais ni quoi faire, ni où me mettre. J'ai l'impression d'assister à une dispute de couple.

Lydia reste plantée là plusieurs secondes, l'air béat, avant de se décider à intervenir. Mais la blonde est dans un tel état de fureur, qu'elle peine à la maitriser. Avec son visage marbré de rouge par la colère et sa voix qui part dans les aigus, Anne-Sophie ressemble à un chihuahua enragé.

La bagarre se termine lorsque Lydia parvient enfin à tirer sa copine en arrière. Celle-ci se dégage brusquement de sa poigne et insulte une dernière fois Charlie de « fils de pute » avant de partir.

— A-Attends ! braille Lydia.

La blonde fait la sourde oreille et s'éloigne jusqu'à disparaitre dans la foule des galeries principales.

Après avoir rajuster son t-shirt et passé une main dans ses cheveux, Charlie fait mine de partir à son tour, sous les yeux assassins de Lydia.

Il fait trois pas puis se retourne vers moi quand il réalise que je ne le suis pas.

— Poupouille, tu viens.

Je hausse les épaules.

— C'était pas une question.

— Elle fait ce qu'elle veut, intervient Lydia. C'est pas ton chien.

Le regard noir que m'adresse Charlie me dissuade de lui tenir tête. L'expression de Lydia est empreinte de déception quand je la salue d'un signe de main.

Le métro est bondé. Nous sommes debout, adossés, ou plutôt compressés contre les portes de sorties verrouillées. Je ne rêve que de m'enfuir d'ici.

De temps à autre, je jette des coups d'œil vers Charlie. Une griffure rouge et boursoufflée barre sa pommette. Malgré ça, son visage reste exempt de toute émotion et aucun son ne sort de sa bouche durant tout le trajet.

L'atmosphère est toujours aussi lourde quand la cabine d'ascenseur monte dans les étages de son immeuble.

Je suis donc plus que surprise de voir Charlie me sauter dessus une fois le seuil de son studio franchi. En dépit de toute la haine que j'ai contre lui, je ne peux pas nier que ses lèvres sont magiques. Il a beau m'embrasser cruellement, ses baisers me paraissent toujours doux.

Sans libérer ma bouche, il me fait reculer jusqu'à son clic-clac déplié et m'y fait basculer. Il fait remonter mon t-shirt puant la sueur sur mon ventre. Je le rabats. Charlie insiste une fois, deux fois, alors je le repousse, méchamment.

— C'est quoi ton problème, putain ?

— C'est toi, le problème !

— Quoi ?

— Tu...Je...Je... Je rentre !

Je roule sur le côté pour me libérer et me relève.

— Pourquoi ? A cause de cette tarée de blondasse ?! explose soudain Charlie.

— Ne fais pas comme si de rien n'était ! Et ne pense pas que je vais te pardonner comme ça.

— Me pardonner ? Mais me pardonner de quoi, Pauline ? Qu'est-ce que j'y peux si l'autre pète une durite et me joue une scène de ménage en public ?

Douce aigreurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant