IX

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Jack rentre dans la chambre de Connor à six heures du matin, bien trop fatigué pour faire autre chose que ramper sur mes genoux et se rendormir. Je continue à basculer dans le fauteuil d’Harry et de m’occuper de Connor, qui n’a fait aucun progrès en montrant qu’il sait que je suis ici, mais ce n’est pas si je m’y attendais. S’il ne s’est pas réveillé avec la crise d’Harry, il ne va sûrement pas se réveiller à cause du grincement de la chaise à bascule.

Dans le silence serein, mes pensées se déchaînent, pensant à Harry et à son comportement, il y a seulement quelques heures. J’ai toujours su qu’il était triste, c’était tellement évident quand je regardais dans ses yeux, mais rien ne disait qu’il était aussi triste. Quel est le mot correct pour ça ? Fou, déprimé, accablé semblent plus réaliste. Mon cœur saigne juste en pensant à la façon doit ça doit être pétrifiant de s’asseoir au près de son fils, chaque jour et chaque nuit, alors que son état ne fait que s’empirer. Si Jack était celui qui avait un cancer, la folie et l’irritation auraient déjà pris le contrôle et je ne pourrais pas le regarde durant les derniers jours.

Harry va arriver à ce stade s’il n’obtient pas d’aide. Il a besoin d’aide et même si je me suis dit hier soir, que je serais celle qui lui la fournirait, maintenant, je ne suis pas sûre de pouvoir. Il est touché d’une manière que je ne peux pas comprendre. A en juger par certains de ses mots, il ne veut pas de moi –ou que n’importe quelle autre personne lui offre de l’aide.

J’entends la porte grincer, quelques minutes avant 8h. Je serre ma prise autour de Jack et me penche un peu plus près de Connor, attendant la présence prochaine d’Harry. Il apparaît quelques secondes plus tard, toujours vêtu du pyjama de la nuit dernière, mais avec un manteau et des bottes marron. Un bonnet noir couvre ses cheveux, même si je peux encore voir quelques boucles enchevêtrées sous le tissu de laine.

Je suis vraiment surprise quand il ne semble pas être en état d’ébriété.

« Salut » dit-il, mais après lui signaler que Jack dort, il baisse la voix. « Le garagiste est dehors. Je l’ai appelé à 7h »

Ayant besoin d’avoir une conversation sur ce qui s’est passé il y a quelques heures, je lui d’attendre ici et j’emmène Jack dans la chambre d’Harry et l’étends sur le lit. Je retourne dans le couloir, ferme la porte de la chambre dans laquelle est mon fils et retourne au près d’Harry, croisant les bras.

Ma voix est étouffée. « Ca va ? »

« Oui »

« Où étais-tu aller ? » j’interroge.

« Chez Miranda »

Sa bouche est recouverte de sang séché. « Comment va ta lèvre ? »

Le majeur et le pouce d’Harry glissent lentement sur sa peau rougie. Il hausse tout simplement les épaules.

« C’est bon »

Ma voix est toujours pressante. « J’étais inquiète pour toi »

« Tu n’avais aucune raison de l’être ». Il secoue la tête. « Je vais parfaitement bien, maintenant »

« Ouais, maintenant. La nuit dernière Harry- »

« Je ne veux pas parler de la nuit dernière » dit sèchement Harry. « C’est fini, accepte ça »

Je serre la mâchoire. « Je ne vais pas accepter que ça soit fini. Tu as besoin d’aide ou cet épisode va se reproduire. Et si tu choisis de vivre comme ça, il y aura une troisième fois, une quatrième, une cinqu- »

Black Friday » h.sWhere stories live. Discover now