XX - Mercredi 14 mars

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- C'est un neuf ou un six ?

- Un six.

Olivia a soupiré, regardé dans son jeu et pioché. J'ai souri et ai déposé ma dernière carte.

- Putain, Margaux, tu fais chier ! s'est exclamé Mathieu.

- Pas la peine de te montrer aussi vulgaire, mon cher.

Il a roulé des yeux en mauvais perdant qu'il était. Tu as déposé une carte « + 2 » rouge sur la mienne et j'ai cru que Mathieu allait exploser.

- Uno, as-tu dit en souriant.

- Je déteste ce jeu, a lâché Mathieu alors que quelques minutes plus tôt, il scandait à qui voulait bien l'entendre que c'était son jeu préféré.

Mathieu a pioché deux cartes, et j'ai profité de ma victoire pour aller me dégourdir les jambes. Je suis allée dans le jardin, où Arthur était encore au téléphone.

- Ils m'ont mis en attente, ces cons, a-t-il lâché avant de tirer sur son joint.

- Tu ne penses pas que c'est une mauvaise idée d'appeler ton probable futur employeur alors que tu es en train de fumer ça ? lui ai-je demandé en pointant du nez ce qu'il avait dans la bouche.

- C'est bon, ils ne vont pas sentir l'odeur.

- Tu sais bien que ce n'est pas ce que je voulais dire.

- T'inquiètes pas pour moi, trésor, je gère.

J'ai esquissé un sourire et suis rentrée dans la maison. Rien que le fait qu'il m'appelle « trésor » prouvait bien qu'il n'était pas très net. Tu étais dans la cuisine en train de fouiller dans mes placards.

- J'ai faim, tu as quelque chose à me proposer ?

- Pas pour toi, non.

Tu t'es redressé et as fait la moue. J'ai ri et t'ai expliqué que je n'avais pas de biscuits.

- On pourrait faire des crêpes, ai-je proposé parce que je savais que tu adorais ça.

- N'importe quoi, les crêpes, c'est le dimanche.

J'ai roulé des yeux en souriant et ai inspecté le contenu de mon frigo.

- Mouais, de toute façon, je n'ai plus d'œufs.

- Pourquoi tu nous invites chez toi alors que tu n'as rien à manger ?

- Parce que c'était plus simple de tous se retrouver chez moi. Si tu n'es pas content, tu n'as qu'à manger les restes de riz de ce midi, tu m'en as fait faire des tonnes.

- Waw, on dirait une discussion d'un vieux couple, as-tu remarqué.

J'ai éclaté de rire et ai rejoint Olivia et Mathieu dans le salon, qui étaient toujours en train de jouer. On aurait presque pu voir de la fumée sortir des oreilles de Mathieu.

- Alors ? as-tu fait en arrivant derrière moi.

Je me suis tournée vers toi. Tu avais finalement opté pour un yaourt à boire.

- Ils n'arrêtent pas de piocher et de se balancer des « + 4 ». Je pense qu'ils auront fini d'ici une demie-heure.

- Super, on se mate un film en attendant ?

J'ai ri et t'ai observé. Tu as bu la fin de ton yaourt et tu avais une énorme moustache de lait à la fraise au-dessus des lèvres. Inconsciemment, mon pouce est allé se promener sur ta lèvre supérieure pour ramasser le surplus de yaourt. Ce n'est qu'en plaçant mon pouce dans ma bouche que je me suis rendue compte de l'ambiguïté du geste et mon cœur s'est mis à battre à cent à l'heure. Tes yeux étaient posés sur moi, et tu me regardais, non pas avec un air surpris ou dégouté comme tu aurais du le faire, mais totalement absent de toute trace de sentiment. J'ai doucement retiré mon pouce des lèvres, comme si tu ne pouvais pas le remarquer si j'agissais lentement, et Olivia s'est placée juste devant moi.

Aubain (inachevée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant