XIV - Vendredi 2 février

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Arthur et moi étions devant ton lycée. Comme tu finissais plus tard que nous le vendredi, j'avais pensé à venir te voir dès la fin des cours, pour avoir notre fameuse discussion. Olivia m'avait raconté que vous vous étiez disputés la veille avec Mathieu, ce qui ne me disait rien de bon.

- Tu penses vraiment qu'Aubain et moi, on est ensemble ? ai-je demandé à Arthur.

Il a secoué la tête en souriant.

- Bien sûr que non, pourquoi tu dis ça ?

- Oli m'a dit que tu n'arrêtais pas d'en parler à Aubain.

- Rectification : je fais chier Aubain avec ça. C'est mon rôle de meilleur pote. Et puis, c'est vrai quoi, vous vous aimez bien tous les deux.

- Pas comme ça.

- C'est ce qu'il me répond à chaque fois.

La sonnerie a retenti. J'ai commencé à stresser ; je sentais mon cœur résonner de plus en plus fort dans ma poitrine.

Des flots d'élèves sont arrivés, et parmi eux se trouvait Mathieu, qui poussait son vélo. J'ai prévenu Arthur et ai rejoint Mathieu, qui enfilait des gants, à califourchon sur son vélo. Lorsqu'il m'a aperçue, ce n'est pas son large sourire qui m'a accueillie, comme il le faisait d'habitude ; c'était un petit sourire discret, aux lèvres closes, accompagné d'un regard fuyant. Je lui ai fait la bise et lui ai demandé si on pouvait se parler, lui et moi.

- Écoute, si c'est par rapport à mon embrouille avec Aubain, je... a-t-il commencé.

- Non, pas tellement. C'est par rapport à nous deux.

- Nous deux ? Quoi, toi aussi tu penses que je suis sur toi ?

J'ai retroussé mes lèvres. C'était bizarre de parler de ça, surtout avec lui.

- Margaux, t'es une fille géniale, hein, mais je te pensais plus maligne que ça.

- Ça veut dire que, entre toi et moi...

- Il n'y a rien ; et sans te vexer, il n'y aura sûrement jamais rien.

J'ai poussé un soupir de soulagement, ce qui l'a fait rire.

- OK, c'est cool, ai-je dit en souriant. Ce n'est pas contre toi, mais...

- Tu n'aimes pas les roux, a-t-il terminé en souriant.

Je l'ai poussé gentiment en riant.

- Arrête de dire ça ! C'est juste que t'es un bon pote, c'est tout. Mais tu sais pourquoi Aubain a cru ça ?

Son sourire s'est affaissé.

- Écoute, je n'en sais rien. Et j'ai pas tellement envie de le savoir, a-t-il ajouté en tournant la tête vers toi, qui avais rejoint Arthur et nous regardais. Moi, si je t'ai demandé s'il ressortait avec Emma, ce n'était pas par rapport à toi, mais par rapport à Emma.

- Emma ?

- Bah ouais... a-t-il marmonné en baissant la tête. Un jour, elle m'a fait des avances, et je voulais en parler à Aubain ; mais si Aubain et elle... enfin tu vois quoi, je vais pas faire ça à mon pote.

J'ai esquissé un sourire. Mathieu avait beau être trop bavard et maladroit, je ne doutais pas une seule seconde qu'il était loyal envers ses amis.

- Tu veux que j'aille en parler à Aubain ? lui ai-je proposé.

- Si tu y arrives, il ne m'a même pas laissé le temps de m'expliquer hier. Tu sais Margaux, Aubain, il t'aime vraiment beaucoup. S'il a agi comme ça, c'est parce qu'il sait que j'agis comme le dernier des connards avec les filles.

Aubain (inachevée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant