Ces gens là.

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"Il faut dire, monsieur, que chez ces gens là

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"Il faut dire, monsieur, que chez ces gens là..." 

Lecteurice, tu t'imagines tolérant·e et ouvert·e. Tu t'en fous du genre, de la couleur, de l'orientation sexuelle de ton interlocuteurice autant que tu te fous de ce qu'iel a pu manger au petit-déj' ce matin. Ou du moins, t'es convaincu·e de ça. Navrée, vraiment, navrée de te détromper, l'ami·e, mais tu te berces d'illusions, quoique je ne doute pas que ta conviction soit sincère.

Prends garde, lecteurice, car tu n'es jamais à l'abri de toi-même, ton cerveau, comme celui de tous tes semblables est dans le besoin vital de ranger les choses – et les gens – dans des cases. 

Je vais t'avouer un truc : moi, je me fais avoir régulièrement.

À mon âme défendant, j'ai des comportements à la con, à cause de mes préjugés, envers tous ceux qui ne me ressemblent pas (ou plus) : les ados, les vieux, les mecs, les colorés, les gent·es dont j'ai du mal à définir le genre, même les personnes en situation de handicap. Toutes ces populations, quand je les croise, je suis mal à l'aise.

Passer la soirée à se demander : iel est trans, mais, à l'origine, c'est un mec où une femme ?

Se dire de ton interlocuteurice est trop jeune pour comprendre et que son avis ne vaut rien.

Changer de trottoir parce que le mec au coin de la rue à l'air pas net.

Te demander s'il vaut mieux pas fermer la voiture à clé quand des Roms font la manche au feu.

Partir du mauvais pied avec une nana parce qu'elle porte un pendentif en crucifix

La liste de tous ces petits détails est interminable, mais ils ont un dénominateur commun : je ne sais rien, à part ce que je déduis de ce que je vois. La situation m'effraie, l'inconnu est inconfortable et, si je ne fais pas l'effort de surmonter ces peurs (infondées), tout le monde passe un mauvais quart d'heure. En particulier si les a priori sont négatifs.

Oh ça n'est pas à sens unique, bien sûr, toute personne rencontrée va se forger ses a priori  sur moi :

L'enthousiaste : Trop cool une lesbienne.

La langue de pute : Elle est grosse, elle doit être faignante et bouffer McDo tous les jours.

Le paternaliste : Cette petite à besoin que je lui explique la vie car je suis tellement plus expérimenté qu'elle.

Le vendeur Fnac : Je peux vous conseiller sur cet ordinateur, madame ?

Alors, s'il te plaît, lecteurice, garde à l'esprit ceci : ceux et celles que tu juges trop vite, ces gens là même que tu ranges bien vite dans la catégorie éponyme (mais si, tu sais, "Non mais, de toute façon, ces gens-là il faut pas les écouter, ça sert même à rien de discuter avec eux.") pèchent peut être par les mêmes maux que toi : ils ne savent pas. Ces gens là, c'est toi.

Notre faute, souvent, c'est de juger sans connaître, mais hé ! Bonne nouvelle ! L'ignorance est un maux auquel de nombreux remèdes existent. À commencer par en parler.

Vous payez ensemble ou séparément ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant