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Vendredi, 26 Mars.

PDV ÉNORA

     Ça fait trois mois que je suis enceinte. Trois mois et une semaine, pour être exacte! Mon ventre est juste un tout petit plus gros que la normal, mais bon, c'est un loup que je porte en moi en même temps. Je ne sais pas quand aura lieu la transformation de mon bébé, mais par précaution, je me tiens prête. Lorenzo travaille à la maison, désormais. Il veut absolument être là pour endurer la douleur avec moi. J'ai failli fondre quand il m'a dit ça aussi naturellement. Franchement, les hommes comme lui sont assez rares à trouver. J'ai eu une chance inouïe de tomber sur lui comme âme sœur. Ou alors, c'est le destin. Mais bon, il reste aussi pour nous empêcher au bébé et à moi, une mort assurée.

     Je ne me sens pas vraiment bien depuis ce matin. Je ne sais pas ce qui m'arrive, mais le ciel, qui, d'habitude, répond à mes émotions, est totalement noir. Pourtant, il n'est que 13h27.

Lorenzo : je me demande bien ce qu'il se passe. Tu n'as pas l'air en colère ou malheureuse.

Moi : par contre, je ne me sens pas vraiment bien.

Lorenzo : je l'ai senti. Allez, viens par ici.

     En même temps qu'il me dit cela, il dépose son ordinateur portable sur la table. Je monte à quatre pattes sur le canapé, me retourne et m'installe entre ses jambes, mon dos contre son torse alors que ses bras sont autour de moi, ses mains sur mon ventre arrondi. Je sens un coup de pied dans ce dernier, et dis :

Moi : Enzo, t'as senti ça?

Lorenzo : comment ne pas?

Moi : j'ai envie qu'il naisse pendant un jour de pleine lune.

Lorenzo : pourquoi?

Moi : va savoir. Ça m'est venu tout d'un coup. Mais sinon, il faudrait qu'on pense à aller faire une autre échographie pour savoir quel est le sexe du bébé.

Lorenzo : si on y allait demain?

Moi : et si la transformation se passe demain, on fera comment?

Lorenzo : bon, deux jours après la transformation alors.

Moi : je préfère. C'est plus sûr.

     Un autre coup nous interrompt, et cette fois-ci, il est beaucoup plus fort. En même temps, les éclairs se déchaînent à l'extérieur.

Moi : Lorenzo?

Lorenzo : euh... Oui?

Moi : j'ai mal...

Lorenzo : où ça?

Moi : au ventre.

     Il blêmit, inquiet.

Lorenzo : oh non, ça a déjà commencé.

     Il me soulève doucement, et se lève avant de me porter dans ses bras et de m'amener dans la chambre. Il me dépose sur le lit, montant sur ce dernier pour me tenir dans ses bras alors que la douleur se fait de plus en plus forte. Le ciel, lui, ne cesse de gronder.

Moi : j'ai l'impression qu'on essaie de me déchirer le ventre.

Lorenzo : il est en train de se transformer. Et à cause du manque d'espace, tu souffres. Essaie d'en faire de même.

     J'essaie tout d'abord de calmer la douleur, et ensuite, prends une grande inspiration et me détache des bras de mon âme sœur. J'essaie de me transformer, mais rien.

Moi : j'y arrive pas!

     La foudre fend à nouveau le ciel, avec un bruit plus grand, et on dirait qu'un typhon se prépare. Par réflexe, je porte une main à mon ventre.

Moi : s'il te plaît, calme toi. Je t'en supplie.

     Comment la situation a-t-elle pu aussi mal tourné d'un coup? Il y a une minute, je ne m'inquiétais pas, et maintenant, c'est tout le contraire.

     J'essaie désespérément de me transformer en louve mais n'y arrive pas. Je commence donc à pleurer. Pas de douleur, même si... Mon Dieu, elle est insupportable! Mais je pleure parce que j'ai peur de perdre mon enfant. Ma douleur diminue, et je sais que c'est Lorenzo qui en absorbe une partie.

Lorenzo : écoute ma voix, ma chérie. Tu vas fermer les yeux, respirer doucement, et te vider la tête. Ne pense plus à rien, juste à notre enfant.

     Je souffle, et fais ce qu'il me dit avec beaucoup de difficultés. Plus tard, je sens un museau au niveau de mon ventre, et ouvre les yeux pour voir Lorenzo, sous forme lupine, couché, avec sa tête près de mon ventre. Comme s'il essayait de calmer le petit. Cette image me fait doucement sourire, et je me détends. Je ferme les yeux, et m'imagine sous forme lupine.

     Après ça, je ne les ouvre plus. Je n'en ai même pas la force. À la place, je me laisse partir, trop épuisée.

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Samedi, 27 Mars.

     À mon réveil, je suis sûr le lit, couchée sur le côté, sous ma forme de louve.

     J'ai finalement réussi!

     Sentant une chaleur derrière moi, et une patte sur mon ventre, ainsi qu'une tête enfouie dans mon cou, je décide de rester tranquille. Après quelques minutes, le poids me quitte, et viens devant moi quelques autres minutes après.

Lorenzo : tu es enfin réveillée. Tu as beaucoup dormi, je trouve.

     "Combien d'heures?"

"Un peu plus de douze heures."

     "Douze! Par tous les loups, c'est trop! Quelle heure est-il?"

"2h moins 7 minutes. Tu n'as pas à t'inquiéter. C'est même plutôt bon signe. Maintenant, rendors toi si tu le peux. Moi, j'ai encore du boulot."

     "Tu ne restes pas avec moi?"

"Je reviendrai aux alentours de 3h, d'accord?"

     "D'accord..."

     Il me caresse la tête, avant de s'en aller. Je ferme les yeux, tandis que le petit ne fait que gigoter dans mon ventre.

     Cette journée a été la pire de toute... Non, je ne peux pas vraiment dire la pire de toute ma vie, celles que je passais avec mes faux parents étaient un peu pires. Mais cette douleur était aussi atroces que les coups que me donnait mon père adoptif.

     Dans tous les cas, ce louveteau m'en a fait voir de toutes les couleurs aujourd'hui. Et pourtant, il n'est même pas encore sorti de mon ventre. Maintenant que j'y pense, je me demande à qui il va ressembler. À Lorenzo ou à moi? Ou alors il aura les yeux de Lorenzo? J'aimerais bien que ce soit le cas. Deux Lorenzo dans une même maison. C'est drôle à imaginer.

     Enfin, peu importe, tant qu'il est en bonne santé, je suis heureuse.

Âme Sœur : L'Alpha Et La Légende. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant