21 - Fire.

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DANS LA PEAU DE SOFIANE.

12 Septembre 20***, Maison d'arrêt des *******.

Quand j'suis sur ce matelas qui a pris la forme du corps de la personne avant moi, que j'me couche sans un bonne nuit, que j'me lève sans un bonjour, sans un calin, sans un bisous d'ma meuf, ça me fait tout drôle. Ici j'ai aucun repère, j'ai pas de bases qui me permettent de survivre.

Des artistes de quartier viennent nous faire des ateliers écritures. Ici chacun a son histoire, chacun fait le dur, le boy, la masse mais azi on est tous des tapettes au fond. Et on est tous pareils, tous refermés sur nous mêmes. On veut pas s'bagarrer, donc on confie pas nos secrets, ça évite les tretrai. Tu sais en période de galère comme ça, tu te contente de c'que t'as, et pour l'instant j'ai qu'un stylo et des feuilles.

Écrire, c'est pas notre nouvelle passion, c'est notre nouveau passe temps à tous.

Entre ceux qui font les Kery James et ceux qui savent vraiment écrire ça s'envoie des petites étincelles. C'est pire que le quartier la prison, tout ce que t'essaie de faire de bien ça part en couilles. On a laissé tomber nos rêves d'évasion pour libérer les mots prisonniers de nos vies. Sur cette feuille blanche je retranscrit, ce que j'aime, ce que les miens m'ont apprit.. Sur cette feuille que je noircit au fur et à mesure de mes écritures, je grifonne quelques mots, quelques rimes, ce à quoi je vit et ce que je vaut, ce à quoi je trime.

Mais je bloque.

Bah ouais, à quoi je vie moi ? Qu'est-ce que j'vaut déjà ? Et à quoi je trime hein ? Moi même j'en sait rien. Mais je continue d'écrire parce qu'au fond de moi j'suis pas bien.

« Lettre à Ness.

J'gratte, j'gratte, j'gratte le papier. Ici mon temps se résume à des tonnes de feuilles et des litres d'encre noires. J'écris ma vie, mes envies, mes ennuis. Mais c'est surtout toi que j'écris. Les secondes passent lentement, moi j'compte les jours avant qu'on se retrouve. Tu m'manque. Ça m'fais saigner les doigts d'écrire ça mais tu m'manque. J'sais pas trop quoi te dire à part j'vais bien. C'est mental, tout est dans le mental.

Passe mon salam à tous l'monde, la prison c'est dur mais ?

Tiens le coup Ness, fait le pour oim.

So'. »

DANS LA PEAU D'UN COUPLE.

« Elle : Chéri, tu connais une **** ?
Lui : Non mon amour, pourquoi ?
E : Elle a reçu une lettre..
L : *en la coupant* Ça doit être une erreur !
E : À notre adresse, Georges.
L : Montre moi ça.
E : Tiens.

- il tient maintenant l'enveloppe entre ses mains et regarde sa femme intensément -

E : Bah ouvre la cette lettre m*rde !!
L : Du calme Eva, du calme.

- il lit la lettre -

L : Tu connais un I.. Iss.. Issam ?
E : J'en ai pas connaissance, non.
L : Alors c'est bien ce que je disait, c'est une erreur !
E : Ah bon ? Mais elle dit quoi cette lettre mamour ?
L : Eh bien, apparemment, enfin d'après cette lettre, il serait décédé à la guerre.
E : C'est une lettre officielle ?
L : Ça en a pas l'air c'est écrit à la main ! Il me semble que dans ce cas ils se déplacent..

- et elle ajouta en s'éloignant -

E : Au faite, ma mère vient dîner avec nous ce soir. Fait moi plaisir, reste gentil avec elle, et mets ce vieux truc à la poubelle.
L : Quoi ? Ta mère à la poubelle Eva ?
E : GEORGES !!!
L : Ça va, je plaisante. »

C'est sur ces mots, qu'il s'en alla mettre cette lettre dans la cheminée pour alimenter les flammes de cette dernière qui n'a fait qu'une bouchée du papier qui avait été mis dedans quelques secondes plus tôt.

DANS LA PEAU DE KADER.

Le départ de Sofiane a fait un déclic chez moi, dans ma tête y'a plus rien qui tourne rond. Sofiane et Ness c'est les darons que j'ai jamais eu et maintenant qu'il est plus là.. J'sais pas ça va pas, j'ai l'impression d'être avec une mère seule au bout du rouleau.

J'multiplie les conneries, mon repère est plus là. Personne est capable d'me ramener Sofiane devant moi alors vaut mieux pas m'parler. Il m'voit même pas sombrer, il m'voit pas grandir. J'me bats des dizaines de fois dans la semaine, pour des mauvaises paroles, des mauvais regards ou tout juste parce qu'on parle de Ness, la femme d'ma vie. C'est ma mère de rue, elle a remué ciel et terre pour ma gueule j'supporte pas qu'on parle d'elle, j'peux pas. C'est celle qui m'a prit comme son fils, comme son frère. J'veux rester près d'la seule femme de ma vie, ma Reine.. Elle sort plus, elle descend pas prendre le courrier, quand le lycée appel elle réponds pas, elle doit même savoir pas que j'suis exclu définitivement.

Loin d'lui elle voit la vie autrement. Elle voit la vie avec haine. Ses journées sont plus les mêmes, Ness c'est plus du tout la même, mais moi aussi j'suis plus le même..

Loin d'lui y'a plus rien qu'est pareil.

« Macabre est mon macadam. »

Macabre est mon macadam.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant