18 - On ne libère pas un peuple, un peuple se libère tout seul.

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C'est un matin d'hiver. Un beau* matin d'hiver. Dehors tout est blanc, tout est recouvert de neige. C'est beau.

Le blanc, c'est la pureté, l'innocence, c'est la couleur associée au Paradis, aux anges. C'est l'inverse de moi.. J'suis plutôt le rouge, ou le noir. Le mal, le sang, la terreur, l'horreur, la souffrance, le massacre. Ce qui est associé aux démons, au diable, à l'enfer. A l'Aigle.

« Nessou on descend faire une bataille ? »

Nessou, le surnom de mon surnom. Le surnom que me donne mon fils de rue, mon Kader. Par peur de voir la déception dans ses yeux, j'accepte. On a mis nos manteaux, nos chaussures tout ça, et on est parti pour la guerre.. J'étais réticente mais j'avoue que c'était le keaf. Samir a du nous voir ou nous entendre alors il est descendu nous rejoindre. Sauf que par grand malheur on a réveillé Sofiane et Issam qui se sont mis par la fenêtre pour nous engueuler.

On était tous les trois mort de rire, mais vraiment mort de rire, on en pouvait plus. On est rentré parce qu'il commençait vraiment à faire très froid pour aller à la cuisine manger des cochonneries comme d'hab.

Le soir on était tous à table en mode famille, comme d'hab aussi, j'avais cuisiné un truc vite fait avec Kader et Sofiane et mon frère avait (je cite) "une annonce de la plus haute importance à faire".

« Issam : Bon j'ai héja à vous dire
Samir : Khey après, l'heure de manger c'est sacré
Nous : *rires*
Issam : Bon ta gueule
Nous : *rires*
Sof : Frère dépêche ça va refroidir
Issam : Mais wesh laissez moi dire mon truc oh !
Moi : Eh fermez là on mangera jamais sinon !
Eux : *rires*
Issam : 3e fois que j'reprends nhel weldik
Samir : Jamais deux sans douze ahahah

- je rappel que Samir est marocain mdr d'où sa blague pourrie -

Moi : Samir tu sors y'en a marre mdrr
Eux : *rires*
Issam : *rires* Le prochain qui l'ouvre jle défonce. Donc, voilà j'me suis inscrit à l'armée et j'pars la semaine prochaine. »

Les sourires qui étaient affichés sur nos six visages disparaissaient un à un pour laisser apparaître l'incompréhension. C'était le cas sah, on comprenait pas.

Dans ma tête y'avait qu'une seule et unique phrase qui y résonnait par milliers.

« J'me suis inscrit à l'armée. »

Plus j'entendais cette phrase, plus je me demandais pourquoi. C'est vrai ça, pourquoi ? La mort est pas venu vers toi alors t'as décidé de courir le plus vite possible vers elle c'est ça ? Tu pensais qu'on sauterai tous de joie ? Ça nous attriste bien plus qu'autre chose tu vois.

On le regardait tous, et je sais qu'au fond de nous on espérait fortement qu'il dise que c'est faux, que c'est juste une blague. Alors qu'en fait il était plus sérieux que jamais. Il a presque fait trois ans de placard, là à peine deux mois qu'on se retrouve et il veut déjà repartir ? J'sais pas trop comment j'dois le prendre. J'sais bien comment il est mon frère parce que j'suis pareille, quand on a une idée dans la tête tu peux pas nous l'enlever, s'il veux partir il partira, je sais que rien ni personne le retiendra, même pas moi. J'comprends pas son choix, désolé mais nan, j'peux pas.

Je me suis levée sans un mot et j'suis montée dans ma chambre. J'me suis assise au bord de mon lit, je pleurais silencieusement avec une clope à la bouche. J'essayais de l'allumer la vue brouillée par les larmes.. Il faut que soit forte, il faut que j'reste forte pour moi, ma mère, ceux qui m'entourent.

« ... : Eh..

- je m'étais retournée doucement vers la personne qui me parlait, c'était *** -

... : Te mets pas dans cet état là..

- *** s'était assis à coté de moi et m'avait pris dans ses bras, je m'étais remise à pleurer -

... : Arrête wesh.. »

On se regardait, sans se quitter des yeux, son visage qui se rapproche du mien, son front qui se colle au mien, son souffle sur ma peau, ses lèvres qui frôlent les miennes, la tentation dans ses yeux, dans mes yeux et la chaleur sur mes joues, maintenant mes lèvres sur les siennes. Un bisou, un deuxième, un troisième, encore un autre, et ça s'enchaîne, ça s'enchaîne, ça s'enchaîne, encore et encore, et la langue qui se rajoute. Les papillons dans ton ventre, ta conscience qui te dit d'arrêter, ta raison qui ne dit rien, ton coeur qui te pousse à continuer et ton corps ce bouffon qui suit ton coeur..

« ... : Vous êtes sérieux là ?! »

Et un con qui vient tout niquer j'allais oublier. Ce con c'est Samir, et j'étais avec Sofiane.

« Sm : *applaudit* Bah bien, sah, bien.
Sof : Oh ça va reste tranquille aussi.
Sm : Sinon quoi ? Hein ? Quoi ? Tu vas faire quoi toi ?
M : Samir stop.
Sm : Quoi toi ?
M : Parle moi bien déjà, j'suis pas ta fille. Tu t'énerve pourquoi là ?
Sm : ...
M : J'fais c'que j'veux ou pas ?
Sm : ...
M : Ah t'as perdu ta langue maintenant ?
Sm : Tes choix c'est pas toujours les meilleurs on a eu la preuve avec Smaël.
*en pointant Sofiane* Toi là c'est pas finit.
Sof : Bah viens j'tattends même, tu crois qu'j'ai peur d'toi ou quoi ? J'te baise moi.
M : D'ailleurs tsais quoi casse toi. »

Samir était vénère, mais il est partit sans rien dire. Parce qu'il a rien à dire déjà d'une et parce qu'il sait très bien qu'il m'est redevable. S'il s'paye des sappes à plus de cent balles chacune c'est pas grâce à son ex vieux taff de maçon qu'il faisait, et ça on l'sait tous.

J'osais même plus regarder Sofiane en faite, j'avais les joues qui chauffaient donc à tous les coups elles devaient être rouges. Il venait de tourner ma tête vers lui, et il me regardait en souriant.. Inconsciemment j'souriait aussi. Pourquoi ? Moi même je sais pas.

« Tu m'rends fou. »

Voilà ce qu'il m'avait dit entre deux smacks avant de partir..

J'dois avouer que j'suis un peu perdue, déboussolée, je sais plus quoi penser, ni comment réagir après tout ça. Tout c'que j'sais, c'est qu'au fond de moi j'suis bien. J'aurai raté ça pour rien au monde je crois. J'ai peur de finir blesser, encore.

Mais qui ne tente rien n'a rien.. Vrai ou faux ?

« Macabre est mon macadam. »

Macabre est mon macadam.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant