Chapitre 22

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'' Dans le destin de tout homme, il y'a un dieu à l'affût ''

François Mauriac

Prostrée contre la voiture carbonisée, le cœur en lambeau, l’âme en miette, Kara maudissait sa mère de l’avoir bercé de faux espoir. Certes, elle avait choisi de lui faire confiance malgré ses visions, dont la véracité n’était désormais plus à prouver, mais il n’en demeurait pas moins qu’elle ressentait le besoin de trouver un coupable à blâmer et sa mère était toute indiquée…

     A cet instant, elle la haïssait, haïssait sa propre condition, pire son aveuglement. A tort elle avait cru pouvoir échapper à sa malédiction... Son père lui avait été arraché et maintenant, Dale…

–          Tu m'as menti, maman... Tu m'avais promis qu'il ne mourrait pas... Je te déteste, tu entends ? Je te déteste ! Cria-t-elle en levant les yeux vers le ciel.

Une bourrasque de vent glacial lui répondit. Des flocons de neige tombaient par milliers du ciel assombri, couvrant le sol d'une fine pellicule blanche. Folle de chagrin, elle se laissa aller contre la voiture noircie. Son corps se balançant frénétiquement tandis qu'elle serra sa tête entre ses mains couvertes de sang.

– Pourquoi me l'avez-vous pris ? Pourquoi ?

Un flash de lumière l'aveugla un instant.

– Telles sont les lois du destin.

Elle essuya ses yeux et ses joues blêmes du bout des doigts, maculant son visage du sang de Dale. Une femme se tenait devant elle. Ses longs cheveux indigo flottaient le long de ses épaules fines. Elle portait une robe couleur d'azur attachée sur son épaule droite par une fibule d'or dont le symbole représentait l'infini. Ses iris pâles luisaient dans son visage gracieux. Cette femme semblait si froide, si détachée. Sa douleur ne la touchait-elle donc pas ? Une bouffée de colère l'assaillit.

– Le destin m'avait donné Dale !

– Votre lien n'a pas été consommé. Je suis donc libre de prendre son âme.

Kara se redressa et fit face à cette femme dont les traits parfaits la révulsaient. Elle n'était plus que haine et colère.

– Je vous hais, je vous hais tous ! Cela ne vous suffisait pas de faire de ma vie un enfer ? Il fallait que vous me preniez également le seul homme que j'ai jamais aimé. De quel droit jouez-vous avec le cœur des gens ? Sous quel immonde prétexte décidez-vous qui doit vivre ou mourir ?

La femme se contenta de l'observer. Aucune émotion n'altérait son regard.

– Je suis la déesse du Destin, Lanikai. Crois-moi ou pas, mais je ne suis pas à l'origine de ta souffrance. L'heure de Dale St James était arrivée et rien ne pouvait empêcher sa mort. Si cela peut soulager ta peine, sache que je peux effacer tes souvenirs. Dès ton réveil, tu auras oublié jusqu'à votre rencontre.

Kara la foudroya du regard. Comment osait-elle lui faire une proposition aussi odieuse ? Cette déesse à la noix ignorait-elle tout des sentiments, des émotions ? Elle préférait mourir que d'oublier Dale. Ses souvenirs, elle les chérirait chaque jour de sa vie. Ils vivraient à jamais dans son cœur.

– Vous pouvez vous mettre votre saleté de proposition où je pense !

– Tu as tort de refuser. Tu pourrais vivre heureuse sans ces souvenirs.

– Fichez-moi la paix ! Je ne veux plus jamais vous voir, ni vous entendre. Si être un Kaldèrian implique une absence totale de sentiment, je ne veux plus en être une.

Sombres Héritages-1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant