C'était décidé, je voulais arrêter de reculer dans le passé et faire des nouveaux pas vers l'avenir.
Et si je recommençais à vivre ma vie ? Voilà la nouvelle possibilité que j'avais enfin pus envisager depuis hier. Tout ça c'est grâce au temps. Il nous amène dans ses interminables attentes, nous perd dans son flot afin de laisser avancer les choses. Le temps nous permet d'avancer et de grandir, tout en changeant la vie de la personne quand bon lui semble. Je pense juste qu'il est temps pour moi aussi de changer, de cesser de me faire souffrir tout en affectant ma famille. Je pense qu'il fallait que je voie les choses d'un autre angle, d'un point de vue arbitraire afin de pouvoir à nouveau avoir le contrôle sur ma vie.
- Mademoiselle Edmonton, qui fut le premier ministre du Canada en 1980 ? , demanda alors mon professeur d'histoire, amenant tous les regards de la classe vers moi
Je n'avais suivie aucune partie du cours et j'étais décidément foutue.
- Pierre Eliott- Trudeau, chuchota alors une voix près de moi
Je souris à Lenaya qui m'avait discrètement balancé la réponse et répéta d'une haute voix ce qui réussit à satisfaire le professeur. Lorsque l'heure du dîner vint, je cherchai une place isolée dans la cafétéria inondée par des adolescents excités d'avoir terminé la moitié des cours , lorsque mes yeux tombèrent sur une chevelure blonde un peu plus loin. Je m'approchais d'avantage pour voir la nouvelle assise toute seule dans une table, le visage consterné. Je restais à la regarder, mon plateau dans les mains. Tout ça me rappelait d'un évènement crucial de mon existence. Tout ça me faisait revenir dans le passé et me rappelait incessamment la même situation que j'avais abordée autrefois. Ma première rencontre avec Romane...
Flashback
Un monstre furieux se tenait devant moi dans la cafétéria, un monstre hideux, rouge et avec des cheveux en train de muer. Bon, tout ça pour dire que Candice était devant moi, du spaghetti dégoulinant de son visage tandis que la sauce tomate la rendait aussi rouge qu'un indigène du Sud.
- Cécilia Edmonton tu vas me le payer ! , gueula-t-elle alors qu'un petit rictus en coin se formait sur mes lèvres.
- Oui, ça sera pour une autre fois, Candie chérie. Parce que là j'ai acheté un sac très cher et je n'ai plus beaucoup d'argent, dis-je calmement tandis qu'elle s'essuyait le visage avec la manche de son chandail
- TU L'AS FAIT EXPRÈS ! , gueula-t-elle attirant ainsi encore plus de monde autour de nous
- Mmm... peut-être que non, peut-être que oui, dis-je mielleusement, pour l'embêter encore plus
Et en une seconde, elle tourna les talons, la fumée surgissant presque de ses oreilles. Bon, j'avoue que je l'avais fait exprès. Mais cette garce était en train d'intimider une fille et je ne pouvais rester sans réagir. D'ailleurs où était cette dernière ? Je la cherchai du regard pour voir qu'elle s'était installée sur un siège, le regard dans le vide et la mine triste. Fais ton chemin Cécilia, tu n'es pas une psychologue, me dis-je à moi-même, en tournant les talons pour partir. Mais je m'arrêtai, cette fille semblait si seule et abandonnée. Elle avait beaucoup de complexité à se faire des amies, puisque les garçons la qualifiait toujours de mignonne ce qui attisait largement la sympathie des filles de l'école. Quelles idiotes celles-là, elles ne savent même pas attirer leurs attentions et s'en prennent à une fille qui est décidément plus belle qu'elles. Moi je l'avais avouée, j'avais mis mon égo de côté et acceptée d'avoir de la concurrence. Cette petite blonde était peut-être plus belle que moi, mais pas plus sexy. Je la regardais à nouveau et ressentis une légère compassion à son égard. Elle semblait si réservée et triste, moi qui n'avait jamais connue ce sentiment je pouvais le ressentir chez elle. Décidée, je m'avançais vers la table et posa mon plateau devant elle, tout en enlevant les mèches rouges de devant mon visage. Elle releva instantanément les yeux, plus confuse que jamais.
- Salut, je vais être bref avec toi poupée. Je déteste avoir de la concurrence, mais c'est vrai que t'es pas mal bien foutue. Je suis en ce moment ici parce que tu me fais pitié et je déteste voir des gens tristes quand je suis de si bonne humeur après en avoir foutue une bonne raclée à ce stupide bonbon rose. Enfin, il est rouge maintenant, mais passons. Je n'ai pas l'habitude de parler aussi gentiment aux filles, alors tu peux te considérer très chanceuse et remercier le bon dieu, dis-je en parlant très vite
Elle cligna des yeux plusieurs fois, se demandant si je venais de faire une escapade d'un hôpital psychiatrique, mais un faible sourire apparut sur son visage. Les réactions normales auraient été des pleurs, mais elle ne semblait pas être contrariée par ce que je lui avais balancé si honnêtement dans le visage. Et soudain, elle leva une petite main pâle vers moi.
- Je m'appelle Romane, me dit-elle
Je regardais la main, me demandant si je devais la prendre. Je jetais un coup d'œil vers elle et la sincérité dans ses yeux me paralysa complètement. Je serai alors la main qu'elle me tendait et lui fit l'un de mes sourires les plus chaleureux.
- Moi c'est le diable en personne, affirmais-je
- Pa... Pardon ?
- Mais tu peux aussi m'appeler Cécilia, dis-je en la voyant confuse
Elle sourit et me dis alors :
- Je vais t'appeler Célia.
Fin du flashback
Peut-être que si j'avais ignoré ce regard implorent ce jour-là, la jeune fille serait encore vivante. Mais il a fallu que je donne un début à tout, que j'engage le commencement d'une amitié perdue depuis le début. Je regardais à présent Lenaya ... est-ce que je devais aller la voir ? La vraie moi l'aurait fait, celle que je suis vraiment avait cette envie de s'installer, près d'elle. De ne plus voir cela comme un regret, mais comme un nouveau commencement. Je voulais me libérer de ces chaines qui m'emprisonnaient depuis une année, je voulais faire tous ce que je voulais, comme autrefois. D'un point de vue extérieur, je pouvais à l'instant paraitre d'une adolescente timide d'aller s'asseoir avec d'autres. Mais en réalité, j'étais en train d'argumenter sur un sujet beaucoup plus crucial. Je pouvais partir et rester enfermé dans ma coquille encore plus longtemps ou m'installer près de Lenaya et redevenir l'ancienne moi... Celle que je voulais malheureusement vraiment être. Je fermai les yeux pour la cinquième fois avant de les rouvrir à nouveau et mes yeux croisèrent ceux de Nolan qui était assis avec Jérémy et Kilian. Il m'observait, comme s'il attendait lui aussi la réponse. Je détournais rapidement les yeux, mais je savais qu'il n'y avait plus aucun doute. J'étais décidée, certaine de ce que j'allais faire. Je marchais donc vers Lenaya, tira une chaise et posa mon plateau devant son visage surpris. Pendant un instant, j'imaginais le visage de Romane et soupira tellement j'étais soulagée d'avoir pris cette décision. Ça me faisait tellement du bien de faire à nouveau quelque chose que je voulais faire, de ne plus avoir à me cacher. Ce fut un grand pas pour moi, un nouveau départ.
- Je n'aurais jamais cru que tu allais t'asseoir avec moi ! , cria-t-elle étonnée
- Moi non plus, répliquais-je doucement avant qu'un long silence ne s'installe
- Tu sais, Cécilia, je pense qu'il est temps que tu arrêtes de souffrir. Je comprends que tu aimais beaucoup Romane, mais que penses-tu qu'elle aurait fait si les rôles s'étaient inversés ? Je suis certaine qu'elle aurait continué à vivre, elle se serait battue pour toi. Mais toi que fais-tu ? Tu te fais battre pour elle ... Je te regarde depuis des jours maintenant et il est évident que tu veux mettre un terme à tout ça, me dit-elle alors d'un ton franc, me surprenant sur le même coup
- Tu ne sais pas ce que j'ai fait, répondis-je alors, tentant de la raisonner
- Peut-être, mais je sais ce que tu as envie de faire maintenant. Tu l'as dit toi-même que j'agis si bien comme Romane , que je ressemble à son incarnation. Alors c'est sûrement ce que Romane t'aurait dit, me convaincu-t-elle
Mes lèvres s'élargirent alors doucement et bientôt, je souriais à pleine dents. J'avais réussie, je venais de sourire à nouveau, sans avoir une mine forcée. J'avais osé le faire, mais je n'avais aucun regret, j'étais heureuse.
- Alors poufiasse, qu'est-ce qui te fais rire comme ça que j'y remède sur le champ. Tu es vraiment pathétique, tu causes la mort de ta meilleure amie et tu affiches ton sourire de pute publiquement dans la cafétéria sans aucun remords. Pauvre Romane, soupira Candice d'une voix assez forte pour attirer toute l'attention vers nous.
Lenaya la regardait d'un air choqué, ne s'attendant pas à ce qu'elle ose me mortifier de manière aussi médiocre.
- Des remords ? ..., murmurais-je doucement
Non, cela avait beaucoup trop duré, cela ne pouvait plus continuer. Et j'allais mettre un terme à tout ça, j'allais faire ce que j'aurais dû réaliser il y a de cela une année. Je bousculais mon plateau de côté et me releva résolue, tout en montant sur la table, devant les regards ébahis des élèves.
- Vous voulez tous que je ressente des remords, n'est-ce pas ? Car blâmer le tout sur une seule personne est tellement plus facile que de s'accuser sois-même ! Pendant plus de deux ans, Romane a subi des représailles et des injures de votre part ! Vous avez fait de sa vie un enfer comme vous me le faites subir à moi-même ! Vous n'avez jamais assumé vos erreures , ne vous êtes jamais excusés une seule putain de fois à ma meilleure amie ! Pendant que vous la rabaissiez , je la rendais encore plus forte. Pendant que vous l'intimidiez, je me battais à ses côtés ! Et ensuite qui sont les principales victimes ? Vous ?! Laissez-moi rire , vous êtes tous des cautelaux, votre hypocrisie crève les yeux ! , gueulais-je alors d'un coup, réduisant un silence totale dans toute la cafétéria
J'avais explosée, ça y est, j'avais été l'honnête fille d'autrefois. La rebelle qui n'avait pas peur d'affirmer ce qu'elle pensait, cette fille qui défendait sa position sans avoir le moindre remords.
- Arrête de faire l'intéressante, même Romane ne ..., commença Candice, mais je l'interrompus aussitôt les poings crispés.
- Mais ferme ta gueule, Candice ! Tu ne connaissais même pas Romane, tu passais tes journées à l'intimider parce que tu étais jalouse d'elle ! Lâche-nous tous ces putains de mensonges, cesse d'essayer d'attirer la sympathie des autres, tu ne fais que confirmer ta lâcheté ! , lui criais-je alors méchamment
Elle me poussa aussitôt, son visage aussi rouge qu'une tomate. Je pris alors mon plateau et le renversa sur son visage en choc. Ah, ça faisait tellement de bien de voir son visage se décomposer comme autrefois.
- Qu'est-ce que tu fais ?! , s'énerva-t-elle tout en criant de sa voix stridente
- Je fais ce que Romane aurait voulu que je fasse, ne sort plus jamais son nom de ta bouche ou t'auras affaire à moi ... Candie, chérie, dis-je alors avec un clin d'œil avant de sortir de la cafétéria les épaules redressés et la tête haute
Je sortis rapidement à l'extérieur et respira l'air frais du matin, la fine brise de fin hiver me caressant le visage. Je me sentais tellement... tellement moi ! Et pour la première fois depuis 1 an, je ne regrettais pas. Je pense surtout que j'aurais regretté si je ne l'avais pas fait et j'étais fière de m'être libérée de ce grand poids. << Tu m'as vu Rom ? Je t'ai enfin vengé ... >> Des applaudissements me firent alors sortir de ma stupeur et je me retournais pour voir Nolan debout sur la porte par laquelle je venais de sortir.
- Bravo, Cécilia... C'était remarquable, dit-il d'une voix ironique
Ah, je l'attendais celui-là. J'allais conclure la fin de ce spectacle en remettant cette personne sinistre à sa place une fois pour toute. C'était décidé, je voulais arrêter de reculer dans le passé et faire des nouveaux pas vers l'avenir. Je me retournais vers lui, clouant mes yeux marron à la lueur bleuté de ses pupilles.
- Nolan, je veux des excuses, pour tous ce que tu m'as fait subir durant cette année, dis-je alors d'une voix ferme
Il me regarda incrédule avant d'éclater d'un rire si grand que j'attendis sans broncher qu'il se calme.
- Si tu ne t'excuses pas, tu pourrais le regretter, le menaçais-je
- Vraiment ?
- Oui, je veux des excuses, répétais-je
Il releva alors un sourcil inquisiteur et s'approcha doucement de moi, mais je me refusais de reculer. Je ne reculerais plus jamais, pas même devant le diable en personne.
- Tu n'as plus peur de moi maintenant ? Que se passe-t-il Cécilia, pourquoi quelques mots de cette nouvelle emmerdeuse ont fait ressortir ta vraie nature ? , demanda-t-il un sourire en coin, comme pour me provoquer
Je levais la tête, me sentant intimider par sa grande taille d'apollon, mais sourit tous de même pour ne pas perdre la face.
- Romane m'aurait dit les mêmes mots que Lenaya, mais j'étais trop aveugler pour mes regrets pour m'en rendre à l'évidence. J'étais trop occupée à me faire souffrir pour me rendre compte que tous cela est absurde ! , avouais-je enfin à pleine voix
Il m'agrippa alors violement la main, me faisant lâcher un petit gémissement.
- Absurde ? Ce qui est absurde, ma jolie, c'est que ...
- Ne le dis pas ! , m'écriais-je alors craignant qu'il ne sorte à nouveau le mot de sa bouche
Sa main se resserra autour de mon bras, ce gars-là n'arriverait donc jamais à se contrôler ?
- Je disais que tu es la principale cause de la mort de ma sœur, que tu sois la Cécilia d'avant ou celle de maintenant, vous êtes toutes les deux la même personne ayant causé la mort de Romane... des meurtrières, dit-il alors d'une voix froide
Mes poings se crispèrent alors et je le frappai violement sur le torse.
- Je t'ai dis de ne pas le dire ! , m'écriais-je désespéré
Il resta indifférent à mon poing et je le frappai alors encore et encore, abattant brutalement mes poignets durcis sur son torse, lui faisant regretter de la seule manière que je pouvais ses mots.
- Arrête, ordonna-t-il alors, mais je l'ignorais complètement
- Ce n'est pas de ma faute ! Ce n'est pas de ma faute si la vie m'avait joué un tour ! ! , gueulais-je à nouveau
Il m'attrapa alors durement mes poignets et me tira vers l'avant, me jetant tous droit sur son torse.
- Je t'ai fait confiance autrefois et j'ai perdue celle que j'aimais le plus au monde. Pourquoi te laisserais-je une seconde chance ? , demanda-t-il alors en me lorgnant vulgairement
Je lâchais un long soupir et me dégagea lentement de ses bras musclés.
- Je te le prouverais ... je ferais en sorte d'établir mon innocence et ce jour-là , je veux que tu viennes ramper à mes pieds en me suppliant de te pardonner pour tous ce que j'ai enduré par ta faute , dis-je d'un ton confiant. Il s'approcha alors lentement de moi jusqu'à ce que je me retrouve plaquée au mur et un sourire moqueur s'afficha sur son visage qui était il y a quelques minutes dépourvus d'émotion.
Je sentis un souffle chaud sur mon oreille tandis que mon cœur battait à une vitesse étonnante.
- Bien ... j'attends ce jour avec impatience, Célia, murmura-t-il alors
Il se dégagea ensuite du mur et rentra dans le bâtiment, me laissant plantée avec mes pensées. Oui, j'allais lui prouver mon innocence et même si pour cela je devais retourner dans le passé, j'allais le faire. Même si je devais me rappeler de cette nuit tragique et souffrir à son souvenir, j'allais me battre pour prouver que je n'étais pas l'entière responsable de toute cette tragédie. Aujourd'hui, j'avais pris un nouveau départ et j'attendais avec impatience d'en connaitre la fin ...
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Voilà , j'espère que vous avez aimé ce chapitre , surtout que Cécilia décide enfin de faire entendre sa voix ;)
Le prochain chapitre risque d'être beaucoup moins calme que celui-ci , alors préparez-vous à avoir de grosses surprises ;) sur ce , bonne journée et merci à tous de me lire :) <3