en média: Remind me to forget -> Kygo & Miguel
Un baiser.
C'était tout ce que je me rappelais d'elle.
Comment j'avais pu oublier à ce point tant d'années de souvenirs ?
Son doux prénom, rare indice qu'il me restait d'elle, résonnait dans ma tête comme une mélodie. Je cherchais désespérément à mettre un visage sur ces quatre lettres que mon cerveau répétait en boucle de peur de ne les oublier. Mais c'était impossible... Toutes ces sensations, ces moments partagés avaient disparu de mon esprit, laissant place à un vide, un néant de solitude amère, de regrets et d'oublis. J'avais l'impression qu'un pan entier de ma vie s'était effacé.
Il fallait savoir accepter et voir en face la vérité. J'avais oublié celle qui était autrefois ma meilleure amie. Ce baiser, le seul souvenir qui restait gravé dans ma mémoire, me hantait à longueur de temps. J'aurais limite préféré tout oublier que de ne me rappeler que de la sensation de ses lèvres sur les miennes.
Avais-je été stupide à ce point et aveugle à propos de nous, de ses sentiments pour moi ? Je l'ignorais.
Je devenais fou. Toute cette histoire me rendait fou. Torturé de jour comme de nuit par ces questions sans réponses, j'en devenais insomniaque. Pourquoi tout était si difficile ? Pourquoi ma mémoire ne voulait pas se la rappeler ? Pourquoi m'avait elle quitté ? Tant de pourquoi et de comment non résolus qui hantaient mon quotidien.
Mes proches commençaient à se douter de quelque chose, j'en étais certain. J'étais souvent ailleurs, perdu dans mes pensées, ma concentration en cours et chez moi était loin d'être optimale et mes notes dégringolaient. Ma mère s'inquiétait pour mon avenir et mon cursus scolaire. J'en étais désolé de ne pas réussir à la rendre fière.
- Brian ? Je peux entrer ?
La voix de ma sœur cadette résonna dans ma chambre. Sa silhouette, dans l'embrasure de la porte de bois, et son visage illuminé de joie me rappelèrent à quel point je devais aux antipodes du grand frère parfait. Je me tournais vers elle, un sourire forcé dessiné sur les lèvres et lui répondis.
- Bien sûr, viens !
Je m'assis en tailleur sur mon lit et tapotai la place à mes côtés. Elle s'assit en silence et planta son regard pétillant dans le mien. Pourtant, quelque chose semblait différent. Ses iris, d'ordinaire respirant la malice et la joie de vivre, avaient perdu de leur éclat, rendant ses pupilles ternes et moroses.
Un silence s'installa entre nous et je préférai le couper ce moment, car cela me mettait mal à l'aise.
- Chou, qu'y a-t-il ?
- C'est plutôt à toi de répondre. J'ai bien remarqué que tu n'étais pas en grande forme ces derniers temps. Que se passe-t-il ?
Je soupirai.
- C'est Léna. Je ne me souviens plus d'elle. Mon cerveau ne veut pas s'en rappeler. Plus aucun souvenir. Rien.
- Oh.
Un cri d'étonnement lui échappa.
- Comme tu dis. J'essaie de faire remonter des bribes à la surface mais tout semble effacé de ma mémoire. Ça me rend fou.
Elle passa ses petits bras autour de mes épaules. Son étreinte fraternelle m'apaisa aussitôt.
- Emy, je tenais à m'excuser. Je suis loin d'être le grand frère idéal. Je suis distant ces derniers temps. Je t'aime plus que tout, tu le sais, mais en ce moment, je n'arrive même plus à prendre soin de toi, ma peine de cœur prend tout le contrôle. Pardonne moi, tu mérites mieux. Quelqu'un qui seras là quand tu auras besoin.
- Brian, je t'interdis de dire ça. Je ne peux rêver mieux que toi comme grand frère. Tu es attentionné, à l'écoute, drôle. Personne ne pourras jamais te remplacer dans ce rôle, Brian. Tu es le grand frère dont tout le monde rêve.
Mon cœur fondit devant ce discours. Malgré son jeune âge, ma petite sœur faisait preuve d'une maturité exemplaire et trouvait toujours les bons mots pour me réconforter.
- Emy, je suis tellement fier de toi. Tu es une si belle jeune fille, très intelligente et remplie de diplomatie. Tu es la meilleure petite sœur que je pourrais avoir.
Elle rigola et se lova contre moi. Je fixais le plafond en souriant. La présence d'Emy rendait les choses tellement plus faciles. Elle mit fin à notre étreinte et déposa un baiser sur ma joue. Je la regardai ensuite s'éloigner, les yeux plein de fierté devant cette belle personne qu'était devenue ma sœur cadette.
- Je suis sûr que tu réussiras à te reparler d'elle. Je crois en toi, me lança t-elle avant de quitter ma chambre.
Quelques jours passèrent après cette discussion avec Emy, et divers éléments s'étaient améliorés. J'avais retrouvé ma joie de vivre et arrêtais de me morfondre sur ces souvenirs envolés. Chaque soir, avant de me coucher, je lisais un peu plus du journal, espérant faire revenir des flashbacks de notre amitié. Un ou deux petits souvenirs qui me permettraient de mettre une réponse sur toutes les questions qui me travaillaient l'esprit.
Ce carnet, à la couverture en cuir rouge craquelé, était le seul souvenir physique que j'avais de ma meilleure amie. Je me souvenais désormais qu'elle me l'avait prêté juste avant de s'en aller. J'ignorais pourquoi elle me l'avait confié mais j'allais en prendre soin, pour lui rendre lorsque je la reverrais. Si ce moment avait la chance d'arriver un jour.
Lorsque venait le moment de ma lecture, j'épluchais chaque phrase, dessin, chaque petit détail avec précisons, à la recherche du moindre indice concernant le soudain rejet de Léna.
J'apprenais énormément de choses sur la mère de cette dernière. Son adolescence tragique, son amour pour quelqu'un qui lui était interdit, son destin exemplaire, tout ce que je lisais dans le journal me touchais. Je me savais de nature sensible, mais je n'imaginais pas à ce point.
Plusieurs réminiscences avaient refait surface, depuis que j'avais commencé la lecture de ce carnet, et ce pour mon plus grand bonheur. Je me rappellais désormais ses derniers mots, avant sa fuite. « Ne cherche pas à me retrouver » m'avait-elle susurré à l'oreille. Plutôt inquiétant, mais cela ne me surprenait pas de la part de Léna. À vrai dire, plus rien ne me surprenait venant d'elle. Depuis peu, elle semblait fuir quelque chose ou quelqu'un.
Mais désormais, tout ce qu'elle ne m'avait pas confié m'était à portée de main, à l'intérieur de ce carnet à la couverture élimée. Tous les secrets qu'elle partageaient, sans pour autant avoir le droit de m'en parler, m'aiderait peut-être à démêler les nœuds de sa complexe personnalité. Tentant de dénicher une quelconque information, je restai à l'affût de la moindre révélation faite par la génitrice de ma meilleure amie.
Une semaine passa. J'ignorais pourquoi certaines réminiscence, plutôt que d'autres s'obstinaient à repasser en boucle dans mon esprit, mais j'y repensais constamment. La vérité était de plus en plus proche, et le flou de mes pensées commençait à s'estomper. Ma mémoire était presque recouvrée et je discernai désormais les véritables raisons de sa fugue.
Les souvenirs remontaient progressivement, au fur et à mesure des jours et au fur et à mesure que j'apprenais les secrets de la famille Susans. J'appris par exemple, au détour des pages que du sang de vampire et de loup-garou coulait dans les veines de Léna, que celle-ci était dotée de pouvoirs très puissants et qu'elle devait s'en servir afin d'accomplir une mission pour sauver son peuple. Tous ces faits me confirmèrent ainsi les raisons de l'ignorance que j'avais subi. À la place de Léna, je n'aurais pas souhaité que tout le monde soit au courant de mes particularités.
Mon esprit dériva une nouvelle fois sur ma meilleure amie. J'essayais de me la rappeler dans les moindres détails. Sa longue chevelure brune. Ses iris dorées que j'avais toujours trouvé fascinantes. L'éclat pétillant qui en émanait. Ses délicates taches de rousseur qui parsemaient son visage diaphane. Ses longs cils qui s'affolaient lorsqu'elle était troublée. Ses lèvres douces qui s'étaient posées sur les miennes avec douceur. Son rire communicatif, qui suffisait à lui seul pour me mettre de bonne humeur. Ses fossettes qui se dessinaient au creux de ses pommettes lorsqu'elle souriait. Tout en elle me manquait atrocement.
Il fallait absolument que je parte à sa recherche, pour m'expliquer avec elle. C'était une question de vie ou de mort. Son rejet m'avait ouvert les yeux sur mes sentiments et désormais, la sœur que je voyais en elle avait totalement disparu. J'avais été frappé par dernière fois que je l'avais vu de la trouver si belle, et je m'étais surpris à penser à cela. Mais désormais, pourquoi fallait-il que ce soit si difficile ? Et pourquoi tout était différent depuis que je savais qui elle était vraiment ?
~🌙~
Coucou !
Nouveau chapitre, le deuxième du point de vue de Brian.
Le sort effectué par Léna pour qu'il l'oublie ne semble pas avoir fonctionné haha et Brian semble déterminé à partir à sa recherche.
J'espère que ce chapitre vous a plu ^^
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