Un peu plus loin devant elle, une ligne noire mouvante attira l'attention de Vassili, alors qu'elle donnait à boire à Hosanna dans sa paume de main.Elle plissa les yeux pour essayer de distinguer la chose qui lui fonçait littéralement dessus.
Soudain, la ligne se dispersa pour se transformer en une dizaine de personnes à cheval, dévalant la dune opposée à la sienne. Ils allaient donc bien dans sa direction.
Elle lâcha un hoquet de peur, et remonta en vitesse sur Hosanna. Elle la fit avancer et lui ordonna de partir au galop, puis elle descendit avec précipitation la dune sur laquelle elle était, dans le sens inverse de la directions des cavaliers. Hosanna devait sûrement avoir sentis la panique de l'humaine, car elle redoubla d'effort pour accélérer.
Tandis qu'elles filaient sur le sable, les cheveux châtain clair de la jeune femme voletaient au vent car elle n'avait pas prit la peine de les attacher.
Les hennissements des autres chevaux à sa poursuite se rapprochaient de plus en plus et lui firent donner de petit coups de talons dans les côtes d'Hosanna pour qu'elle accélère encore. Sa jument allongeait de plus en plus ses foulées et Vasili se pencha en avant pour se coller au dos de sa monture, s'accrochant encore plus à sa crinière. Leur entrée dans l'air était donc optimisée au maximum.
La brune regarda derrière elle dans l'espoir de ne plus apercevoir ses poursuivants, mais à la place, elle vit sa robe blanche fluide voler derrière elle, lui bouchant la vue. Elle ne pouvait donc pas vérifier si elle les semait ou non.
Que lui voulaient ces hommes ?
Son cheval sauta par dessus une grosse crevasse, et elle raffermit la prise qu'elle avait sur sa crinière.
Elle pensa soudain à sa famille. Qu'est ce qu'ils feraient si elle était amenée à mourir ?
Sa mère serait sûrement très contente d'apprendre sa mort.
Elle secoua doucement la tête de gauche à droite pour faire disparaître ces pensées négatives, et se concentra sur l'instant présent en donnant un autre coup de talons dans les cotes d'Hosanna, qui accéléra encore, malgré sa fatigue grandissante.
Elles avaient alors galopé toute la journée, jusqu'à ce que la cavalière fasse ralentir la jument vigoureuse, pour qu'elle puisse reprendre des forces.
Le soleil avait commencé à décliner à l'horizon, quand elle vit un oasis à une centaine de mètres de leur position. La jeune femme se posa la question de savoir si les autres la suivaient encore et elle pensa directement à se diriger vers celle-ci, pour boire. De toutes façons elle n'avait entendu que les sabots de son cheval durant les quinze dernières minutes.
Sa jument se détourna du chemin pour galoper jusqu'à l'oasis malgré les cris de protestations de sa cavalière. Elle n'avait toujours pas décidé si c'était une bonne idée de s'arrêter ou pas !
Elles rentrèrent quand même dans l'eau, et la jeune femme s'écria :
- Mais non! Ce n'est pas le moment de faire ta toilette !
Elle attrapa son long chaperon noir avant qu'il ne soit trempé et l'enfila, rabattant la capuche sur sa tête. Elle administra une grosse tape sur la croupe de son cheval, et il comprit le message, puisqu'il sorti de l'eau quelques secondes plus tard.
Le puissant animal commençait déjà à galoper, lorsqu'un autre cheval se mit en travers de son chemin, suivit par un groupe entier de cavalier, l'entourant de toute part.
Le cavalier qui l'avait bloqué en premier se détacha du cercle qui la maintenait prisonnière, et s'approcha d'elle en faisant marcher sa monture.
C'était un homme. Oh oui un homme. Sa virilité et sa dominance débordait par tous les pores de sa peau. Vassili cru qu'elle allait mourir asphyxiée. Son regard d'acier la scrutait et sa mâchoire recouverte d'une légère barbe, tressaillit.
Naïm détailla Vassili de la tête au pied, pendant qu'elle faisait de même discrètement, légèrement tremblante.
Lui, était habillé d'une tenue... qu'elle n'avait jamais vu autre part que dans les films. Elle se demanda si ce n'était pas une tenue traditionnelle Berbère... mais elle n'en était pas sûre à cent pour cent. Il avait un turban noir enroulé autour de sa tête, encadrant sa mâchoire carré, le protégeant sûrement du soleil qui tapait et des tempêtes de sable.
Naïm remarqua qu'elle baissait un peu plus la tête pour ne pas qu'il voit son visage, caché sous la capuche de son chaperon, qu'elle avait enfilé avant qu'il ne soit trempé par l'eau de l'oasis.
- Qui êtes vous et que faites vous dans mon désert ? dit Naïm en anglais, d'une voix froide avec un léger accent étranger.
- Ça ne vous regarde pas, et je me balade tout simplement dans un désert, qui d'ailleurs ne vous appartient pas, répondit la jeune fille, dont le mauvais caractère ressortait.
"Tiens, manges ça connard !" pensa Vassili, qui bouillonnait sur place.
Il ricana d'un rire grave et sensuel.
- C'est là que vous vous trompez, mademoiselle, dit-il d'une voix doucereuse, alors qu'il dégainait son sabre une nouvelle fois, pour lui ôté sa capuche, et enfin pouvoir observer ce qu'il n'avait pas pu admirer, du haut de sa dune.
Lorsque la jeune femme entendit le sabre se dégainer, elle releva un peu la tête, de peur qu'il décide finalement de la tuer en l'égorgeant devant tout ses hommes.
Mais quand elle se rendit compte qu'il approchait la pointe de son sabre vers sa capuche, elle comprit qu'il voulait voir son visage. Elle ne réfléchit pas plus longtemps, et elle stoppa son agissement en entourant le bout de son sabre avec sa paume de main.
Elle sentit une brûlure à l'intérieur de sa mains, signe que la lame l'avait coupé, et des gouttes de sang perlèrent sur le genoux de l'homme et sa monture. La jeune femme grimaça sous sa capuche, et elle retira sa main brusquement pour la ramener contre elle, alors que le cavalier avait un mouvement de recule en se rendant compte de ce qu'il avait fait.
Bon dieu cette femme n'avait aucune limite ! Lui qui voulait être courtois, c'était loupé ! Naïm rangea son sabre, énervé, et regarda le menton blanc tremblant de Vassili, alors que l'impatience de voir son visage prenait le dessus.
- Mon dieu mais vous êtes folle ! Vous saignez maintenant, s'écria l'homme, alors que ses traits déjà dur se durcissaient encore.
Génial elle l'avait encore plus énervé...
- Oui, peut être que je suis bien folle, monsieur, dit-elle en accompagnant sa phrase sarcastique par un rire sans réelle joie.
- Que faites vous ici ? lui demanda t-il sèchement, en ignorant sa réponse.
- Ou sommes nous ? Renchérit-elle, évitant sa question indiscrète.
- Vous avez dépasser la frontière il y a une heure de cela, ce sont mes hommes qui arpentent le désert à la recherche d'âme perdues comme vous qui m'ont fait part de votre présence sur mes terres.
- Alors je ne suis plus au Maroc ?
Il esquissa un sourire, se rendant peu à peu compte que la jeune femme devant lui était totalement ignorante de la situation dans laquelle elle s'était fourrée, et qu'il pouvait maintenant faire d'elle ce que bon lui semblait.
- Non, comme je vous l'ai dit vous avez dépassé la frontière qui reliait mon pays à votre pays. Vous êtes au royaume d'Alkjara à présent, lui expliqua t-il, en cachant son petit sourire derrière un visage fermé.
La jeune femme ouvrit un peu la bouche, mais aucun sons n'en sorti. Elle était donc belle et bien sur les terres de cet homme, prise au piège.