- Isiris ! Debout la marmotte ! Dépêche-toi !
La voix stridente de Koala me parvint alors qu'elle me secouait sans ménagement. Je poussai un grognement. Ils s'étaient tous passé le mot pour me déranger en plein sommeil, ou quoi ?
- Koala, arrête ! C'est bon, je suis réveillée !
La jeune femme me lâcha enfin. J'ouvris les yeux sur la chambre que nous partagions toutes les deux à bord du cuirassé. La porte était grande ouverte, il faisait grand soleil dehors. J'avais autant dormi que ça, pour qu'on me réveille avec aussi peu de délicatesse ?
En baillant, je me redressai et me levai. Koala m'attendait en souriant dans l'encadrement de la porte, elle me tendit mon manteau et mes armes. Ayant dormi toute habillée, je n'avais que ça à enfiler. Je m'approchai et pris mes affaires, non sans jeter un regard fatigué à ma colocataire.
- On est si pressé que ça pour que tu sois aussi brutale ?
- Toi, oui !
Je plissai les yeux, ne comprenant pas. Koala pointa le doigt vers le dehors. Je soupirai en réprimant un bougonnement, mais je finis par sortir de la cabine et rejoindre le pont en traînant les pieds.
Ma paresse laissa place à de la joie pure. J'en eus presque un mouvement de recul. Je courus jusqu'à être à la hauteur de trois hommes, l'un blond, l'autre aux cheveux gris, et le dernier roux, qui parlaient entre eux.
- Shanks !
Mon capitaine, en m'entendant, se tourna vers moi. Son sourire s'agrandit.
- Isis !
Je m'arrêtai devant lui et lui fis face, un air réjoui collé sur le visage. Du coin de l'œil, je voyais le Red Force amarré au bord du navire de guerre, et j'entendais les salutations lancées par mes nakamas. Je me tournai vers eux et les saluai de la main en riant.
Shanks éclata d'un rire gai.
- Je suis heureux de vous retrouver ! De ce que je vois, ça a été plus mouvementé que prévu ?
C'est vrai que se retrouver sur un cuirassé et en compagnie de révolutionnaires ne faisait pas partie du plan. J'esquissai un sourire en croisant les bras, échangeant un regard complice avec Sabo, qui s'était fait discret face à nos retrouvailles. Beckmann, plus sérieux que nous autres, entra dans le vif du sujet. Celui pour lequel on comptait tant les rejoindre aussi vite.
- Qu'est ce que tu comptes faire, pour Ace ?
Shanks troqua son sourire pour un visage grave. Je délaissai mon côté enjoué et m'avançai vers mes compagnons, attentive à la conversation.
- Ace est un prétexte pour attirer Barbe Blanche. La Marine s'est sans doute déjà préparée à l'affronter, et sûrement le tuer. Ce sera une guerre totale, qui secouera le monde entier. Pas plus tard qu'hier, nous avons intercepté Kaido avant qu'il n'atteigne Grand Line. Et aujourd'hui, nous allons stopper une guerre.
Ces paroles résonnèrent plusieurs fois dans ma tête. La gravité de la situation était aussi sérieuse que je le pensais. Que Barbe Blanche ou la Marine l'emporte, qu'Ace survive ou non, cela pourrait tout chambouler. Je déglutis rapidement. Si Shanks souhaitait s'interposer, espérons que ce sera avant un bain de sang et que les deux camps l'écouteront.
- Direction Marineford, donc ?
Beckmann avait allumé une cigarette. Bien que sérieux, il semblait détendu.
Shanks répondit à son second d'un hochement de tête, avant de poser son regard sur moi. Un regard semblant inquiet.
- Là-bas, il y aura les plus grandes forces de la Marine. Ton père y compris.
J'haussai les épaules. Qu'il n'y soit pas m'aurait étonné, il était amiral après tout. Faire face à mes anciens collègues ne sera pas une partie de plaisir, et je mentirai en disant que je n'en avais pas un peu peur, mais il fallait bien que j'assume un jour ou l'autre. Autant prendre mon courage à deux mains et faire preuve d'audace.
- Ça ne sera pas un problème. Allons stopper cette guerre, capitaine.
Le roux retrouva son sourire. Il se tourna vers le révolutionnaire, le salua de la main, et regagna le Red Force avec Beckmann. J'allais leur emboîter le pas, mais on m'attrapa par le bras. Je me stoppai et tournai la tête vers Sabo en lui lançant un regard interrogateur. Il m'offrit un sourire et me lâcha.
- Tu dis même pas au revoir ?
Je ne pus retenir un bref rire. Il avait raison, je n'allais pas partir en voleuse après ces derniers jours passés ensemble, d'autant plus qu'il était probable que je ne les revois pas avant longtemps.
- Isis !!
Je tombai à la renverse alors que Koala se jetait sur moi et m'étreignait de toutes ses forces. J'éclatai de rire et la pris également dans mes bras. Cette petite chipie allait me manquer. Il allait aussi me manquer. Les deux allaient beaucoup me manquer.
Koala finit enfin par me lâcher. Je lui souris une dernière fois, avant de me relever et de m'avancer vers Sabo. Je farfouillai rapidement dans ma poche puis en sortit un grand morceau de papier, ma carte de vie plus exactement. Je la déchirai et en tendis un morceau au blondinet.
- Tiens. Si tu as besoin de moi, viens me trouver. N'hésite pas.
- Merci, Isiris.
Il prit la carte de vie, un large sourire sur les lèvres.
- Tu vas me manquer.
- Je sais, on m'oublie pas facilement.
Après un rapide échange sourire, je le saluai puis courut vers le Red Force.
Tandis que le navire s'éloignait, je faisais de grands signes de la main aux révolutionnaires, jusqu'à ce qu'ils soient trop loin pour être visibles. Ils me manquaient déjà, j'avais hâte de les revoir.
Je me détournai et pris la direction de ma chambre. En poussant la porte, j'eus l'agréable surprise de voir que rien n'avait changé, personne n'était entré durant mon absence. Ce respect était vraiment adorable.
Je me laissa tomber sur mon lit, et ouvris le tiroir de ma table de chevet. J'en sortis ma deuxième paire de saï, et y déposai l'arme rescapée du G-5, puis me relevai et rejoignis mes compagnons dehors. Certains buvaient, mangeaient ou jouaient aux cartes, mais ils étaient tous étrangement calmes. Ils se préparaient à la guerre.
J'échangeai un sourire de ci, de là, avant de venir m'asseoir aux cotés de Yasopp. Nous n'échangions qu'un regard. Pas une seule parole. Nous étions trop concentré sur notre prochaine destination.
Cette fois-ci, nous allions nous dresser contre les plus grandes puissances de la Marine, autant dire que nous n'avions pas le droit à l'erreur.