Aloys (Tome 1) : lightning an...

Por MarianneLtrr

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La guerre est arrivée de nulle part, sans qu'on puisse l'empêcher. Les Elémentaires ont traversé leurs immens... Más

Avant propos
Chapitre 1
Chapitre 2 (2/2)
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9 (1/2)
Chapitre 9 (2/2)
Chapitre 10 (1/2)
Chapitre 10 (2/2)
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18 (1/2)
Chapitre 18 (2/2)
Chapitre 19 (1/2)
Chapitre 19 (2/2)
Chapitre 20 (1/2)
Chapitre 20 (2/2)
Chapitre 21
Chapitre 22 (1/2)
Chapitre 22 (2/2)
Chapitre 23 (1/2)
Chapitre 23 (2/2)
Chapitre 24 (1/2)
Chapitre 24 (2/2)
Chapitre 25 (1/2)
Chapitre 25 (2/2)
Chapitre 26 (1/2)
Chapitre 26 (2/2)
Chapitre 27 (1/2)
Chapitre 27 (2/2)
Chapitre 28 (1/2)
Chapitre 28 (2/2)
Chapitre 29
Chapitre 30 (1/2)
Chapitre 30 (2/2)
Chapitre 31
Chapitre 32 (1/2)
Chapitre 32 (1/2)
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35

Chapitre 2 (1/2)

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Por MarianneLtrr

Un son strident retentit dans mon crâne, et vint marteler mes tympans avec violence. Je ripostai en envoyant un coup maladroit en direction de la source du bruit. La machine qui me servait de réveil tomba à terre dans un bruit métallique et le bruit mourut aussi vite qu'il était apparu. Puis je me roulai sur le côté en gémissant, ouvrant à grande peine mes yeux endormis. Ma tête était sur le point d'exploser et il me fallut un moment avant de me souvenir de ce qui s'était passé la veille. Les soldats, la drogue, l'alcool, Arthur... je ne pus retenir un gémissement. Comment avais-je pu laisser Arthur m'embrasser ? Et comment j'allais pouvoir lui expliquer qu'il ne s'agissait que d'un malentendu sans le froisser ?

Le soleil filtrait à travers les volets en bois, laissant de longues marques rectilignes sur les murs. Je restai un moment immobile fixant les grains de poussières qui voletaient dans l'air. Puis mon deuxième réveil se déclencha, répandant une douce musique dans l'appartement. Agacée, j'envoyai valser le second réveil au côté du premier et me redressai en grognant. Cette journée promettait d'être désagréable.

Je rejoignis la salle de bain en traînant les pieds, tel un zombie et découvris le carnage que j'y avais laissé la veille. Mes vêtements, encore trempés étaient entassés dans un coin et une large flaque d'eau s'étendait de la douche aux toilettes. Les serviettes dont je m'étais servies pour me sécher traînaient dans le lavabo, tandis que la majorité de mes produits de beauté étaient étalés sur le sol. Je ne me souvenais pas avoir renversé quoi que ce soit, mais ça ne m'étonnait pas vraiment. À ce moment-là de la soirée, je n'avais plus vraiment les yeux en face des trous.

Sans prêter attention au chaos que j'avais laissé, je m'emparai d'une boite de cachets et en avalai deux d'une traite dans l'espoir de calmer la tempête qui faisait rage dans mon crâne. J'attendis patiemment dans mon lit que la douleur se calme et envisageai d'avaler un fruit avant de commencer à me préparer. L'idée même de manger me souleva le cœur, alors je me contentai de glisser une pomme dans mon sac. J'enfilai un jean basique et un débardeur vert, puis je pris la direction de la salle de bain dans l'espoir d'arranger ma tignasse. Quelques minutes plus tard, mes cheveux roux rassemblés en un chignon et mes cernes dissimulées, j'attrapai mon sac et ma veste en cuir et dévalai les escaliers. J'étais contente de constater que les traces rouges que j'avais la veille avaient totalement disparu, l'allergie n'était probablement pas si grave que ça finalement.

Je n'avais pas besoin de regarder ma montre pour savoir que j'étais en retard, je l'étais toujours. Ça n'avait pas une grande importance, l'amphi était toujours vide et je n'aurais aucun mal à me dénicher une place au dernier rang sans me faire remarquer par le professeur. Les lignes de bus étant souvent saturées à cette heure, j'optai pour le métro. C'était plus rapide mais en général on y trouvait assez peu de monde, en grande partie parce que les rames de métros étaient infestées par des rats aux proportions démesurées.

Pourtant, ce n'était pas tant ces nuisibles qui rendaient ce labyrinthe souterrain inquiétant selon moi, c'était plutôt les humains qui y vivaient. Il s'agissait en général de sans-abris, de vagabonds, ou de simples voleurs qui appréciaient assez peu ceux qui vivaient à la surface et se plaisaient à les dépouiller dès qu'ils en avaient l'occasion. On entendait beaucoup d'histoire à ce sujet, mais de ce que j'en avais vu, ces gens ne représentaient un réel risque que pour les téléphones et les portes feuilles un peu trop lourds. Il arrivait souvent que l'armée, ou plutôt une branche de l'armée reconvertie en police nationale soit postée dans le métro, ce qui avait pour effet de limiter drastiquement les agressions. Après tout, aucun humain sain d'esprit ne voulait se frotter de trop près à l'un de ces mutants. Alors quand je vis deux de ces soldats à l'uniforme gris postés devant l'entrée du métro, je n'hésitai pas une seconde.

Je passai devant eux et ils me dévisagèrent avec étonnement, surpris de voir une jeune femme s'enfoncer dans les profondeurs de la ville. Leur présence ne suffisait généralement pas à sécuriser tout à fait les lieux, mais j'étais prête à risquer mon téléphone et mes deux derniers billets de vingt là-dessous si ça me permettait pour une fois d'arriver avec la fin du premier cours.

Faisant abstraction de l'odeur de mort qui régnait dans les couloirs, des regards malsains des quelques habitants et du malaise que provoquait chez moi la présence des soldats. Je me précipitai vers ma voie, montai dans l'un de ces métros vieillissants et attendis avec impatience mon arrêt dans un concert de grincement inquiétant. Un jour ou l'autre ces maudits wagons tomberont en panne et personne ne viendra mettre la moindre pièce pour les réparer. J'espérais simplement que ce jour funeste n'arrive qu'après la fin de mes études ici.

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, la présence de l'armée ici ne montrait pas un intérêt particulier pour le métro de la part de l'état. Ils étaient là pour rappeler à ceux qui vivaient ici, qui détenait le pouvoir, et pour quelle raison. S'ils avaient vraiment voulu nous protéger, ils auraient commencé par vider les galeries en arrêtant tous les dealers, les violeurs et les meurtriers qui y vivaient et aurait investi un peu dans l'entretien de ces machines veillottes. Au lieu de ça, les soldats se contentaient de rester là, à surveiller tous ces pauvres gens du coin de l'œil, en sachant parfaitement qui ils étaient et ce qu'ils faisaient en leur absence. Une inaction tout à fait caractéristique de l'ANH, dites plus pompeusement « l'armée des nations humaines » et qui consistait en la plus vaste blague des dernières décennies. L'ANH n'œuvrait pas pour l'humanité, elle œuvrait pour elle-même et tolérait la présence du peuple tant qu'il allait dans son sens. Lorsque ce n'était plus le cas, ils se contentaient d'abandonner les civils aux envahisseurs, bien conscient que ces derniers n'avaient aucune chance.

J'apercevais enfin les escaliers menant à la sortie qui donnait sur ma faculté, lorsque mes yeux s'attardèrent sur l'une des affiches de propagande placardées partout dans les couloirs du métro. On y voyait Lucian Melchior, le chef de notre gouvernement, mais aussi celui de l'armée, qui serrait un enfant dans ses bras avec une tendresse exagérée. Son regard était froid et jurait avec l'attitude paternelle qu'il avait envers l'enfant. Quant à lui, il représentait tous les orphelins qu'avait créés cette guerre, un visage émacié, des vêtements en lambeaux, des yeux rougis par les larmes, mais comme l'indiquait le slogan, il ne devait plus avoir peur, il ne devait plus souffrir, désormais « il était l'enfant de la nation : un enfant voué à lutter pour reconstruire ce monde et à défendre ses habitants ».

La bonne blague. Juste à côté on trouvait une affiche similaire, cette fois-ci, l'enfant avait le plaisir d'être accompagné par ses parents pour se rendre droit dans les bras de Lucian Melchior qui ferait de lui « le futur de l'humanité » en contrepartie d'un dédommagement « conséquent ». A elles seules, ces deux affiches me donnaient la nausée. Ce que je voyais moi, c'était qu'ils créaient des mutants dans leurs labos. Des tas et des tas d'enfants mutants élevés dans l'unique but de servir l'ANH.

Un coup d'œil à ma montre m'apprit que j'avais trop tardé devant ces affiches et je m'empressai de traverser la petite place qui me séparait de la fac. L'université était grande et disposait de plusieurs bâtiments alliant construction moderne, piliers colorés et murs en verre, aucun édifice ne ressemblait à son voisin, ce qui donnait au tout un aspect chaotique qui me plaisait beaucoup. Mon lieu préféré avait toujours été la bibliothèque, construite toute en longueur, elle disposait d'un côté entièrement vitré donnant sur une cour intérieure à la fac, qui laissait la lumière inonder l'immense pièce.

Malheureusement, je n'avais pas le temps d'aller m'y prélasser, j'avais déjà une demi-heure de retard et je n'avais toujours pas atteint mon amphi. Je me lançai donc dans une petite course à travers la faculté sous les yeux réprobateurs des vigiles habitués à voir ma crinière rousse débouler en catastrophe bien après le début des cours. Personne ne me remarqua quand je me glissai au dernier rang, ce qui ne m'étonnai guère, tout le monde dormait déjà à moitié, le nez rivé sur leurs notes.

Le cours traînait en longueur et la majorité des étudiants présents s'écroulèrent sur leur table à peine une heure après le début du cours. Même le professeur Danton semblait passablement s'ennuyer tandis qu'il tentait sans grande énergie d'expliquer au premier rang l'importance du cycle de Krebs dans le métabolisme. Allez donc essayer de passionner vos élèves avec des mots comme l'alpha-cétoglutarate et la nicotinamide adénine dinucleotides ! Le seul cours qu'il ait réussi à tous nous faire avaler sans que personne ne s'endorme avait été celui sur la génétique au premier semestre. Rien n'était plus passionnant que d'apprendre pourquoi et comment les mutants qui dirigeaient désormais notre nation en étaient arrivé là.

Certains l'avaient écouté en priant pour qu'un jour eux aussi soit la cible de cette mutation, d'autres, comme moi, avaient plutôt tremblé à cette idée. Il y a quelques générations de ça, personne ne se serait inquiété d'en être victime, les mutations ont toujours été chose courante et notre organisme possède de nombreux mécanismes de défense pour s'en protéger. Pour devenir l'un d'entre eux, il fallait muter plusieurs fois et à un endroit précis de notre génome, et ce, sans que notre corps n'élimine de lui-même les cellules mutées. Autrement dit, le pourcentage de chance qu'un mutant naisse était ridiculement faible et même si cela arrivait, il ne développait pas forcément de pouvoir. Puis les générations ont passé, et ces mutations se sont répandues dans la population, et à elles, se sont ajoutés d'autres mutations jusqu'à ce qu'une partie jusque-là, non codante de notre matériel génétique, devienne opérationnel et altère suffisamment le corps de son hôte pour lui procurer des pouvoirs.

Si la mutation en elle-même était un phénomène purement aléatoire, la sélection naturelle, elle, pouvait être dirigée. Alors lorsque la guerre est arrivée et que les Hommes ont été décimé pour ne laisser qu'une poignée de survivants. Les mutants, plus adaptés à la survie, ont simplement pris la place qui leur revenait, augmentant chaque jour les chances pour que la génération suivante leur ressemble davantage. Six décennies plus tard, un enfant sur mille naissait avec des pouvoirs, qu'il soit latent ou actif dès sa naissance. Cet enfant devenait le « futur de l'humanité », tandis que les autres deviendraient simplement des cibles plus faciles à abattre.

Alors que la deuxième heure de calvaire touchait à sa fin, j'entendis la porte grincer et la seconde d'après, Elena, Arthur et Inès se glissèrent à côté de moi. Il n'en fallut pas plus pour que je me réveille définitivement et que la gêne relative à ce qui s'était passé la veille se niche dans ma poitrine. Les yeux d'Arthur étaient braqués sur moi tandis que je mimais un intérêt tout particulier pour le schéma qui se trouvait au tableau. J'aurais bien voulu m'expliquer avec lui, mais pas devant les autres et surtout pas devant sa sœur.

— Ça va mieux ? demanda Inès en me donnant un petit coup de coude. Arthur nous a dit que tu ne te sentais pas bien hier soir.

C'est le moins qu'on puisse dire, je me voyais encore, allongée dans la douche en position fœtale.

— Oui, je crois que quelqu'un avait glissé quelque chose dans l'un de mes verres ou alors je ne sais pas c'était peut-être une allergie, répondis-je en haussant les épaules.

— Merde, siffla Arthur. Je suis désolé, j'aurais dû remarquer.

Je me tournai vers lui, étonnée de voir autant de culpabilité dans ses yeux. Il s'en voulait vraiment... et je détestais ça. Ce besoin qu'il avait de veiller sur moi me filait la migraine.

— Ce n'est pas ta faute. Ce n'était peut-être même pas ça...

Hugo et Pauline entrèrent bruyamment dans l'amphi, coupant court à la conversation. Après un petit rappel à l'ordre du professeur, ils se mirent tous à se remémorer la soirée de la veille avec entrain. De toute évidence j'avais raté beaucoup de choses. Dont plusieurs baisers torrides entre Pauline et un parfait étranger. Elle gloussait en permanence ce qui lui valu un certain nombre de regards réprobateurs de la part du reste de l'amphithéâtre.

La journée passa lentement, mais je ne trouvai pas un seul moment pour parler avec Arthur qui me dévorait des yeux avec insistance. Visiblement, notre baiser de la veille l'avait laissé sur sa faim et il attendait avec impatience le moment où nous nous retrouverions en tête à tête. Lors du dernier cours de l'après-midi, il poussa même l'audace jusqu'à se mettre à côté de moi pour passer son bras autour de mes épaules. Là encore, je ne le repoussai pas, me répétant sans cesse que, quitte à le rejeter, il valait mieux le faire en privé. L'ego masculin était quelque chose de fragile et si je voulais conserver mon amitié avec lui et sa sœur, il valait mieux que je prenne des pincettes. Restait à lui expliquer que ce qui me déplaisait chez lui était qu'il était trop parfait, trop gentil, trop beau, trop attentionné, trop intelligent, toujours trop de tout ce que je ne serais jamais.

Résultat, j'avais du mal à me mêler à la conversation et focalisai toute mon attention sur le diaporama qui défilait devant moi sans parvenir pour autant à enregistrer quoi que ce soit. J'étais pratiquement en train de m'endormir quand mon corps se mit soudainement à trembler. Au début, je ne compris pas pourquoi, puis une odeur de soufre envahit mes narines et la panique me submergea. Je ne connaissais que trop bien cette sensation étrange, cette odeur, et ce je-ne-sais quoi dans l'air qui avait alerté mon corps bien avant que l'information n'arrive à mon cerveau.

Je me levai d'un bond, faisant sursauter mes amis et m'attirant le regard courroucé du professeur. Puis, avant que je n'aie besoin de me justifier, l'alarme sonna. Pas celle destinée à un incendie, non, celle qui annonçait un massacre... Les créatures étaient là, j'avais ressenti le portail qu'ils utilisaient pour nous envahir s'ouvrir aussi sûrement que si je l'avais vu de mes yeux. Ils arrivaient comme ça, de nulle part, ils ouvraient une brèche entre nos deux mondes et inondaient nos rues de cadavres et de sang. Imprévisibles, inarrêtables...

— Il faut partir, glapit Inès en attrapant à la hâte son sac.

Au début personne ne bougea, comme si Inès et moi étions les seules à comprendre la signification de cette alarme, puis la panique envahit la salle. Aussitôt une tornade d'étudiants affolés déferla vers la porte sans se préoccuper le moins du monde des affaires qu'ils laissaient sur place. Bien sûr, il y avait des consignes en cas d'attaque, mais visiblement ni le professeur, ni les élèves ne comptaient les suivre. A quoi bon ? Ces consignes n'avaient jamais sauvé personne.

Je vis Mr Leviz, notre professeur de microbiologie s'enfuir par la sortie de secours, laissant ses élèves s'échapper par la porte avant, dans l'espoir de regagner la rue, voire même leur maison avant que les conflits ne démarrent. C'était stupide, si l'alarme avait retenti, cela ne voulait dire qu'une chose : il était déjà trop tard. Un portail avait été ouvert et une horde de créatures venues d'un autre monde allait une nouvelle fois ravager la ville. Je n'avais connu qu'une seule attaque, celle qui avait détruit mon village il y a huit ans, mais je ne l'avais pas vécu de l'intérieur. Je n'avais vu aucun de ces monstres, seulement le portail... J'étais loin, à l'abri au milieu des vergers qui bordaient la ville, mais j'avais senti le sol gronder et onduler sous mes pieds et j'avais vu les bâtiments s'effondrer les uns après les autres comme un château de cartes dont on aurait soufflé les bases. Aujourd'hui, c'était différent. J'étais au cœur de l'attaque et je ressentais enfin ce qu'avaient éprouvé mes parents ce jour-là. Cette peur viscérale qui s'engouffre dans vos membres et vous fige sur place.


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