Je me sentis tomber, sur la terre et l'herbe d'une île que je ne connaissais que trop bien. Normal, c'était ici que j'avais grandi. En me relevant, je me retrouvais face à un homme. Je ne pus retenir un sourire. Ce corps beaucoup plus grand que la moyenne, ces cheveux frisés et noirs, ces yeux sombres, ce costume blanc et ce masque de sommeil, je les connaissais.
Il avait posé un genou à terre, le bras nonchalamment posé sur sa cuisse parallèle au sol. Son regard me transperçait, mais son sourire trahissait l'amusement qu'il avait en ce moment.
- Je crois que ça fait 11-3. Pour moi.
- Tu triches aussi, j'ai pas de pouvoirs moi !
Je me renfrognais, en essayant d'adopter une figure boudeuse. En vain, nous éclations tous les deux d'un grand éclat de rire.
Puis, tout fût flou.
Je remettais correctement mon col roulé en marchant d'un pas rapide vers le miroir de ma chambre. Un élastique entre les dents, j'entrepris de me brosser les cheveux. La tâche fût assez simple, je reposai hâtivement la brosse sur la table située devant moi. Je m'attaquai alors à ma coupe de cheveux. Me mélangeant les mèches, je soupirai et repris la brosse, il fallait tout recommencer.
Une main, cependant, vint me prendre l'objet.
- Tu sais toujours pas en faire seule.
- C'est fait exprès. C'est pour te voir.
J'esquissai un sourire en coin, plutôt fière de ma réponse malicieuse. Ses mains, après avoir reposé la brosse, s'occupèrent de mes cheveux, entrelaçant les mèches entre elles. Il poussa un profond baîllement, non d'ennui, mais de fatigue. Il était très paresseux.
- C'est un jour important pour toi, nan ?
- Pas plus que d'habitude. On nous a dit de nous tenir prêt à nous rendre à Enies Lobby pour un Buster Call, mais bon, en attendant, c'est cool.
- Hum... Tu sais ce qu'est un Buster Call ?
- L'ultime attaque de la Marine, non ?
- Ouais... On va dire ça.
L'hésitation dans sa voix me fit lever les yeux vers le miroir, je regardai son reflet. Il était comme d'habitude, les muscles relâchés, les yeux dans le vague... Normal. Je décidai de laisser tomber, et je lui tendis mon élastique. Il l'attrapa et noua mes cheveux dans la tresse épis-de-blé qu'il m'avait crée. Il posa ses mains sur mes épaules et se pencha, de sorte à ce que sa tête se retrouve au même niveau que la mienne. Comme moi, il utilisa le miroir pour me regarder, un léger sourire sur les lèvres.
- J't'aime, tu sais.
- J't'aime aussi, papa.
Noir complet.
Je courrais sur le pont du cuirassé. Ma respiration était oppressée, des mèches s'échappant de ma tresse m'obstruaient la vue, mon manteau me claquait dans le dos. Mes mains vinrent agripper le bord du navire, côté tribord. Impuissante, je ne pouvais qu'assister au bombardement intensif de l'Île Judiciaire. De tous côtés, j'entendais les soldats s'affairer, des bruits de canon, des cris. Le vice-amiral Onigumo, présent sur mon navire, aboyait ses ordres.
BOOM. Des bâtiments s'effondrèrent. BOOM. Un vaisseau de la Marine coula. Parmi ce chaos, je restais immobile, bouche-bée, à écouter les suppliques, les cris de douleur de ce millier d'hommes coulé. Je n'arrivai pas, plus, à bouger. Je ne pouvais qu'endurer.
- Au secours !
- Aidez-nous !
- Vice-amiral, capitaine, à l'aide !
- Capitaine, qu'est ce qu'on fait ?
- Capitaine, on les aide ?
- On les laisse, capitaine ?
- Capitaine...
- Capitaine !
- Capitaine !...
- ISIRIS !!