Lunaire

By _--Moonchild--_

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Walter et Liesel Eisenmann. Le frère et la sœur, deux gamins détestables qui passent leur temps à se disputer... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32

Chapitre 4

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By _--Moonchild--_

Liesel tapota la timbale au-dessus de sa bouche entrouverte, faisant chuter quelques gouttes d'eau sur ses lèvres asséchées. Elle mourait de soif... Il fallait avouer qu'elle ne s'était pas économisée, une fois de plus. Pour tout dire, elle ne pouvait pas vraiment se le permettre.

En ce soir de février 848, comme tous les soirs ou presque depuis son incorporation, elle était allée s'entraîner. Certes, un sac de frappe n'était pas comparable à un être humain, loin de là, mais ça lui permettait au moins de gagner en force dans ses coups. La précision, elle l'avait. C'était de puissance dont elle avait besoin. Et d'un peu plus de stratégie, mais ça, elle ne pouvait pas le développer toute seule. Alors, elle essayait d'en faire un maximum en espérant que ses efforts finissent par payer. 

Liesel avait dû se rendre à l'évidence, après plusieurs mois d'entraînement déjà. Elle n'était pas spécialement douée, contrairement à Walter, contrairement à son grand-père. S'en rendre compte avait mis un sacré coup à son ego, et à sa confiance en elle au passage. Elle n'était pas mauvaise, non, seulement normale. Moyenne. Banale. Qu'elle détestait ça, la banalité... Alors, elle faisait tout pour en sortir. Pour se montrer digne de ceux qui l'avaient précédée, pour que son frère puisse enfin se sentir fier d'elle... Mais surtout, pour prouver à tête d'oeuf qu'il s'était trompé sur son compte. Elle avait un certain orgueil, cette petite, et ne supportait pas qu'on la sous-estime. 

Enfin, de son point de vue, pas mal de monde la sous-estimait. Jean , cet avorton arrogant, qui n'arrêtait pas de la taquiner sur sa taille et à qui elle assénait de vengeresses balayettes au moment du passage en revue, chaque semaine. Ymir, qui semblait la prendre pour une demeurée de première et Christa qui ressentait le besoin de lui réexpliquer absolument tout ce que son amie disait. Mina qui la pensait incapable de comprendre quoi que ce soit de délicat. Même Marco, avec qui elle entretenait une amitié solide, se forçait à y aller doucement lorsqu'il s'entraînait avec elle. Certes, ça partait d'une bonne intention, mais elle en avait assez d'être considérée comme une petite chose fragile.

Une serviette sur ses épaules nues, la sueur perlant encore à son front, elle était venue s'asseoir sur les marches qui menaient au dortoir. C'était devenu son observatoire, son refuge, l'endroit où elle s'installait chaque soir pour examiner le ciel, le temps de calmer les battements de son coeur et de cesser de transpirer. Ses yeux attentifs balayèrent avec précision la voûte céleste piquetée d'étoiles, nommant ses astres un par un. 

Mais ses pensées ne prenaient pas sa propre voix, comme le font celles de la plupart des gens. Non, dans sa tête, la voix de son grand-père résonnait. Elle se souvenait si bien de ses intonations, de son timbre légèrement rocailleux et pourtant si doux, qu'il lui semblait qu'il était là, à ses côtés, à répéter lentement, pour qu'elle les retienne, ces noms qui lui paraissaient si distants. Aujourd'hui, elle connaissait chacun d'entre eux, jusqu'à la plus petite étoile. C'était bien la seule chose en elle qui aurait pu le rendre fier, songea la jeune femme avec un sourire attristé.

«Qu'est-ce que tu fais là à une heure pareille ? » fit une voix peu familière derrière elle.

Liesel, bien que prise de court, parvint à réprimer un sursaut, et se tourna vers le garçon qui venait de parler. Elle le connaissait. Enfin, connaître était un bien grand mot... Disons qu'elle savait de lui ce qu'elle savait de ses autres camarades, à peu près. Son nom, les personnes qu'il côtoyait, comment il se situait par rapport aux autres en termes de notes... Certes, ça pouvait sembler déjà beaucoup, pour quelqu'un à qui elle n'avait jamais adressé la parole, mais elle connaissait ce genre de détails sur chacun de ses camarades ou presque. Et puis, à l'échelle d'une personne, c'était infime. N'importe qui pouvait connaître ces choses-là, avec un peu d'observation. 

Reiner Braun, quatorze ans, passait le plus clair de son temps avec Bertholdt Hoover. Liesel croyait également se souvenir qu'ils venaient du même village. Leur amitié était relativement étrange, vue de loin, ils n'avaient strictement rien à voir l'un avec l'autre. Le premier s'entendait bien avec tout le monde, parlait fort et souriait beaucoup, tandis qu'elle n'avait jamais entendu la voix du second ou presque. Mais bon, les opposés s'attirent, selon ce vieux dicton stupide que lui sortait sa mère quand Liesel lui avait demandé pourquoi elle avait épousé son père. Elle n'y avait jamais cru, mais en voyant l'amitié qui unissait ses deux camarades, elle se disait que ce n'était peut-être pas si absurde que ça.

Elle ne connaissait rien d'autre de ce garçon, à part qu'il s'était récemment fait botter le cul par Annie Leonhart à l'entraînement. Une sacrée scène, qui était restée ancrée dans l'esprit de la plupart de leurs camarades comme un avertissement : il valait mieux éviter de s'approcher de cette fille. Eren était le seul qui ne semblait pas avoir compris la leçon... Mais bon, aux yeux de Liesel, le petit brun était juste un agité complètement nerveux, qui passait son temps à s'énerver et à brailler dans tous les coins qu'il allait exterminer tous les titans. Enfin bref, rien de bien étonnant à ce qu'il soit inconscient au point de côtoyer Annie. Mais revenons-en à Reiner, qui attendait patiemment que sa camarade ait fini de cogiter, un sourcil haussé en signe d'interrogation.

« Je pourrais te poser la même question. » finit-elle par répliquer, haussant les épaules dans un geste indifférent. 

En temps normal, elle aurait souri d'un air amical et aurait tout simplement expliqué. Mais là, elle n'était pas d'humeur, et elle n'avait pas envie de se casser la tête à avoir l'air sympathique. Ce genre de coups de mou était rare chez elle, mais quand ça arrivait, en général, elle était capable de devenir extrêmement sèche et désagréable.

« Pigé, je me tais. Tu permets que je m'assoie deux secondes ? 

- Comme tu veux, mais si t'es sorti prendre l'air, je suis pas sûre que ce soit l'idée du siècle, je dois puer sévère... 

- Je dors dans un dortoir de mecs, c'est pas comme si j'avais pas l'habitude. dit-il simplement avant de se laisser tomber près d'elle. 

- J'empeste pas autant qu'une trentaine de mecs en pleine puberté, rassure-moi ? répliqua-t-elle en levant un sourcil amusé, tournant la tête vers lui. 

- Non, juste comme quelqu'un qui vient de s'acharner sur un sac de frappe pendant ... Deux heures, je dirais ?

- Comment t'as su ? demanda-t-elle d'un air soupçonneux.

- Tes phalanges.»

Il désigna ses mains d'un petit signe de tête. Liesel les ramena instinctivement contre elle, observant ses phalanges abîmées d'un oeil circonspect. Malgré les bandages dont elle les avait entourées, elles s'étaient ouvertes à nouveau.

«Effectivement, ça casse pas trois pattes à un canard...» murmura-t-elle en laissant retomber ses mains sur ses genoux. 

Elle commençait sincèrement à se décourager. Tous ses efforts pour s'améliorer ne menaient pas à grand chose. Elle n'avait sans doute pas la bonne méthode. Ou alors, elle était juste physiquement incapable de faire mieux. Cette option n'était pas à exclure, elle le savait parfaitement.

« Pourquoi tu t'acharnes autant ? Le corps à corps n'est même pas pris en compte dans l'évaluation.

- J'en sais rien... Peut-être parce que c'est le seul truc que je peux faire de nuit sans risquer de me faire griller par tête d'oeuf.

- Je crois qu'il t'a déjà grillée, tu sais ? dit-il avec un sourire amusé.

- Ça m'étonnerait, ou il m'aurait déjà passé un savon pour non-respect du couvre-feu. le contredit-elle.

- Je pense que non. Il ne va tout de même pas te punir alors que tu te mets dans un état pareil pour satisfaire un quart de ses exigences.

- J'en sais rien, je suis pas dans son cerveau... lâcha-t-elle simplement. Et tant mieux, ça doit être épuisant d'être obsédé à ce point par son boulot. 

- Je ne te le fais pas dire... »

Elle ne comprit pas bien ce que ces mots venaient faire là. Elle s'abstint cependant de tout commentaire et se contenta de reporter son regard devant elle. Elle commençait à avoir mal au crâne, mais pour rien au monde elle ne serait allée se coucher. Son camarade l'intriguait bien trop pour cela. Et une fois qu'on avait attisé sa curiosité, elle était insatiable.

« C'est sans doute ça qui lui a fait perdre tous ses cheveux. Enfin, bref. Tu sais pourquoi je suis là, au final... Mais toi, qu'est-ce que tu fais ici ?

- Insomnie.»

Un mot qu'elle connaissait bien, elle aussi. Si elle n'avait pas été sujette à ce genre de choses depuis sa plus tendre enfance, jamais son corps n'aurait réussi à suivre le rythme qu'elle s'imposait. Elle détailla un instant son expression indéchiffrable, songeuse, avant de reprendre la parole.

« Je comprends.» murmura-t-elle doucement.

Elle se doutait qu'il n'avait pas eu une vie facile jusque là. Après tout, leur instructeur l'avait épargné, le jour de leur entrée dans les brigades d'entraînement, c'était un signe qui ne trompait pas.

« Merci. »

Elle sourit doucement. Elle n'avait rien fait pour mériter des remerciements, mais ça lui réchauffait étrangement le coeur, alors elle n'allait tout de même pas protester. Elle s'adossa à la marche derrière elle, le regard perdu dans les étoiles.

« Carina est magnifique ce soir...» murmura-t-elle d'un air songeur, plus pour elle-même qu'à l'adresse du garçon qui se tenait à ses côtés.

Elle ne perçut pas le trouble qui anima les yeux de son camarade. Cependant, lorsqu'il reprit la parole, la tension qui perçait sa voix lui apparut clairement. Elle ne comprit d'ailleurs pas pourquoi il semblait aussi nerveux. 

« Qu'est-ce que tu viens de dire ? »

Pour toute réponse, elle leva une main pâle vers le ciel, désignant de l'index une nuée d'étoiles à l'éclat diminué par la distance. 

« Tu vois la constellation en forme de bateau, là-bas ? C'est Argo Navis, une constellation géante. Elle est divisée en trois parties, et la coque, c'est Carina. La poupe, un peu plus loin, c'est Puppis, et au-dessus, la sorte de triangle un peu bossu, c'est Vela. Les voiles. »

Au fil de ses mots, sa main traçait dans l'air la silhouette de ce navire invisible. Il la suivit du regard, les contours de ce vaisseau magistral se dessinant plus précisément devant ses yeux. Il se surprit à penser à son foyer. Mais le bateau qui le ramènerait là-bas serait certainement bien moins imposant, bien moins triomphant. Et surtout, il était tout aussi inaccessible que celui qui illuminait le ciel. 

« T'as l'air de t'y connaître, en étoiles.

- Un peu. C'était pas moi l'experte à la base, mais bon... »

Un silence pensif suivit ces quelques mots, les deux adolescents perdus dans la contemplation de ce ciel magnifique. C'était un moment hors du temps, logé au milieu de ce quotidien rude. Il n'y avait qu'eux, et au-dessus de leur tête, la voûte céleste. Le monde devait être si grand, vu de là-haut. Les étoiles voyaient sans aucun doute au-delà des murs qui oppressaient ce qu'il restait de l'humanité. Si Liesel avait pu les interroger, elle leur aurait sans doute demandé si les merveilles que décrivait son grand-père dans ses histoires existaient bel et bien. Elle ne réalisait pas que l'adolescent assis à côté d'elle aurait tout aussi bien pu lui donner la réponse. Comment aurait-elle pu ? 

« Je peux te proposer un marché ? finit par demander ce dernier.

- Ça dépend du marché. répliqua-t-elle simplement, sans détacher ses yeux sombres du ciel lumineux.

- Je t'aide à t'entraîner, tu m'apprends à reconnaître les étoiles. Gagnant-gagnant.

- C'est le marché le plus désavantageux au monde, t'en es conscient ? Enfin en ce qui te concerne. dit-elle en tournant la tête vers lui, haussant un sourcil désabusé.

- Pas tant que ça. Et puis, au moins, mes insomnies me serviront à quelque chose. » se contenta-t-il de répondre, évitant son regard.

Elle finit par se redresser, posant ses coudes sur ses genoux, pensive. En soit, ça l'arrangeait. Mais pouvait-elle faire confiance à ce type qu'elle ne connaissait que de vue ? Certainement pas, lui soufflait un coin de sa conscience. Pourquoi se méfiait-elle autant ? Elle savait pourtant qu'elle n'avait aucune raison de douter de lui, tout le monde semblait lui faire confiance, après tout. Et puis, un peu d'aide était la bienvenue, elle savait parfaitement qu'elle ne s'en sortirait pas seule. Si ça avait été Marco, ou même cet abruti de Jean, elle aurait accepté. Alors pourquoi ne donnerait-elle pas une chance à Reiner ?

Elle hocha doucement la tête.

« Ça marche. Et au passage, je rajoute une clause : je t'apprendrai à ne plus passer de marchés aussi désavantageux. Parce que là, tu t'es escroqué toi-même. » dit-elle avec un petit rire.

 Son camarade laissa échapper un sourire amusé. C'était loin d'être aussi simple qu'elle le pensait. Elle s'était bien plus fait escroquer que lui sur ce coup là, c'était seulement qu'il était trop tôt pour qu'elle s'en rende véritablement compte. 

« D'accord, si tu y tiens. 

- J'y tiens. »

Sur ces mots, elle se leva, étirant ses bras dans un geste lent. Elle sentait déjà les courbatures qui la tireraient du sommeil le lendemain matin investir peu à peu ses muscles. 

« Bon, c'est pas que j'aime pas discuter avec toi, mais faut que j'aille dormir... Je tiens plus debout. finit-elle par décréter, brisant le silence.

- Ici, demain à vingt-deux heures ?

- C'est noté. En tout cas, merci...  

- Te fais pas de bile, c'est normal. Bonne nuit.»

Le sourire rassurant de son camarade rasséréna immédiatement l'adolescente, et elle lui lança un sourire amical elle aussi avant de lui souhaiter une bonne nuit. Sa silhouette menue se découpa un instant sur la lumière qui émanait de la porte ouverte avant de disparaître.

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