Perchée au sommet de sa tour de verre, elle dominait tout New York. Karla prit une grande inspiration face au spectacle qui se jouait devant ses yeux, le soleil couchant plongeait doucement la Grande Pomme dans la pénombre et le monde grouillait sur les trottoirs, un tableau assez burlesque vu de si haut. Son bureau, très impersonnel et épuré, pourrait figurer dans un magasine de décoration tant il était spacieux et lumineux. De plus, tout ce qui se trouvait ici était de la technologie dernier cri, ultra performante : son ordinateur jusqu'à son smartphone en passant par sa tablette mais également le logiciel de reconnaissance faciale intégrée dans la porte de son bureau ou encore le serveur impossible à pirater sur lequel son entreprise se basée pour protéger toutes leurs recherches et données importantes.
On toqua. Karla se contenta d'un « entrez » incisif sans même prendre la peine de se retourner. Elle savait de qui il s'agissait et à quoi aboutirait leur échange, il ne lui en fallait pas plus pour qu'un mal de crâne fasse déjà son apparition. Alors quelle ne fut pas sa surprise lorsque, persuadée de trouver son assistante dans un tailleur stricte, elle se retourna et rencontra le regard azuré et courroucé de Marianne. Sa robe bustier, d'un bleu électrique, mettait en valeur son magnifique décolleté ainsi que ses yeux et laissait nues des bras et des épaules finement athlétiques et bronzées par d'innombrables heures de surf. Ses cheveux blonds, décolorés par la mer et le soleil, étaient regroupés en un chignon travaillé. Chaussée dans de hauts escarpins noirs, ses longues jambes semblaient n'en plus finir.
La petite inspection de Karla tourna court, Marianne avait croisé les bras sur sa poitrine et semblait s'impatienter, aussi, elle la fusillait du regard depuis qu'elle avait passé la porte, tout cela ne présageait rien de bon. Elle décida de jouer les ignorantes quand bien même elle savait de quoi il en retournait et la raison de sa présence ici.
-Marianne. Qu'est-ce qui t'amène ? Commença-t-elle, calmement, dans l'anticipation d'adoucir ce qui allait suivre.
-Tu te fous de ma gueule Karla ! S'emporta immédiatement son interlocutrice. Le fait que tu sois milliardaire ne te dispense en aucun cas d'honorer tes engagements ! J'aurais dû savoir que je ne pouvais pas compter sur toi...
Ses sourcils se rejoignirent dans une expression de colère douce-amère et ses yeux se mirent à briller de haine. Alors Karla ne put résister plus longtemps et fut gagner par le même emportement.
-Cesse de remettre systématiquement mon argent sur le tapis, ce n'est pas ce dont il est question ! Rétorqua-t-elle vivement.
-Oh je t'en prie arrête ! Tu crois que tout peut s'acheter, y compris les gens mais ce n'est pas comme ça que ça fonctionne ! Tu es peut-être PDG de cette entreprise mais tu te comportes comme une gamine capricieuse et j'en ai ma claque de ton comportement ! Hurla Marianne en se rapprochant dangereusement. Dans sa voix persait l'émotion et un éclair fugace de culpabilité semblait traverser le regard de Karla. La blonde était plutôt du genre calme et cela la surpris quelque peu.
- Tu déconnes là ? Tout ce que tu voulais de moi c'était de m'afficher à ton stupide gala pour obtenir la visibilité dont tu avais besoin ! A aucun moment tu m'as demandé si j'étais d'accord avec le fait d'exposer mon homosexualité devant la Terre entière ! S'époumona Karla.