en média: Someone you loved -> Lewis Capaldi
Vendredi 19 juillet
Voilà trois mois déjà que je tenais ce carnet. L'exercice ne nous était plus obligatoire mais j'avais pris goût à le faire. C'était une sorte de petit rituel désormais.
La fin de l'année approchait à grands pas. Les examens étaient tous terminés et le principal sujet de discussion était désormais le bal. Comme tous les ans et ce depuis de nombreuses années, le lycée organisait une sorte de bal de promo. C'était devenu une tradition au sein de l'établissement.
Comme je faisais partie du conseil des lycéens, j'étais très régulièrement sollicitée pour l'organisation. Cela occupait bien mes journées, ce qui rendait mes parents ravis de cet investissement. Et puis surtout, étant occupée par la préparation de l'événement, je ne disposai plus de temps libre pour voir Simon.
Il y a deux semaines déjà, j'avais écrit un mot à Simon pour mettre fin à notre amitié. J'ignorais sa réaction mais cela me pesait un peu. Je ne pensais pas que rédiger cette simple phrase 《Notre amitié était une erreur, pardonne moi. Annabelle.》 pourrait me blesser à ce point. Je m'étais attachée à Simon bien plus que je n'osais me m'avouer. Il comptait pour moi car il était une des rares personnes à me comprendre et à s'intéresser vraiment à moi, à ma personnalité, à les goûts et à mes rêves. Mes amies me comprenaient mais c'était différent. Ce lien que j'avais avec Simon s'expliquait tout simplement parce que nous étions pareils.
J'étais une Susans et lui était un McBenson. C'était ainsi. Nous étions nés chacun dans une famille qui nous empêchait de nous côtoyer. Tout ça à cause d'erreurs faites par nos ancêtres respectifs. Cette année que nous vivions actuellement était une des plus décisives de notre vie. Je ne souhaitais pas rater ma Transformation mais cela signifiait renoncer à cette nouvelle amitié. J'ignorais s'il était question de Transformation dans son peuple aussi. Nous étions nés tous les deux avec des origines dont nous étions fiers mais qui nous empêchaient de vivre notre adolescence comme les autres jeunes de notre âge.
Je soupirai et mon regard se posa sur la robe rouge suspendue sur un cintre à mon porte-manteau. Le week-end dernier, j'étais sortie faire du shopping avec mes amies, avec pour objectif de dénicher la robe parfaite pour cette soirée qui s'annonçait merveilleuse. Après maintes essayages et quelques boutiques plus tard, je tombai sur ma tenue idéale. Je fus tout de suite sous le charme et m'empressai de filer en cabine l'essayer. J'en ressortis sous les petits cris de mes amies, surexcitées depuis le début de notre vie entre filles. Je me regardai dans le miroir et fus époustouflée. Je paraissais tellement différente. Le bustier rouge grenat serti de paillettes épousait les courbes de ma poitrine et de mes hanches. Le jupon s'évasait ensuite depuis la naissance de mon bassin jusqu'à mes chevilles. Je touchai délicatement le tissu rouge vaporeux qui composait les nombreux volants. La matière était si légère, si agréable. Je tournai sur moi-même pour m'observer sous toutes les coutures dans la glace. Le dos-nu rajoutait encore plus de féminité à la tenue. Je me sentais tout simplement belle. Mon regard azur loucha sur l'étiquette dévoilant le prix. Je déglutit. Heureusement que j'avais quelque économies. Je n'étais pas grande dépensière en matière de vêtements, mais j'avais complètement craqué sur cette magnifique robe.
Le soir du bal arriva. J'avais donné rendez-vous à mes amies chez moi, pour qu'on se prépare toutes ensemble. Diana s'affairait à boucler mes cheveux tandis que Marine appliquait du fard à paupières et de l'eye-liner sur mes yeux. Après deux heures de préparation, de papotage et de rires, nous étions fin prêtes.
Mon père, d'abord réticents, avait finalement accepté de nous emmener au lycée. Ma mère, les larmes aux yeux d'émotion, m'avait laissé partir après m'avoir bombardé de photos. Elle rayonnait de fierté.
Je descendis de la voiture, imitée par mes amies puis défroissai les volants du jupon. Les grilles étaient décorées pour l'occasion et tout était planifié pour que nous passions un bon moment. Surexcitées, je me rendis avec mes amies dans me gymnase, lieu où se tenait le bal. J'avais très longtemps rêvé de cette soirée de princesse et voilà que le grand jour était là. Je retins mon souffle et poussai la porte.
À l'intérieur, tout était magnifique. Les lycéens rivalisaient d'élégance. La musique, qui s'écoulait de la chaîne hi-fi, me mit immédiatement dans l'ambiance. Diana me prit par la main. Je me faufilai entre les danseurs et bientôt, j'atterris sur la piste, mon amie à mes côtés. Je dansais avec elle, puis avec mes autres amies qui se relayaient, une bonne partie de la soirée. Je ne prêtai même pas attention à l'heure qu'il était. De toute manière, nous allions toutes dormir chez Marine après.
Soudain, je sentis une main, plutôt froide, sur mon épaule. Je me retournai et me retrouvai nez à nez avec Simon. Mon regard le détailla et je ne pus m'empêcher de rougir. Mon dieu qu'il était beau, habillé ainsi dans ce costume noir. Les joues écarlates, je bégaillai un faible 《salut》. Il me prit par la main, me demandant si j'acceptais de danser avec lui. Je hochai la tête et me laissai entraîner. Il m'attira près de lui et posa sa main sur ma hanche. Je rougis encore plus, prenant conscience qu'une faible épaisseur de tissus nous séparait. Il me chuchota à l'oreille, pour couvrir le bruit de la musique, qu'il me trouvait très belle dans cette robe. Je restai sans voix et confuse. Mon cœur battait à cent à l'heure. Je n'avais pas le droit de ressentir ce genre de sentiments à son égard. Je ne pouvais pas. Je fermai les yeux, me laissant quand même aller au rythme de ses mouvements. Je dus reconnaître que Simon était un très bon danseur.
Une deuxième danse s'enchaîna puis une troisième. Je ne voyais plus le temps passer. Je savais que je devais rester loin de Simon mais une force m'en empêchait. Mon cœur battait très fort et semblait vouloir désobéir à ma raison. J'oubliai tout le reste, mes amies, ma famille, mes origines, et me concentrai sur le moment présent. Sans même m'en apercevoir, je glissai mes bras autour de son cou.
Nos visages n'étaient plus qu'à quelques centimètres. Je me surpris à observer ses yeux. Ceux-ci étaient noirs, d'un noir intense et magnétique, et constellés de reflets mordorés. Son regard hypnotique m'attirait sans arrêt et je me perdis dans leur contemplation. Il sourit. Je détournai mon regard et fixai mes chaussures à talons. Il retira une main de ma hanche et souleva mon menton délicatement de ses doigts fins, puis plantai ses pupilles sombres dans les miennes. Je me mordis la lèvre, les joues en feu.
Mon cerveau réfléchissait trop. Je savais que ce que je faisais était mal, que c'était contraire à notre règlement, mais mon cœur en avait décidé autrement. Simon était bien plus qu'un ami mais je m'en étais rendue compte trop tard. Nous n'avions toujours pas reparlé du mot que je lui avais laissé mais je n'avais pas envie de le faire ce soir. Je passai tellement une belle soirée et je n'avais pas envie de tout gâcher. La musique se fit plus romantique. Ses mains toujours sur mes hanches et les miennes autour de son cou, je lâchai totalement prise. J'avais l'impression d'être dans un autre monde. Un monde où j'aurais le droit d'aimer qui je voulais.
On m'a toujours dit qu'il n'y avait pas de place pour les regrets dans une vie. Qu'il fallait vivre l'instant présent. Le regard pétillant de mon partenaire me fit fondre et j'eus soudain une révélation. Mes sentiments pour lui, que je tentais de refouler mais qui grandissaient de jours en jours, se révélèrent à ce moment précis et je remarquai qu'il m'avait horriblement manqué durant ces deux semaines où j'essayais de l'ignorer.
Lorsque ses lèvres effleurèrent les miennes, mon cœur manqua d'exploser. Il les posa ensuite puis prolongea notre baiser. Les yeux clos, je savourais l'instant. Des centaines de milliers de papillons s'envolèrent dans mon bas ventre. Ses lèvres étaient douces, et parfaitement imbriquées avec les miennes. Mon corps tout entier fondait de bonheur et de plaisir. Je répondis à son baiser, en étouffant un petit gémissement. Je rouvris les paupières lentement, battant des cils, un peu sonnée par ce qu'il venait de se passer. Simon me fit tourner sur moi-même et me rattrapa ensuite en se penchant vers moi. Il me regarda tendrement et je souris.
Je voulais prendre ce risque. D'aimer la personne que j'aimais et qui m'aimais. Quelles qu'en soient les conséquences, je les assumerai.
~🌙~
Salut !
Chapitre du point de vue d'Annabelle un peu plus long que les autres. J'espère qu'il vous a plu
N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé ?
• Votre avis sur ce chapitre ?
• Et sur le couple Annabelle - Simon ? J'espère que ce passage n'était pas trop "cliché"...
• Aimez vous la musique en média ? Moi c'est une de mes préférées, je pourrais l'écouter en boucle !
Je tenais à vous dire que ce chapitre est l'avant-dernier que j'avais "d'avance" avant ma petite mais nécessaire réécriture. Cela veut donc dire qu'à partir du chapitre 27, la suite sera inédite, que vous ayez lu l'ancienne version ou celle ci. Je me suis rendue compte que j'avais énormément progressé en un an. Dans la première version, en 25 chapitres, Léna apprenait seulement l'existence d'Anastasia et commençait à développer ses premiers pouvoirs... Auant vous dire que j'ai sacrément raccourci pour cette version là !
Je suis très fière de cette nouvelle version, et même si elle devra être recorrigée plus tard, je trouve déjà que j'ai beaucoup progressé.
On arrive à la moitié de Fille de la Lune et j'aime le tournant qu'elle prend.
Plein de bisous <3