「Born to be a monster」

By Acclys

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Point de vue alternatif de「Born to be a hero」 Tododeku Résumé : Ses souvenirs le suivent comme une ombre, ma... More

1 - Apprends-moi à vivre
2 - Surprise
4 - Mon chat perché
5 - Si seulement vous saviez
6 - Ma salle d'attente
7 - Education sentimentale
8 - Mes éternels soupçons
9 - Cette étrange cape noire
10 - Une nuit avec toi
11 - Une cheville de moins
12 - Mon corps contre le sien
13 - Dévoré par les flammes
14 - Moi, champion olympique de 5000m
15 - Le sang de mes désillusions
16 - L'organisation
17 - Notes de fin
18 - Born to be together

3 - Récit d'un enfant atypique

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By Acclys


Je ne sais pas quoi faire. Je sens sa main tiède sur mon omoplate, mais si je relève ma tête, il verra mon horrible visage déformé par les sanglots, et je crois que j'ai de la morve qui coule le long de mon menton. Bref, pas mon aspect le plus élégant. Et je ne sais pas quoi dire.. J'en ai assez de mentir sans arrêt, de voir le contraire de mes pensées sortir de ma bouche sous forme de mots faux et hésitants. De plus, mentir une nouvelle fois à Midoriya pourrait déchirer le peu de tissu cardiaque qu'il me reste d'intact, c'est-à-dire pas grand chose..

Ainsi, je reste là, la tête contre mes genoux qui tremblotent, en écoutant avec appréhension la respiration saccadée de l'homme que j'aime, en essayant de contrôler les pleurs incertains de mon âme et les doutes insatiables de mes songes. Je ne sais pas combien de temps dure cette latence. Je ne perçois que nos deux respirations, incertaine pour l'un, erratique pour l'autre. Et je ne sais qu'une chose.

Il est là, avec moi.

Je m'essuie rapidement le bas du visage avec mon pantalon – un peu dégueulasse oui je sais, mais je préfère salir un vêtement afin qu'il ne me voit pas plein de morve, vision qui devrait être assez effrayante. Je lève mes yeux inondés vers sa mine inquiète.

Qu'est-ce qu'il est beau.

Il me demande la raison pour laquelle je suis dans cet état, et je suis paralysé par la proximité de nos deux corps. Il n'est qu'à quelques centimètres de moi, je peux humer son odeur et la reconnaître, je sens mon cœur s'apaiser alors que j'entends sa respiration si proche de mes oreilles. Il semble de plus en plus troublé, probablement à cause du silence que je lui impose. Sa mine embarrassée est adorable, mais je me sens mal de le mettre dans cet état.

« C'est difficile à expliquer.. »

Une lueur passe dans les prunelles de ses yeux sombres, je pense qu'il est heureux d'enfin entendre une réponse. Je ressens une chaleur soudaine qui enlace tendrement mon vieux cœur en miettes, et cette sensation me stupéfait. Puis, je recommence à paniquer, et je sens que tu remarques cette angoisse au fond de mes pupilles. Putain, qu'as-tu fais à mon cœur ? Je vais encore chuter et m'empaler sur des milliers de petites aiguilles empoisonnées, je vais encore défaillir et avoir envie de mourir.

Ne ranime pas ce cœur déglingué si soudainement, je t'en supplie.

« Todoroki.. ? »

Tu approches lentement ta main vers mon visage, comme tu le ferais avec un chaton effrayé. Mon cœur est en train de commencer un concert de hard rock, et ses battements rythment ma respiration erratique et la montée de ma panique. Sa main se pose sur mon cuir chevelu, et pendant que je le regarde avec interrogation, il commence à me gratter la tête. Les traits de mon visage expriment tout le trouble qui m'envahit, je sens mes joues brûler de l'intérieur, mais étrangement ton action me calme.

Pendant de longues secondes (ou minutes ? Je perds la notion du temps dès qu'il est à quelques mètres de moi), je reste abasourdi devant sa tendresse et son visage souriant, alors que sa main chaude joue avec les mèches bicolores de mes cheveux. Néanmoins, il semble troublé par mes silences. Il est vrai que généralement, les gens normaux n'y sont pas habitués.

Midoriya, si seulement tu savais tout ce que mes silences voulaient dire.

« Peut-être que tu veux en parler ailleurs que dans la rue.. ? »

S'il pouvait entendre mes songes, il saurait que je ne veux pas lui en parler. De mon amour inconditionnel envers sa singularité qui me détruit, qui me ronge, qui me plonge dans un désespoir sans nom. De mes états d'âmes éternels et du poids de mes larmes que je me traîne depuis que je suis en état de penser. De ces cicatrices qui me dégoûtent, de cette solitude qui décompose ma chair, de ce silence qui m'oppresse, de ces souvenirs qui me hantent. Je ne veux pas lui en parler. Mais je ne veux pas qu'il parte.

« Tu connais le chemin de la maison. »

Et il me lance ce fameux sourire en guise de réponse, ce sourire qui soudainement me fait tout oublier, l'espace d'un instant. Il ne reste que mon cœur en surchauffe et ta splendide joie qui me coupe le souffle. C'est à moi que tu souris comme ça. Cette pensée, je crois qu'elle me rend heureux. Puis, le reste me revient en tête. Mes souvenirs qui me hantent, ce silence qui m'oppresse, cette solitude qui décompose ma chair, ces cicatrices qui me dégoûtent. Le poids de mes sempiternelles larmes et ces états d'âmes éternels. Cet amour inconditionnel envers lui qui me détruit, me ronge, et me plonge dans un désespoir sans nom. Tout ça me revient en pleine face, et la douleur est similaire à une gifle avec une planche ornée de clous rouillés.

Il m'aide à me relever, et l'on se dirige vers le domicile que l'on a quitté le matin même. Le silence m'accompagne. J'ai envie de lui parler de tout. Mais par où commencer ? Et surtout, vais-je toujours l'avoir avec moi, jusqu'à la fin de mon récit ? Il faudrait déjà que je puisse mettre des mots sur ces sentiments si douloureux, sur ces événements si extraordinaires pour quelqu'un de normal. Peut-être va-t-il être effrayé dès mes premiers mots, et va fuir loin de moi ?

Et je serai seul, encore. Et je serai détruit, encore. Et je serai mort, encore.

On arrive rapidement devant chez moi. J'ouvre la porte et l'on entre en silence. On s'installe, côte à côte, dans le fauteuil qui m'a recueilli lors de ma dernière crise d'angoisse, et sur lequel il y a encore une trace de sang séché. Il regarde ma table, fixement, et je fais de même.

Toujours ce putain de silence qui me colle comme une deuxième peau.

« Alors ? J'ai tout mon temps, alors ne te presse pas et ne te mets pas la pression surtout, Todoroki. Je suis là, et tout va bien maintenant. »

Si tu savais à quel point tes mots sont capables de soigner mes maux. Ta volonté de me détendre est si adorable que si je m'écoutais, tu serais dans mes bras en ce moment, contre mon cœur qui bat la chamade. Un sourire gêné se dessine sur mon visage.

Il y a tant à raconter, que je ne sais pas par quel malheur commencer.

J'ai l'impression que mes mots sont coincés au fond de ma gorge, je sais quelles phrases prononcer et j'ai beau ouvrir la bouche afin de les prononcer, rien ne sort. C'est tellement dur de prononcer ces mots à voix haute, j'ai l'impression que c'est la tache la plus difficile au monde.

Mettre des mots sur mon malheur, ma souffrance et les événements de ma pitoyable vie, c'est les accepter et les rendre réels. Je sais qu'ils le sont, mais l'avouer et les confier à quelqu'un d'autre, ça leur donne une matière tangible dont ils n'auraient pas besoin.

« Je... ne sais pas par où commencer. Pourquoi veux-tu savoir, Midoriya ? Par simple curiosité malsaine ? »

Je sens que mes derniers mots t'ont blessé. Mais je dois savoir. Je ne veux pas te dévoiler les abîmes terribles de mon existence pour que tu finisses par m'ignorer à la fin, comme si l'on ne se connaissait pas. Je ne veux pas te donner tout mon être pour que tu m'abandonnes au final – je t'ai déjà donné aveuglément mon cœur, ne me laisse pas tout sacrifier pour toi. Pas encore.

« Je veux t'aider, Todoroki.. Dès la première fois que je t'ai vu, j'ai senti que tu avais besoin d'aide. Mais tu es si... solitaire, et un peu intimidant, que je ne savais pas comment m'y prendre pour te montrer que je voulais être là pour toi. »

J'écarquille les yeux et le fixe longuement. Ma détresse est-elle si visible ? Et il s'inquiétait pour moi ?

« Comment pourrais-tu m'aider ?

Je.. D'abord en écoutant ce que tu as sur le cœur, je pense.. »

Mon pauvre Midoriya, si tu savais quel poids j'avais sur le cœur, tu te rendrais compte qu'il me faudrait une éternité pour te déblatérer la tonne de tristesse que je me traîne chaque jour.

« Il y a tant à dire.. Je ne sais pas par quoi commencer, je ne sais pas si ça va t'intéresser ou au contraire te faire fuir, je ne sais pas si on aura fini cette discussion d'ici demain.

Je ne sais qu'une chose Todoroki : je ne t'abandonnerai pas. »

Son regard déterminé m'émeut un peu, mais je ne veux pas qu'il le voit. Et si, pour une fois, je faisais confiance à quelqu'un ? Je veux lui faire confiance, avoir foi en sa parole et à ses yeux confiants. Et si je prenais le risque d'être détruit ?

« Je suis une ruine, Midoriya. Raconter la destruction de chaque centimètre d'un édifice, c'est long tu sais ?

Je m'en fiche. Il faut que je sache si je prévois de te reconstruire, centimètre par centimètre, n'est-ce-pas ? »

Je ne peux empêcher mon visage de devenir cramoisi devant ton sourire adorable, et mon cœur tambourine dans ma poitrine comme un témoin de Jehovah à une porte le dimanche matin. Le temps de calmer mon trouble et de me demander par où commencer, le silence est revenu discrètement et bloque encore les quelques mots que je souhaiterais énoncer.

Puis, je me lance. Les mots passent à travers ma bouche, j'ai l'impression de ne plus contrôler ma parole. J'évoque ma famille éclatée, mes frères et sœurs qui m'ont ignoré si longtemps, ma pauvre mère rendue folle par un monstre violent. Mon regard fait des allers-retours entre ses yeux attentifs et la table de mon salon. Puis, difficilement, je lui parle des premières années de ma vie. Du moment où ma mère m'a brûlé. Du moment où elle est partie, et où je me suis trouvé seul avec mon père. Je m'arrête, et cherche longtemps mes mots.

Jamais je n'ai osé en parler. C'est dur, même si je sais quoi dire, mettre des mots dessus me semble impossible. Puis, ma langue continue à s'agiter. Je parle de la myriade de coups que j'ai subis. Son regard change. Mon cœur s'emballe. Je lui parle des entraînements éreintants, des brûlures qu'il m'infligeait pour que je me concentre, des insultes, du fait que je n'étais qu'une merde à ses yeux, de sa ceinture en cuir qui me fait encore peur, de ces souvenirs qui me hantent chaque jour. Je raconte certains de mes cauchemars, où je revis la fois où il a tellement frappé ma tête contre le sol que je me suis évanoui, où il m'a abandonné sous la pluie, étalé dans la boue, dans un état pitoyable, et qu'il est revenu me chercher le jour d'après. Je n'ose plus le regarder, mais je sens qu'il est agité. Je reprends ma respiration, essaie de calmer les larmes qui me montent aux yeux et de relâcher mon esprit.

Il me demande, d'une voix sombre, si ce connard osait me toucher encore. Je lui réponds qu'il a arrêté il y a quatre ans, et que depuis je le vois très rarement. Il reste silencieux, à l'écoute. Alors je lui explique que j'ai du mal avec les gens. Que plus jeune, personne ne voulait m'approcher, ils avaient peur de se brûler et d'avoir le visage aussi mutilé que le mien. Je ne parlais à personne, personne ne me parlait. J'étais un fantôme pour ma famille, et pour le reste du monde. Puis, je lui parle de cette impression désagréable d'avoir la solitude comme seconde peau, et le silence comme ombre fuyante.

Après un petit silence, je rigole face au ridicule de la situation. Je suis là, et je me plains de ma pauvre petite existence tandis qu'il m'écoute sans rien dire. Si ça se trouve, il s'en fout et agit juste pour ne pas culpabiliser par la suite, ou même par politesse. Et puis si je continue, je vais lui dire que mon amour pour lui me tue, car jamais il ne sera à moi, jamais il ne m'aimera, et que j'étais déjà pas assez hors des normes de la société, qu'il fallait en plus que je sois attiré par un homme en étant moi-même un homme. Je le sens m'observer, je pense qu'il se doute que j'ai encore des tonnes de choses à avouer, mais je doute que ce soit une bonne idée.

« Écoute, je sais vraiment pas comment réagir.. J'ai envie de te faire un câlin, et de te serrer fort contre moi pour te rassurer et te dire que tu ne crains plus rien.. J'ai aussi envie de rester avec toi, et de détacher cette seconde peau faite de solitude. Mais je ne sais pas si c'est mon rôle de faire ça.. »

Pendant qu'il fronce les sourcils en réfléchissant, j'essaie de contrôler la chaleur qui vient une fois encore envahir mes joues. Rah, ça m'agace de rougir comme une pucelle, mais quand je l'imagine contre moi, je ne peux pas contrôler ce fichu cœur qui bat plus vite que de raison.

« Es-tu forcément obligé de suivre ton rôle en permanence ? »

Il me fixe longuement, avec son regard troublé que je trouve adorablement craquant, et mon cœur s'emballe encore plus. Ses joues deviennent rouges, les traits de son visage se déforment légèrement pour afficher sa gêne, et j'ai l'impression qu'il y a écrit « je suis troublé » sur son front cet enchaînement d'expressions faciales me vole un léger rire.

« Tu veux dire... que tu voudrais bien ? Que je te fasse un câlin et que je reste à tes côtés ? »

Argh, c'est à mon tour d'avoir mon trouble écrit sur mon front. Il semble tellement attentif à ma réaction, j'ai envie de l'embrasser et de me blottir dans ses bras, s'il savait à quel point je veux qu'il reste avec moi. Je ne sais pas si je dois lui répondre ça, si ça se trouve il joue un rôle et ne veut que tester mes réactions, ou alors se foutre de moi par la suite avec quelqu'un.. Non, Midoriya ne ferait jamais ça, arrête de psychoter Shouto.

« Peut-être.. ? »

Je lui lance un sourire mesquin, et je vois à son visage qu'il ne sait pas quoi penser. Troublé, il se lève et me dit précipitamment qu'il se fait tard et que sa mère va s'inquiéter, puis il se dirige vers la sortie, rouge comme la moitié de mes cheveux. Je ne veux pas qu'il parte, son absence va encore me détruire et me vider de toute émotion positive, je veux encore voir son visage gêné et ses yeux merveilleux et ses lèvres si attirantes...

Il s'arrête devant ma porte.

« Je viens te chercher demain matin pour aller en cours ?

D'accord, à demain Midoriya. »

Il me lance un petit sourire et quitte mon domicile. Je le regarde s'éloigner par la fenêtre, et quand il n'est plus dans mon champ de vision, je m'étale sur le canapé et pousse un long soupir. Ce garçon va me faire perdre la tête. Mais d'abord, il va faire exploser ma cage thoracique à force de trop faire battre mon cœur.

Il voulait m'enlacer. Il voulait être CONTRE moi.

Je sens mon visage bouillonner, alors j'utilise mon alter pour refroidir toute cette chaleur qui m'envahit. Je ne peux pas m'empêcher de sourire. J'ai réussi à lui parler. J'ai réussi à lui en parler. Il veut me revoir, et rester avec moi. Il veut m'aider, et me faire un câlin.

Dites-moi que c'est pas un rêve, je vous en supplie.

Ce soir là, je n'ai pas fais de crise d'angoisse. C'est la première fois de ma vie que je ne me sens pas mal en allant me coucher. Je me sens tellement léger, libéré d'un énorme poids, que j'ai l'impression que je vais m'envoler.

Izuku Midoriya, te rends-tu compte d'à quel point tu me rends fou ?

Izuku Midoriya, sais-tu à quel point je vais devenir accro si tu continues ?

Je reformule ma demande. Veux-tu devenir mon héros, et mon héroïne ?

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