5 - Si seulement vous saviez

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J'arrive à percevoir quelques notes de musique, ce qui me permet de sortir de ce sommeil sans rêves. Je me sens engourdi, je pose ma main sur mon réveil, l'éteins, et profite des derniers instants dans mon lit. Ici, plus rien ne peut m'atteindre. Je suis au chaud, protégé par mes couvertures, soutenu par mon oreiller – et le monde n'existe plus. Il n'y a que cette chaleur réconfortante qui, comme une étreinte, me rassure et me berce dans de douces illusions.

C'est avec difficulté et ressentiment que je quitte ce monde chaleureux, et je frissonne lorsque je sens la fraîcheur hors de mes draps. Je m'habille rapidement, afin de mettre fin à cet air froid désagréable sur ma peau habituée à la chaleur de mon lit. Je me demande si Midoriya sera devant ma porte – ou dans mon arbre, ce matin.. Mon imagination me dessine son sourire bienveillant ainsi que ses adorables tâches de rousseur qui soulignent ses prunelles enjouées – et cette image me vole mon premier sourire de la journée. À peine arrivé dans la cuisine, j'entends des bruits venant de ma porte d'entrée. Des bruits brefs, répétés, et forts.

Je libère ma porte des mains de Midoriya, et sa vue me provoque un léger rire. Ses cheveux sont encore plus hirsutes que d'habitude, et j'ai l'impression que ses mèches vertes veulent partir dans tous les sens pour faire une révolution contre le silicone dans les shampoings. Il me lance un regard incrédule.

« Bonjour Todoroki, me dis pas que tu viens de te lever ?

- D'accord, je ne te le dirai pas.. Pourquoi ?

- On commence plus tôt aujourd'hui, tu ne te rappelles pas ? »

Devant mon air interrogatif et endormi, il soupire et me demande de faire vite. Je saisis mon sac, prend une pomme au passage, croise son regard amusé, et mon cœur se réveille. Je vais finir par croire que je souffre de tachycardie.

Tu me rends malade, Midoriya.

Sur la route, nos pas s'accélèrent un peu si on les compare à notre fréquence d'il y a quelques jours. Cet empressement me déplaît, car cela signifie que je serai encore plus rapidement séparé de toi. On arrivera plus vite à Yuei, Ochaco viendra t'enlacer plus rapidement, j'enragerai encore plus vite. Mais la journée, elle, ne passera pas en un éclair. Comme chaque jour, elle sera terriblement longue et ennuyeuse.

Midoriya continue de me parler de choses sans grande importance, mais je l'écoute avec attention. Je rigole lorsqu'il m'annonce que ce matin, il a failli glisser dans sa douche et l'image d'Izuku Midoriya, nu comme un ver, essayant de reprendre l'équilibre alors qu'il est condamné à tomber, m'amuse et secoue un peu les dragons qui sont nés dans mon ventre par sa faute.

« D'ailleurs, ce soir je suis tout à toi ! »

Sa remarque me déstabilise et je lui lance un regard à la fois gêné et très interrogatif. Mon cœur entame un sprint sur place, je l'entends presque me hurler des encouragements. Je crois que jamais je n'ai été aussi rouge de toute ma vie. Il plonge son regard amusé dans le mien, et un petit rictus se dessine sur son visage aux traits fins.

À l'aide, cet homme est beaucoup trop sexy.

« Tu as oublié ? Je t'ai dis que je resterai dormir. Enfin, si tu veux toujours..

Ah, ça ! Pas de soucis, j'avais un peu oublié ahah. »

Il prend un air boudeur, vexé que j'aie osé oublier un tel événement – en vérité, je viens de lui mentir, mais la formulation de cette phrase m'a bouleversé, et durant quelques secondes j'ai imaginé les courbes de son corps longiligne, j'ai presque pu sentir l'odeur de sa peau nue et la douceur de celle-ci, je l'ai presque senti contre mon petit corps martyrisé. En détournant le regard, je ne me sens presque pas gêné par ces pensées, et au moment où mon cerveau dérape en inventant le son de ses petit gémissements, je me force à revenir à la réalité, aussi rouge qu'une partie de ma chevelure.

「Born to be a monster」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant