en média: Always remember us this way -> Lady Gaga & Bradley Cooper
Le lendemain matin, je me levai en grommelant et traînai des pieds jusque dans la salle de bains. Je m'arrêtai devant le miroir au-dessus du lavabo et levai un peu le regard vers mon pâle reflet en soupirant. Mon visage était creusé par d'immenses cernes et mes yeux étaient rouges de fatigue. Je n'avais pas très bonne mine et devais à tout prix changer cela. Je me dépêchai de retirer mon pyjama et pris ma douche, convaincue que cela redonnerait un peu de couleurs à mon teint blafard. La fraîcheur des gouttes d'eau sur ma tête et mon corps me fit l'effet d'un coup de fouet et me provoqua une arrivée soudaine d'énergie.
Enveloppée dans ma serviette de toilette, je jetai un nouveau coup d'œil furtif à mon visage, et en particulier mes joues, qui reprenaient doucement une teinte davantage rosée. Cela me fis sourir et je commençai à enfiler mes vêtements.
Je coiffai ensuite mes cheveux en une queue-de-cheval serrée puis descendis prendre mon petit-déjeuner, seule, car Linda était déjà partie travailler. Elle était infirmière au service pédiatrique de hôpital et en conséquent, même si elle adorait son métier, ses horaires étaient assez exigeants.
Depuis son plus jeune âge, Linda avait toujours aimé prendre soin des autres, en particulier des plus petits. Issue d'une famille de sept enfants, elle s'était très souvent occupée de ses frères et sœurs, développant ainsi, dès son enfance, une tendresse maternelle auprès de sa fratrie.
Je me servis un verre de lait, me préparai deux tartines de pain au nutella et attrapai un fruit dans la corbeille. Je commençais à manger tranquillement en lisant les notifications que j'avais reçu pendant la nuit.
Une fois mon petit-déjeuner avalé, j'allai me brosser les dents et me maquiller très légèrement, appliquant sur mon visage seulement une touche de mascara et un peu de gloss. J'enfilai ensuite mes baskets, pris mon sac à dos et mon casque de musique, puis sortis de la maison, en direction de l'arrêt de bus, inspirant au passage une grande bouffée d'air frais.
Mon casque vissé sur les oreilles, la musique de Lady Gaga et Bradley Cooper Always remember us this way en fond sonore, j'attendais patiemment l'arrivée de celui-ci. Le vent soufflait dans ma coiffure, et l'air frais matinal emplissait mes poumons. Le soleil qui commençait à se lever, réchauffait doucement l'air. Les jolies couleurs de l'aurore annonçaient une belle journée ensoleillée.
Je me sentis soudain nauséeuse. Le sol semblait tourner à mes pieds et ma tête me brûlait, signe d'une migraine qui arrivait progressivement. Je coupai ma musique et inspirai puis expirai profondément, comme me l'avait appris Linda. Le sang pulsait de plus en plus fort dans mes tempes, rendant la douleur encore plus atroce. Mon regard se voila et je sentis mon corps se dérober. J'avais l'impression que mes forces me quittaient petit à petit.
En l'espace d'une fraction de secondes, la douleur insupportable qui me martelait le crâne s'arrêta nette, comme si de rien n'était. Je clignai des yeux, un peu sonnée par ce qu'il venait de se passer. La respiration haletante, je regardai autour de moi puis l'heure sur mon téléphone et constatai qu'il s'était écoulé moins d'une minute. Tout semblait redevenu normal. Je haussai les épaules, remis mon casque et ma musique, me disant que ce petit vertige n'était sûrement que le fruit de mon imagination, même si j'avais du mal à le croire.
Durant le trajet jusqu'au lycée, j'étais constamment en réflexion sur ce qu'il venait de m'arriver. La tête posée contre la fenêtre du bus, je laissais mon cerveau vagabonder, mes pensées vibrant au rythme de la musique qui s'échappait dans mon casque.
Quelques minutes plus tard, le bus s'arrêta sur la place principale. Je descendis puis empruntais le chemin habituel jusqu'à mon établissement, circulant dans les rues passantes aux alentours. Celles-ci commençaient joyeusement à s'animer. Je souriais et saluais les passants, les petits enfants qui allaient en direction de leur école, les commerçants qui ouvraient leur boutique, dégageant au passage des odeurs alléchantes, les chiens qui se baladaient, bref, j'aimais la vie dans ce quartier de ma ville.
Je continuai une centaine de mètres plus loin puis arrivai devant la grille. Brian et Lee-Lou, mes deux meilleurs amis, m'y attendaient. Lee-Lou me fit la bise, puis nous bavardâmes gaiement tous les trois, tout en rentrant dans l'enceinte du lycée. La sonnerie nous coupa soudain dans notre discussion et nous dûmes nous diriger vers la salle de classe.
La journée passa à une vitesse folle. Les cours s'enchaînaient, les profs se succédaient et une nouvelle migraine apparut vers le coup de 16h, lorsque nous allions en direction de la dernière salle de classe de la journée. Je ressentis la même douleur que le matin. Je trébuchai et me rattrapai, tant bien que mal au mur. Celle-ci était si forte que je fus obligée de me tenir la tête entre les mains pour ne pas vaciller de nouveau. Mes amis s'inquiétèrent de me voir ainsi. Il m'aidèrent à m'assoir sur le sol et me tinrent la main.
– Léna ? Tout va bien ? s'enquit ma meilleure amie. Tu es toute pâle !
– Je ne sais pas ce qu'il m'arrive, lui répondis-je le visage déformé par la douleur crânienne qui s'accélérait. J'ai ressenti cette même sensation ce matin, pendant que j'attendais le bus...
– Raconte nous, me pria Brian.
Je m'exécutai aussitôt, leur relatant toute l'histoire. Lee-Lou écarquillait les yeux au fur et à mesure de mon récit. Elle me demanda ensuite si je voulais aller à l'infirmerie. Je secouai la tête afin de refuser. Il ne restait qu'une heure de cours, et puis, la douleur commençait à se diminuer.
– Tu devrais en parler à Linda, tout de même, me dit mon meilleur ami. On ne sait jamais. Si ça se trouve c'est quelque chose d'assez grave.
Je haussai les épaules. Linda avait suffisamment de travail à l'hôpital, je n'allais pas lui en rajouter avec cette histoire.
– Brian a raison, renchérit Lee-Lou. Je comprend que tu ne veuilles pas l'inquiéter, elle doit avoir assez de problèmes avec ses patients déjà. Mais elle reste avant tout ta mère et là cette histoire de malaise et de migraines concerne ta santé. Je compte sur toi pour lui en parler Lélé, c'est compris ?
J'acquiescai et leur souris faiblement. La douleur étant passée, je me relevai doucement, en me tenant aux mains de mes amis. Je récupérai mon sac à dos et les suivis vers la salle. L'air devient soudain étouffant, puis glacé la seconde d'après. Quelque chose clochait mais je n'arrivais pas à savoir quoi. Je laissai mon regard se promener autour de moi. Il se posa tout à coup sur une vieille dame, au bout du couloir, qui me regardait.
Ses cheveux blancs formaient une couronne de tresses et elle portait une robe longue blanche qui lui tombait jusqu'aux pieds. Elle était très étrange, surtout dans un lycée, pourtant, son visage me parut familier, sans pour autant savoir qui c'était. Elle me fixait intensément, puis disparut quasiment instantanément. Je clignais des yeux, étonnée. Voyant que mes amis étaient plus loins devant, je courus pour les rattraper.
– Brian, Lee-Lou, vous l'avez pas trouvé bizarre vous aussi ? Elle me fixait étrangement et, enfin bref, je ne sais pas, pourquoi, mais elle me paraissait louche...
Ils me répondirent presque synchronisés et leur réponse m'étonnait encore plus.
– Qui ça, Léna ?
~🌙~
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