Henry

By MarieOffermann

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2041. L'une est un génie de l'informatique, l'autre une jeune femme ordinaire. Rien ne semble les rapprocher... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12

Chapitre 8

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By MarieOffermann


Melina

C'était un lundi soir comme bien d'autres au Night Dance. Des adolescentes et jeunes adultes s'y agglutinaient dès 18 heures, horaire d'ouverture de la discothèque en période de couvre-feu. Le soleil encore bien haut dans le ciel révélait au grand jour les décolletés profonds et les mini jupes moulantes. Les regards se tournaient à la fois vers le bâtiment et la route non-loin où beaucoup d'entre elles attendaient leur « Date » rencontré dans l'immense majorité des cas sur Nymphea. Un chemisier blanc en mousseline qui faisait ressortir le teint hâlé de sa peau, un large pantalon écru en lin, un maquillage discret, Melina détonnait par son élégance. Cependant, elle y était pour la même chose que les autres : le Sirop, ce breuvage émeraude épais qui lui faisait tourner la tête dès le premier verre. Qui faisait oublier ce qu'il fallait oublier pour pouvoir continuer à vivre. C'était un des alcools les moins cher mais il représentait une somme conséquente pour n'importe quel résident de son quartier. La plupart des jeunes filles payaient leur soirée grâce à Nymphea, certains garçons aussi. Mais il n'y avait pas beaucoup de jeunes hommes de son âge ici, la plupart était partie à la guerre ou avait disparu après l'Eté Sanglant de 2036.

Olivier lui avait donné rendez-vous à 19 heures autrement dit elle avait le temps de boire un verre et faire quelques tours de piste avant son arrivée. L'ouverture de la boîte déclencha des petits cris de satisfaction. Parmi le troupeau, Melina marcha précipitamment vers l'entrée. C'est alors qu'elle entendit plusieurs coups de klaxon. Elle se retourna et reconnu la Harley Davidson rouge d'Olivier. Agacée de l'impolitesse de celui-ci elle fit cependant demi-tour alors qu'elle ne se trouvait qu'à quelques centimètres de l'entrée elle se fraya un chemin à contrecourant de la foule déchaînée.

Elle se dirigea vers le jeune homme en costard qui lui tendit un casque et des gants de cuir. Elle s'installa à l'arrière et il démarra la moto sont le moteur faisait un vacarme insolent. Ils dévalèrent la route à toute vitesse, quittèrent le ghetto pour déboucher sur la voie rapide. Melina adorait cette sensation de liberté, s'engouffrer à toute vitesse dans le vent et s'agripper à Olivier pour ne pas tomber. Elle s'attendait à ce qu'il prenne la sortie en direction de l'hôtel où ils s'étaient rendus les deux autres fois mais il n'en fit rien. Ils continuèrent jusqu'à déboucher sur une zone Raccordée. Entourée d'imposant grillages, surmontés de barbelés, bref ce que tout le monde dans son quartier appelait le Royaume des Riches. Des portiques et un poste de police leurs barraient la route. Après un rapide contrôle d'identité ils purent continuer leur route. Melina était déjà venue dans les parages lorsqu'elle faisait du dog-sitting pour le compte d'une veuve excentrique, Isa, qui ne pouvait plus sortir de chez elle. Le chien en question était un vieux malinois auquel elle s'était rapidement attachée tout comme à sa maîtresse. Malheureusement celle-ci mourut un peu moins d'un an après le début de son contrat. La jeune femme se demandait souvent ce qu'il était advenu du chien.

Elle reconnaissait très bien la rue, le fleuriste, l'épicerie, le magasin de chaussures. Olivier s'arrêta au niveau de l'ancienne maison d'Isa. Il ouvrit le portail et traîna sa moto vers la cour intérieure. Olivier était sûrement le nouveau propriétaire de la maison. Le hasard nous réserve parfois d'étranges surprises pensait-elle. Lorsqu'ils entrèrent dans la maison elle entendit des jappements et des cliquetis provoqués par les pas d'un chien. Bien que vieux et claudiquant, Baloo le Malinois se rua sur la jeune fille, trop heureux de la retrouver.

« Baloo, ça suffit, ordonna le jeune homme. Excuse-moi de ne pas t'avoir prévenu avant, je ne voulais pas te paraître bizarre, c'est tout. Je suis le fils adoptif d'Isa, je t'avais déjà vue avant. Je n'ai pas cherché à te retrouver après sa mort, mais lorsque j'ai vu ton profil sur Nymphea j'ai pris ça comme un signe.

Intriguée, Melina ne savait pas quoi penser. Le salon avait été rénové avec goût, sans dénaturer l'esprit de la maison, l'esprit d'Isa. Olivier avait sûrement beaucoup dû l'aimer, elle sentait dans la pièce le profond respect qu'il lui portait mêlé à de la mélancolie. Cela ne l'arrangeait pas du tout. Elle n'était pas venue pour cela, pour goûter au miel amer de la nostalgie, ni pour sentir son cœur battre plus vite lorsque ses yeux se perdaient dans les yeux gris du jeune homme. Tout ce qui lui importait c'était de s'amuser et gagner de l'argent.

Elle lui saisi délicatement la main, se tourna vers lui et pressa ses lèvres contre les siennes. Ils s'assirent sur le canapé, se dévêtirent prestement, leurs corps en ébullition, leur souffle en suspension, attendant la fusion de leurs chairs pour pouvoir exulter. Melina se mit à grimacer, lorsqu'elle sentit ses trois faux doigts de pieds se décrocher. Savamment collés sur son moignon ils permettaient de faire parfaitement illusion. Mais ils tombèrent à terre et Olivier les vit. Paniquée, couverte de honte, la jeune femme se leva avec précipitation et commença à se rhabiller. D'une voix douce, Olivier déclara :

« Reste, ça ne fait rien, je le savais déjà.

Elle le regarda un instant, se plongea dans ses yeux orageux qui la désiraient encore. Non, elle ne pouvait pas rester, plus maintenant. Elle osa un regard vers la crevasse de son avant pied gauche. Tout cela était trop, désorientée elle fit plusieurs fois le tour sur elle-même en quête d'une ligne à suivre. Elle sentit les mains d'Olivier se poser sur ses épaules l'accompagner et l'assoir sur le canapé. Elle s'aperçu que son pied saignait que l'attache avait emporté un pan entier de peau. Il le remarqua aussi et grimaça à la vue du lambeau de chair duquel écloraient trois bourgeons de sang de plus en plus importants. Il s'absenta un instant et revint avec une trousse de secours. Il en sorti des compresses ainsi que des pinces, aiguilles et ciseaux ce qui eut le don d'inquiéter la jeune fille. Celui-ci la rassura :

« Ne t'inquiète pas je suis chirurgien je vais juste faire deux ou trois points de sutures histoire d'arrêter les saignements. Je n'ai pas de quoi anesthésier par contre mais ça ne devrait pas durer trop longtemps. Si tu veux, je pourrais t'arranger ça plus tard. Je travaille dans la reconstitution d'organes c'est plus ou moins mon boulot de rafistoler les gens.

Le hasard fait vraiment de drôles de choses pensa-t-elle à nouveau. Mais elle ne voulait pas de la pitié ou de la curiosité scientifique d'Olivier, sa vie était bien trop compliquée pour qu'elle puisse se permettre autre chose qu'une relation purement sexuelle et sans attaches. Le vacarme insupportable du Pays ou pleuvent les bombes vint se heurter contre l'intérieur de ses tympans jusqu'à les faire siffler. Elle ferma les yeux un instant et pris une longue inspiration avant de déclarer :

« Non, ça ira merci.

« Comme tu voudras. Reste cette nuit, de toute façon tu n'es pas en état de marcher. J'ai un très bon champagne que je voudrais partager avec toi.

Son instinct et ses oreilles qui bourdonnaient de plus en plus lui dirent de partir, mais elle se rappela qu'elle était payée 20 euros de l'heure conformément à son contrat Nymphea Exclusivité. Pour Théo, songea-t-elle. Oui, il fallait qu'elle reste pour son petit frère.

« C'est d'accord.

Ils mangèrent un somptueux repas sur la table en bois massif juste à côté d'une baie vitrée qui donnait sur une cours intérieur. Une entrée de crudités, du poulet grillé avec des légumes qu'elle ne connaissait pas et en dessert des fraises. Elle n'en avait jamais goûté et toute son intention était alors absorbée par cette délicatesse qu'Olivier lui servait avec une sorte de crème qu'il appelait Chantilly. Ils parlaient de tant à autre, la jeune fille était même surprise par sa propre éloquence, elle n'avait pas à réfléchir, les mots sortaient, automatiquement. Comme si elle était spectatrice, comme si elle était plongée dans un rêve absurde, dans un monde trop beau pour être vrai. Cette pensée lui donna un frisson. Que savait-elle d'Olivier ? L'alcool lui donnait un peu le tournis mais l'ivresse, elle, était passée. Ses jambes qui tremblotantes lui ordonnèrent de s'enfuir mais elle se força à sourire pour ne rien laisser transparaître. De toute façon elle ne pouvait pas s'échapper. Les fraises devenaient de plus en plus vives, plus claires, plus agressives, elle ne voyait plus qu'une lumière aveuglante qui effaçait tout le reste. Une odeur de souffre et de rouille remplaça le parfum sucré des fruits. Elle pouvait sentir le contact rêche du porche de sa maison en ruines sous ses pieds, la poussière qui s'immisçait dans le trou béant de sa blessure. Elle s'entendait comme un écho appeler son frère Abdul. Mais personne n'avait prononcé son prénom en retour ni ce jour-là, ni ceux qui suivirent.

«-Melina !

La voix d'Olivier la ramena à l'intérieur de la pièce, à ces trois syllabes qui constituaient désormais son identité. Le jeune homme la regardait avec inquiétude mais elle n'était pas dupe, il cachait quelque chose c'était évident. Elle se rappela les sempiternels sermons de Lisa. « Les gosses de riches adorent jouer aux princes charmants pour mieux briser leurs proies après et se sentir supérieurs. Je ne peux pas t'empêcher d'utiliser Nymphea, tu es majeure, tu fais ce que tu veux, ce que je veux, moi, c'est que tu y ailles en connaissances de cause. Ne cherche rien d'autre que du sexe, donne leur ce qu'ils veulent, manipule les, sinon c'est toi qui sera manipulée ». Ses saintes paroles résonnèrent et lui redonnèrent du courage. Le courage d'affronter le visage inquisiteur de son hôte et de lui mentir, de l'embrasser. De faire semblant d'être heureuse. 

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