Emily se réveilla, bien reposée de la nuit qu'elle venait de passer. La chambre de l'hôpital était déjà bien éclairée par la lumière de l'extérieur qui traversait les rideaux torsadés et très fins de sa chambre. Sa blessure dans le dos était toujours relativement douloureuse, mais les calmants ainsi que les cousins positionnés de façon à ce qu'elle ne s'appuie pas sur son dos, assuraient un certain confort à la brunette, le temps que les tissus cicatrisent correctement.
Elle sourit pour elle-même en apercevant Aaron, sagement endormi sur le fauteuil à la droite de son lit. Il était totalement recroquevillé sur lui-même, et allait surement avoir d'immenses courbatures après avoir passé toute une nuit dans cette position, mais la jeune femme était heureuse et soulagée de le voir se reposer. Il avait un grand pansement blanc, qui venait recouvrir la majeure partie de son front et qui descendait jusqu'à son oreille, suite à sa blessure ; lui donnant un air d'aventurier terriblement sexy.
La jolie brune continuait de voguer, perdue dans ses pensées et les yeux rivés sur son partenaire depuis quelques minutes, quand elle entendit la porte de sa chambre s'ouvrir lentement.
« Bonjour Mme Prentiss » la salua sa médecin presque dans un murmure, en apercevant Hotch qui dormait toujours profondément.
« Comment vous sentez-vous ce matin ?
- Bien. J'ai réussi à dormir convenablement cette nuit » répondit la brunette.
« Parfait. La douleur sera encore présente pendant plusieurs jours, puis l'intensité se réduira jusqu'à disparaitre totalement d'ici 3 à 4 semaines. Je ne vois pas l'intérêt de vous garder davantage, sachant que votre état est désormais stable. Néanmoins, vous aurez besoin de soigner et refaire le pansement dans votre dos tous les jours ».
Prentiss acquiesça à sa remarque faisant signe qu'elle avait compris ce qui l'attendait elle et Aaron pour les prochaines semaines.
« L'infirmière passera vous montrer comment faire. Quant à moi, je lui remettrai l'ordonnance contenant l'ensemble des produits nécessaires à appliquer ainsi que les anti-douleurs. Il va bien entendu de soi, que vous ne devez faire aucune activité physique pendant quinze jours, puis vous pourrez reprendre petit à petit avec de la rééducation et des séances de kinésithérapie avant de pouvoir retourner sur le terrain et avoir une activité sportive normale voire intense » continua la doctoresse.
Puis, elle décrocha un regard bienveillant à Prentiss qui avait, l'espace d'un instant, détournée son attention pour venir observer le grand brun.
« Lui aussi aura besoin de repos. Il ne doit pas se trouver à côté d'armes à feu ou autres instruments pouvant causer de gros bruits, au risque de perdre l'audition de ce côté-ci ».
La brunette releva le regard vers la médecin et lui rendit son sourire en hochant de la tête. Elle comptait bien s'assurer qu'Aaron reste tranquille pour les jours à venir. Après tout, ils seraient tous les deux coincés à la maison ou au bureau, quel mal cela pouvait-il faire ?
Elle fut tirée de ses divagations mentales lorsqu'elle entendit Hotch remuer à côté d'elle. A ce moment-là, la doctoresse salua Prentiss et s'éclipsa doucement afin de laisser les deux adultes entre eux.
« Hey ».
Aaron n'avait pas encore ouvert les yeux que le petit son qu'il venait d'entendre le fit sourire. Elle avait encore la voix du matin, signe qu'elle n'était pas réveillée depuis bien longtemps.
« Bien dormi ? « . A sa question, il ne répondit pas tout de suite. Il se contenta de venir porter son regard encore brumeux dans celui de la jolie brune. Elle avait l'air apaisée, et son sourire lui réchauffa le cœur immédiatement, qu'il en oublia pour un instant son mal de tête.
« Très bien » finit-il par répondre en rendant son sourire à sa partenaire.
Bizarrement, il n'avait aucune envie de bouger. Il était bien, parfaitement bien. Là, assis dans son fauteuil avec les rayons de soleil qui venaient lui réchauffer le dos, il ne la quittait pas des yeux.
« Tu penses à quoi ? » demanda Prentiss voyant Aaron qui ne disait mot, mais qui arborait ce délicieux sourire qu'elle aimait tant voir sur son visage.
« Au fait que tu sois encore plus belle à mon réveil qu'il y a quelques heures » sourit-il.
« Aaron Hotchner ! Qui vous aurez cru si romantique ? » rigola la brunette en tendant une main vers lui.
« Pour toi, il y a tant de qualités que je suis prêt à démontrer » ajouta-t-il en saisissant la main de la jeune femme et en venant s'assoir sur le bord du lit. Si cliché, mais pourtant terriblement vrai dans l'esprit du grand brun. Car oui, il était attaché à elle ; et bien plus que de la simple attirance, il en était tombé fou amoureux en peu de temps.
Délicatement, il s'approcha d'elle et l'embrassa langoureusement à mesure qu'elle répondait à cette avance.
« Hum .. ». Ce raclement de gorge tira les deux agents de leurs ébats. Ils se décollèrent légèrement et détournèrent leur regard pour croiser celui de Rossi, qui se trouvait encore de l'entrebâillement de la porte.
« Je tombe mal ? » sourit ce dernier.
« Non entre
- Je ne veux pas m'imposer, je voulais simplement m'assurer que tout aille bien ici. Mais je crois avoir eu ma réponse » rigola-t-il entrainant les deux brunettes avec lui.
« Nous sortons tout à l'heure de l'hôpital » le rassura Prentiss ce qui valut à Aaron de se retourner vers elle à mesure qu'il apprenait la nouvelle.
« Notizia fantastica ! » s'exclama Dave. « Alors je vous laisse et vais passer voir JJ et Will. Je vous téléphone demain » finit-il avant de saluer les deux agents d'un geste et de quitter la chambre.
« Tu sors aujourd'hui ? » demanda le grand brun en plongeant son regard dans celui de sa partenaire. Prentiss était tellement euphorique à l'idée de ne pas passer une nuit de plus dans cet hôpital, qu'elle en décela immédiatement l'étincelle d'inquiétude qui parut une microseconde dans les yeux d'Aaron.
« Oui. Mon médecin est passé ce matin pendant que tu dormais pour me l'annoncer. Quinze jours de repos, puis de la rééducation m'attendent fermement, mais je vais bien et ils n'ont plus besoin de me garder en observation » précisa-t-elle comme pour rassurer le beau brun.
Ce dernier sourit à la nouvelle avant que son air sérieux ne reprenne le dessus, seulement quelques secondes après ça.
« Hey, je sais que tu t'es inquiété. Mais tout va bien maintenant, ok ? » demanda Prentiss en venant doucement passer sa main sur la joue d'Aaron, invitant ce dernier à relever son regard vers elle. Il ne dit rien et se contenta d'acquiescer.
« Morgan m'a parlé pendant que tu te faisais soigner hier, et je sais ce que tu as vu... comment tu m'as vu. Mais cette explosion n'avait rien à voir avec celle que tu as vécu l'année dernière ». Elle soupira un instant voyant qu'il ne se décrispait pas.
« Je t'interdis de t'en vouloir pour quelque chose que tu n'aurais pas pu prévoir. Tout va bien, l'équipe va bien, je vais bien, ce sont les risques du métier, des risques dont nous sommes tous conscients, et que nous avons accepté en signant pour entrer au FBI. Compris ? ».
Son ton compatissant et sa douceur eurent raison d'Aaron sur l'instant présent. Elle avait raison, il avait paniqué, avait été paralysé par son passé ; et maintenant il s'inquiétait pour elle. Mais elle n'était blessée que superficiellement, et non au bloc en train de lutter pour sa vie comme Kate l'avait fait il y a quelques mois.
« Je suis désolé » finit-il par articuler. La brunette l'attira contre elle et le serra dans ses bras aussi fort que la douleur le lui permettait. « Je ne voulais pas te faire peur », avoua-t-elle à demi-mot en raccrochant son regard à celui du grand brun. Pour seule réponse, il sourit furtivement avant de venir déposer ses lèvres contre les siennes.
Rossi marchait dans les couloirs de l'hôpital, quand il atteignit enfin la chambre des Lamontagne. En chemin il avait croisé Henry et sa nourrice, et avait donc récupéré le petit blondinet pour l'amener jusqu'à ses parents.
« Je ne veux pas perdre de temps et prendre le risque de te perdre une nouvelle fois ». La voix de JJ, empreinte de doutes et de tristesse, résonnait dans le couloir, et aux oreilles de Dave, alors que la porte de la chambre était ouverte.
« Ca n'arrivera pas JJ, ce n'était qu'un simple accident.
- Pas un simple accident Will...
- Que voudrais-tu faire ? Tu ne peux pas l'empêcher, c'est notre métier.
- Si justement. Pour Henry, pour toi, je pourrais arrêter et, je ne sais pas, ouvrir un restaurant. J'ai toujours rêvé de cuisiner depuis toute petite » rigola doucement cette dernière.
- Est-ce que tu en serais heureuse ? JJ, les membres de ton équipe sont ta famille, notre famille; ton métier est ce qui te définit, et la femme que j'ai rencontré ne l'aurait jamais abandonné.
- C'était avant que Henry arrive » soupira la jeune femme.
« Tu es l'héroïne d'Henry, tu crois vraiment qu'il serait d'accord de te voir quitter ton poste pour lui ?
- Bon point qu'il soit trop petit pour comprendre et qu'il n'ait pas son mot à dire dans tout cela ». Cette dernière remarque fit sourire Will.
Rossi et Henry attendaient discrètement derrière la porte, cachés par le rideau. Dave, curieux de la conversation des deux adultes fit signe à Henry de ne faire aucun bruit afin de pas se faire surprendre.
« Quoi qu'il en soit, réfléchis-y, ne prend pas cette décision sur un coup de tête. Oui, la vie peut être courte, mais il y a mille et une façons de la vivre, sans pour autant abandonner les choses qui nous tiennent le plus à cœur.
- Dans ce cas, refais-moi ta demande.
- Pardon ?
- Refais moi ta demande, je ne veux pas attendre pour marier l'homme que j'aime et le père de mon enfant » sourit JJ totalement émue par la situation.
Will se redressa et resserra son emprise qu'il avait sur la main de sa partenaire, tout en souriant à la demande de la jeune femme.
« Jenifer Jareau, veux-tu m'épouser ? » demanda Will en plongeant son regard dans les magnifiques yeux bleus de sa partenaire.
« Oui » répondit brièvement et dans un murmure cette dernière avant de le prendre et de le serrer fort dans ses bras, cachant les quelques larmes qui venaient perler sur ses joues.
« Marions-nous à la fin du mois, je ne veux pas attendre plus longtemps » ajouta-t-elle la tête enfouie dans le cou de son fiancé.
« Maman, Papa ! » s'écria Henry juste après que Rossi lui ait donné le signal pour qu'il rentre dans la chambre de ses parents.
« Hey toi ! » rétorqua JJ et prenant son fils dans ses bras.
« David ! » s'exclama Will en voyant l'italien toquer contre l'encadrement de la porte.
« Vous êtes là depuis combien de temps ? » demanda JJ, soudaine curieuse de savoir quel moment de la conversation Dave et son fils avait pu entendre.
« Assez pour t'entendre dire que tu voulais cuisiner et que vous allez vous marier » sourit Rossi d'un air malicieux.
« A y réfléchir, je suis content qu'elle ait dit oui pour le mariage car je ne veux pas la voir quitter l'équipe pour le moment » rigola-t-il à l'attention de Will, faisant sourire la belle blonde par la même occasion.
« Bon je vous laisse à vos retrouvailles » salua Rossi avant de s'avancer vers la porte de sortie. « Oh, et avant que j'oublie, mon manoir et moi vous accueillons avec grand plaisir pour le mariage ».
Cette dernière proposition fit sourire les Lamontagne, et Dave put lire dans les yeux de JJ toute la gratitude qu'elle éprouvait envers lui à ce moment-là.
« Je vous laisse vous rhabiller Mme Prentiss. Vos affaires sont dans le sac plastique posé au pied de votre lit » dit l'infirmière en rangeant ses affaires.
« Pour les quatre semaines à venir, voici le désinfectant, la crème cicatrisante à appliquer tous les soirs. Par-dessus il faudra bien entendu refaire le pansement comme je viens de le faire. Tout est inscrit sur l'ordonnance ici » finit-elle en tendant le papier à Aaron qui aidait Prentiss à se préparer.
Il laissa Prentiss se changer et sortit un instant avec l'infirmière pour finaliser les papiers de sortie à la fois pour lui et pour la jolie brune. Quand il revint, il retrouva la jeune femme, totalement habillée, prête à quitter cette chambre bien trop stérilisée à son goût.
« On rentre à la maison » sourit cette dernière en le voyant ré-entrer dans la pièce.
« On rentre » confirma-t-il en attirant la jeune femme contre lui, et en la menant vers la sortie.
Ce soir-là, Aaron avait demandé à Jessica de garder Jack une soirée de plus pour laisser le temps à Prentiss de s'adapter à la douleur, et pour retrouver doucement leur intimité à tous les deux.
« Tu as le tube de crème cicatrisante ? » demanda la jeune femme à Aaron alors qu'elle tentait de défaire l'actuel pansement qu'elle avait dans le dos.
« Arrête de faire ça, tu vas te faire plus de mal que de bien » la rectifia Aaron en entrant dans la salle de bain et en prenant la place de la brunette qui soupira.
« Je ne veux pas être un poids Aaron, tu as également besoin de repos. Puis, je peux refaire un pansement, seule, je t'assure
- Parce que tu as des yeux derrière la tête et des bras dans le dos maintenant ? » plaisanta ce dernier en jugeant improbable que Prentiss puisse se soigner par elle-même. Mais l'air têtue et obstinée de la jeune femme, l'amusait plus qu'il le désolait.
« Bien. Tu as gagné » bougonna-t-elle en prenant appuie sur le lavabo afin d'exposer son dos à la lumière et à son partenaire.
Elle réprima une plainte de douleur, lorsque celui-ci décolla le pansement de la plaie.
« Ça va ?
- Hum hum, continue » répondit-elle, les dents serrées. Oh oui, elle savait que ces prochains jours n'allaient pas être une partie de plaisir.
Mais ce qu'elle appréciait par-dessus tout c'était la délicatesse et l'attention avec laquelle Aaron travaillait ses gestes afin de ne pas amplifier la douleur. Il était si généreux et délicat, que la jeune femme ne pouvait qu'être reconnaissante de la chance qu'elle avait de l'avoir, lui, et pas un autre.
Quand il eut terminé, elle se retourna et le remercia avant d'enfiler sa robe de chambre sous les yeux de son partenaire.
« Tu regardes quoi comme ça ? » le taquina-t-elle, ce qui fit sourire le grand brun.
« Je n'avais jamais prêté attention à la finesse des détails et à l'effet satiné de cette tenue » réplica-t-il d'un air moqueur.
« Ah ah, fais-moi croire que tes yeux se baladaient sur la robe et pas sur moi
- Je le jure ».
La brunette rigola avant de venir enrouler ses bras autour du cou d'Aaron. Elle approcha alors rapidement son visage du sien et l'embrassa passionnément, un baiser auquel il répondit avec tout autant d'intensité.
« Je t'aime » dit-elle en détachant ses lèvres des siennes.
« Moi aussi ».
« EMILY !!!! »
Prentiss se réveilla en sursaut en entendant quelqu'un crier à côté d'elle. Elle se redressa presque trop brusquement ce qui lui arracha un petit cri de douleur. A côté d'elle, Aaron ne cessait de s'agiter et crier son nom. Il était trempé de sueur et en panique totale, en train de faire un cauchemar.
« Aaron ! » le secoua la jeune femme, le réveillant instantanément. Le grand brun avait les yeux grands ouverts, comme s'il ne savait pas où il se trouvait. Il suffoquait et sa respiration était trop saccadée pour lui permettre de se calmer.
« Hey. Ce n'était qu'un mauvais rêve » tenta de le rassurer Prentiss en se retournant vers lui et en l'attirant contre elle. Au premier abord il résista, le regard toujours perdu dans le vide, puis il raccrocha ses yeux à ceux de sa partenaire avant de se laisser aller contre elle.
« Emily » soupira-t-il tout en la serrant davantage contre lui. La jeune femme sentait Aaron redescendre à mesure qu'elle dessinait délicatement des cercles invisibles dans son dos. Son rythme cardiaque revint à la normal, et elle se détacha lentement de lui afin de pouvoir voir son visage.
Elle n'avait même pas besoin de demander, qu'elle savait que ce rêve était surement dû au stress engendré par l'explosion et à l'ensemble des souvenirs que tout cet épisode avait fait remonter à la surface.
« Je suis là, tout va bien » se contenta-t-elle d'ajouter prudemment en caressant le visage de l'homme qu'elle aimait.
« Ne me quitte pas » répondit-il à demi-mots. Cette demande brisa leur cœur de la jeune femme tant elle ressemblait à une plainte désespérée.
« Je ne vais nulle part » le rassura cette dernière en se blottissant dans ses bras.
Cette nuit-là, Prentiss berça et attendit que le beau brun se rendorme avant de le rejoindre elle-aussi, totalement épuisée.