La chaleur du soleil devient de plus en plus pesante. Ma tenue vient vite rejoindre le fond de mon sac pour laisser place à mon maillot de bain. Pendant ce temps, Jo installe un parasol dans le sable. Lui aussi semble vouloir se cacher un peu de ces rayons. Une fois à l'ombre, je ne résiste pas longtemps avant de sombrer dans un puissant sommeil.
Des cris d'enfants s'enchaînent et se superposent, le bruit des vagues se fait plus présent et des projetés de sables viennent me réveiller brusquement. J'ouvre les yeux prête à exprimer ma colère auprès de ses andouilles qui courent dans le sable alors qu'il y a du vent. Cependant, je suis stoppée par la vision d'une dizaine de Play-boy jouant du volley-ball à quelques mètres de ma serviette. Je ne tarde pas à repérer Jo dans le lot. Pour parfaire la scène j'aperçois des supporters vêtus de ce que je pourrais appeler des morceau de tissu et non pas un maillot de bain digne de ce nom.
Je ne pensais pas m'être assoupi aussi longtemps pour ne pas m'apercevoir de l'absence de Jo à mes côtés. Un coup d'œil sur mon portable, il est quatorze heures. Apparemment j'avais vraiment besoin de sommeil. Avant de les rejoindre, j'enfile mon t-shirt. Je ne veux pas m'exhiber comme les autres, ce n'est pas vraiment mon genre.
J'observe ce match où les garçons jouent comme si leurs vies en dépendaient, sûrement dû au fait que des filles les regardent. Quant à moi, la seule chose qui me préoccupe pour le moment ce n'est pas la musculature de ces messieurs, mais la salade de fruit qui trône encore dans mon sac et que nous n'avons pas encore mangé. Je retourne donc vers ma serviette et plonge mon bras dans mon sac pour en sortir ce dessert plus ou moins frais. Jo ne m'en voudra pas d'attaquer sans lui, je suppose. Un, puis deux morceaux se faufilent dans ma bouche et c'est un délice de savourer ces fruits sous cette chaleur insupportable.
Tout en mangeant ce petit plaisir, je me délecte de ces garçons qui jouent. Je peux comprendre la réaction de ces filles, face à eux. Il y en a pour tous les goûts : chocolat blanc, caramel ou encore chocolat noir. Jo n'est pas très dur à repérer. Des abdos bien dessinés, pas de poil sur le torse, une légère barbe de trois jours et les cheveux mouillés plaqué en arrière : il est à tomber. Autour de lui, personne ne le surpasse à mes yeux. À part peut-être un : je ne le vois que de dos, cependant ses cuisses et son dos sont comme je les aime, et il a un fessier bien rebondi. Je remonte plus haut et observe des cheveux noirs. Décidément, je ne craque que sur les bruns.
Soudain, Jo m'aperçoit et me fait les gros yeux. Je ne comprends pas sur le coup, jusqu'à ce qu'il se déplace jusqu'à moi et me pique deux fraises dans ma petite coupelle en plastique. Prise en flagrant délie de vol de salade de fruit.
_ Tu ne pensais tout de même pas finir ton repas sans moi j'espère ?
_ Heu non ! J'allais t'en laisser, bien évidemment ! Lui dis-je à moitié sincère.
_ Pff tu mens toujours aussi mal tu sais !
_ Je sais ! Mais en attendant j'ai faim et toi tu joues alors laisse moi manger !
_ C'est ça ! Te laisser t'empiffrer alors que je sue au soleil pour avoir un corps de rêve ? Jamais de la vie ! Bouge tes fesses ! Tu viens jouer !
_ Certainement pas ! T'es malade ! T'as vu la chaleur ? Laisse-moi m'hydrater convenablement !
_ La récompense ce sera après l'effort ! Me dit-il en me tirant par le bras et déposant les fruits sur la serviette.
Son emprise est beaucoup trop forte pour que je puisse tenter une échappatoire. Ses compagnons de jeu se retournent face à moi à mon arrivée. Tous plus perplexe que les autres :
_ Je ramène une joueuse ! Expliqua Jordan face à l' incompréhension de ses amis.
_ Ah bah on est foutu dans ce cas... murmura l'un deux
_ T'es pas sérieux ? cria un autre
Ma patience ne tenant qu'à un fil je m'extirpe brusquement de l'emprise de Jo :
_ Non mais c'est quoi ce comportement à deux balles ! Vous ne seriez pas en train de me juger un peu trop vite les gars ? Vous m'avez vu jouer ? Non ! Alors par ici la balle, je vais vous exploser !
Sous le regard étonné des garçons je me place face à eux , prête à montrer ce que je vaux, tandis que Jo se marre tout seul dans son coin. La partie démarre et je profite de cette occasion pour montrer mes talents sportifs à ces monsieur plein de testostérone . Comme prévu, ils sont tous ébahi face à ma férocité. Mais surtout, ils sont bien évidemment mort de rire face à ma nullité. Hé ! Je n'ai jamais dit que j'étais douée, j'ai juste dit qu'il ne fallait pas juger avant de voir. C'est différent ! La partie se termine peu de temps après sur une défaite pour mon équipe. Les garçons se sont décrispé un peu et même si j'ai perdu, j'ai l'air de les avoir amusés. Ce qui est déjà pas mal.
_ Alors princesse ! On se fait désirer ?
_ N'importe quoi ! Je voulais vraiment leur mettre une raclée ! Il faut croire que la volonté ne suffit pas à obtenir la victoire.
_ Ça c'est clair !
_ Bon j'ai le droit à ma salade fruit maintenant ?
_ Durement mérité, je te l'accorde ! Me dit-il enjoué.
_ Merci !
Tandis que je retourne vers mes affaires pour reprendre la dégustation de mon dessert, je me rends compte que le sable l'a complètement envahit. Je n'ai donc plus rien à manger. Je me retourne brusquement et envoie désespérément des signes de malheurs à Jordan pour qu'il perde sa partie. Ces fruits ne méritaient pas ce châtiment, pensais-je avant de sourire face à mon imagination débordante.
Durant la suite de l'après-midi, j'ai lu un livre face à l'océan. Le soleil a commencé a perdre peu à peu sa chaleur inexpliquée pour laisser place à de doux rayons orangés. Quand je relève enfin les yeux de mon bouquin pour regarder ce qui se passe autour de moi, j'aperçois les garçons devenus soudain un peu moins nombreux et sans la compagnie de demoiselle. Ils sont assis dans le sable à discuter. Je me décide à me lever et à les rejoindre, cependant un bras me retient. Je me retourne face à cette surprise et reste immobile nez à nez avec Matthew :
_ Hey beauté !
_ heu... Salut.
_ Eh bin ! Ça ne te fait pas plaisir de me voir ?
_ Pas vraiment.
_ Je ne vois pas du tout pourquoi.
_ Réfléchis et tu sauras.
J'essaie tant bien que mal de me détacher de lui et de retrouver Jo. Mais c'est sans compter sa volonté acharnée. Il vient se placer face à moi pour m'empêcher de passer :
_ Attends ! me dit-il avec un air dur.
_ Pourquoi faire ? exprimais-je sans compassion.
_ On peut parler ?
_ Sans blague ! Et de quoi exactement ? De ton excès de confiance ou de ta stupidité aveuglante ?
_ Pourquoi pas de mon corps d'Apollon ?
_ Non mais je rêve ! criais-je exaspérée.
_ Bon sang ! Mais tu n'as aucun humour ou quoi !
_ Non effectivement, du moins pas avec toi !
Comment un mec comme lui, peut-il être aussi confiant et exécrable. Il ne peut pas se comporter comme une personne normale sérieux ?
_ Bon écoute moi ! prononce-t-il plus sérieusement.
_ J'ai pas envie.
_ S'il te plaît.
Oh serait-ce de la politesse ? Non je crois rêver :
_ Pourquoi ferais-je ça ?
_ Parce que Jo est mon meilleur pote et qu'il m'a demandé d'être sympa avec toi. Donc je fais un effort-là.
_ Un effort sur quoi au juste ? Ah oui, tu te retiens de ne pas te jeter sur moi à la moindre occasion ? Non parce que ça, ce serait une bonne manière d'être sympa, tu vois.
_ Bon écoute, je ne suis pas le genre de mec à me mettre à genoux pour une fille. Donc ce n'est pas pour toi que je vais le faire non plus. Mais si on pouvait éviter le conflit ce serait cool.
_ Je t'en veux pas c'est bon.
_ T'en es sur de ça ?
_ Non, mais au fond ça change quoi ? Hein !
Je m'écarte de lui et vois Jo qui me supplie du regard. Un profond soupire s'échappe de ma bouche :
_ Ok , bon on va conclure une trêve !
_ C'est-à-dire ?
_ Si tu oses faire encore ne serait-ce qu'un acte de beau parleur envers moi, j'annule tout.
_ Promis je ne ferais plus ce genre de chose à ton égard.
_ Bon bah dans ce cas, je veux bien essayer d'être gentille avec toi et d'apprendre à te connaître. Pour Jo.
_ Être gentille ? Pouffe-t-il de rire.
_ Quoi ?
_ Tu n'as pas spécialement à être dévouée d'amabilité, je te demande juste de ne pas me juger sur le peu que tu as vu de moi. Laisse-moi te montrer pourquoi Jo et moi, on s'entend bien.
_ Ah ça, c'est sûr, je me demande bien pourquoi ! exprimais-je avec un rire ironique.
_ Bin tu vois quand tu veux ! En fait t'es peut-être pas aussi coincée que je le pensais.
_ Moi coincée ? Pfff... Bin toi tu n'es peut-être pas aussi con que tu ne le parais. Enfin cela reste à voir.
_ Con ?
_ Oui ! Tu m'as très bien entendu !
_ Eh bin ce n'est pas gagné cette affaire !
_ Ça tu l'as dit mon petit !
_ Je pari que en moins d'une semaine tu me supplieras d'être ton ami.
Je ne pris même pas la peine de lui répondre et m'écartai de lui pour rejoindre les autres. Décidément, Jo a des amis vraiment tous plus bizarre les uns que les autres. J'espère que son meilleur ami, n'est pas le plus dérangé de tous. Sinon, on peut dire qu'il sait les choisir surtout, au niveau physique. Bon dieu, j'ai l'impression d'être entouré de mannequin et les deux plus beau sont complètement opposé. Qui peut penser que ces deux-là sont amis ? Sérieusement !