Après une longue absence, me revoilà !
PDV Lucy
Assise en tailleur sur mon lit, mes yeux ne quittent pas la petite boite ouverte devant moi. Je regarde le bracelet, l'examinant, comme si je ne pouvais pas déjà dessiner toutes ses lignes dans mon esprit, tant je l'ai observé. La nuit est tombée, la soirée s'est terminée dans les rires, et la joie. Mais ma tête n'a fait que penser à ce bijou, et depuis que j'ai rejoint ma chambre, je n'ai pas bougé. C'est toujours la même question qui revient. Dois-je le mettre, le placer bien au fond d'un tiroir, ou bien le lui rendre. Je repense à sa tête lorsqu'il a vu que j'avais le paquet entre mes mains. Il est clair qu'il n'avait pas l'intention de me le donner. L'aurait-il fait si nous n'avions pas couché ensemble ? Était-ce une tentative de plus pour me mettre dans son lit ? C'est possible, et même si je n'ai pas envie d'y croire, cela semble à l'heure actuelle l'issue la plus probable.
Alors pourquoi en sachant cela, j'ai tout de même le doute sur la chose à faire ? Parce qu'au fond j'ai envie de le voir autour de mon poignet. De porter sur moi ce que je pensais avant être irréfutable. Nous, liés ensemble.
Mes doigts jouent avec la fine chaîne. Le métal froid commence à se réchauffer sous ma peau. A quoi cela ressemblerait-il si je le portais ? Je pourrais essayer, juste pour voir...
Non. Je referme violemment la boite et la place dans le tiroir de la table de nuit. Je ne dois pas. Je lui ai déjà trop donné, je ne peux pas encore une fois céder à son emprise.
Je me dirige vers la fenêtre, où les volets ne sont pas fermé. Le jardin éclairé me laisse voir ce qui s'y trame.
Il neige. Il neige la nuit de Noël. Je creuse dans ma mémoire afin de retrouver quand cela est arrivé la dernière fois. Je ne m'en souviens pas. Un sourire s'installe sur mon visage tandis que je regarde les flocons tombés, s'ajoutant à une couche déjà bien blanche. C'est beau. C'est un miracle de Noël. Dommage que ce ne soit pas le miracle que j'attendais.
Je me retourne vers le guéridon. Sans réfléchir, je m'avance, et reproduis dans le sens inverse les gestes que j'ai fais il y a peu. Cette fois je ne regarde pas la boite durant des heures. Je passe le petit bracelet à mon poignet et observe. Il me va bien. Il semble presque me narguer en me disant que là a toujours été sa place. Pourquoi l'ai-je mis ? Je ne sais pas. Mais je n'ai pas envie de l'enlever.
Voyant que le sommeil n'est pas pour tout de suite, je descends silencieusement dans la cuisine, où j'ouvre le frigo. La tête à l'intérieur en cherchant la bouteille de jus de fruit, une voix me fait sursauter, et me retourner.
PDV MATTHEWS
La nuit va être longue, car si mon corps le réclame, mon esprit n'a aucune envie de dormir. Il préfère me répéter que je ne suis qu'un con, et que j'ai intérêt à bouger mon cul avant qu'il ne soit trop tard, et qu'on vienne me piquer ma place auprès d'elle. Cette pensée me fait serrer le poing, écrasant la canette de bière dans ma main.
Que dirai mes amis en voyant là, attablé dans la cuisine, dans le noir, à ruminer alors qu'il doit être prêt de 4h du matin.
Le silence est rompu par des pas. Grâce à la lumière du jardin qui passe par la fenêtre, je distingue très bien qui vient d'entrer. Elle se dirige vers le frigo sans m'avoir vu. Devrais-je me manifester ou continuer de faire comme ses derniers jours, rester muet ? Non. Je ne peux pas continuer comme ça. Josh m'a offert une chance ce soir et je n'ai pas su la saisir.
- Toi non plus tu n'arrives pas à dormir ?
Elle sursaute. Elle se retourne et cherche d'où vient ma voix, mais je sais que je suis placé de façon à ce qu'elle ne me voit pas. Je bouge alors pour appuyer sur l'interrupteur et illuminer la pièce.
Elle reste un instant interdite, comme si elle ne savait pas si elle devait me répondre ou non. Elle doit se demander pourquoi je lui parle après l'avoir soigneusement ignorée durant tout ce temps. Se demander si ce n'est pas une nouvelle façon de lui faire du mal...
Elle finit par répondre, et je vois qu'elle tente de me cacher son trouble en adoptant une attitude froide. Pourtant elle devrait savoir qu'elle ne peut pas me cacher ce qu'elle ressent.
- J'avais soif.
Elle porte la bouteille de jus à ses lèvres en détournant le regard. Le mien est fixé sur la petite goutte qui tombe lentement de sa bouche, pour passer dans son cou et descendre encore... Je déglutis, me rendant compte que ce n'est absolument pas le moment de fantasmer. En bougeant mes yeux de ce lieu, il tombe sur son poignet. Je dois y regarder à deux fois pour être sur de ne pas halluciner. Elle le porte. Après tout ce que je lui ai fait subir, elle le porte. Pourquoi ?
Plutôt que de continuer à tergiverser, autant enfin faire preuve de courage.
- Tu le portes.
Ses yeux suivent les miens et je vois ses joues se colorer.
- Effectivement.
- Pourquoi ?
Elle bégaie en me donnant sa réponse.
- Ça aurait été dommage de laisser un beau bijou rouiller dans sa boite.
Mensonge. Pourtant elle ne me laisse pas l'interroger plus qu'elle referme le frigidaire et sort de la cuisine en murmurant un petit « A plus ». Mais elle ne se dirige pas vers les escaliers, mais vers la baie-vitrée du salon. Je la voie l'ouvrir et s'enfoncer dans le jardin. Les éclairages me permette de continuer à la voir. Elle s'avance et se place au milieu de l'herbe devenue blanche. Je n'avais pas vu qu'il neigeait. Je la vois tendre ses mains et ouvrir ses paumes vers le ciel, afin de recueillir les petits flocons. Presque sans m'en rendre compte, je m'avance vers la baie pour mieux la voir.
De longues minutes passent ainsi. Petit à petit, elle commence à sourire, et à tourner. Et là, j'ai l'impression de retrouver la vraie Lucy. La joie inonde son visage, et je me surprends à sourire aussi. Elle est belle. On dirait un tableau, ou une scène de film, où l'héroïne danse sous la neige. Enfin de compte, on pourrait dire que toute notre vie ressemble à un film. Le gangster, la fille timide, le pari. Ne manque plus que la film de l'histoire.
Je la voie grelotter, et me rends compte à ce moment là qu'elle ne porte qu'un shirt et un débardeur en guise de pyjama. Pourtant le froid ne la fais pas rentrer. Elle reste là sous la neige.
Je décide de saisir un plaid sur la canapé et m'avance doucement dans la neige. Elle ne me voit pas, son dos me fais face. Arrivé à sa hauteur, je place la couverture sur ses épaules. Elle se crispe un instant puis finit par se détendre. Je ne lâche pas la couverture, continuant à l'entourer dans mes bras en même temps. Elle ne dit rien. Ne fais rien pour se dégager.
PDV Lucy
La neige tombe sur mon corps. En la sentant, j'ai l'impression que tout mes problèmes disparaissent au fur et à mesure qu'elle fond sur ma peau. Comme si elle lavait mon esprit. J'ai l'impression d'être retombée en enfance, je me sens tellement bien. Si bien que le froid m'est totalement égale, alors même que mon corps est recouvert de chair de poule. Je regarde le ciel, contemplant ses milliers de petits morceaux blancs se rapprocher de moi.
Je sens alors une couverture se poser sur mes épaules, et les bras qui l'ont mises ne s'écartent pas. Je reste interdite quelques temps. Je pourrais dire que je ne sais pas quoi faire. Pourtant à cet instant, je sais exactement ce que je dois, et ce que je vais faire. Il est temps de mettre un terme à tout ça. Il est temps d'avouer ce qui a trop longtemps été passé sous silence, et qui est pourtant une évidence. Quelque soit la réponse, je dois le lui dire. Alors je me retourne, attrapant la couverture entre mes doigts de façon à ce qu'elle ne glisse pas. Mon action le fait reculer. Tant mieux, j'ai besoin qu'il soit suffisamment loin de moi pour garder les idées claires.
Il me regarde, et attends que je parle.
- Tout ça a assez duré. Je ne peux plus vivre ainsi. C'est trop dur, de te voir tout les jours et de supporter tes silences. D'essayer de te comprendre, d'interpréter chaque geste et chaque parole. Je n'y arrive plus. Je suis seulement en train de me perdre moi-même.
Il ne répond rien, comme si il savait que je n'avais pas fini.
- Durant tout ces mois, j'ai tout fait pour que ça n'arrive pas. Cloisonner mon cœur, préserver mon corps. Je ne voulais pas que tu gagnes. Parce que je ne voulais pas que tu puisses me détruire. J'ai essayé de tout mon être.
Je tente de retenir mes larmes, en même temps que les souvenirs me reviennent en tête. Si j'avais su que tout cela ne servirait à rien. Qu'à l'instant où j'ai accepté ce pari j'avais perdu. Je dois maintenant lui dire, qu'il a gagné. C'est la seule façon de tout arrêter.
Je prends une grande inspiration.
- Mais j'ai échouée. Tu as tout eu, toutes mes premières fois. Tu as eu mon corps. Et tu as eu mon cœur. J'ai perdu le pari Matthews. Je suis tombée amoureuse de toi.
Il ne dit rien, se contentant de m'observer. Je ne sais pas combien de temps s'écoule, mais j'ai l'impression que le temps n'a jamais passé aussi lentement. Il semble chercher quoi répondre. Cherche-t-il la façon de me rejeter avec le plus de douceur possible, ou de façon à me détruire une bonne fois pour toute ?
Et puis il ferme les yeux, avant de les rouvrir. Et il semble, déterminé ?
Ses mains se posent sur mes joues et en une seconde, il pose ses lèvres sur les miennes. Je ne peux pas m'empêcher de répondre à son baiser. Je me dis qu'au pire, autant profiter une dernière fois. Nos lèvres dansent ensemble. Puis les siennes se détachent, peut-être même trop vite à mon goût. Son front se pose sur le mien.
Et ses mots font repartir mon cœur, qui semblait ne plus battre depuis de longs jours.
- J'ai perdu avant toi.
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TADAAAA ! C'est donc le dernier chapitre. N'oubliez pas qu'il reste l'épilogue. Je vous entends déjà vous dire "Mais, et pour Zoé et Scott ?". Patience, patience, je ne compte pas laisser leur histoire inachevée. Vous en saurez plus pendant, et après l'épilogue. (Vous comprenez ? 😏)
Bon, que pensez-vous de ce dernier chapitre ? Je sais qu'il a mis du temps à arriver, alors j'espère qu'il ne vous déçoit pas ;) L'épilogue va répondre à un mystère introduit au moment des chapitres où Marie est sur le point de mourir. Vous voyez de quoi je parle ? :)
Dire que j'ai commencé cette histoire en 2015. A l'époque mon manque de lecteur me l'avait faite abandonnée. Qui aurait cru que je la finirai, 3 ans après, avec presque 100K ? Pas moi en tout cas. Au moins, ça vous permet de voir l'évolution de mon écriture durant toute cette période. Bon j'arrête de parler, je vous dirai plus de chose concernant la suite après l'épilogue.
Il arrive dans une semaine ;)
Kiss :*
Ps : pour les lecteurs de JS, ce soir ou demain 😉