Instables

By MyNameIsAvadaKedavra

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Marie doit vivre chez sa tante à Ossining, ville de l'État New Yorkais, ses parents devant se rendre en voyag... More

Note de l'auteure
Épisode n°1, partie 2.
Épisode n°2, partie 1.
Épisode n°2, partie 2.
Épisode n° 2, partie 3.

Épisode n°1, partie 1.

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By MyNameIsAvadaKedavra

Si cette histoire était une série, la première scène représenterait un café noyé dans les néons colorés bordant ses murs abîmés. La caméra se pencherait plus particulièrement sur une table tamise dans le fond, autour de laquelle discuterait un trio inattendu. Une tante ravie d'avoir retrouvé sa nièce, un fils pour le moins nerveux de retrouver ses camarades de classe le lendemain, et une jeune fille au regard perdu dans sa tasse de chocolat, s'interrogeant sur l'année à venir.

Ce n'était pas la première fois que Marie se rendait à Ossining. Elle avait l'habitude d'y séjourner pendant les fêtes, ou parfois aux vacances d'été. Pourtant, c'est comme si elle redécouvrait sans arrêt le monde qui l'entourait et parvenait à observer d'un regard différent les remparts de cette ville imparfaite. Et derrière les vitres poussiéreuses du café dans lequel les Dawson venaient de s'installer, la jeune fille percevait d'un mauvais œil les paysages sombres et lugubres qu'offrait ce pays.

Malgré l'obscurité qui semblait envahir l'adolescente ce soir-là, une touche d'espoir s'alluma dans ses rétines lorsque le serveur lui apporta son assiette dans laquelle siégeait sagement un cheeseburger débordant de fromage.

— Merci, dit-elle, ravie.

— Il vous fallait autre chose ? questionna le serveur, armé de son bloc-notes.

— Un milkshake à la vanille, s'il vous plaît, s'empressa de répondre le jeune homme assis en face de la jeune fille.

Adrien, le cousin de Marie, était le seul qui comprenait réellement ce qu'elle ressentait parfois lorsqu'elle venait ici. Il lui avait fait part de ses nombreux secrets et savait qu'il pourrait toujours avoir confiance en elle. L'adolescent était tellement timide qu'il ne parlait jamais de ses sentiments à quiconque, de peur d'être rejeté ou d'être pris pour un idiot. Marie, bien qu'habitant à l'autre bout de la planète, au fin fond d'un petit village français, comprenait le moindre de ses désagréments mentaux. N'ayant pas d'ami proche, l'oreille attentive que lui prêtait sa cousine lui offrait un grand réconfort. Bien que traînant tous les jours avec son équipe de foot, le jeune homme ne préférait ne pas se livrer à cœur ouvert, redoutant la réaction de ses camarades.

L'adolescent voyait en la venue de Marie une sorte d'échappatoire, comme un cadeau de Noël.

Lorsqu'il la vit se jeter sur son hamburger, le jeune homme ne put réprimer un sourire.

— T'as pas mangé depuis combien de temps ?

— Je viens de faire neuf heures d'avion, répliqua-t-elle, la bouche pleine. Tu aurais réagit comment à ma place, hein ? En plus, leurs plats préparés sont dégueulasses. Je me suis retenue de le jeter devant l'hôtesse.

— Je comprends mieux, alors ! 

— C'est ça. Je te prierais de ne pas te moquer de moi.

— Je ne me moque pas, répliqua-t-il. Je ne fais qu'affirmer les faits. D'ailleurs, t'aurais pas pris des hanches, ces derniers mois ?

— Imbécile ! 

— Moi aussi, je t'aime.

À ces mots, le serveur revint les bras chargés de verres vides et pleins. Il déposa expressément un grand gobelet garni de glace, fourmillant de copeaux de chocolat, le tout orné d'une cerise confite sur le dessus. Il repartit immédiatement dans les couloirs de la salle pleine.  Adrien attaqua rapidement son précieux, sous les yeux improbateurs de sa mère.

— Adrien, voyons. 

— Quoi ? râla-t-il.

— Tu as déjà pris trois kilos, ce mois-ci. Tu devrais faire attention.

— Mais ça va, je compense avec le foot. Et autre chose, si tu vois ce que je veux dire.

Marie recracha une bouchée de son repas dans son assiette. Cette plaisanterie n'eut cependant pas l'air d'amuser Carla, sa mère, qui soupira.

Adrien et Marie étaient les seuls à pouvoir comprendre ce sous-entendu malsain. En effet, durant une soirée chez l'un de ses meilleurs amis, Adrien se rapprocha d'un des joueurs de son équipe de foot, Léonard Lawson. Il ne se souvint plus exactement jusqu'où est-ce qu'ils étaient allés ce soir-là, mais les effluves délicates du jeune homme encore incrustées sur sa peau. Ces souvenirs le rendaient dingue. Désormais, l'adolescent pensait à lui jours et nuits. Cet imprévu le surprit tout au point, Adrien préférant d'ordinaire les femmes. Depuis cette soirée le jeune homme avait pris goût à la chair masculine, développant des sentiments plus pointus envers son coéquipier. Cependant, il  n'était pas sûr de leurs réciprocités. Cette incertitude créa une certaine folie chez l'adolescent. Il n'avait pas revu son amant depuis cette merveilleuse soirée et l'envie de lui envoyer un message lui rongeait les doigts. Il n'en eut jamais le courage, et la rentrée s'apparentait désormais à H-11. Un petit coup d'œil à l'horloge suspendue au mur ne manqua pas de lui rappeler cet événement déprimant. Marie lui fit signe de relever la tête, évitant ainsi d'éveiller les soupçons chez sa mère.

— Ne t'en fais pas, je suis sûre qu'elle va te renvoyer un message dans peu de temps.

Trop tard. Elle lui souriait désormais de toutes ses belles dents blanches, étirant légèrement son visage couleur pêche. Carla n'était pas au courant de son petit secret, et Dieu sait comment est-ce qu'elle réagirait en apprenant la nouvelle. Ayant vécu dans un milieu particulièrement strict, elle vivait sa vie au millimètre prêt, sans faille ou imprévu, préférant suivre sa destinée tracée plutôt que de l'imaginer. Elle en faisait quelques fois un peu trop avec ses enfants, leur interdisant souvent des plaisirs normaux de la vie comme prendre un bon milk-shake à la vanille, par exemple. Même si Adrien avait pris du poids ces derniers temps, il ne dépassait pas la ligne de surpoids et se maintenait en forme grâce au sport. Cet exemple parmi tant d'autres ne faisait pourtant pas de Carla une mauvaise personne. Juste bornée, avec des règles de vie organisées.

Ce qui mettait parfois en rogne Gabriella, la sœur d'Adrien. La jeune fille, à peine âgée de dix-huit ans, avait déjà son caractère, aussi trempé fut-il. Marie adorait passer du temps avec, parce qu'elle savait comment rendre une journée ennuyante,pétillante. Gabriella était la touche de piment dans les plats principaux, la cerise sur le milkshake d'Adrien. Elle était tout ce dont tout le monde avait toujours rêvé, exemplaire, parfaitement imparfaite. Excepté aux yeux de sa mère, pour qui Gabriella incarnait le diable. 

— Au fait, où est Gab ? risqua Adrien, désirant changer de sujet.

— Sûrement avec cet idiot de Darel, soupira Carla.

— Je l'aime bien. Il est marrant, avoua le jeune homme.

— Il se drogue, trancha Carla.

— Tu l'as déjà vu faire ?

— Non... mais il a un comportement bizarre.

— C'est juste qu'il est cool, le défendit Adrien.

— Attends, coupa Marie. Darel Byrne ? Celui qui a couché avec toutes les filles de la seconde B l'année dernière ?

— Ce même type, confirma Adrien.

— Quoi ?! Comment ça, avec toutes les filles ? brailla Carla. 

Les deux cousins pouffèrent, sous le ciel étoilé qui surplombait le toit délabré du café. L'enseigne grésillante suspendue au mur de l'entrée ne repoussait pour autant pas les plus gourmands de la ville.

Cependant, le Choknilla se trouvait être aussi un repère pour les nuisibles. Tous les soirs à la même heure, sous la torpeur de la nuit, se réveillaient les moteurs endiablés des motards assoiffés. Cinq d'entre eux débarquèrent en trombe devant l'établissement, agressifs, du haut de leurs Honda luisantes sous le clair de lune. Un peu plus loin, tapis dans l'ombre, deux personnes s'avancèrent vers le café, sereines. Quelques clients se précipitèrent aux fenêtres, guettant la scène avec curiosité. Les autres préférèrent rester en retrait, à l'abri des regards morbides qui parsemaient l'obscurité.

— T'as mon fric ? demanda le plus grand des motards, bombant le torse, ses longs cheveux gris balayant ses épaules voûtées.

— Ouais, je l'ai, répondit calmement le jeune homme qui lui faisait face.

— Super, Darel. Et si je pouvais obtenir un autre butin en plus de cette généreuse récompense, j'en serais d'autant plus satisfait, ajouta-t-il en caressant de ses doigts cornus le visage délicat de l'adolescente agrippée au bras du dénommé Darel.

— Dégage de là, ou je te jure que je te les brises en mille morceaux, rétorqua la jeune fille avec agressivité.

— Mademoiselle a du répondant, continua-t-il en s'approchant un peu plus.

— S'il te plaît, Gabriella, ne te mêle pas de ça. Écoute Tarek, tu as ton fric, alors maintenant, laisse-nous tranquilles.

— Tu crois que ça marche comme ça ? Non, mon petit. J'obtiens toujours ce que je veux. Et ce dont j'ai envie, actuellement, c'est un baiser de cette jeune femme. Aller, approche, ma belle...

Gabriella ne lui laissa pas le temps d'approcher davantage et lui asséna un violent coup de pied dans les parties intimes, ce qui le fit gémir. Ce dernier se tint le ventre en poussant de puissants cris de douleur, tant dis que ses alliés rappliquèrent sur le champ, encerclant les deux adolescents. Prisonniers de toute part, attirant les regards des plus curieux installés au Choknilla, Darel et Gabriella filaient un mauvais coton. Le jeune homme se défendit du mieux qu'il put auprès de ses agresseurs. De son côté, l'adolescente tentait de se protéger de ces bêtes sauvages avec le peu d'agilité dont elle disposait en cette fin de soirée. Même avec une paire de talons aiguilles et des ongles taillés dans l'acier, les motards l'emportaient.

Au beau milieu de cette tornade de coups et blessures plus ou moins graves, une lame sortie de nulle part, brillant de sa belle couleur argentée aux reflets de la lune. Cette couleur vive fut pourtant rapidement transformée en une immonde nuance bordeaux, causée par le sang de Darel se déversant peu à peu sur le manche de l'arme. Le jeune homme tomba à la renverse, soutenu par Gabriella qui se mit à paniquer en voyant le sang dégouliner sur ses mains. L'un des motards était parvenu à enfoncer un couteau dans le flanc droit de son petit ami.

— Darel, Darel ! Oh mon Dieu, Darel, je t'en prie !

Ses cris de panique inquiétèrent quelques clients qui sortirent du bar en trombe, armés de téléphones et autres lampes torche braquées sur la victime, tandis que la bande de motards prit la fuite dans la nuit noire tels des fantômes. Le coupable laissa maladroitement la lame tomber sur le sol dans le feu de l'action.

Sortie en dernière du Choknilla, Carla écarquilla les yeux lorsqu'elle vit sa fille pleine de sang à croupie sur le sol. La panique et les hurlements envahirent l'endroit en quelques minutes. Adrien et Marie observèrent la scène avec dégoût, peur et angoisse. Pétrifiés devant cet engouement dramatique au goût métallique, les jeunes adolescents ne surent comment réagir lorsque Carla leur hurla d'appeler une ambulance. Une autre personne le fit pour eux, remarquant leur état de panique. 

Les ambulances ne tardèrent pas à débarquer sur place, noyant le parking du Choknilla dans les couleurs pimpantes des sirènes, masquants les bramements des clients. Darel fut rapidement transporté en ambulance accompagné de Gabriella et sa famille, encore sous le choc. La porte du camion se ferma d'un claquement sec, et quitta précipitamment le parking du Choknilla.














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