Hunter or Hunted~Tome 1 : La...

By MadBlackHands

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Elle est le chasseur Il est la proie. Mais quand elle s'emprisonne, Dans son propre piège, Il devient la bête... More

~Premier pas : D'une flèche naquit un destin~
~Second pas : La tête de l'emploi~
~Troisième pas : Les lâches~

~Introduction : La sylve obscure~

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By MadBlackHands

   Je n'ai jamais compris pourquoi Héloïse s'évertuait à mettre la radio, sachant pertinemment qu'elle ne ferait que grésiller ou passer les dernières informations du pays.

Mais je ne suis pas dans ma voiture, je ne conduis pas, donc je ne peux pas me permettre de lui faire une nouvelle fois la remarque.

-Rassure moi, tu ne leur as toujours rien dit ? Me lance-t-elle en serrant un peu plus le volant et en évitant mon regard.

C'était pourtant la première règle, sûrement la plus importante. Personne ne devais jamais savoir.

En guise de réponse, je lui offre donc un grognement négatif. Le silence, entrecoupé des crépitements sursautant du poste, refait son entrée en scène. La voiture roule pleins phares, les rayons de la lune peinent à traverser les branches des arbres. A chaque soubresaut du véhicule, ma nervosité ne fait qu'augmenter.

Pourtant j'ai fait de mon mieux au concours, et mes efforts devraient être fructueux. 

Pour l'occasion de la remise des diplômes, j'ai fait l'effort d'enfiler une robe, sous les conseils avisés de mon amie. Dans les ténèbres de la nuit, sa couleur sombre se fond avec mon siège. J'ai presque l'impression de disparaître dans cette masse d'obscurité, tant je suis peinte de couleurs lugubres. Cette dissolution de mon corps est d'avantage marqué par le contraste qu'émet Héloïse.

Sous les brasillements de l'astre de la nuit, elle est d'une perfection divine.  

Sa robe de dentelle blanche lui fait une silhouette bien distincte, en contradiction avec sa bouche rouge sang. Elle aussi angoisse d'avoir les résultats, peut-être même plus que moi.

La route de béton devient rocailleuse et les secousses se font plus fréquentes, nouant mon estomac de plus belle. Les bois revêtent un air sinistre, à la limite du macabre. Sous les lumières de la voiture, quelques yeux vitreux s'illuminent entre les troncs; les craquement inquiétants des bêtes, le crissement des pneus, le frémissement des branches, tout nous indique que nous approchons enfin.

Mes hypothèses se confirment dès lors qu'un petit parking, à peine éclairé, s'offre à nous. Les véhicules sont enchevêtrés dans un drôle de pèle-mêle, trouver une place risque d'être plus compliqué que prévu. Pourtant Héloïse manœuvre, contrôle son engin comme une experte, et finit par se garer avec une facilité déconcertante. Les autres sont eux aussi apprêtés pour la situation, ils ont quasiment tous l'air serein contrairement à nous deux. Mon amie me lance d'ailleurs un regard insistant, détachée et tournée vers moi, elle m'attrape le poignet.

-Prête ?

-De toute façon, on n'a plus vraiment le choix...

Je lui grimace une sorte de sourire qui ne la convainc qu'à moitié puisqu'elle pousse un long soupir tout en roulant des yeux. Je pose ma main sur la sienne, la frictionne un instant, avant de finalement sortir de l'auto. Nerveusement, je lisse les plis de ma tunique, sans prendre la peine de réajuster mes cheveux. Cette sensation de d'appréhension ne me quittera donc jamais ?

Monté sur talons, je désespère de pouvoir marcher droit un jour, et titube en suivant le mouvement des autres. Ces derniers s'entassent auprès d'une scène de fortune, à deux pas du parc devenu un Tetris de carrosseries. Je perds ma copine angélique de vue pour me retrouver seule parmi une bonne quarantaine de personnes. Nous avons beau être en comité restreint, le brouhaha est assourdissant, la diversité des couleurs me donne la migraine; je fais presque tâche avec mon noir profond, heureusement je ne suis pas l'unique créature à avoir opté pour du sombre.

Des craquement sur l'estrade font taire les derniers bavardages, un silence de mort vient régner dans les lieux, même les oiseaux semblent cesser leurs éternels gazouillis. La directrice se tient maintenant droite comme un piquet sur la plate-forme. Je ne lui ai jamais vraiment adressé la parole, c'est presque une légende vivante chez les chasseurs. Elle tient dans ces mains des enveloppes, précieux papiers fixés par l'assemblée toute entière. La femme jette un coup d'œil au ciel lunaire, ses yeux d'acier semblent si fragiles et vulnérables qu'elle en devient attendissante.

-Mesdames, Messieurs, cette année encore une fois vous avez été très nombreux à concourir pour devenir la nouvelle élite de cette région, voire du continent. Pour être plus explicite, les chiffres d'inscriptions sont les suivants. Articule-t-elle, son regard ne quittant pas les astres.

Sa voix glace le sang, une éternité s'écoule avant qu'elle ne reprennent finalement la parole.

-Nous avions donc, douze postulants pour devenir négociateurs, quinze pour être informaticiens, dix pour travailler dans le secteur scientifique et enfin...Un record, il me semble...Trois pour passer Hunters.

Quelques chuchotements s'élèvent du comité, la directrice reporte alors son attention sur nous. Les gens sont étonnés, suggèrent des hypothèses complètement fausses à propos du nombre d'Hunters, critiquent parfois, restent couacs d'autres. 

Mes angoisses ne font qu'augmenter. Qui sont donc tous ces gens avec qui je vais passer le reste de ma vie ?

La brunette monté sur son promontoire de bois se racle la gorge, mais rien n'y fait. Mes camardes sont beaucoup trop excités pour retrouver leur calme. Les inquiétudes et soupçons fusent, je savais que j'aurais dû rester chez moi et prétexter une migraine.  L'odeur de l'incertitude se répand, aussi sournoise que du poison, dans les airs.

J'espère que le lieu est sécurisé, sinon ils rappliqueront, attirés par cet exquis parfum.

Le coup de feu qui suit met fin à toutes les discussions. Les autres, le souffle coupé, se tourne enfin vers la directrice, elle qui lève une étrange arme vers le ciel. Ses lèvres son sévèrement pincés, sa queue de cheval est complètement défaite. La lune dans son dos, lui sert de projecteur et nous transmet d'avantage sa colère.

-Qu'est-ce donc que cela ? Des futurs chasseurs ? Clame-t-elle en rangeant son petit canon. Je ne vois pourtant que des jeunes gens affolés par de simples chiffres, et qui ne mériteraient même pas d'être ici. On ne vous a donc pas appris à garder votre calme dans vos différentes écoles ? A mon époque, on vous aurait déjà tous fusillés pour votre indiscipline, voire votre comportement dangereux.

Les visages de mes voisins se figent, plus aucun n'ose rien dire.

-Bien. Maintenant passons à cette remise de diplômes de pacotilles. Croyez-moi, ce n'est pas en obtenant ce vulgaire bout de papier que vous pourrez être fiers de vous. C'est en action, et sur le terrain, que l'on voit vraiment votre potentiel... Reçue comme scientifique, mademoiselle Arnault Gwendoline.

Tout le monde y passe, même moi. J'avoue ne pas avoir percuté quand elle m'a appelée sur l'estrade. J'ai trébuché, les oreilles sifflantes, j'ai pris mon papier et je suis vite redescendue dans la foule sous les applaudissements et les yeux ronds des autres. Ils essayent de me sonder, comme si j'étais une bizarrerie. Peut-être bien qu'ils me trouvent folle d'avoir choisi ce secteur. Je n'arrive même pas à me réjouir, je me sens juste soulagée. Je vois Héloïse qui l'obtient également, et je suis presque plus heureuse pour elle que pour moi.

La liste se termine enfin et je constate très peu d'échecs. Les quelques personnes n'ayant pas réussi sont invitées à suivre la brune sévère, tandis qu'une fête est accessible aux "vainqueurs".  

Les autres se pressent pour rejoindre cette soirée, euphoriques de leur résultat. Dans cette marrée humaine, je retrouve enfin ma meilleure amie, qui préfère me serrer dans ses bras plutôt que de se précipiter avec eux.

Bonnes dernières, nous rejoignons à notre tour le chemin de graviers blancs, à gauche du promontoire. Il serpente entre les arbres, à peine éclairé par les lampadaires gothiques répandant une lumière incandescente. La musique se mélange avec nos bruits de pas, pour nous guider vers un magnifique kiosque, déjà assailli par nos congénères, et subtilement  décoré de lanternes et de bosquets  fleuris. Pour les plus gourmands, un immense buffet entoure la scène, dressé sur des nappes immaculées, où petits-fours et boissons sont dégustés sans modération. Les mélopées viennent d'un petit orchestre, qui enchante son public.

A mes côtés, je sens mon amie qui trépigne d'impatience, et je dois dire que je suis tout aussi excitée qu'elle. On se lance un regard complice, ravie de cette réception qui s'annonce palpitante.  Sans plus rien dire, nous arrivons à la fin de l'allée, prêtes à fêter notre victoire. Pour une fois je souris, béate devant notre triomphe.

Pourtant ma joie s'estompe aussi vite qu'elle n'est apparue, dès l'instant où je le vois. 

Il se tient là, un verre à la main, vêtu d'un costard impeccable, armé d'une expression heureuse qui lui va si bien. Et il s'approche de nous, comme si de rien n'était.

C'est donc ce sentiment que l'on ressent lorsque l'on est trahi ? 

***

Règle n°1 du chasseur : Même si vous devez berner les personnes qui vous sont proches, personne ne doit jamais savoir.

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