Hunter or Hunted~Tome 1 : La Valse des Ombres

~Troisième pas : Les lâches~

   Son poing fend l'air pour se retrouver en moins d'une seconde sur ma tempe gauche, avant même que je ne puisse ouvrir la bouche. Le choc fait vibrer mon squelette entier, je vacille avec  une posture lamentable. Hyppolias s'interpose entre moi et ce connard furieux, bien trop sonnée pour me défendre moi même.
Fantastique, je vais avoir un bleu dès le premier jour.

-Vous êtes complètement malade ! Hurle presque mon protecteur.

-Erreur. Moi, c'est Lyam. Bienvenue chez les Hunters.

Si c'est ça l'accueil qu'ils réservent aux recrues, ça ne m'étonne guère qu'on soit en minorité.
Je passe une main sur mon visage, persuadée d'être aussi pâle qu'un linge.
Hyppolias continue d'une voix trahissant son étonnement.

-Bon sang ! On ne frappe pas les gens comme ça !

-Vous peut-être, mais moi je ne vais certainement pas me retenir. Devant eux, pas question de se retenir.

Ma main s'abat sur l'épaule de mon défenseur, ma mâchoire se crispe au même instant. Les autres me fixent, en particulier le bavard du groupe qui cette fois-ci reste muet. Un éclair de fureur traverse les yeux de Lyam, sans aucun doute à cause de ma propre expression.

J'en ai bien conscience, c'est toujours ainsi. Quand je suis en colère ou blessée, mon visage traduit toute ma haine.

Hyppolias s'écarte avec une douceur plutôt étonnante, bouche bée. Je penche la tête sur le côté et fais un pas en direction du type qui attise toute ma frustration.

-Nous ne sommes pas partis sur de bonnes bases j'ai l'impression...

Ma propre voix sonne grave. Il esquisse un mouvement pour répondre mais je le devance.
Doigts serrés, jusqu'à ce que leurs jointures deviennent blanches, le jeune homme se prend mes phalanges juste sous le menton.
Un gros craquement résonne dans le dojo, mon poing souffre du choc avec l'os.

Néanmoins, l'effet est magistral.

Le gars encaisse le coup, il trébuche en arrière et jure tellement qu'il en ferait rougir un curé.

-Je recommence donc, poursuivi-je d'un ton sec. Roxane Gaetel, 21 ans, et je suis pas là pour être prise pour une conne.

Je remonte mes bras devant mon buste, équilibre mon poids sur mes deux jambes comme on nous l'a appris pendant six ans, avant de répéter.

-En garde.

S'il avait des fusils à la place de ses yeux, je serait déjà morte et enterrée.
Mon coup a laissé une marque rougeâtre sous sa mâchoire et je n'en suis pas peu fière. Cependant, lorsqu'il avance vers moi, dans une colère noire, ma confiance s'effrite. Lyam dégage un charme terrible, même s'il s'apprête à me démolir.

Son pied part aussi vite que ma main quelques minutes plus tôt, pour venir me frapper aux côtes. La rapidité du mouvement me déstabilise, j'esquive de sorte à ce qu'il se contente de me frôler. Il ne s'arrête pas là et profite de ma légère perte d'équilibre pour se ruer sur le haut de mon corps.

Sa jambe décrit une arabesque sur la mienne, il me fauche tout en s'écrasant contre mon buste.
Mon dos rencontre le sol, le brun accompagne ma chute. J'étouffe un cris qui fait sortir tout l'air de mes poumons.
Étalée au sol, maintenue par son corps, je dois paraître pitoyable.

Alors que j'espère en avoir fini sur ce cuisant échec, mon référent se redresse et attrape mon poignet tandis que je tente désespérément de reprendre mon souffle. Il bloque mon bras entre les siens, poignet contre poignet, peau contre peau. La panique me gagne, Lyam commence à refermer sa clé. Une douleur fulgurante traverse mon membre, il prend tellement son temps que ça en devient cruel. Le chasseur m'écrase, me compresse, fait tourner mon coude en une drôle de position.