Muscat, Dentelle et Crucifix

Door NicolasRaviere

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Oubliez donc ce que vous savez sur les vampires ou n'en faites pas grand cas : ils ne sont pas si cruels, mai... Meer

Prologue
Aux Frontières du Crépuscule
Les Promesses du Cercueil
La Maison qui Pue
Blaireaux Vampires
Quelle Noce feras-tu ?
Fans Perdus
Le Train-train de l'Epouvante
L'Arène des Vampires
Laisse-moi Rentrer
Les Stats de Vampire
Sale M...
Anus Dracula
L'Engeance Carnivore
Les Lèvres bougent
Discussion par Cercueil interposé
Nous sommes L'Ennui
Cérémonie Cinglante
Les Flics, c'est cheap
Lit Vide
L'Intestin de Babette
Rod Trip
La Piscine a des Yeux
Le Bal de l'Empire
La Bêtamorphose
Entretien d'un Vampire
Les Chroniques de l'Empire
Un Vice par-delà la Lumière
Génération Vendue
L'Ennui Déchiré
Vampire en toute Inimité
Je suis ton Nombre
INLAND VAMPIRE

Bled

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Door NicolasRaviere

Je n'aurais jamais pensé retrouver ma carte d'identité aussi vite dans ce merdier. Après, ce n'est pas plus dégueulasse au toucher qu'un bain de boue, ou que les fesses d'un bébé. Ca puait juste un peu plus ! Après, à la ferme, j'étais souvent confrontée à ces vaches irrespectueuses, limite récalcitrantes, qui pissent à torrent et chient des rivières au moment même où vous passez. Eclaboussures garanties. « Gare aux clapotis », nous prévenaient les fermiers.

Quant à l'odeur des chèvres, elle est tout aussi poétique mais passer outre ces considérations, ce côté répulsif, permet d'accéder au sésame : le fromage. Je commençais d'ailleurs à sentir un manque sévère de caséine. J'espérais -pourquoi pas ? - une collation une fois cette épreuve terminée, histoire de reprendre des forces.

Je fus quand même surprise d'avoir péché ma carte d'identité du premier coup, contrairement à Miranda qui galérait, sortant les cartes des décédés, et les balançant dans le bassin avec des excès de rage plutôt pathétiques. Ezéchiel, à bout, n'a même pas réagi lorsqu'elle l'a nargué - la garce - en lui montrant la sienne, avant de glisser le plastique gondolé entre ses seins manufacturés, et de plonger pour la quatrième fois. Je me suis demandée, une fois en immersion dans le bourbier fatal : et si je trouvais la carte d'Aristide, que devrais-je donc en faire ?

La lui donner, en bonne amie que je suis, ou faire comme Miranda, la jeter, pour évincer toute concurrence, au risque de le perdre à jamais ? Je me suis sentie assez mal à cette idée - et je ne parle même pas de la tasse que j'ai bue - décidant que je ne la lui donnerais pas, non pas parce qu'il ne la méritait pas, mais qu'il fallait qu'il la mérite de lui-même. (La concordance des temps ? Une invention pour les branleurs de langage !) Aristide, j'en suis convaincue, pouvait y arriver. Je ne comprenais vraiment pas pourquoi il restait planté là, en boxer, devant cette piscine immonde. A attendre quoi, le déluge ?

Si seulement il n'était pas autant dans l'observation et la retenue, ne réfléchissait pas tant... Je le voyais hésiter, le bougre. Il se posait, j'imagine, tout un tas de questions inutiles : quelle va être la prochaine épreuve ? Vais-je réussir ? Est-ce que la dentelle de mes vêtements est souillée à jamais ? Est-ce que mamie va me tuer ? Est-ce que je vais devoir plonger plusieurs fois ? Est-ce que je désire vraiment, au plus profond de moi, devenir un vampire ? Quel est mon film préféré ? Pourquoi n'ai-je pas embrassé Mélanie au bal des pompiers ? Pourquoi l'univers n'a pas de fin ? Pourquoi Babette ne se pose jamais ce genre de questions ?


Derrière lui, Ezéchiel était tétanisé : rien dans le slip finalement ! Ah ces hommes, ça jacte, ça se fait entendre, ça se vante mais finalement il ne suffit pas d'avoir des génitoires de tanuki pour avoir des couilles ! Déception ! Je n'aimais pas trop sa tête de toute façon. Enfin, j'aurais préféré que ce soit lui le troisième larron et non cette gourgandine de Miranda, un peu trop déterminée à mon goût. Elle, je ne pouvais pas la saquer ! Dès le moment où je l'ai vu, j'ai su que je ne m'entendrais jamais avec elle. Je sais qu'il n'est pas sain de juger une personne au premier regard. Que ce n'est pas équitable. Mais on le fait tous. A tort, peut-être, Ezéchiel, par exemple, en est la preuve vivante, de la gouaille et finalement, c'est un petit garçon visiblement traumatisé par les trous noirs. Aristide non plus ne la portait pas dans son cœur : ses yeux tournaient en rond dès qu'elle prenait la parole. Son tic exaspérait tout le monde mais force est de constater qu'il me manquerait si jamais Aristide ne relevait pas le challenge.


« Aristide, lui dis-je alors, c'est pas l'heure de rêver ! »


Aucune réaction.


« Réveillez-vous les gars ! »

Inutile de hausser la voix face à ces créatures aphones. Les deux me regardaient, l'un était inexpressif, figé comme une pierre, l'autre sanglotait comme si toute sa famille venait d'être décimée sous ses yeux. C'était désespérant ! Quant à moi, heureuse de retrouver ma carte d'identité, avec ma sale tronche dessus, je me dirigeai vers la grille où se tenaient nos mentors, prête à être adoubée. Je me voyais déjà en maîtresse de la nuit, savourant les mecs d'une tout autre façon. Or, tout ne se passa pas comme prévu.

Alors qu'Aristide se décida enfin à plonger - si l'on peut appeler ça un plongeon... -Miranda remonta, tout en prenant des pauses de sirènes. Elle se mit à sauter dans les airs plusieurs fois, en criant des hourras à la façon d'une pom pom girl : elle avait enfin trouvé sa carte. Elle se rua sur les grilles et, mimétisme oblige, étant la première à remporter le challenge, je pris le même chemin, la poussant au passage.


« Dégage de mon passage. »


J'ouvrais ainsi les hostilités : il était fort probable que la prochaine épreuve soit un combat dans la boue et je n'avais pas honte de me donner en spectacle. Forte de ses airbags, elle me poussa contre un mur, pour arriver première. Forte de ses protubérances, je perdis l'équilibre. Alors, je l'agrippai par la tignasse mais la voix de Gustavio, qui contredisait son regard lubrique, nous ordonna d'arrêter une catfight qui aurait plu à Artistide, hélas trop occupé à chercher le sésame de sa liberté.


« Assez ! Vous vous chamaillerez après. Beth, à toi l'honneur. »


Miranda fulmina, gonfla sa poitrine de rage. Elle pouvait essayer de m'écraser la tête entre ses deux coussinets géants que je me défendrais becs et ongles. Hors de question pour moi de se dégonfler ! Gustavio, qui nous reluquait sévère, demanda ensuite la carte de Miranda, qu'elle s'empressa de lui donner, toujours en minaudant de cette façon insupportable, avec des œillades à tout va et des petits sons de pucelle effarouchée. Elle faisait vraiment tout pour m'énerver, mais je m'efforçais de garder mon calme. J'imaginai qu'un vampire devait se maîtriser en toute circonstance. La grille remonta, dans une stridence métallique : Gontran, trop serviable pour son propre bien, tournait une manivelle énorme avec une mollesse qu'Aristide aurait qualifié d'étourdissante. Le loustic n'était toujours pas remonté.

Bon, je ne m'inquiétai pas vraiment pour lui, j'espérais juste qu'il n'était pas coincé par un conglomérat putrescible de chair et d'os : ça grouillait là-dessous : de la chair pourrie, des ossements, sans compter les membres fraichement tranchés de feux nos acolytes. Mourir noyé par des cadavres, c'est presque pire que de finir entre les roues d'un pizzaiolo.


« Il attend quoi Batricide ? »


Je ne sais pas pourquoi cette greluche m'adressait la parole, ni pourquoi elle l'appelait Batricide mais je me fis un plaisir de ne pas lui répondre. Il était hors de question que je devienne amie avec elle. Elle pouvait m'offrir tous les fromages de la terre qu'elle ne me soudoierait pas : hors de question que je la fréquente !

Enfin, la tête d'Aristide apparut, apeurée, et, très vite, il retourna dans la mélasse. Ezéchiel profita de cette distraction pour courir vers la sortie, s'infiltrant en toute hâte entre nos silhouettes féminines. Il bondit en hurlant comme un possédé sur Gustavio, à l'étonnement de tous. Il lui donna un coup de poing, puis deux. Gustavio manqua de chanceler. Il essaya de s'emparer de sa dague, planquée contre son petit cul. Mazette ! Ezéchiel était parvenu par je sais quelle ruse à la subtiliser. Je n'avais rien vu ! Il était doué le bougre, mais il aurait mieux fait de dérober sa carte d'identité avant qu'elle ne s'enfonce dans l'eau fangeuse... Quel mauvais choix !

Miranda et moi étions captivés par cette bagarre perdue d'avance : Ezéchiel, flexion après flexion, la tête en avant, le corps arqué, vif comme une souris, essayait de lacérer les vampires avec la dague à force de gestes circulaires ridicules. Gustavio esquivait, Gontran également, ainsi que Bertrand qui dévoilait là des capacités que j'ignorais tout à fait, pour un efféminé de première catégorie. Acculé contre un mur, Ezéchiel n'en démordait pas, mettant en joug ses adversaires, qui n'avaient que leurs poings. Pauvre mec, il a dû sentir qu'il était fait comme un rat si bien qu'il décida de s'enfuir dans un excès de panique mais Bertrand l'en empêcha : d'un coup vif et sec, il lui planta une autre dague, sortie de je ne sais où, dans le cou. Au niveau de la carotide. Une précision chirurgicale qui fait froid dans le dos mais, d'une certaine façon - et cette pensée me dégouta - m'excita. Ezéchiel s'écroula en pissant des torrents de sang, essayant de juguler ce geyser avec sa main. Il émettait par sa bouche crispée des onomatopées étouffées et dérangeantes. Ca ressemblait presque aux premiers albums de Tricky. Aristide aurait sûrement dit que c'était son slam le plus émouvant. Moi, j'étais sous le choc. Des mares de sang s'écoulaient au rythme régulier de ses lèvres. Il crachotait dans le vide, se vida totalement, jusqu'à rendre son dernier souffle. Puis, d'une manière ridicule, sa tête retomba mollement sur le côté, les yeux ouverts - fixés sur ma licorne !

C'est ce moment précis que choisit Aristide pour reparaître, montrant à qui voulait la voir - c'est à dire personne - sa carte d'identité. Il avait cet air benêt de l'enfant qui gribouille son premier dessin et qui croit obstinément que c'est un chef-d'œuvre. Avec un sourire large comme la vie, il savourait sa victoire mais personne ne réagit. J'ai toujours aimé les rares fois où il avait cette innocence, j'aurais pu fondre pour lui, qui sait, dans une autre dimension. Il dit :


« Je l'ai ! Je l'ai ! »


Hélas pour lui, son excitation juvénile céda vite face à la dure réalité : les yeux écarquillés, il aperçut Ezéchiel disloqué contre la pierre froide.


« Heu... j'ai raté quelque chose ? »

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