Casus Belli

By Autueur

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Lucie est bénévole dans l'association "My dream" au Ghana. Un soir, lors d'une sortie dans un bar, elle renco... More

Simplement...banal.
Rédemption
Confessions
L'accident
Vermines
Le Pouvoir
Veni, Vidi, Vici
Exemplaire
Un nom

Bienvenue au Ghana

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By Autueur

Le lendemain matin je me réveillai et allai sur le chantier de construction de l'école pour l'association « My dream ». Comme tous les matins il faisait extrêmement chaud et sec ; c'est normal nous étions au Ghana. La chaleur étouffante de ce pays me serre la gorge encore aujourd'hui. Sortie de ma campagne bourguignonne je ne m'attendais pas à un tel dépaysement. Je faisais la rencontre de la pauvreté pour la première fois. Certes nous n'étions pas fortunés en France. Je faisais partie de ce qu'on appelle aujourd'hui la classe moyenne. Mais c'était assez pour perdre mes repères.

Dès l'atterrissage à l'aéroport, le premier pas dans ce paradis infernal était insoutenable. Ces hommes noirs comme des panthères s'arrachaient mes bagages, mendiant un peu d'argent. J'étais blanche donc pour eux j'étais riche cela va de soi.

Cette rencontre avec la misère me bouleversait au fond de moi. Il n'y avait pas un tréfonds de mon âme qui arrivait à soutenir le regard de ces jeunes africains. Mais ce dont je fus étonné de trouver parmi toute cette gueuserie ce fut la joie. En effet, malgré leur condition on sentait une réelle joie émaner de ces hommes, femmes et enfants. C'est ainsi que je découvrais le Highlife. Cette musique ghanéenne endiablée rythmée par une basse démoniaque. 1, 2, 3,4. 1,2,3,4. La basse suit sa voie sur ce style endiablé. Bien que j'en avais peu, je commençais à remuer mon popotin sur cet air diablotin. La guitare ajoutait quelque chose de magique à l'affaire. Aérienne, isolée, elle me transportait dans ce vaste continent d'infortune. La richesse des chanteurs et du clavier rajoutaient de la beauté à ces rythmes traditionnels. Ô timide batterie, fais ta loi ! Fais-toi entendre ! Bada bada bada bada badum tsss.

Après une bonne demi-heure de marche dans cette fournaise, j'arrivais enfin à l'école. Nous avions presque fini les travaux à faire sur le toit. Nous étions contents de l'avancée de notre travail. Ce n'était pas si facile de faire tenir ces bouts de tôle et, à plusieurs reprises, je mettais fait mal avec le marteau à tenter vainement de les clouer. Mais le résultat ne nous rendait pas peu fiers. Au contraire, même si ce n'était pas une école européenne avec tout le prestige qu'elle implique, ça restait le meilleur endroit pour ces enfants. Ces pauvres enfants s'amusant avec des boites de conserve et leur imagination comme moteur. Tantôt balle de football, tantôt talkiewalkie, ils savaient s'amuser d'un rien les bougres !

Une fois la matinée finie, je rejoignis mes amis pour aller déjeuner dans ce qu'on considérait être un petit parc pour manger du fufu, une sorte de pâte faite de plantain et manioc pilé. Je prenais du poids à manger la nourriture locale mais peu m'importais. Là-bas, les codes de beautés n'étaient pas les mêmes. On n'était pas sous le joug des magazines de mode où les tops model sont squelettiques. Sur ce continent les femmes sont bien en chair. Et quelle chair ! Si voluptueuse les courbes et les formes ! Un délice pour le regard et le toucher. Les fesses potelées et rebondies sont un vrai régal pour les vermines que sont ces hommes malingres et chétifs.

Je reprenais la journée. Il faisait tellement chaud c'était à peine supportable. Je bus un peu d'eau de ma bouteille et me remis au travail. C'est dur mais la souffrance était supportable. Je sentais les endorphines me soulager de ma douleur. C'était expiateur. Je tapais avec mon marteau sur la tôle brulante. Toc. Un clou. Toc. Je me mets à repenser à cette soirée au bar et cet homme mystérieux. J'aimerais le revoir. « Est-ce qu'il sera là si je retourne ce soir au bar ? » me demandais-je. Il n'avait pas l'air d'être un habitué. Ni même d'être ici depuis longtemps, il avait le teint blafard. Un étranger ?

« Lucie ! Oh Lucie !

— Oui monsieur Chalumard, répondais-je sortie de mes songes.

— Je vous présente votre nouveau partenaire de travail, il s'appelle euh...pardon mais comment vous vous appelez déjà ?

— John...simplement John, répondit le nouveau.

C'était lui ! Le fameux étranger était juste devant moi. Là. Je n'avais plus à le chercher. Mais il semblait différent cependant. Je ne savais pas si c'était moi mais il avait perdu tout son charisme de la veille. Une sorte d'aura larvaire l'entourait désormais. J'étais un peu déçue de le rencontrer à nouveau...

— Bonjour John, reprenais-je difficilement, on s'est déjà rencontré hier au bar vous vous souvenez ? Demandais-je vainement, quel malaise...

— Oh... c'est vous. Oui je me souviens.

— Parfait ! si vous vous connaissez déjà, dit Chalumard, je compte sur vous Lucie pour faire une visite des lieux à notre nouvel arrivant.

— Oui monsieur Chalumard.

Pas emballée par cette seconde rencontre, je décidais tout de même de faire faire sur-le-champ le tour du propriétaire à John. Je lui montrais l'école que nous construisons. Je le présentais à quelques amis de l'association. Il était détendu, très sociable et très souriant. Je continuais la visite. Les enfants déboulaient de nulle part en courant et riant avec cette candeur et innocence liée à l'enfance. Et là il se métamorphosa. Je voyais sur son visage qu'il y avait un problème. Une sorte de tristesse avait envahi tout son être. Je ne comprenais pas trop.

— Vous allez bien ? Lui demandais-je.

— Oui, me répond-il, ces enfants me font penser à mon fils

— Il est avec vous ?

— Non il n'a pas pu venir avec moi. Ce voyage je devais le faire seul.

Soudain, je me souvins de la scène de la veille. Et une question me vint. Qu'avait-il pu dire hier à ses deux hommes ?

— Excusez-moi de vous poser cette question mais...hier au bar, vous avez dit quelque chose à ces deux hommes qui voulaient se battre...

— Oui.

— Quelle était cette chose ? L'interrogeais-je.

— Stop.

— Comment ? J'ai dit quelque chose qui ne fallait pas ?

— Non. J'ai seulement dit « Stop », me répondit-il nonchalamment

— C'est tout ? M'étonnais-je un peu plus déçue à chaque réponse.

— Oui pourquoi ?

— Et bien je pensais...

Soudain, il me prend le bras. Le sert et me regarde fixement. Je me sentis happée par son regard. Comme prise dans un tourbillon. Son visage se décomposa. Je revivais le mal être d'hier...comment faisait-il ? Ma gorge se serra je ne pouvais plus respirer...

— Stop, dit-il d'une voix claire, grave et sèche.

Me voilà de nouveau de retour à la santé. Mon corps silencieux tomba dans ses bras forts et étonnamment musclés. Je ressentis comme une connexion, un lien entre nous. Mes yeux ardents de désirs, je reprenais difficilement ma respiration.

— Comment...

— C'est difficile à expliquer mais, avec l'expérience, un homme peut redevenir une sorte de bête. Un animal. Comme un lion qui rugit ou un serpent qui fascine un oiseau qu'il s'apprête à dévorer.

— Comment...avez-vous...appris...cela ?

— C'est une longue histoire...mais peut être que l'on pourrait en parler autour d'un diner. Qu'en dites-vous ?

— Euh...d'accord pourquoi pas, dis-je un peu prise au dépourvue.

— Parfait... vous pourrez me raconter votre histoire aussi. C'est donnant donnant, dit-il en souriant.

Je souris aussi. Et on se mit à travailler. La journée passa, le soleil se coucha et la température diminua. Le ciel était éblouissant d'étoiles sans toute la pollution lumineuse des villes. J'étais épuisée par tout ce travail. Mais je l'ai mérité. En quelque sorte. C'était ma punition pour avoir été si égoïste toute ma vie. Mais ce jour-là je me rachetais de mes péchés. En quelque sorte... Les rues se vidaient de tous les Africains noirs comme le charbon. La journée se termina, John et moi étions épuisés. Nous décidâmes de rentrer dans nos maisons respectives.

— N'oubliez pas notre diner de ce soir, me rappelle John avant de s'en aller.

Je rentrai. Je m'allongeai quelques minutes pour reposer mes muscles endoloris par le travail. Je comprenais mieux l'étymologie du mot maintenant. Une véritable torture. Je décidais de prendre un verre de thé glacé avant de m'endormir de fatigue le tout en pensant à John.

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