MAISON GRIEZMANN
OMNISCIENT
26 AOUT 2017
La jeune femme s'était réveillée d'un coup et s'était précipitée dans la salle de bain pour vomir à nouveau. Une fois qu'elle eut terminé sa petite affaire, elle se lava la bouche et chercha un médicament à prendre pour son mal de tête. Elle se doutait qu'elle avait mangé quelque chose qui ne fallait pas la veille lors du déjeuner. Il faisait bien trop chaud pour tomber malade. Elle retourna dans la chambre et s'allongea à nouveau. Le bras de son fiancé passa autour de sa hanche et il posa sa main sur le ventre de sa compagne.
— Tu as encore vomi ? Demanda-t-il d'une petite voix.
— Oui.
— Tu devrais aller voir un médecin demain.
— Je bosse et puis j'ai simplement dû manger quelque qu'il ne fallait pas.
Il murmura des choses incompréhensibles avant de se rendormir. Carolina tentait de trouver le sommeil, en vain. Elle avait finalement fixé le plafond attendant que la fatigue la gagne à nouveau. Ce fut seulement aux alentours de quatre heures du matin qu'elle s'endormit complètement exténuée.
Antoine venait de se réveiller. Il regardait la jeune femme qui dormait profondément à ses côtés. Il se leva doucement pour ne pas la réveiller et récupéra le téléphone de sa bien-aimée. Il le déverrouilla, connaissant parfaitement le code tout en sortant de la chambre. Il appela le patron de l'Espagnole et le prévint que Carolina ne viendrait pas étant malade et complètement au bout de ses forces. Il exagérait légèrement, mais il ne voulait pas la voir aller au travail en étant dans cet état. Il l'avait entendu cette nuit remuer dans tous les sens, cherchant le sommeil.
Il retourna dans la chambre en prenant soin à désactiver le réveil de la brunette. Il prit un short de basket qui traînait et sortit à nouveau de la pièce. Il se rendit dans la cuisine et prit une pomme dans le saladier de fruits avant d'ouvrir la baie-vitrée. Il se posa sur la terrasse, mangeant sa pomme tout en répondant à un message de l'un de ses amis.
Il resta un petit moment avant d'entendre Nolan à l'étage. Il se rendit dans la chambre de son fils et le découvrit debout se réveillant peu à peu. L'enfant de bientôt trois ans fit comprendre à son père qu'il avait faim. Ils se rendirent alors dans la cuisine au rez-de-chaussée et le numéro sept prépara le petit-déjeuner pour son fils qui regardait les dessins animés, riant aux éclats.
— Eh bonhomme ? Son fils se tourna vers lui. Caro est très fatiguée alors il ne faut pas faire de bruit pour qu'elle puisse dormir.
Nolan mit son index sur la bouche en hochant pour montrer qu'il avait compris. Après avoir pris son petit-déjeuner, l'enfant avait continué de regarder les dessins animés avant que les deux hommes se décident à aller dans la piscine. Armé de brassards, Nolan tentait d'apprendre à nager grâce à son père qui lui montrait les gestes à reproduire. L'enfant de bientôt trois ans s'accrochait à son père de peur de couler et de se noyer par la suite. L'attaquant madrilène rassurait son fils du mieux qu'il le pouvait et au fil du temps, il desserrait sa prise qu'il avait sur lui pour finir par enlever totalement ses mains du corps de son fils.
Les deux garçons riaient aux éclats, réveillant la kinésithérapeute. Celle-ci se frotta les yeux avant de se lever. Elle se dirigea vers la fenêtre et ouvrit les volets pour voir le père et le fils. En voyant le soleil haut dans le ciel, elle avait tout de suite compris que son compagnon avait appelé son patron pour dire qu'elle ne viendrait pas travailler.
Carolina resta quelques minutes à les observer avant de sortir de la chambre. Elle descendit les escaliers et se dirigea vers la baie-vitrée. Une fois sur la terrasse, elle s'adossa contre le mur de la maison.
— Bien dormi la belle au bois dormant ?
Nolan s'était retourné étant de dos à la compagne de son père. À peine il l'avait vu qu'il lui demandait de les rejoindre dans l'eau pour se baigner avec eux. Demande que la jeune femme refusa ne se sentant toujours pas dans son assiette. Elle n'avait pas envie d'empirer son état alors elle préférait s'abstenir pour cette fois.
Elle retourna finalement à l'intérieur pour manger quelque chose bien que son ventre ne criait pas famine. Elle pianotait sur son téléphone pour envoyer un message à Elena qu'elle n'avait pas vu depuis un long moment.
Nolan arriva dans la cuisine avec une serviette autour de son corps pour se sécher. Antoine qui le suivait, lui demanda de faire attention de ne pas glisser. L'attaquant vint finalement se placer derrière sa fiancée qui buvait un verre de jus d'orange. Il passa ses mains autour du cou de la brunette qui protesta directement.
— Anto t'es tout trempé !
— T'en fait pas, si t'as froid, je te réchaufferai, lui lança-t-il avec un regard séducteur.
— Arrête avec tes sous-entendus, ça marche pas avec moi.
— Pourtant ça ne te déplais pas lorsqu'on est en train de...
La jeune femme lui avait frappé l'épaule, le faisant taire. Le châtain riait face à la réaction de l'Espagnole. Carolina n'était pas le genre de personne à parler de sa vie intime et même si c'était avec son compagnon. L'attaquant s'assit finalement sur le tabouret à côté de celui de sa belle.
— Comment tu te sens ce matin ?
— Vaseuse.
— Tu devrais aller voir un médecin.
— Antoine, c'est bon, j'ai simplement dû manger un truc qu'il ne fallait pas hier midi. Je ne suis pas en sucre non plus.
— J'ai quand même le droit de m'inquiéter, non ?
— Pas pour ça. Ça va passer, demain, je serais sur pied.
Le tatoué souffla, sachant pertinemment que ça ne servait à rien de continuer cette conversation. Carolina était une vraie tête de mule et elle changeait très peu d'avis pour ne pas dire jamais. Le Français embrassa finalement le front de sa bien-aimée avant de rejoindre Nolan qui était retourné à l'extérieur.
APPARTEMENT ELENA
OMNISCIENT
30 AOUT 2017
La jeune femme entra en panique dans son ancien appartement qui était désormais celui d'Elena et de Nikolas. Sa demi-sœur se demandait ce qui se passait pour que Carolina l'ait appelé en panique le matin même et pour qu'elle débarque ici aussi rapidement. La brunette faisait les cent pas dans la pièce, complètement perdue.
— Bon, tu vas me dire ce qui se passe ?
— C'est la merde, Elena.
— Explique-moi, bon sang.
— Ça sent les ennuis à dix kilomètres ici, déclara Nikolas en sortant de la cuisine. Qu'est-ce qui se passe ?
— C'est ce que j'attends de savoir, mais mademoiselle Carolina n'a pas l'air décidé à le dire.
— Je crois que je suis enceinte.
— Quoi ?
Les deux demi-frères et sœurs de l'Espagnole venaient de s'écrier en même temps, complètement surpris par la révélation de Carolina. Cette dernière se laissa tomber dans le canapé et baissa la tête, ses mains de chaque côté de son visage.
— Pourquoi tu penses ça ?
— Je fais que de vomir depuis la semaine dernière. Au départ, je pensais que j'avais mangé quelque chose qu'il ne fallait pas et puis, j'avais froid donc je me disais que ça allait passer et que j'étais juste un peu malade, avoua-t-elle. Mais les vomissements persistent et... Putain, c'est pas possible. Elle souffla longuement. Je peux pas être enceinte, c'est pas le moment.
— Et pourquoi ça ?
— Parce que c'est trop tôt. Beaucoup trop tôt !
— Vous vous êtes bien fiancés au bout d'un an alors pourquoi pas le bébé ?
— Mais c'est pas du tout pareil, Niko ! Si on s'aime plus ou je sais pas quoi, on peut divorcer et c'est tout, on oublie. Mais tu ne peux pas avec un enfant. Tu ne peux pas le faire sortir de ta vie. Tu ne peux pas te rendre chez un avocat pour ne plus avoir d'enfant et...
— C'est bon, je crois qu'on a compris, le coupa Nikolas.
— Enfin bref, tu peux me dire pourquoi tu n'as pas fait de test de grossesse ?
— Antoine reste à la maison et je voulais pas le faire s'il était là alors je suis venue.
— Alors qu'est-ce que t'attends pour être certaine ?
— Je ne suis pas sûre de vouloir d'un enfant, Elena.
— Fais déjà le test, ensuite, tu verras. Ça se trouve, tu n'es pas enceinte et tu t'es simplement fait des idées. File dans la salle de bain.
Carolina se leva, totalement nerveuse. Elle récupéra la boite du test de grossesse dans son sac. Juste avant de venir à l'appartement, elle était passée à la pharmacie, achetant le test au dernier moment pour ne pas qu'Antoine tombe dessus. La brune se rendit dans la salle de bain et suivit les instructions de la notice. Une fois qu'elle eut terminé, elle retourna au salon où se trouvaient toujours les enfants de son beau-père.
— Faut que tu attendes combien de temps ?
— Trois minutes.
Carolina avait posé le test sur la table basse et s'était remise à faire les cent pas dans la pièce. Son cerveau fulminait. Elle ne pouvait pas avoir un enfant, pas qu'elle n'en voulait pas, mais c'était trop tôt, beaucoup trop tôt pour elle. Elle n'avait que vingt-quatre ans et ça ne faisait qu'un an qu'elle partageait la vie de son compagnon. C'était bien trop tôt pour construire une famille ensemble. Les trois minutes passèrent à une lenteur horrible pour la jeune femme qui était tiraillée entre la peur et l'appréhension.
— Tu peux regarder, je pense.
— Non, je peux pas... Regarde toi.
— Caro...
— Regarde s'il te plaît.
Elena leva les épaules et se pencha vers le test. Elle découvrit deux barres rouges. Elle déplia la notice pour voir ce que cela symbolisait.
— Alors ?
— Je suis désolée...
— De quoi ? Pourquoi t'es désolée ? Je suis enceinte ou non ?
— Bhein t'es enceinte quoi, déclara Nikolas.
— Dis moi que c'est pas vrai, Elena.
— Il va falloir que t'en parles avec Antoine.
— C'est un cauchemar. Elle se laissa tomber sur le canapé, les larmes aux yeux.
— Mais dis pas ça. C'était pas prévu, mais un enfant ce n'est pas que mauvais signe.
— Qu'est-ce qui a cloché merde ? Pas une seule fois, j'ai oublié de prendre ma pilule.
— Ça ne fonctionne pas à cent pour-cent, Caro.
— Ma vie est foutue.
— Ça y est, maintenant elle va nous faire une déprim, déclara le jeune homme.
— Tu devrais vraiment rentrer et tout dire à Antoine. Plus tu le feras rapidement, mieux ce sera. Vous trouverez une solution. Vous en trouvez toujours une ensemble.
Ce fut avec une mine abattue que la jeune femme rentra chez elle. Elle était complètement sonnée par la nouvelle. Arrivée à la maison, elle posa son sac à main et chercha Antoine. Elle le trouva à l'extérieur jouant au basket sur le terrain. À l'heure qu'il était, Nolan était en train de faire sa sieste.
La brunette sortit sur la terrasse et marcha dans la direction de son compagnon. Ce dernier, en la voyant arriver, lui lança un sourire avant d'arrêter de faire rebondir le ballon rond. Il s'approcha d'elle et l'embrassa, quelques gouttes de sueur perlant sur son front.
— Tu es partie en vitesse tout à l'heure.
— Il fallait vraiment que je vois Elena.
— Il se passe quelque chose ?
Durant le trajet, elle avait cherché la façon dont lui annoncer la chose, mais maintenant qu'elle se retrouvait face à lui, ses yeux bleus qui la fixaient, elle n'arrivait pas à sortir un seul mot. Elle pinça ses lèvres entre elles, détournant le regard.
— Tu sais que tu commences à me faire peur ?
— Je suis désolée.
— Désolée de quoi ?
— Je suis enceinte.
Elle venait de déblayer ces paroles rapidement, mais le châtain avait parfaitement compris. Ces trois petits mots avaient fait leur chemin vers son cerveau.
— Tu me fais une blague là ?
— Tu crois vraiment que je rigolerai avec ça ?
— Je suis en train de rêver, c'est pas possible...
— Non, mais c'est bon, je vais avorter, faut pas...
— Tu vas pas avorter, non, la coupa-t-il.
— On est pas prêt pour avoir un enfant, c'est beaucoup trop tôt.
— Mais personne ne l'est, Caro.