Le Petit Prince

By -YuKiRi-

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Harry s'était porté volontaire pour le boire, pensant éviter à Neville un 17ème anniversaire catastrophique... More

Prologue
Chapitre 2 : Drôle de famille.
Chapitre 3 : Monsieur Harry ?
Chapitre 4 : Un bateau en hiver.
Chapitre 5 : La vision de Freud.
Chapitre 6 : Un bras nu.
Chapitre 7 : Tragic Backstory
Chapitre 8 : Le sifflement du serpent.
Chapitre 9 : Le parfum d'un vieux bouquin.
Chapitre 10 : Bultaoreune.
Chapitre 11 : Le Prince était un chenapan.
Chapitre 12 : Ce que Harry renfermait en lui.
Chapitre 13 : Faire la sourde-oreille.
Chapitre 14 : Vert feu du ciel.
Chapitre 15 : La chasse.
Chapitre 16 : La drogue, c'est mal.
Chapitre 17 : Merlin et Severus.
Chapitre 18 : Retour à Poudlard.
Chapitre 19 : Le discours d'un Prince.
Chapitre 20 : Encore, Severus.
Chapitre 21 : Les soeurs Black et Delphi.
Chapitre 22 : Le diadème retrouvé de Rowena Serdaigle.
Chapitre 23 : Ce jour là.
Chapitre 24 : Ses lèvres rouges vermeil.
Chapitre final : Une vie normale ?
Toi. Oui, toi. Lis ça. Gracias.

Chapitre 1 : La solution du métamorphe.

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By -YuKiRi-


Luna était, et ce sans aucun doute possible, plus grande que Harry. Mais celui-ci ne s'attendait pas à ce que ce soit à ce point là. Il ne s'attendait pas non plus à ce que la Serdaigle soit plus large que Ginny, mais il devait admettre que ses vêtements le serraient beaucoup à cet instant. Il était tenté d'aller jeter un coup d'oeil à son reflet dans la salle de bain, mais il vit Neville s'étirer de tout son long, alors il se contenta de balancer une longue mèche de cheveux derrière ses épaules, d'un geste qui se voulait -et qui fut- féminin.

Le Gryffondor était encore allongé, dos à la fausse Luna, et ne se retint pas de bailler pour annoncer son réveil à la population. C'est à ce moment qu'Harry décida d'imposer sa présence en toussotant. Cela n'ayant pas été suffisant, il ajouta : "Coucou Neville !" d'une voix qui lui parraissait beaucoup trop grave. Mais soit, notre voix nous paraît toujours différente de l'intérieur, n'est-ce pas ?

Celui-ci roula dans son lit, la septicité gravée sur ses traits, puis, lorsqu'il réalisa qui était devant lui, assis sur le lit les jambes croisées et jouant avec une mèche de cheveux entre ses doigts, il se redressa, paniqué, et s'enroula de sa couverture.

Harry prit sur lui une nouvelle fois, et, après avoir battu des cils et formé le plus charmeur des sourires -pour sûr il l'était-, se leva en sautillant et s'assit aux côtés de Londubat, puis chantonna : "Joyeux anniversaire Neviiille !"

Le choc ne semblait pas vouloir s'effacer du visage du garçon qui s'éloignait le plus possible de Luna, mais, toujours enroulé de sa couverture, il fit l'effort d'ouvrir la bouche.

"M-merci... Monsieur le Directeur..."

La phrase flotta dans la tête d'Harry un instant avant qu'il n'arrive à en comprendre le sens. Le visage figé sur son sourire faussement amoureux, il articula avec difficulté : "Qu'est-ce que tu as dit ?"

Neville se racla la gorge, puis, après avoir rassemblé tout son courage de Gryffondor, répéta : "J'ai... J'ai dis... Merci, monsieur le Directeur. Pour m'avoir souhaité... mon... enfin... je..."

Il continua de marmonner et le regard d'Harry glissa vers le mur, exprimant plus de désespoir qu'il ne l'avait jamais fait de toute son existence. "Je suis Dumbledore ?" exposa-t-il plus qu'il ne le demanda. Le Gryffondor emmitouflé dans sa couverture aquiesca timidement, comme s'il était responsable de cette situation, et Harry se tourna enfin vers lui.

"Neville tu ne comprends pas, je porte un soutien-gorge !"

Il se colla un peu plus contre le mur, de toutes évidences effrayé par le directeur, cherchant visiblement un moyen de fuir le dortoir. Puis, étouffant sous les milliers de pensées emmêlées, Harry explosa de rire, un rire nerveux certainement, mais qui terrifia encore plus son camarade.

"Par les boulette de Merlin ! Je suis en jupe ! Avec un soutien-gorge ! Et je suis Dumbledore !"

Il s'écroula de rire au sol, prêt à sombrer dans la folie. Après un bon moment, il reprit son calme, et s'assit sur le plancher, face à Neville. "Tu ne comprends pas, je suis désolé. Vraiment. Je ne suis pas le Directeur. Je suis Harry.

-...Potter ? Harry Potter ? Comme mon ami ?

- Oui, répondit-il, amusé, oui c'est moi. Je vais être honnête avec toi, avec Dean, Seamus et Ron, on voulait te faire une blague pour ton anniversaire... commença-t-il à expliquer. Et visiblement ça ne s'est pas passé comme prévu. J'étais censée avoir l'apparence de Luna, mais il y a eu un problème avec le Polynectar..."

Le Gryffondor dévisagea le Directeur pendant que celui-ci essayait visiblement de chercher la raison de cette erreur. Son visage s'éclaira : "Les cheveux ! Ces imbéciles ! C'était pas un cheveu de Luna, mais de Dumbledore !

- Mais... C'est bien vou.... toi, Harry ?

- Oui, c'est moi, puisque je te le dis !

- Prouve le..." ordonna-t-il sans aucune autorité, encore impressionné par le directeur (quoique ce fusse compliqué dans cette situation).

Alors Harry, ou plutôt Albus, sorti de la poche de sa robe de Serdaigle sa paire de lunettes ainsi que sa baguette, et comme s'il savait que ce n'était pas suffisant, il appela Kreattur qui apparut dans un 'crac!' sonore.

"Le Maître Harry Potter a appelé Kreattur... Mais... Kreattur aimerait savoir pourquoi le Maître s'est abaissé à prendre l'apparence de Dumbledore..." demanda l'Elfe de maison d'un air dégouté, comme s'il vomissait ses mots.

"C'est bon Kreattur, j'avais juste besoin de prouver à Neville que j'étais bien moi. Retourne en cuisine." Et l'Elfe disparut aussi vite qu'il n'était apparu.

Neville soupira de soulagement, relâchant complètement ses épaules cette fois-ci. Et après un moment de silence durant lequel lui et le directeur se regardèrent dans les yeux, il partit aussi en fou-rire, réalisant la situation dans laquelle Harry s'était fourré. Ce dernier se dirigea dans la salle de bain et s'esclaffa de la même façon en voyant son reflet.

Mais il y avait un problème. Le sorcier à lunettes avait parfaitement réussi sa potion, et il allait rester ainsi toute la journée. La culpabilité prit soudain le dessus sur l'amusement, et Harry réalisa sa bêtise. Il pourrait avoir de graves problèmes s'il restait sous cette forme ! Il devait aller voir le vrai Directeur et tout avouer avant qu'il ne soit trop tard !

Car la seule personne, autre que lui, capable de trouver un moyen de rendre au Gryffondor son apparence était le Maître des Potions le plus doué de sa génération, soit Severus Rogue. Et s'il y avait bien quelque chose qui rebutait Harry au plus profond de lui, c'était d'aller demander de l'aide à cet homme-là.

La peur qu'il avait éprouvé pour lui lors de son premier jour de cours s'était vite transformée en haine, et ce sentiment peu glorieux était réciproque, d'une telle force qu'aucun des deux sorciers ne s'embêtait à le cacher. Car si peu d'élèves pouvaient prétendre apprécier le Monstre des cachots, personne ne pouvait rivaliser avec l'aversion d'Harry pour Rogue. En fait il y avait très peu d'étudiants qui osaient laisser le ressentiment prendre le dessus sur la crainte qu'ils éprouvaient pour lui.

Le directeur s'adossa contre le lavabo. Il aurait aussi pu se tourner vers le nouveau professeur de Potion, Slughorn, mais ça signifiait qu'il lui laissait une occasion de l'inviter à une de ses soirées alors qu'il faisait tout pour y échapper. Non, Harry n'avait qu'une seule solution, il devait affronter Dumbledore en face, et tout lui expliquer avant que la situation ne lui échappe.

Alors il sortit de la salle de bain et se rua sur sa valise dans laquelle il était sûr de trouver sa cape d'invisibilité. En la prenant, il aperçut un petit flacon doré. C'était le Félix Félicis qu'Harry avait obtenu à la fin de son premier cours de potion avec Slughorn. Devait-il le boire maintenant ? Il se le gardait pour savoir ce que mijotait Malefoy, mais devait admettre que cela devait être plus qu'utile dans la situation présente.

Finalement il reposa la fiole, car de la même façon que mélanger des médicaments pouvait s'averer dangereux, il ne savait pas si le Felix Felicis réagirait différemment avec le Polynectar.

"Qu'est-ce que tu fais ? demanda Neville, encore haletant de son fou-rire.

- Je vais chercher Dumbledore. J'ai fais une grosse bêtise en acceptant de me prêter au jeu, alors je vais aller le voir, tout lui dire et éviter de me faire disputer trop fort.

- Mh, c'est une bonne idée. Bon, je vais rejoindre les autres et leur raconter tout ça. Ils sont dans la Grande Salle ?"


Harry aquiesca et, se revêtant de la cape de son père, sortit de la tour des Gryffondor en direction du bureau du directeur.

Il courait à perdre haleine dans les couloirs, stressé à l'idée de pouvoir éventuellement croiser un camarade ou un professeur, car bien que dissimulé, l'adrénaline qui parcourait ses veines le rendait complètement parano. Bien qu'il ne croyait pas cela possible, il accelera son allure après avoir croisé Miss Teigne, de peur qu'elle aille rapporter sa présence douteuse à Rusard.

Une fois arrivé devant les gargouilles, Harry se libéra de sa cape et laissa échapper un faible cri de douleur. Ah, sa main ! Comme celle d'Albus, elle n'avait pas fière allure, et maladroitement, il avait enlevé sa cape d'invisibilité avec elle.

Il l'attrapa finalement avec sa main valide et prononça le mot de passe que Dumbledore lui avait donné quelques jours plus tôt, espérant qu'il soit toujours valide. Le coeur battant, il vit la porte s'ouvrir, et, à présent soulagé, il s'infiltra dans l'escalier en colimaçon et somme toute, dans son bureau.

A peine avait-il fait un pas dans la pièce que Fumsec l'accueillit par un chant mélodieux de bienvenue. De toute évidence, le vrai Directeur n'était pas là. Et c'est vrai qu'en y repensant, il s'absentait beaucoup ces temps-ci.

Il se laissa alors tomber sur le fauteuil du Directeur, soupirant de désespoir. Qu'allait-il donc faire ? Guetter son retour ici ? L'idée semblait plutôt raisonnable, au moins il était à l'abris et pourrais attendre Dumbledore s'il ne retrouvait pas sa forme d'adolescent rapidement. Mais si quelqu'un entrait et le voyait ? Mcgonagall ou un autre professeur ?

Il se releva alors, et après un instant de réflexion, se permit d'entrer dans les appartements privés du directeur. Il n'aimait pas du tout ça et supplia Merlin de le pardonner, mais il devait au moins changer de vêtements, dans l'éventualité d'une confrontation avec quelqu'un.

Il se déshabilla alors, vraiment très gêné et essayant de ne pas trop regarder sous ses vêtements, mais du peu qu'il vit, il dut admettre que le directeur était pas trop mal pour son âge. Au final ça ne l'étonnait pas trop, Dumbledore était un sorcier très vif et puissant, alors il y avait peu de chance qu'il porte la brioche.

"Raaaaaaaaah Merliiiiiiin !!!" jura Harry. Il n'arrivait pas le moins du monde à enlever son soutien gorge avec sa seule main valide ( de toutes façons il n'était même pas sûr de réussir à l'enlever avec les deux ), et était bloqué dans une position plus que comique vue de l'extérieur. Avec son pouce et son index, il tentait de rapprocher les deux extrémités des attaches, mais étouffait à cause des baleines beaucoup trop serrées pour un homme de cette morphologie. Il avait le dos large et commençait à sentir sa peau s'irriter sous les frottements. Puis lui vint une idée : il commença alors à enlever une bretelle et...

"Albus, vous êtes rentré ?" résonna une voix dans la pièce d'à côté.

Oh non oh non oh non non non non non !!!!! Paniqua Harry, encore dévêtu.

"...Je vous ai vu entrer, alors je suis passé dans mon bureau vous chercher des potions revitalisantes, comme la dernière fois. Vous allez bien ?" demanda Rogue derrière la porte.

Depuis le bureau, le directeur des Serpentard cru entendre le bruit reconnaissable de la rencontre violente entre une tête et un mur. "...Je me permet d'insister, vous allez bien ?

- Mieu que jamais !" répondit le directeur depuis sa chambre. Rogue avait-il rêvé ou y avait-il une "pointe" d'ironie dans sa réponse ?

Harry jura dans sa barbe, expression qu'il pouvait utiliser légitimement pour une fois. Parmi toutes les personnes du monde, il fallut que ce soit lui ! Précipitamment, il enfila une de ses nombreuses robes de sorcier et la passa par dessus son soutien-gorge. Elle était assez ample, alors il passait inaperçu.

Après avoir inspiré profondément et insulté le monde sorcier dans son intégralité, Harry sortit de la pièce pour rejoindre son bureau face auquel Rogue était assis. Ce dernier se tourna vers lui et le jaugea du regard, comme s'il cherchait une quelconque blessure.

C'était bizarre de se faire observer de la sorte par le "monstre des cachots", sans aucune volonté de meurtre dans le regard. Mal à l'aise, il ne put s'empêcher de se tortiller sur place.

"Je vois que vous allez bien, conclu Rogue après son inspection.

- Oui bein, c'est ce que je vous disais." répondit Harry.

Il s'assit face au Serpentard, et, dans son rôle, lui proposa un bonbon au citron. Il refusa, comme Harry s'y attendait, et posa quelques fioles sur le bureau, potions certainement demandées plus tôt par Albus.

"Je pensais que vous ne reveniez pas avant demain. Alors, vous en avez trouvé un ?" demanda Rogue, sérieux. Le Gryffondor n'avait pas la plus mince idée de ce dont il pouvait parler à cet instant, et tenta de répondre quelque chose de crédible.

"Non. Il n'y en avait plus."

Le Maître des Potions plissa les yeux, et Harry réalisa que sa réponse n'était peut-être pas la bonne. "Comment-ça, 'il n'y en avait plus' ? Vous êtes parti chercher l'horcruxe chez Zonko ou bien ?"

L'hor-quoi ? Et Rogue venait de faire une blague ou il avait rêvé ?

"Eeeerh non, je ne l'ai juste pas trouvé." répondit finalement Harry, avançant à taton. Il devait vraiment sortir de cette situation dangereuse, et le plus vite possible. Et ce soutien gorge qui le serrait, Merlin ! "Est-ce tout, ou y a-t-il autre chose ? demanda alors le Directeur, proposant ainsi implicitement à Rogue de partir, et espérant qu'il saisisse l'occasion.

- ...Il y a autre chose. (Harry hurla intérieurement)

- Je vous écoute, Sev...er..us... articula-t-il avec difficulté.

- Drago. Je n'arrive pas à lui tirer les vers du nez."

Harry se redressa soudainement sur sa chaise. Merlin, il ne s'était pas trompé ! Il y avait quelque chose avec ce connard de Malefoy ! Bon, il devait se calmer, rester dans son personnage. Il fit alors pétiller ses yeux à travers les lunettes en demi-lune qu'il avait trouvé dans les affaires de Dumbledore, et demanda calmement : "Dites-m'en plus."

Rogue s'enfonça un peu plus dans son fauteuil et passa sa main sur son visage, comme s'il se faisait souffrance et qu'il n'aimait pas du tout aborder ce sujet. Harry prit alors un air grave pour ne pas se détacher de l'ambiance et le Serpentard soupira longuement, arrachant un frisson à son aîné. Enfin son cadet. Il ne l'avait jamais vu aussi mal, et il réalisait petit à petit qu'ils allaient certainement aborder un sujet dont la portée le dépassait. En outre, il n'avait jamais imaginé Rogue autrement qu'en colère ou moqueur, et le voir ainsi, presque triste, voire même bouleversé, le mettait mal à l'aise, comme s'il voyait quelque chose d'intime.

"Je... Vous savez de quoi il en ressort. Vous savez quelle mission a reçu Drago de la part du Seigneur des Ténèbres.

- En effet, confirma Harry, bien qu'il n'en ait aucune idée, et qu'il aurait bien aimé savoir.

- Vous m'avez demandé de m'engager à le faire à sa place pour le libérer de cette tâche..."

MAIS MERLIN QUELLE TÂCHE ?! ARRÊTE DE FAIRE DES ELLIPSES

"... Mais il ne semble pas le vouloir." termina Rogue. Et après un instant, il ajouta, la voix trop faible pour être la sienne : "Et moi non plus." Il se leva soudainement en faisant sursauter Harry, avec un air sur le visage qu'il n'avait jamais eu, quelque chose entre la panique, la peur et la tristesse, si ce n'étaient ces trois sentiments en même temps. Le Gryffondor ne reconnaissait plus un instant son professeur. "Je vous en prie Albus, ressaisissez-vous, ouvrez les yeux ! Je ne veux pas faire ça ! Je ne peux pas ! C'est impossible ! Je sais qu'il en va de mon rôle d'espion mais...demandez-le à quelqu'un d'autre, je n'en aurais pas la force..."

Il se relaissa tomber sur son siège, le visage dans les mains.

Harry était sidéré. Il le prenait presque en pitié. Mais pour l'instant, le choc prenait le dessus sur la compassion. Si le Serpentard se levait soudainement en lui avouant qu'il était en réalité un élève quelconque déguisé et qu'il lui faisait une blague, il l'aurait cru sans problème tant il ne le reconnaissait pas.

Le silence qui s'était emparé de la pièce était lourd, pesant, et Harry avait l'impression de suffoquer. Il hésita un instant à dire toute la vérité à son professeur, quitte à se faire punir jusqu'à la fin de l'année, ou même jusqu'à la fin de sa vie, mais vraiment, il ne voulait qu'une chose, c'était revoir le bâtard graisseux dans son état normal. Pas parce qu'il s'inquiétait pour lui, mais parce qu'Harry avait vraiment peur. Il préférait le voir crier et l'insulter plutôt que effondré de la sorte.

"Pourquoi pensez-vous que Malefoy ne veut pas que vous fassiez cette mission à sa place ?" demanda-t-il finalement en brisant le silence. Rogue soupira à nouveau. "Parce qu'il se cache de moi. Drago est mon filleul (QUOI ?! )et même si nous avons jamais été intimes l'un envers l'autre, il s'est souvent reposé sur moi. Mais depuis qu'il a intégré les rangs du Lord... Il essaie de se prouver qu'il est fort. Il essaie de se prouver qu'il peut y arriver tout seul... Mais cet imbécile ! Si même le Seigneur des Ténèbres n'a pas réussi une telle chose, alors comment Drago peut-il y arriver, franchement ! Vous êtes le plus grand sorcier de notre époque, Albus !"

Harry plissa les yeux dans une parfaite imitation du Maître des Potions en plein scepticisme. Quel était le rapport avec lui ? Enfin avec Dumbledore ?

Ne sachant pas quoi dire, il acquiesça lentement et se servit un bonbon au citron pour faire diversion, avant de le recracher discrètement dans sa barbe car beaucoup trop acide. Il s'y accrocha et Harry tenta de l'enlever furtivement, mais rien n'y faisait, la pastille était collée. Comme si rien ne s'était passé ( et Merlin merci, Rogue semblait trop bouleversé pour prêter attention à quoi que ce soit), il plaça sa main dessus, feintant de se caresser la barbe.

"Assurément, je suis le plus grand sorcier de notre époque." lâcha finalement Harry sans vraiment comprendre l'intérêt de sa réplique. Il espérait juste que Rogue développe et arrête de faire des ellipses dans son discours.

Celui-ci acquiesça, la tête dans sa main, le bras appuyé sur son accoudoir. Il y avait vraiment une tristesse saisissante dans son regard, et Harry avait honte d'être là. Il avait honte de lui.

"Et vous alors ?" demanda soudainement le Maître des potions, voulant visiblement changer de sujet. "Votre main ? Comment va-t-elle ?

- Oh, elle va bien, je l'appelle régulièrement pour prendre des nouvelles." répondit Harry sur le ton de la rigolade, essayant de détendre l'atmosphère. Oui, il essayait de réconforter Rogue, et non, il ne l'assumerait jamais. Mais il fût dûment récompensé par la sorte de demi-sourire que lui fit celui-ci, comme s'il saisissait toute la subtilité de sa tentative.

"Les potions que je vous ai ramenées vont soulager la douleur, donc lorsque ça vous lance, n'hésitez pas.

- Merci Severus." répondit Harry, sincère. Le geste ne lui était pas destiné, mais il ne pouvait s'empêcher d'être touché pour le Directeur, et commençait UN PEU à comprendre pourquoi il lui faisait si confiance.

"Je vous en prie. Est-ce que vous en avez parlé à Harry ? demanda Severus.

- Pardon ? buga le Gryffondor.

- Harry. Vous lui en avez parlé ?

- Harry.... Harry comme dans Harry Potter ?"

Rogue ne répondit pas mais regarda Albus d'un air qui voulait dire "A ton avis, espèce de vieux croûton."

Okay donc alors, si Harry résumait la situation, Rogue était en réalité un être humain, prenait soin de Dumbledore, et connaissait son prénom ? Il était même capable de l'utiliser ?

"Lui parler de quoi exactement ? Je suis désolé Severus, je suis fatigué, alors j'ai un peu de mal à suivre, inventa Harry. Lui parler de ma main ou de Malefoy ?

- Votre main et les horcruxes, de toute évidence, répondit patiemment Rogue. Souhaitez-vous que je vous laisse vous reposer ?

- Non, ça ira. Je ne lui en ai pas encore parlé, mais il se pose des questions. En revanche, les horcruxes, il n'en a jamais entendu parler.

- Il serait peut-être temps. Il devrait savoir ce genre de choses. Il n'est pas du genre à aimer les cachotteries.

- Et qu'est-ce que vous en savez ?" demanda précipitamment Harry, soudainement agacé. Rogue disait ça comme s'il le connaissait ! Pour qui se prenait-il ?

"J'en sais qu'il a détruit votre bureau l'année dernière après la mort de Black parce que vous ne lui aviez pas parlé du lien qu'il avait avec le Lord. Mais je dis cela pour vous et votre relation avec lui. Il me semble que vous le considérez comme votre petit-fils, Albus."

Harry baissa les yeux, honteux. Il était vraiment stupide de réagir comme ça. Rogue le détestait, mais il n'était pas complètement stupide non plus. En plus c'était vrai, il détestait les secrets. Et de ce qu'il avait vu durant cette entrevue, il y en avait un bon paquet.

Bon, il était temps de mettre fin à ce carnage. S'il cherchait plus d'informations, Dumbledore se facherait vraiment, parce qu'il était certes compréhensif, mais là, Harry allait trop loin.

Mais il lui restait quelque chose à demander à Rogue, quelque chose qui le hantait depuis qu'il était entré dans le bureau. Il n'arrêtait pas d'y penser, se sentait oppressé à cause de ça, et même s'il savait qu'il allait être jugé après coup, il devait vraiment prendre son courage à deux mains et lui poser la question.

"Severus, je vais vous demander de partir, car je suis éreinté, et je vais rester seul pour la journée, mais je...

- Oui ?

- Je peux vous demander quelque chose de gênant ?"

Rogue plissa les yeux, ne sachant visiblement pas à quoi s'attendre. "Vous m'avez demandé la plus horrible des choses il y a quelques jours, donc j'imagine que ça ne peut pas être pire. Qu'y a-t-il ?"

Harry déglutit, et après avoir inspiré lentement, se lança finalement.

"Est-ce que vous pouvez m'enlever le soutien-gorge que je porte sous ma robe s'il vous plaît ?"

Le silence qui s'ensuivit fut certainement le plus long de toute l'histoire du monde de la magie. Harry fit danser ses doigts sur le bois de son bureau, embarrassé, attendant la réponse de Rogue. Il se serait bien passé d'une telle demande, mais vraiment, il ne pouvait plus supporter ce truc qui lui serrait la poitrine, et comme lui et le Serpentard semblaient bien proche, il avait tenté. Et dans le pire des cas, une fois qu'il aurait tout raconté à Dumbledore, il pourrait lui lancer un sortilège d'oubliettes, et tout serait réglé. Oui, voilà, bravo Harry.

Une minute de silence plus tard, Rogue n'avait pas bougé, s'attendant visiblement à ce que Albus mette fin à cette mauvaise blague. Et plus le temps passait, plus on voyait sur son visage l'évolution de ses pensées qui passaient de "Ce n'est pas marrant Albus." à "Vous portez vraiment un soutien-gorge sous votre robe ?"

Harry se racla la gorge une nouvelle fois, vraiment embarrassé. Merlin, il voulait mourir (et ça n'allait pas tarder si on ne lui détachait pas son soutien-gorge vite-fait.). Mais pitié, qu'on mette fin à ce supplice ! Où était Voldemort quand on avait besoin de lui ?!

"Bon, eh bien, je vais y aller." lâcha soudainement Rogue en se levant.

"Quoi ? Non, Severus, s'il vous plaît, ça me comprime complètement le torse, j'étouffe !" supplia Harry, paniqué. Le Maître des potions s'approcha de la porte, puis, avant de la franchir, se tourna vers le Directeur avec un regard qui en disait long sur ce qu'il pensait de lui.

"Reposez-vous Albus. Et demandez cela à Minerva, elle s'en sortira bien plus facilement que moi avec... ça." dit-il en pointant du doigt la bretelle rose apparante sur son épaule.

Et il sortit, laissant Harry désespéré.

"Kreattur !" s'exclama-t-il finalement. Une fois encore, l'Elfe apparut devant lui, visiblement agacé par les appels à répétition du sorcier. "Maître a encore appelé Kreattur ? siffla-t-il.

- Je... oui. Va chercher Ron et amène le-moi le plus vite possible, c'est une urgence !"

L'elfe se courba exagérément et disparut avant de réapparaître quelques instants plus tard avec le jeune Weasley.

"Ooooh mon vieux, c'est vraiment arrivé !" s'exclama-t-il, admiratif. Sans doute était-il en train de rêver à tout ce qu'il pouvait faire s'il était dans le corps de Dumbledore.

"Ron, c'est vraiment pas le moment ! Je suis coincé dans mon soutien-gorge, enlève le moi !" s'écria-t-il en suffoquant presque.

Mais c'était, et il le savait, LA phrase à ne pas prononcer puisque Ron s'écroula de rire comme Neville l'avait fait plus tôt.

"Arrête steuplait ! C'est vraiment gênant, déjà que Rogue a refusé de m'aider !" ajouta-t-il en achevant son meilleur ami.

Après dix bonnes minutes, Ron avait reprit ses esprits, et s'affairait avec le sous-vêtement d'Harry. "J'ai hâte de pouvoir raconter ça à mes enfants." dit-il en soulageant le brun de son soutien-gorge.

"Aaaah ! Je revis ! Comment elles font les filles, sérieux ?

- Je sais pas, mais c'était galère à enlever, Merlin. Et tu as vraiment demandé à Rogue de t'aider ?

- Il s'est ramené dans le bureau pendant que je me changeais dans la chambre de Dumbledore ! On a parlé une bonne heure, je te dis pas comment c'était galère de cacher mon jeu, mais à la fin j'en pouvais plus ! Alors j'ai craqué, et je lui ai demandé de m'aider. Je te dit pas comment il a bugué.

- Rah, j'aurais payé des centaines de gallions pour voir ça !" s'esclaffa Ron.

Harry avait remis sa robe de sorcier correctement, et Ron faisait le tour du domicile, subjugué par toutes ces choses qui ornaient la pièce. "En revanche, avec Rogue, il s'est passé un truc, annonça Harry. Et j'avais raison pour Malefoy.

- Oh mais c'est pas vrai ! Arrête avec ça ! Je vais finir par croire que t'es amoureux !

- Ron ! C'est vraiment important ! Il faut vraiment que je t'en parles à toi et à Hermione ! Est-ce que tu peux aller la chercher ? Je peux pas sortir comme ça !"

Et alors après avoir donné le mot de passe à Ron, celui-ci partit chercher Hermione. Il revint plus tard avec elle, et il leur raconta sa discussion avec le directeur des Serpentard dans toute son intégralité, appuyant bien sur le fait qu'il n'avait pas voulu en entendre autant.

"Des 'horcruxes' ?

- Rogue est humain ?

- Oui, Hermione, oui Ron. Evidemment tout ceci reste entre nous, mais vous avez déjà entendu parler de ça ? Et vous avez pas une idée de la mission que Voldemort aurait pu donner à Malefoy ? Visiblement ça a un rapport avec Dumbledore, et Rogue ne veut pas le faire à sa place.

- Flemmard.

- Ron, s'insurgea Hermione, c'est évident que c'est trop dur pour lui, trop éprouvant !

- Arrête de parler de lui comme s'il avait des sentiments ! répondit le rouquin.

- Il en a." contredit Harry. Ca lui avait coûté de dire une telle chose, il avait l'impression de prendre sa défense, et c'était visiblement ce que Ron pensait.

"Ecoutez, vous ne l'avez pas vu. Il était... Il était abattu. Ce n'était pas la même personne ! Je le hais, mais j'avais cette sorte de compassion qui prenait le dessus, j'ai rien compris à ma vie ! C'était... violent. Ouai, c'est le mot. Violent. Alors ce que Dumbledore lui a demandé de faire était certainement au delà de ce qu'on peut imaginer."

Il soupira, chose qu'il avait l'impression d'avoir fait trente fois depuis son réveil, et repartit à la recherche de la pastille au citron qu'il avait fait tomber dans sa barbe plus tôt.

Mon Dieu, mais comment la situation avait-elle pu dégénérer de cette façon ? Peut-être aurait-il dû voir Slughorn au final, il l'aurait sortit d'une situation gênante... Ou simplement tout admettre à Rogue comme il y avait pensé durant leur entrevue ! Mais il aurait su que le groupe de Gryffondor aurait fouillé dans ses réserves.

"Harry, arrête de stresser autant. La situation est ce qu'elle est, te prendre la tête à ce point ne changera rien du tout, dit tendrement Hermione. Je vais aller à la bibliothèque cet après midi, pour aller chercher des informations sur les horcruxes."

Et en effet, la jeune sorcière y passa la moitié de la journée. De son côté, Ron resta avec Harry pour lui tenir compagnie, lui qui était enfermé dans son bureau. Ils se firent commander le repas du midi par les elfes de maisons, espérant qu'Hermione n'en entendrait jamais parler.

C'est quelques instants avant le souper qu'Harry retrouva son apparence. Certainement n'avait-il jamais été si soulagé de sa vie. Il se changea et descendit dans la Grande Salle avec Ron et Hermione pour aller manger.

Lorsqu'ils s'installèrent à table, Harry fut longuement fixé par Dean, Seamus et Neville, qui voulaient visiblement des détails croustillants sur son séjour dans le corps de Dumbledore. Comme il s'y attendait, ils explosèrent de rire lorsqu'il leur raconta l'épisode du soutien-gorge et l'arrivée surprise de Rogue (bien qu'il s'abstint d'aller dans les détails ).

Lorsque les entrées apparurent sur la table, Hermione se rapprocha d'eux pour leur expliquer, désabusée, qu'elle n'avait rien trouvé sur les horcruxes malgré des heures acharnées de recherches. C'était bien la première fois qu'Hermione ne trouvait pas ce qu'elle cherchait, et rien que ça, c'était un très mauvais signe.

Harry se resservit du bouillon en soupirant, réalisant qu'il devait vraiment arrêter de souffler à tout va avant que ça ne devienne une habitude. Après un petit instant d'hesitation durant lequel il était resté bloqué dans la même position, louche en main, il leva les yeux vers Rogue.

Il était assis avec les autres professeurs, verre en main, comme hypnotisé par l'eau qu'il faisait rouler dans son gobelet. Harry n'avait pas remarqué dans le bureau du directeur, mais maintenant qu'il était calmé, il réalisa que le Maître des potions avait vraiment minci pendant les vacances. Oh, il n'avait jamais été gros, mais là c'était plus que flagrant. Et depuis qu'il avait vu ce à quoi ressemblait la tristesse exprimée sur son visage, le Gryffondor avait la sensation qu'elle avait toujours été là et qu'elle y restait, comme gravée définitivement. Son visage n'était pas dur, réalisa Harry, il était triste.

Ce salop était accablé par la tâche que Dumbledore lui avait confiée, et Merlin, c'était tellement évident maintenant ! Harry se giffla mentalement : Cet homme était un enfoiré, un sadique, un tyran, et même un monstre, mais il était sans aucun doute possible de leur côté !

Comme si regarder Rogue boire lui en avait donné envie, Harry attrapa son verre et le porta à ses lèvres sans quitter le Serpentard des yeux. McGonagall lui posa une question, et Severus hocha lentement la tête en réponse, las, toujours perdu dans la contemplation de son verre et son contenu. Elle ne remarqua pas réellement son mutisme, prenant simplement sa réponse en considération et retourna à ses affaires, discutant avec Chourave. Merlin, mais Harry était-il était le seul à voir ce qu'il voyait ?

Le Gryffondor avait toujours été démesurément aveuglé par sa haine, et d'un autre côté le Maître des Potions ne l'avait jamais aidé à voir autre chose, mais maintenant qu'il avait vu ce qu'Albus voyait, il avait l'impression que tout le monde était à côté de la plaque, que personne ne réalisait !

Etait-ce un sort de dissimulation ? Dans tous les cas, il fonctionnait de la même façon : Il fallait avoir vu l'homme abattu pour reconnaître ce sentiment déguisé sur son visage.

Autant que peiné, Harry était effrayé. Effrayé par ce qui pouvait tant ébranler son professeur qu'il avait toujours connu si sûr. Cet homme n'avait pas peur de Voldemort. Alors qu'est-ce que c'était ?

Rogue releva les yeux et les plenta sans détour dans ceux d'Harry, qui recracha subitement sa gorgée sur la table.

Mon Dieu mais il lui avait fichu une de ses trouilles avec son regard meurtrier là ! Le Gryffondor nettoya sa bêtise d'un imprononcé, marmonnant que triste ou pas, le Monstre des cachots restait et serait toujours le Monstre des cachots.

Il sentait le regard noir brûler sa nuque, comme s'il lui ordonnait de se retourner, mais n'aillant pas envie de se plier à une bataille de regard maintenant, Harry recommença à manger. Enfin, il essaya. Après un instant, il dégagea sa fourchette, agacé.

"Tu manges pas, vieux ? demanda Ron.

- Non. Ce salopard me fait mal."

Et il se leva, remit sa robe d'hiver dans un geste vif, se tourna sans vraiment savoir pourquoi vers Rogue qui ne l'avait pas lâché des yeux, et sortit.


A suivre...

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