Aeris - Dans le sens du Vent...

By BabaTresnie

11.7K 1.4K 327

Lauréat au #wattys2020 🥰 Histoire nominée au #wattys2018 Rose, jeune agent d'élite pour la très secrète SSI... More

Wattys 2020
Prologue (partie mise à jour)
Chapitre 2 (partie remise à jour)
Chapitre 3 (partie remise à jour)
Chapitre 4 (partie mise à jour)
Chapitre 5 (partie mise à jour)
Chapitre 6 (partie remise à jour)
Chapitre 7 (partie mise à jour)
Chapitre 8 (partie mise à jour)
Chapitre 9 (partie mise à jour)
Chapitre 10 (partie mise à jour)
Chapitre 11 (partie mise à jour)
Chapitre 12 (partie mise à jour)
Chapitre 13 (partie mise à jour)
Chapitre 14 (partie mise à jour)
Chapitre 15 (partie mise à jour)
Chapitre 16 (partie mise à jour)
Chapitre 17 (partie mise à jour)
Chapitre 18 (partie mise à jour)
Chapitre 19 (partie mise à jour)
Chapitre 20 (partie mise à jour)
Chapitre 21 (partie mise à jour)
Chapitre 22 (Partie mise à jour)
Chapitre 23
Chapitre 24
Epilogue
En attendant le tome 2...
Aaron
Camryn
Amaëlle
Ava
Earl
Rhydian
Rose / Ellen
TOME 2

Chapitre 1 (partie remise à jour)

1K 93 61
By BabaTresnie


Accoudée à un comptoir d'un bar typiquement américain, Rose Ripert ne passait pas inaperçue avec ses longs cheveux ébène qui tombaient en cascade sur ses épaules étroites et gracieuses. C'était une jeune femme d'une intense élégance et d'une beauté à en couper le souffle. Le genre de femme qui était peu appréciée par la gente féminine, jugée trop superficielle, trop parfaite. Néanmoins, elle plaisait beaucoup à la gente masculine qui semblait être hypnotisée par le moindre mouvement de la belle. Et c'était pour profiter du bénéfice de ses charmes qu'elle avait spécifiquement choisi cet établissement pour débuter sa mission.

Les hommes du café dans lequel elle se trouvait lui portaient un regard à la fois intéressé et interpelé. Une femme d'une telle envergure n'avait pas sa place dans ce lieu, ni même dans cette ville, elle faisait tâche dans le tableau. Whitewood n'accueillait quasiment que des familles de chasseurs ou d'ouvriers toutes aussi quelconques les unes que les autres et parfois, aussi, quelques touristes désirant faire le plein d'air frais. Elle, elle était trop belle, elle dégageait trop de classe, avait un langage trop riche, trop développé et surtout, elle était bien trop seule. Son doux parfum jurait avec l'odeur rance de l'alcool et de transpiration qui flottait dans le pittoresque bistrot.

Perdue au comptoir, elle faisait semblant de lire un article de presse que son patron lui avait confié. C'était l'histoire sanglante d'un chasseur assassiné, il y avait de ça quelques semaines. L'article mettait les mots sur l'incapacité de la police à trouver un coupable ainsi que les circonstances de la mort pour le moins inaccoutumées.

Dans un sens, son patron s'en fichait de cette affaire en particulier. Si on l'envoyait aujourd'hui dans ce trou sous couverture, c'était parce trop de choses inexplicables s'accumulaient depuis plusieurs années. Ce dernier massacre attirait beaucoup trop l'attention et elle comptait bien l'utiliser pour obtenir des informations.

Rose était une femme d'une étonnante intelligence et d'une puissance incroyable qui avait appris à s'endurcir et à devenir inébranlable dans l'univers de son travail. Un travail bien particulier qui demandait des capacités étonnantes ; celui d'Agent Secret de l'Agence SSI, la Section Spécialisée dans l'Inexplicable. Elle avait, à force de coups et de blessures, appris à ravaler sa douleur et à se montrer fière, jusqu'à se dépasser elle-même. Bien qu'en dehors, elle retrouvait ses multiples sensibilités, sa douceur et sa rêverie. En dehors, elle était simplement Rose.

Un homme d'une trentaine d'années qui la reluquait du fond du bistrot se montra le plus courageux de ses admirateurs. Il s'assit aux côtés de la jeune femme tandis que ses compagnons le raillaient de leurs encouragements.

Il n'était pas très grand et de corpulence moyenne. Il ne devait pas être jugé comme un laid garçon dans son patelin à en juger par sa façon d'être : sûr de lui et arrogant. Un sourire charmeur était fiché sur son visage rond alors que l'inexpressivité de ses yeux marron témoignait de son manque d'intelligence. Cela risquait d'être plus facile que prévu. Il lui offrit un café qu'elle accepta d'un simple sourire. Il aperçut l'article et décida de faire la conversation à son propos ; exactement ce qu'elle désirait. Il ne remarqua guère qu'il tenait cet échange totalement seul alors qu'il la reluquait dans sa courte robe anthracite. Il était ébloui par sa beauté fulgurante : son visage aux pommettes saillantes était mangé par d'immenses yeux d'un bleu aussi clair que l'eau qui ruisselait le long des montagnes. Sa peau était pâle et faisait ressortir ses lèvres pleines légèrement rosées.

- C'est une sale histoire vous savez ! Il était en morceaux l'type ! Heureusement qu'c'est pas arrivé par chez nous, c'était la ville juste à côté !! C'était pas beau à voir, y parait. En plus, il a laissé derrière lui un môme, le pauvre gamin... Les flics ont toujours trouvé personne mais moi j'dis, c'est ces malades qui se prennent pour des sorciers. Je sais pas ce qu'ils ont dans leur tête, mais si vous voulez mon avis, ça tourne pas très rond !

Rose frétillait d'impatience. Bingo, les informations qu'elle désirait obtenir allaient probablement lui être servies sur un plateau ! Elle l'invita alors à continuer tandis qu'il prenait une pause pour l'admirer et vérifier si l'effet désiré opérait sur la jeune femme. D'un geste calculé, elle lui montra que cela l'effrayait mais qu'elle était avide de son histoire tout en se mordant l'intérieur des joues pour ne pas rire de lui. Il continua alors, la voix légèrement tremblante, émoustillé par le sourire qu'elle venait de lui offrir.

- Vous vous d'mandez sûrement c'est qui ces gens dont j'parle ! Bah figurez-vous qu'ils poussent comme des mauvaises herbes dans tout l'pays ! Ouais, ces types-là, faut les enfermer, sauf que l'état décrète qu'ils font rien d'mal. Mais si on adhère à ce qu'ils font, faut pas s'étonner qu'après, des bons gens finissent par y laisser leur peau.

- Et ici, ... Enfin à Whitewood, je veux dire... On trouve ce type de personne ? demanda-t-elle d'une voix faussement effrayée qui montait dans les aigues.

L'homme hésita un instant mais devant le regard interrogatif de Rose, il finit par lâcher le morceau, persuadé qu'apeurer la petite dame lui fera gagner des points.

- Bah en fait, chuchota-t-il, les gens ici aiment pas trop parler de ça car ils vivent ici d'puis toujours, mais y'a bien un 'tit groupe de personnes qui s'retrouvent le soir. Ils étaient bien plus avant mais depuis quelques années, j'sais pas pourquoi, mais ils sont plus tant qu'ça. On sait pas ce qu'ils font, mais j'pense pas que ce soit quelque chose de très catholique si vous voyez ce que j'veux dire. Ils attendent que les gens comme vous et moi soient couchés et ils se retrouvent, c'est jamais au même endroit. Ils veulent être discrets mais tout l'monde le sait. Parfois, mais c'est plus rare ça, tu les entends chanter des choses étranges dans l'bois ! 'fin bon, j'vais en arrêter là, j'veux pas vous effrayer ma p'tite dame, après tout ici, c't'une chouette ville, vous vous y plairez ! Vous v'nez d'emménagez au fait ?

- Je suis en voyage professionnel, répondit-elle vaguement en glissant une longue mèche noire derrière son oreille.

Alors qu'il commençait, au désespoir de Rose, à tirer la conversation en longueur, son portable les interrompit. Le seul pouvant joindre ce numéro était le chef de l'équipe, celui qui gérait toute l'affaire. Elle se dressa lentement sur ses jambes, prit le dessous de verre où l'homme avait griffonné en vitesse son numéro et, un sourire aux lèvres, s'excusa et sortit du bar.

D'un geste fluide, elle porta le combiné à son oreille : « Agent, matricule 243, accepte l'appel ». A ces formalités, une voix lui répondit par d'autres formalités et lui demanda alors le rapport de ses activités.

- Je viens de recevoir la confirmation des informations reçues par l'Agent 242, il existe bien un second Covens dans le périmètre, j'attends vos ordres.

- Bon boulot Agent. Identifiez ces personnes, ensuite, infiltrez-les. Soyez prudente, on ne peut risquer de compromettre la mission de votre coéquipier. Je vous recontacte prochainement.

A ces mots, la jeune femme raccrocha et avança d'un pas lent jusqu'à son appartement loué par les soins de l'Agence, l'esprit ailleurs. L'Agent 242 était son coéquipier depuis plusieurs années maintenant mais pas seulement. Après tout ce temps passé ensemble et les risques qu'ils affrontaient quotidiennement, ils avaient appris à se faire confiance et étaient même devenus intimes. Elle l'aimait à sa manière, mais ne le lui avait probablement jamais dit. Ce genre d'homme n'avait pas besoin de l'entendre, il le savait et cela suffisait. Mettre des mots sur cet amour l'aurait probablement rendu plus présomptueux qu'il ne l'était déjà – il l'était déjà bien assez.

Elle finit par arriver dans son deux-pièces. L'appartement était un peu décrépi, rien de bien luxueux mais suffisamment coquet pour y vivre un temps indéterminé. Un simple lit, une commode en pitchpin et un bureau muni d'une chaise en bois légèrement branlante était les seuls meubles dont sa chambre disposait. Elle était plutôt lumineuse, peinte dans des tons clairs, elle bénéficiait de deux fenêtres encadrées de voiles blancs bouffés par la poussière. Le sol, quant à lui, était recouvert d'un tapis en vinyle anthracite. Sur le bureau, elle avait déjà disposé son ordinateur qui était, avec son portable jetable, son unique moyen de communication avec l'Agence. Sous son lit, elle avait également disposé le reste de son matériel d'espionnage ; des mallettes pleines de dispositifs d'écoute, des micros et caméras espions ainsi que des armes facilement dissimulables. On y trouvait aussi un pli en kraft reprenant l'ensemble des recherches réalisées par son équipe pour mener à bien sa mission.

Elle disparut la salle de bain, munie d'une simple douche et d'un lavabo. Elle fit couler l'eau et rapidement, un nuage de vapeur plomba l'air, l'appauvrissant en oxygène. Rose poussa un soupir d'aise, ôta sa robe qu'elle laissa tomber sur le carrelage blanc et froid, et se glissa sous l'eau brûlante qui fit presque instantanément rougir sa peau pâle dans l'espoir d'effacer l'odeur du bar qui s'était infiltré dans ses longs cheveux. Les yeux clos, elle laissa déferler l'eau sur son visage et détendre ses muscles tandis que son esprit s'échappait à nouveau au profit de son coéquipier.

Sur le noir de ses paupières, un souvenir se rejouait. C'était son coéquipier qui la vannait d'avoir encore été choisi pour une mission, contrairement à elle. Il était tellement heureux. Heureux que lui soit sélectionné et pas elle, heureux de la voir envieuse, heureux de se sentir préféré à elle et aux autres Agents. Son ego faisait gonfler sa poitrine de fierté bien qu'il savait que leur statut ne différait pas, qu'il n'était pas meilleur que Rose. Les missions étaient distribuées selon le profil de l'agent et les besoins de l'enquête, la compétition qu'il s'amusait à faire naître entre eux deux n'était donc pas justifiée et ne semblait que plus puérile. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de se montrer aussi compétitrice que lui.

A ce souvenir, elle sourit. Qu'est-ce qu'il pouvait lui manquer malgré le fait qu'il soit, la plupart du temps, insupportable. Bien que cette fierté non dissimulée soit clairement un obstacle à leur amour et bien qu'elle soit exaspérée et parfois agacée par ce comportement, elle l'aimait et ne pouvait rien y changer. Son souvenir se tarit progressivement au profit d'un autre qui lui serra la gorge d'émotion et de regret. Leur « au revoir » n'avait pas été terriblement joyeux et avait même presque fini sur une dispute. Sur ses paupières closes, elle revivait la scène : « Son ami, qui portait le nom d'Aaron, avait empaqueté son matériel de base et les quelques vêtements dont il aurait besoin pour la mission. Il déjeunait tranquillement dans la cuisine attendant l'heure dite pour le départ. Ce matin-là, il était bougon. Elle ne savait pas pourquoi mais s'en importait peu. Il fallait qu'elle lui parle, qu'il comprenne ce ressentiment, il fallait qu'elle le convainque.

Elle s'assit en silence face à lui et attendit, sachant qu'il finirait par parler. Il aimait être le premier à s'exprimer : il marquait mieux les esprits. Il avait ce côté un peu théâtral et complètement égocentrique.

- Franchement, tu as vraiment cru bon de m'empêcher de dormir la veille d'une mission ? Non mais enfin, te rends-tu compte du risque que tu me fais prendre ?! Tu sais très bien qu'un agent se doit d'être dans sa meilleure forme... (Elle réfléchit mais ne se rappelait absolument pas du méfait dont il l'accusait, elle le laissa alors monologuer un instant.) Je sais que cela fait longtemps qu'on ne t'a plus sollicité pour une mission mais ça ne te donne pas le droit de tout entreprendre pour faire échouer ma carrière. Même si, entre nous, nous savons que la fatigue ne suffirait pas à me rendre incompétent.

Contrairement à son habitude, Rose resta impassible face à ces critiques, ce qui inquiéta Aaron. Jamais elle ne l'avait laissé mettre en doute ses compétences dans son travail, c'était bien le seul sujet sur lequel elle était chatouilleuse.

- Rose ? Qu'est-ce que tu as ? demanda-t-il d'une voix soudainement douce, presque inquiète.

- Ne pars pas.

Aaron resta perplexe, ne sachant s'il devait rire à cette mauvaise blague ou s'il devait vraiment y répondre.

- Ne pars pas, répéta-t-elle d'un ton monocorde. Écoute, je ne peux pas t'expliquer. Tu ne comprendrais pas de toute façon. C'est... Tu ne peux pas partir, pas si tu tiens à nous. Si tu pars, rien ne sera plus pareil, tout va changer. J'en ai la certitude.

- C'est ridicule. Je sais que tu es inquiète et que tu n'aimes pas qu'on soit séparé mais tu verras ; En quelques jours à peine, cette affaire sera bouclée et les méchants enfermés. Ce n'est pas un ridicule pressentiment sans queue ni tête qui me fera abandonner une mission, ricana-t-il en secouant la tête. Et à ma place, tu ferais la même chose, conclut-il en tenant le menton de Rose entre ses doigts avant de déposer un prompt baiser sur ses lèvres.

Il n'attendit pas sa réponse, il était l'heure. Au bas de l'immeuble se trouvait une voiture de luxe prête à l'emmener à l'aéroport. Elle l'avait suivi jusqu'à la porte et l'observait du haut des escaliers. Elle aurait sans doute dû courir, le supplier de rester mais elle était beaucoup trop fière pour ça. Alors, elle le laissa simplement partir. »

Rose déglutit difficilement suite à ce souvenir, ses mains se mirent à trembler et son cœur à palpiter. Il était vrai qu'elle était terrorisée de ce sentiment, de cette impression qu'elle n'expliquait pas. Elle ne se reconnaissait pas dans cette bribe du passé... Elle paraissait si fragile, si suppliante !

Elle prit une profonde respiration et enfouit ses émotions au plus profond d'elle-même. De toute manière, aujourd'hui, c'était déjà trop tard. Elle savait que les choses allaient changer, en bien ou en mal. Hélas, elle ne pouvait expliquer ce qui lui semblait tellement évident, d'autant plus à son ami. Cette intuition étrange qui lui était alors venue la veille du départ d'Aaron ; un sentiment de danger, de changement bouleversant, de directions différentes, de choix. Cela faisait fort longtemps qu'un tel ressenti n'avait réussi à ébranler la forteresse qu'elle s'était bâtie autour d'elle-même et cela l'angoissait terriblement. Aujourd'hui, cela faisait déjà deux mois qu'il était parti, deux mois qu'ils s'étaient quittés de cette façon.

Elle avait été appelée à son tour pour cette mission ; de nouveaux éléments leur étaient parvenus, dirigeant l'enquête vers une ville voisine et d'autres coupables potentiels. Deux groupes d'individus qui ne semblaient pas être liés et qui pourtant étaient suspectés pour le même meurtre. Pour l'instant, Rose n'avait que peu d'information sur l'enquête de son coéquipier et elle commençait tout doucement à penser qu'elle n'en aurait pas beaucoup plus. Sûrement pour ne pas influencer son investigation.

Soudain,la jeune femme fut arrachée de ses pensées par un jet d'eau désagréablementfroide. D'un cri, elle sortit en trombe de la douche et s'enroula d'uneserviette. Tremblante de froid, elle se sécha à toute vitesse et enfila unsimple pantalon noir et un sweat gris souris. Elle s'échappa à nouveau dans laville afin d'observer ses habitants.     


Continue Reading

You'll Also Like

6.3K 630 53
Parfois, les hasards s'enchaînent jusqu'à ressembler au destin. Quand Azura rencontre Gaël, les deux garçons s'imaginent vite que rien ne pourra jama...
30.1K 3.3K 41
C'est l'histoire d'une jeune fille du nom de Zahra qui fut Promise à son cousin dès à la naissance , en grandissant son cousin qui a passé tout son t...
8.4K 1.1K 29
Dans notre monde, il existe des failles magiques, qui sont des portails invisibles menant à des réalités différentes, les Instances. Gregor est un ch...
13.4K 436 56
Adali ne se fait pas d'illusion sur sa nature, depuis toujours elle est certaine d'être un oméga, seulement depuis qu'elle a rencontré Hash, toutes s...