4. La Parade du Cuistre

By LauraScala

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Aliénor de Millicent marche sur des charbons ardents. Pas seulement parce que son oncle démoniaque veut détru... More

Prologue
Chapitre 1 : Un Humble Exorciste
Chapitre 2 : Une Nuit Mouvementée
Chapitre 3 : Une Nuisance Démoniaque
Chapitre 4 : Un Crime Auditif
Chapitre 6 : La Malice du Démon
Chapitre 7 : La Réponse de l'Exorciste
Chapitre 8 : Espionnage d'Opérette
Chapitre 9 : Invocation Impromptue
Chapitre 10 : Discussion Musclée
Chapitre 11 : Danse Endiablée
Chapitre 12 : Cinq ans
Chapitre 13 : Baignade au Claire de Lune
Chapitre 14 : Un Papy Perdu
Chapitre 15 : Le Coussin de Contrôle
Chapitre 15 : Le Coussin de Contrôle
Chapitre 16 : Une Pudicité Incongrue
Chapitre 17 : Les Préparatifs du Mariage
Chapitre 18 : La Vierge Sacrifiée
Chapitre 19 : La Fin d'un Démon
Epilogue
C'est fini !
La Suite : La Marquise Sanglante

Chapitre 5 : La Question

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By LauraScala

Aliénor ne trouva pas plus le sommeil cette nuit. Elle ne voulait pas retourner dans sa chambre, de crainte d'y trouver Bérith, et avait peur de croiser un humain trop curieux dans les couloirs.

Inconsciemment, ses pas la guidèrent jusqu'à l'antre d'une sorcière.

La seule à savoir dans quelle situation elle se trouvait aujourd'hui.

Suite à son mariage officieux avec Florentin, Léopoldine s'était vue attribuer une salle réservée à ses décoctions. Un grand chaudron trônait près de la fenêtre, afin de laisser la lune le baigner de sa lumière. Des ouvrages s'alignaient d'un côté, des ingrédients peu ragoutants de l'autre. Des yeux de crapauds côtoyaient des ailes de chauvesouris, mais aussi de la betterave, du cèleri ou encore de la coriandre. On trouvait vraiment de tout, là-dedans.

Il y avait Léopoldine, aussi.

Vêtue d'une chemise de nuit confortable, elle s'affairait à hacher du... Du quoi, au fait ? Cela ressemblait à un doigt !?

-Bonsoir, Aliénor, chantonna la sorcière en se tournant vers elle, son hachoir taché de sang à la main. Quel bon vent t'emmène ?

À son air sinistre, son sourire se figea sur ses lèvres. Léopoldine, bien que son prénom soit atroce, était absolument ravissante. Ancienne prostituée et reine de la potion pour l'érection des hommes, elle était puissante. Mais surtout, elle était très amoureuse de Florentin.

-Un problème avec le démon ? fit-elle doucement.

Si Léopoldine savait tout cela... c'est parce que des jours plus tôt, elle avait cherché à pactiser avec un démon, afin de sauver son époux. Condamné à disparaitre en raison d'un sortilège, le Marquis d'Aresac était aux portes de la mort quand elle avait pris cette décision.

Aliénor s'en était aperçue, et était intervenue. Elle avait vendu son âme à la place de la jeune sorcière. Car sans cela... Le démon en question n'aurait jamais accepté. Bien qu'à la base un autre ait été appelé, c'était le Duc de Bérith qui s'était imposé. Or, pour lui, l'âme d'une louve-fée était la chose la plus précieuse...

Ils avaient donc passés un pacte : en échange de son âme, il l'aiderait à vaincre Oncle Oscar. Le souci, c'était qu'Aliénor avait bien l'intention de garder cette partie de son être.

-Ouah, fit Léopoldine au terme de ses explications. Il me surprend, ce Duc de Bérith.

Assise sur son plan de travail –en fait, le doigt appartenait à l'un des cadavres ressuscités par mégarde par Erik-, elle battait des pieds dans le vide. Installée à même le sol, Aliénor contemplait les flammes sous le chaudron d'un air contrarié.

-Pourquoi cela ? s'enquit-elle, face à la surprise de la sorcière.

-Ma foi... C'est un démon. Il aurait pu insuffler en toi un désir ardent et te prendre à ce moment-là.

Heu... Elle cligna plusieurs fois des yeux, avant de réaliser. Effectivement. Il aurait très bien pu faire cela.

-Il préfère plutôt te faire la cour... Bon, de façon démoniaque, mais c'est très surprenant.

-Tu l'as dit toi-même, c'est un démon, Léopoldine. Il doit s'amuser de la situation. Il doit faire durer le plaisir de cette façon.

Elle réfléchit.

-Effectivement, c'est une possibilité.

-Dis-moi... Il n'y aurait pas un moyen de... Je ne sais pas... Rompre le pacte ?

-Ouuh... Tu joues à un jeu dangereux, Aliénor ! Surtout que le Duc de Bérith n'est pas un enfant de chœur !

La mare de sang, dans la forêt, lui revint.

-Oui, je sais. Pourtant... Je... Je ne veux pas me donner à lui, gémit-elle en se prenant la tête entre les mains. C'est un démon ! Si je le fais, il volera mon âme ! Nous ne connaissons pas les conséquences d'un tel vol !

-Oh, Aliénor... Je suis désolée... C'est de ma faute si... enfin, bref. En vérité, j'ai déjà réfléchi à la question.

La jeune louve-fée releva la tête, les yeux emplis d'espoir.

-C'est vrai !?

-Oui, grimaça Léopoldine. Mais la solution ne va pas te plaire...

En vérité, ce n'était pas que la solution ne lui plaisait pas. C'était juste... Qu'elle ne savait pas si cela était possible ou non.

Interdite, cela lui retourna quelque peu le cerveau. Non, décidément, elle ne dormirait pas cette nuit. Quelle heure était-il ? Deux, trois heures du matin ?

Il était bien tard, pour se rendre à la chapelle. Ce n'était pas par foi qu'elle s'y rendit, même si elle resta plantée devant la croix un long moment. Le christ se trouvait devant la grande rosace, au travers de laquelle la lune projetait ses rayons, illuminant les dalles de pierre. Entre les prieurés, devant l'autel, elle se posa de sérieuses questions.

Par bonheur, la seule personne à pouvoir y répondre sortit des logements des hommes de Dieu, à l'arrière du bâtiment.

-Aliénor ? s'étonna lord Abiscon. Que fais-tu là ?

Il finissait d'enfiler sa chemise de coton, largement ouverte sur le chapelet pendant entre ses pectoraux. Les yeux vairons de Hawk croisèrent les siens, avant de s'écarquiller.

-Par tous les... Que t'arrive-t-il !?

Pressant le pas pour la rejoindre, il glissa une main dans ses cheveux, avant de l'attirer à lui. Son étreinte était douce, chaude. La joue posée sur son cœur, la jeune femme fixa une dernière fois la croix.

-Je dois te parler, Hawk. J'ai une question importante à te poser.

-Dis-moi tout.

Mal à l'aise, elle se dandina d'un pied sur l'autre.

-Peut-être... Heu... Peut-être pas ici.

Interdit il ouvrit la bouche... Avant de rougir légèrement.

-Ah non ! Tu ne vas pas encore... Je suis un homme de Dieu ! Tu le sais !

-Je le sais parfaitement, sot ! Ce n'est pas de ça... Enfin si, c'est... Je...

Son froncement de sourcil la fit s'arrêter net. Il la prit par la main, pour l'entrainer à l'arrière de la chapelle. Là, ils franchirent une lourde porte, avant de grimper une volée de marches. Ils se trouvaient dans les quartiers privés des hommes d'Église. Enfin... Chez les Millicent, il n'y avait que le prêtre et lord Abiscon, actuellement. Le premier étant un loup-garou.

-Le père est à son tour de garde à l'entrée du château, l'informa-t-il. Nous sommes seuls.

Oh... Il referma la porte de sa chambre derrière eux. Curieuse, elle avisa les lieux. Relativement vides. Il y avait un lit sous la petite fenêtre, une croix au-dessus, un coffre emplit de vêtements... Et c'était tout.

Quelle tristesse...

Son inspection achevée, elle se tourna vers Hawk. Adossé à la porte, les bras croisés, il l'observait avec attention.

-Je t'ai rarement vu aussi fébrile, Aliénor. De quoi veux-tu me parler ?

-C'est une question... technique.

-C'est-à-dire ? demanda-t-il avec prudence.

Inconsciemment, elle tritura le cordon de sa robe de chambre. Bon. Autant se jeter à l'eau.

-Suis-je toujours vierge ?

Les yeux écarquillés, il ouvrit la bouche, la referma, avant de devenir rouge pivoine. Pour un peu, elle en aurait éclaté de rire. Malheureusement, elle aussi était écarlate.

-Je, heu...

-Écoute, Hawk... Nous avons fait bien des choses il y a un an. Mais je... Enfin... Nous ne sommes pas... Tu es le mieux placé pour me dire si je suis toujours vierge !

Durant le silence qui suivit, ils furent tous deux incapables de parler. Hawk n'en croyait pas ses oreilles, et elle n'osait pas ajouter quoi que ce soit. Finalement, il expira lentement, sans bouger de la porte.

-D'accord. Tu peux me dire exactement pourquoi tu veux savoir cela ?

Oups. Elle ne pouvait pas lui dire que... Non, c'était inenvisageable. À son air soupçonneux, elle opta pour l'attaque.

-Tu ne veux pas me répondre ? cingla-t-elle. Dois-je expliquer à quelqu'un tout ce que nous avons fait, pour que je sache où j'en suis ?

-Non non ! Surtout pas ! s'exclama-t-il en s'arrachant enfin à sa porte. Bon, écoute, Aliénor... Je... Nous...

Il prit une profonde inspiration, cherchant ses mots. Elle ne l'avait jamais vu aussi rouge !

-Assieds-toi, lui demanda-t-il, avant de se laisser tomber sur son lit. Viens.

Elle s'exécuta, sur la pointe des fesses.

-Bien. Je t'écoute.

-Oui, enfin... Écoute, nous avons fait beaucoup de chose cette nuit-là, Aliénor, murmura-t-il en passant une main dans les cheveux de la jeune femme. Mais nous nous sommes arrêtés avant de commettre l'irréparable. Tu...

La voix soudain rauque, il l'éclaircit avant de reprendre. Aliénor tentait de se concentrer, perturbée par ses doigts courant le long de sa joue, par leur nouvelle proximité. Immanquablement, les évènements de l'année dernière lui revinrent à l'esprit.

-J'ai eu bien du mal à me retenir, mais tu es toujours vierge.

Fichtre.

Ce fut le premier mot à lui venir à l'esprit. Contrariée, elle regarda le bout de ses orteils, dépassant de sa robe de chambre.

-Cela t'énerve, apparemment, fit-il lentement. Je pensais qu'au contraire, tu en serais ravie.

-Oui. Non. Enfin... Je...

Raah ! Impossible de tenir en place ! Elle se leva, pour commencer à faire les cent pas dans la petite chambre. Lord Abiscon la regarda faire, tout en cherchant à comprendre de quoi il en retournait.

-Tu t'inquiétais pour ton mariage futur ? Tu avais peur que sans ta virginité, un beau mariage te soit inaccessible ?

Elle se figea, le fixa comme s'il lui était poussé une deuxième tête.

-Pardon ? gronda-t-elle.

-Quoi ? Je n'ai rien dit de stupide, se défendit-il avec flegme. Tu te marieras un jour, Aliénor.

-Non.

-Si.

-Non, je ne me marierais pas, Hawk, car ce ne serait pas un mariage d'amour, tu le sais pertinemment.

Ils se toisèrent un instant.

-Dans ce cas, pourquoi ? Pourquoi voulais-tu savoir si tu étais toujours vierge ?

-Cela ne te concerne pas !

-Pardon !? rugit-il. Cela me concerne, Aliénor ! Je m'inquiète, si tu veux tout savoir !

-Ah oui !? Alors dans ce cas, sache que sans ma virginité, j'aurais au moins été certaine de ne pas attirer des importuns !

Voilà. C'était assez vague pour qu'il se fasse l'idée de son choix, là !

-Quoi !? Tu parles du Comte Jehan !? Que t'a-t-il donc fait !?

Le Comte... Oh, diantre, elle l'avait oublié, celui-là ! Levant les bras au ciel, elle émit un bruit fort peu féminin.

-Je n'en ai rien à fiche, du Comte Jehan ! Tu m'énerves, Hawk ! Tout ça, c'est de ta faute ! Si tu m'avais fait l'amour en bonne et due forme il y a un an, nous n'en serions pas là !

La suite la prit par surprise. Elle se retrouva plaquée contre cette maudite porte, les mains de l'exorciste plaquées sur le battant de chaque côté de son visage. Le sien se trouvait tous prés, ses yeux vairons la clouant sur place.

-Que veux-tu réellement, Aliénor ? Tu es venue ce soir pour me demander de te faire l'amour ?

Non. Mais maintenant qu'il le proposait...

-Tu veux que je te débarrasse de cette encombrante virginité ? gronda-t-il d'une voix basse qui la fit trembler de la tête aux pieds. C'est bien cela ?

-J'ai toujours voulu que tu m'en débarrasses, rétorqua-t-elle. Tu le sais bien, Hawk.

Leurs lèvres se joignirent, enfin. Ivre de désir, elle passa les bras autour de la nuque de lord Abiscon. Les seins plaqués contre son torse, elle sentit ses doigts empoigner ses fesses à pleines mains, pour la plaquer contre lui. Il n'y avait là rien de doux. Juste un besoin brut, qu'ils refrénaient depuis toujours.

Sur la pointe des pieds, elle prit sa bouche, aussi bien que lui la sienne. Elle lâcha sa nuque, pour glisser les mains sous sa chemise. Au contact de son ventre ferme, un nouveau frisson la parcourut, sensuel cette fois-ci. Elle parvint sans mal à défaire les attaches de son pantalon, tout comme il la débarrassa de sa robe de chambre en un tour de main. En revanche, il arrêta la sienne avant qu'elle ne s'aventure sous sa ceinture.

Sans un mot, il quitta ses lèvres pour tracer une ligne de baisers le long de sa gorge. Le cœur battant la chamade, elle se tortilla en sentant ses mains sur ses seins. Au travers du fin voile de sa chemise de nuit, elle trouvait ses paumes brulantes, ses doigts affolants. Agrippée à ses épaules, elle émit un gémissement quand sa bouche se referma sur son téton...

... Des coups à la porte de la chapelle les immobilisèrent, brisant cet instant d'ivresse.

-Ah non ! s'exclama-t-elle. Non !

Ils étaient en si bonne voie ! Mais les coups redoublèrent, des cris résonnèrent. Le sang battant à ses tempes, Aliénor fut incapable de comprendre de quoi il en retournait. Néanmoins, les individus durent trouver le moyen d'ouvrir, car il y eut bientôt de l'écho. Ils se trouvaient dans la chapelle !

-S'ils ne sont pas là pour une bonne raison, gronda Hawk en quittant sa poitrine, je jure que je les tue.

Il remit en place son pantalon, elle referma sa robe de chambre avec une frustration terrible. L'oreille tendue, le visage de l'exorciste devint de plus en plus froid.

-Tu vas devoir rentrer au château, déclara-t-il. Prends ta forme de louve et va-t'en, Aliénor.

-Quoi ? Mais pourquoi !?

-Fais ce que je te dis.

Non de...

Il partit en courant dans la chapelle, la laissant en plan. Oh lui... Eux... Qui que soient les responsables de ce coït interrompus, elle allait leur arracher les yeux ! Quoi qu'il en soit, elle suivit le conseil de l'exorciste. Énervée au possible, elle se déshabilla, dissimula ses effets dans le coffre avant de s'envoler par la fenêtre.

Néanmoins, elle se posa sur le toit au lieu de disparaitre.

À l'intérieur, des exclamations se faisaient entendre. Que se passait-il ? Qui pouvait bien venir à une telle heure importuner Hawk ?

-La curiosité est un vilain péché, mademoiselle de Millicent.

Cette fois-ci, elle aurait poussé un hurlement si elle ne s'était pas trouvée sous sa forme de louve. À deux doigts de l'arrêt cardiaque, elle trouve Bérith debout derrière elle, ses ailes repliées dans son dos. De mauvais poil.

-Je suis d'une patience sans limites pour un démon. Mais avec le manque de sommeil, je suis moins sympathique.

La saisissant par la peau du cou, il la bloqua sous son bras avec autorité. Aliénor chercha bien à se dégager, mais il accentua la pression sur ses côtes, lui coupant le souffle. En représailles, elle tenta de le mordre.

-Ne t'avise même pas de faire cela, cingla-t-il en bloquant ses mâchoires de sa grande main. Maintenant, au lit !


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