4. La Parade du Cuistre

Chapitre 16 : Une Pudicité Incongrue

Aliénor avait du mal à le croire, mais c'était bien vrai.

Il y avait une cascade dans le palais. Assez petite pour lui permettre de se glisser sous les eaux sans risquer de se faire mal. Or, elle avait bien besoin de se laver.

Néanmoins, la chose étai ardue quand un démon vous tripotez en même temps.

-Bérith ! s'exclama-t-elle lorsqu'il l'enlaça par-derrière, afin de l'embrasser dans le cou.

-Quoi ?

Interloqué, il la fit pivoter vers elle. Elle voila aussitôt de ses mains tout ce qu'il y avait à voiler sur elle. Les mains sur ses épaules, Hawk la considéra un instant, le visage dénué d'expression.

-Es-tu sérieuse ?

-Je suis en train de me laver.

-Moi aussi. Est-ce que je me cache ?

-Ce n'est pas pareil !

Il attrapa ses mains, pour les écarter de sa pudeur. Ha... Elle devint aussitôt rouge pivoine, ce qui le fit sourire d'un air canaille.

-Non... Tu es gênée, alors que j'ai caressé la moindre parcelle de ton petit corps ?

-Dans le feu de l'action, ce n'est pas pareil, répliqua-t-elle en s'agitant pour se libérer.

Sa poitrine bougea en cadence, détournant l'attention du démon.

-Oh, mais si c'est ça, le problème, le feu de l'action peut rapidement revenir, ricana-t-il en lâchant ses poignets.

Cela pour mieux l'attraper par la taille, et la plaquer contre lui. De plus en plus rouge, elle se tortilla un peu plus, aggravant les choses.

-Bérith ! s'exclama-t-elle.

-Quoi ? Je suis abstinent depuis cinq ans !

Bloquant ses mains aventureuses sur son ventre, dos à lui, elle le fusilla du regard. Il lui fit un immense sourire.

-Ce n'est pas de ma faute. Je te signale que j'ai déjà tenté plusieurs fois de te sauter dessus, sans succès.

-C'est parce que je voulais que tu me veuilles moi, et pas un avatar créé de toutes pièces. Elle rougissait toujours, mais plus pour la même raison. Ce vil démon en profita pour lui mordiller la nuque, la manifestation de son désir venant au passage caresser ses fesses. Oh...

-Tu... Tu vas enfin me dire pourquoi tu es resté abstinent si longtemps ?

Il arrêta son petit manège, pour la faire pivoter vers lui. Tous deux humides de la cascade, les pieds dans l'eau, ils sentaient la brise chaude des Enfers sur leur peau. Ou alors elle avait tout simplement chaud.

-N'est-ce pas évident ? ronronna-t-il en faisant glisser ses doigts le long de ses flancs, lui arrachant un frisson sensuel. Je suis amoureux de toi depuis cinq ans.

-Que... Que... Que...

L'embrassant pour la faire taire, il l'enlaça tendrement. Quand leurs lèvres se séparèrent, elle eut l'impression de ne plus être douée de la parole. Il l'aimait... L'aimait ? Pour de vrai ? De démoniaque façon, comme un loup aime un gigot, ou...

-Tu es sotte ou quoi ? grinça-t-il en percevant ses dernières pensées. Je t'aime réellement, Aliénor. Tu ne te souviens probablement pas de notre première rencontre, mais...

-Si, je m'en souviens, gargouilla-t-elle.

C'était à Paris, chez ses grands-parents. Plusieurs mois après l'enterrement de Célestin, leur grand-mère avait envoyé un message, pour que tous viennent voir le fantôme de la famille. Un fantôme capable de communiquer, de les rassurer de son état... Un fantôme qui combla leur peine et le manque en leur cœur.