Chapitre 13 : Baignade au Claire de Lune

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Debout devant la grande fontaine, Aliénor toisait Bérith comme s'il lui était poussé une deuxième tête.

-Je refuse de venir dans l'eau.

Les bras croisés, entièrement nu dans le bassin lui arrivant jusqu'à la taille, le démon faisait de son mieux pour se contenir. La nuit n'était toujours pas achevée, aussi la lune le baignait-elle de ses rayons argentés.

-Aliénor... Cesse de faire l'enfant et viens ici !

Cela n'avait rien, mais alors rien à voir avec l'enfance. Bien au contraire. Car le rustre se trouvait nu dans l'eau, ses ailes bien visibles, comme pour la narguer. Comme pour lui dire que tantôt, elle l'avait désirée comme une femme désir un homme.

Elle avait envie de le frapper.

-Non ! Il y a bien un autre moyen d'aller en Enfer, non !?

-Aliénor de Millicent... De nous deux, qui est le démon, ici ?

Les bras croisés sous sa poitrine, elle le toisa.

-Toi.

-Bien. Alors je suis le plus qualifié pour savoir comment aller en Enfer. Viens ici.

En pantalon et ample chemise masculine, la jeune femme avisa l'eau froide avant de grimacer. En découvrant le rôle joué par Bérith dans les Enfers, elle s'était mis une idée stupide en tête. C'était pour cela qu'elle s'était ruée à la rencontre de Mamie Millicent dans la soirée. Pour lui en parler. Malheureusement ses révélations avaient coupé court à toute discussion.

De fait, elle se retrouvait à devoir rejoindre un démon nu comme un ver dans le bassin d'une fontaine. Fontaine représentant Hadès enlevant Perséphone. Une image diablement appropriée à la situation...

-Viens ici ou je te laisse nue dans les jardins, avec tous les aristocrates réveillés, la menaça le démon.

Non... Il en était capable, le rustre !

-D'accord, d'accord ! J'arrive !

Ils avaient laissé une note sur la table de son salon.

« Je vais chercher grand-père », avait-elle marqué à la hâte.

Elle allait se faire sermonner à son retour, mais elle ne regrettait pas sa décision. Car Aurore, des trois enfants, avait toujours eu le plus de liens avec Célestin de l'Esprit Saint. Depuis la disparition de son fantôme, son inquiétude était évidente. Tout comme celle de Marie, ou de leur mère. Aliénor n'avait rien pu faire, condamnée à voir l'absence d'un membre de la famille pour le jour le plus important de sa sœur.

Ce serait là son cadeau de mariage.

Elle ramènerait leur grand-père.

Néanmoins, quand elle plongea les pieds dans l'eau, elle se fit la réflexion que les choses seraient plus compliquées que prévu.

-Pourquoi suis-je nue !? explosa-t-elle en s'enfonça aussitôt dans l'onde glaciale, le rouge aux joues.

Les poings sur les hanches, nimbés des rayons de la lune, Bérith lui adressa un sourire narquois. Il en avait encore profité pour la déshabiller d'un claquement de doigts.

-J'ai le droit d'en profiter, non ? C'est là mon paiement pour la faveur que tu me demandes.

Lui et ses maudits paiements...

-Tout du moins, une partie, ajouta-t-il en l'attrapa par la main, pour l'attirer à lui. Car tu m'en demandes beaucoup, sur ce coup-là.

-Ne m'enlace pas ainsi ! s'exclama-t-elle en se retrouvant les seins plaqués contre son torse.

4. La Parade du CuistreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant