Water Lily : la floraison.

By RosalineOscar

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- Maman, murmurai-je. - Bonjour ma chérie, sourit-elle en m'ouvrant ses bras. Je m'y ruais aussitôt, enfoui... More

J'ai retrouvée ma place.
J'ai retrouvée ma place - scène 2.
Rebondissement. Cela m'avait presque manquée.
Bianca. Gareth. Les présentations sont faite, au revoir ?
D'émotions en émotions. Dieux des céréales, soyez clément.
F.A.Q : Réponse a vos questions.
Allié. Enfin, on va essayer.
Un dernier soir
Ma famille. Où plutôt un puzzle de ma famille.
Tiens-toi prête.
On règle nos problèmes. Non, j'ai pas dit qu'on s'entre-tuait.
Retournons en enfance. Vingt ans ou cinq, c'est pareil après tout.
Catastrophe, bonjour. Tu m'avais presque manquée.
Entre souffrance et joie, il n'y a qu'un seul pas.
Pardon.
Avoir ou ne pas avoir la tête sur les épaules telle est la question.
Normal.
Je ne suis pas folle. Enfin si peut-être. Mais non. Bon d'accord.
Je vais péter un plomb.
Cacophonie, je vais devoir devenir chef d'orchestre.
Le calme avant la tempête ? Non non, juste la bourrasque.
Le nénuphar prend l'eau. Mais parviendra à fleurir.
Un, deux, trois nous irons tous au bois. Quatre, cinq, six avec des explosifs.
Telle fille, telle mère. Aussi gourde l'une que l'autre
Tout ira bien. Enfin. Normalement.
Premier round. Un, zéro.
F.A.Q : la chanson qui...
Je vous emmerde. Bien cordialement, Keyli.
Aucune pitié.
Pikachu ! A l'attaque ! Pardon. Je confonds.
Un dragon. Où comment botter les fesses d'un ennemi en quelques secondes.
Trahison. Un partout. La balle au centre.
Je t'aimais. Je t'aime. J'aurai voulus dire je t'aimerai.
Le début d'une fin. Ou le commencement d'un début.
Vers l'infini et l'au-delà. Buzz l'éclair, sors de ce corps.
Épilogue Kenan.
Épilogue Maël.
Bonus I : Ma reine de cœur.
Bonus II : de diapositive en diapositive.
Bonus III : Qui suis-je ? Entre mort et renaissance.

Tu m'as sauvé.

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By RosalineOscar

GAMBADE. 

Dorénavant, l'auteur de Water Lily part se terrer au fond d'une grotte. Les représailles ne sont donc pas possible. Veuillez laisser un bip après le message sonore. Ou inversement.



Il était mort. Il était mort. Il était mort. Ma tête était sur le point d'exploser. Le bourdonnement incessant qui vrombissait allait me donner la nausée. Il était mort. Il était mort. Il était mort. Je n'avais pas le courage de me retourner, pas même le courage de pleurer encore. Mes larmes s'étaient taris, laissant de long sillon humide sur mes joues pâles. Son esprit n'était plus dans le mien et mon corps entier était parcouru de spasme. C'était comme si le temps c'était arrêté, comme si mon cerveau avait décidé qu'il coupait tout. Nette. Il ne pouvait que faire tourner cette même phrase encore et encore. Il était mort. Il était mort. Il était mort. Cela résonnait en écho. Il était mort. Il était mort. Il était mort.

Un hurlement de rage, de frustration, de peine, de souffrance s'extirpa de mes lèvres. Je frappai au sol en m'avachissant un instant, mes cheveux défait tombant en cascade autour de mon visage. J'avais envie de hurler encore. D'apaiser ce trop plein de sentiment qui voulait surgir. De compenser le trou béant dans ma poitrine. Mais comment compenser un trou si immense ? Une seule chose y parvenait fébrilement. Un nom. Un nom précis. Uriel. Il pourrait le ramener à la vie. Il pourrait le sauver, contrairement à moi.

Vacillante, le corps aussi lourd que le cœur, je me relevai. Je n'avais pas le temps de geindre. Pas le temps de pleurer tout mon soûl jusqu'à me noyer dans mes larmes, car c'était ce qu'il adviendrait s'il était réellement mort. Définitivement. Je ne pourrais pas m'en remettre. Pas lui. Je doutai de pouvoir supporter la mort de qui que ce soit, mais la sienne était plus douloureuse encore que tout ce que j'avais pu imaginer. Quand je fus debout, un sentiment de solitude me parcourut quand le vent glacé fit voler mes cheveux en arrière. Aucun de leurs esprits ne murmuraient dans le mien.

Saphira était gravement blessée. Epona tentait désespéramment de la sauvée. Cyriel tenait bon, mais il commençait à ne plus tenir le rythme, peinant à contenir ses adversaires. Isidora avait déjà rejoins le plafond de ma chambre, touchée grièvement par une Manticore. Mikaël était à moitié inconscient au sol devenant une cible facile. Andréa tentait de le protéger, de sauver sa peau mais lui-même n'était pratiquement plus en état, son pelage soyeux recouvert de trace de sang. De son sang. Je percevais plus au loin les pensées de Tamara et Andrew, confus et à peine perceptible tant ils étaient épuisés. Mon père se battait lui aussi, protégeant ma mère totalement paniquée par ce qu'elle voyait. Bianca serrait toujours le corps de Gareth, sanglotant de façon incontrôlée. Maël et Kenan étaient tout proche, aussi inconscient l'un que l'autre mais hors de danger pour le moment. Je ne percevais pas les pensées de Jena et de Uriel. Mon cœur se serra davantage. Cela pouvait signifier deux choses : soit ils étaient mort, soit totalement hors de portée de mon don amenuisé par la fatigue.

Je fermai les yeux. Tu n'es pas seule. J'avançai d'un premier pas, mes jambes qui tremblaient parvinrent de justesse à me soutenir. Le dos droit, le regard fixé en avant, je me dirigeai vers celui qui avait causé tout ce chaos. Celui à qui je devais faire payer. Mon cœur ne semblait plus battre dans ma poitrine, comme anesthésié par la souffrance. Pourtant mon esprit lui avait décidée de se montre cruelle. Fourbe. Odieux. Il n'était visiblement pas capable de faire cesser le tourbillonnement de cette même phrase : il est mort. Mais par contre semblait parfaitement apte à intensifier la douleur.

Son sourire. Sa voix. Ses gestes. Ses paroles. Toutes les attentions qu'il avait eu envers moi. Toutes ces fois où il avait prit ma défense, même contre son propre marqué. Sa gentillesse. Sa façon de me regarder. Tous ce qu'il avait entreprit pour m'aider. Toutes ces fois où il m'avait sauvée la mise. Tous ce qu'il était me sautait à la gorge, me la broyant totalement. Les larmes n'emplissaient pourtant pas mes yeux. Pas maintenant. Plus tard. Pour l'instant ses paroles me revenaient aussi en mémoire : « L'un de nous pourrait être blessé. L'un de nous pourrait même mourir. Je ne dis pas que cela arrivera, mais c'est une possibilité. Et tu devras continuer. Toi seule peut vaincre Geoffrey alors ne commet pas d'imprudence pour nous sauver. Est-ce claire ? ». Très claire.

De toute manière il était trop tard pour espérer le sauver. Devon. Son nom se répandit comme un murmure. Comme une brise légère et fébrile. J'avançai toujours dans la forêt, allant là où tout ce terminerait probablement. Le regard perdu dans le vague, je ne pensai pas à ce qui m'attendait. Je ne pensais qu'à une unique personne. Je me souvenais de ce premier soir où je l'avais rencontré. Ce fameux soir où ce fichu loup avait débarqué dans ma vie. À ce moment précis, jamais je n'aurai pu pensée qu'il deviendrait un ami si précieux, jamais je n'aurai pu concevoir à quel point j'allais pouvoir me reposer sur lui. Jamais je n'aurais imaginé qu'il deviendrait plus qu'un simple ami. Il avait été le premier meilleur ami que je n'avais jamais eu. Le premier à qui j'aurai pu confier tous mes soucis, sans craindre son jugement. Le premier à qui j'aurai pu demander si j'avais grossi et qui m'aurait répondu avec la franchisse propre aux meilleurs amis. Le premier qui aurait rit à gorge déployée à une blague pourri juste pour m'éviter l'humiliation. Le premier qui m'aurait accompagné partout où j'aurai eu la lubie de vouloir aller. Le premier qui m'aurait toujours rassuré, toujours accompagné, toujours protégé. Une larme coula sur ma joue, mais je l'essuyai vivement. Pas maintenant, Keylinda.

Devon avait été tout. Pendant deux ans, il avait eu une place centrale dans chacun de mes gestes, de mes actions. Il avait là à chaque fois que j'en avais eu besoin. Mais pas moi. Moi, j'avais été absente quand Jena lui avait brisée le cœur. Je n'avais pas pu sauvée Nathan. Et je n'avais pas pu le sauver, lui. Pourtant j'aurai dû. Kenan avait frôlé la mort, y étant pratiquement entré. Alors cela signifiait que son lié avait tout autant subis. Devon était tombé au sol, inconscient tandis que son marqué subissait le même état léthargique. Bien évidemment, Epona et Saphira avaient tentées de le protéger. Mais elles ne pouvaient pas se défendre elles-même et le défendre lui. Saphira avait été blessée en tentant désespérément de le faire. Et dès que ce fut le cas, Devon avait été condamné. Un homme avait enfoncé la pointe d'une lance dans son poitrail alors qu'il s'éveillait à peine pendant que Kenan, lui, recouvrait toutes ses capacités.

Je n'avais pas pu lui rendre le quart de ce qu'il m'avait offert. Je n'avais rien pu faire pour lui. Mes yeux me piquaient. J'avais beau lutée, il était dur de faire comme si de rien n'était, comme si dans quelques heures j'allais pouvoir le retrouver, entendre ses blagues pourris et subir ses taquineries. Sentir son bras autour de mon cou et sa main dans mes cheveux. Entendre son rire si joviale. Voir l'espièglerie dans ses yeux. Merde. Ma gorge totalement serré m'empêchait de respirer. Je dû prendre une grande bouffée d'air et me stopper une seconde.

« - Tout va bien, princesse. »

Sa voix. Je me redressai brusquement alors qu'une chaleur envahissait ma poitrine. Une chaleur qui m'était familière. Devon. Mais rien. Son esprit n'était toujours pas là. Cela n'avait été qu'un rêve ? Qu'un tour de mon esprit ? Je fermai les yeux. Non. Je voulais croire qu'il était encore là. Qu'il n'était pas encore partit. Uriel pourrait le ramener. J'en étais convaincu. Et je pourrais me répandre en excuse, lui dire à quel point j'avais été une amie nullissime et que je comptais bien me rattraper.

Plus sereine, je marchai encore quelques instants avant de devoir totalement me vider l'esprit. Confortablement installé sur le sol, assis en tailleur, Geoffrey m'attendait patiemment. Un léger sourire sur le visage, il arborait avec splendeur toute la satisfaction que lui provoquait mon visage encore légèrement humide. Il savait. Et cela ne me surprenait pas le moins du monde.

- Je suis désolé pour ton petit toutou.

Ma mâchoire craqua sourdement. J'allais le tuer. J'allais me venger au centuple. J'allais le détruire. C'était plus qu'un besoin désormais. C'était une pulsion. Primitive. Viscérale. Trop profondément ancrée pour que je ne songe à m'en défaire. J'allais le faire. Cette fois, il n'y avait plus que lui et moi. Je ne comptais pas mourir, pas face à ce monstre. Alors je n'avais plus qu'une unique issue.

Sans répondre, je faisais courir deux de mes doigts sur mon avant-bras gauche là où se dessinait un tatouage relativement récent. Durant mon voyage en Autre Monde, j'avais eu le temps d'apprendre à me servir des marques qui couvraient ma peau. J'en connaissais les moindres subtilités. Et j'avais aussi appris à en ajouter. L'épée que m'avait offerte Cyriel se glissa sur ma peau, ondulant entre les autres courbes jusqu'à atterrir dans ma paume où elle se matérialisa dans une lumière blanchâtre. L'épée de Nuada épousa parfaitement l'intérieur de ma main.

- Avant de commencer, j'aimerai te laisser une dernier chance.

Lentement, il se redressa avec calme en m'agaçant un peu plus. Il ne me prenait pas au sérieux, ne me jugeait ni menaçante ni même digne de méfiance. Il ne s'armait pas, ne cherchait pas non plus à se mettre en position de défense. Il semblait vouloir me crier qu'il maîtrisait la situation avec une perfection qui ne permettait pas le doute. Son assurance me remplissait un peu plus de frustration à chaque seconde. Mais je ne le laissai pas transparaître, lui offrant un même visage impassible.

Il s'avança dans ma direction, ses pieds frôlant le sol avec grâce et élégance. Si on ne le connaissait pas, Geoffrey transparaissait d'un angélisme rehausser par ses ailes. Sa peau pâle, son apparente douceur dans des gestes prudents et maîtrisés, une visage quelque peu féminin et longiligne. Mais dès que nous croisions ses iris, le charme éclatait. Je levai mon épée dans sa direction, la lame vrombissant légèrement alors qu'elle s'emplissait de mon don.

- Je ne me laisserai pas avoir par tes ruses, affirmai-je sobrement. Ne t'approche pas.

- Tout n'est pas encore irrémédiable, rétorqua-t-il en se stoppant tout de même. Songe à tous les morts que tu pourrais éviter. Il y en à déjà eu bien assez, tu ne trouve pas ?

- Je n'éviterai pas la tienne. Tes belles paroles ne m'atteindront pas, je sais ce que je dois faire.

- Regarde autour de toi, penses-tu que ma mort suffira ? D'autre prendront ma place, cracha-t-il avec mépris. Ta naïveté commence à ressembler à de la stupidité. Es-tu comme ta mère ? Vas-tu sacrifier ta vie pour une cause utopique ?

- Je préfère être une utopiste qu'être quelqu'un qui n'a pas agit et t'a laissée accéder au pouvoir. Contrairement à ce que tu imagine, je sais que l'avenir ne sera peut-être pas meilleur que le présent, mais je suis certaine que tout futur ne peut être construit tant qu tu en fais partit. Plus que aucun autre marqué tu t'es engouffré dans une voie sans issu, une voie si sombre que tu n'es même plus capable de discerner la moindre lumière.

- L'espérance, souffla-t-il dans un rictus moqueur. Voilà encore un sentiment qui me prouve à quelle point tu ne seras jamais qu'une enfant. Tu as raison. J'ai éradiqué la moindre lueur depuis bien longtemps, je ne vois plus qu'une seule et unique chose : la flammèche que j'étais est déjà venue une flamme, mais bientôt je serais un feu incandescente. Et je brûlerai sur mon passage tous les êtres qui ont pu t'être chère.

Il cherchait à me provoquer. Cherchait à me faire sortir de mes gonds. Il voulait me pousser à entrer dans cet environnement qui était le sien : la colère, la rage, le besoin de tuer. Et je n'allais pas y céder. J'enfonçai mes ongles dans ma peau, canalisant aux mieux tout les ressentis qu'il me faisait éprouver. Il avait déjà tué Devon. Mais je ne laisserai plus toucher à un cheveux de qui que ce soit. Dans quelques heures je me laissai qu'un seul résultat possible : sa mort. Peut-être que je devrai y laisser ma peau, mais en aucun cas cet homme n'en sortirait vivant. Je m'en faisais la promesse.

La lame argentée courut sur le sol, traçant dans la terre molle une ligne fine. Geoffrey la suivit du regard, plus méfiant. La conversation était close. Je n'avais aucune intention d'écouter ses balivernes, ni lui offrir la possibilité d'entrer dans ma tête. Car je n'avais pas été dupe, son envie soudaine de discuter n'avait été là que pour tenter d'incruster son esprit dans le mien. Il avait échoué. Et il n'aimait pas ça. Nous étions toujours sur un pied d'égalité, mais il était un peu plus parfait que quelques heures auparavant. Son coup d'éclat lui avait coûté beaucoup plus d'énergie qu'il ne voulait l'admettre et si j'étais épuisée, je n'avais pas eu à usée de mes dons de façon trop exagérée. Le léger avantage que j'obtenais était cependant contrebalancé par son aptitude au combat. Il était plus aguerrie, plus expérimenté que je ne l'étais.

D'un pas lent, je me décalais sur le côté. Il suivit mon mouvement, veillant à toujours me faire face. Il restait prudent, gardant une distance entre nous tandis qu'il avait cherché à la rompre quelques secondes auparavant. Le bruit du vent s'engouffrant dans les arbres était le seul son qui me parvenait encore. J'étais seule face à lui. Et pourtant mon cœur se gonflait. Ils étaient tous là. Tous derrière moi. Comme ils l'avaient toujours été. Andrew. Tamara. Cyriel. Mikaël. Saphira. Epona. Jena. Kenan. Maël. Devon. Je resserrai mes doigts sur le pommeau et cette fois m'élançait la première. Je n'attendrai plus. Je ne lui laisserai plus l'occasion d'agir.

Sans me surprendre, ma lame se fracassa contre la sienne, qu'il fit apparaître dans sa paume brusquement. Je serrais légèrement les dents. Je n'avais pas oubliée qu'il était capable de rendre réelle des illusions qu'il créait de toute part, je m'y attendais. Mon pied s'abattit dans son genou. Il teint bon. Je relevai mon bras, assenant de nombreux coups qui firent s'entrechoquer le métal. Il paraît chacun, me renvoyant les coups sans que mes propres bras ne faiblissent. J'étais épuisée. Mais mon corps entier me semblait plus léger. Plus souple. Plus rapide. L'adrénaline ? Non. C'était autre chose. Mais je ne parvenais pas à savoir quoi.

Dans un ricochet mal maîtrisé, le plat de sa lame frappa mon épaule blessée et je reculai d'un pas en gémissant. Ses yeux s'écarquillèrent dans un délice qui me fit frémir. Il aimait la souffrance. La mienne plus que toute les autres. Pourquoi ? Parce que je représentai une chose qu'il ne pouvait pas posséder ? Non. Parce que j'étais sa fille. Parce que j'étais tout le symbole de la trahison de la femme qu'il avait tant aimée. Que j'étais aussi son fantôme. Son rictus se déforma. Ses yeux froid se glissèrent dans les miens et son aura m'écrasa de toute sa haine. D'un mouvement sec et précis, sa jambe percuta la mienne. Trop violemment. Je cédai. Mon genou trouva le sol et il écrasa sa main sur moi, enfonçant ses doigts dans ma plaie. J'enfouissais le gémissement qu'il voulait me faire avoir, serrant les dents de toute mes forces.

- Je me fiche de cette femme. Elle n'a aucune importance pour moi. Elle n'en a jamais eu.

- Tu mens, murmurai-je alors que des sueurs froides coulaient le long de mes tempes. Elle t'obsède. Encore après tout ce temps. Gareth avait raison... tu n'es rien de plus qu'un humain. Qu'un homme trahit, plongé dans le désespoir.

Ses doigts se refermèrent plus fortement encore, le sang coulant sur ses phalanges blanchâtres. Sa colère voulait me broyer. Mais mes yeux restaient impassibles dans les siens. Je n'allais pas m'aplatir. Je n'allais pas flancher. Malgré la douleur, je trouvai la force de me redresser et, surpris, se fut à son tour de reculer d'un pas. D'un geste ample, je balançai la pointe de mon épée qui frôla son visage, déchirant légèrement son vêtement. Il esquissa un nouveau pas en arrière. J'haletais doucement. Mon bras gauche ballant dans le vide. Je ne pourrais plus l'utiliser. La douleur fusait. Il avait usé de son don. Encore une fois, les os de mon bras avaient disparut. Brûlé. Calciné. Détruit.

J'expirai lentement, consciente qu'une grande partie de mon énergie était passer dans l'arrêt de la diffusion de sa magie dans mon corps. Je n'avais plus beaucoup de temps devant moi. J'aurai dû en être inquiète. Tout comme j'aurai dû paniqué de le voir aussi solidement ancré sur ses pieds, la tête haute et l'envie de me tuer colorant ses iris pourtant si pâle. Mais ce n'était pas le cas. Encore une fois je demandais pourquoi ? Pourquoi n'avais-je plus peur ? Pourquoi n'avais-je même plus besoin de réfléchir ? Mon corps bougeait de lui-même. Inconsciemment ? Non. Pas vraiment. Le vent caressa mon visage. Doux. Calme. Lent. Je fermai les yeux, aussi imprudent que soit ce geste.

J'avais l'impression d'être en Autre Monde. Je me souvenais de la dureté de chacun des jours que j'y avais passé. L'acharnement de Morrigan à me témoigner que je n'étais qu'un insecte pour elle, la cruauté de l'enseignement d'Ogme, la souffrance que m'avait subir Diancecht, les entraînements si rigoureux de Macha, l'intolérance de Toutatis. Eux aussi étaient là. Me soutenant. M'affirmant que tout ce passerait bien. Peut-être était-ce juste ça. Peut-être que j'avais juste été aveuglée par toute les responsabilités. J'avais trop réfléchit. J'avais oubliée de me faire confiance. Cette capacité que j'avais durement acquise et qui était repartit aussi vite qu'elle était venue. J'avais eu peur. J'avais agis comme la petite fille apeurée que j'avais un jour été. Mais au fond, de quoi avais-je eu peur ? De sa puissance ou de ma propre faiblesse ? Du présent ou du futur ? De ne pas parvenir à tuer Geoffrey ou de ce qui adviendrait si je le faisais ? Et maintenant, pourquoi avais-je tant de mal à reconnaître l'inévitable ? Si j'avais réagis avant, si j'avais ouvert les yeux avant ; les choses auraient été tellement différente.

Mais je ne pouvais plus défaire le présent. Je pouvais seulement construire le futur. Mon futur. Leur futur. Notre futur. Je rouvraie les yeux. Et ce fut autour de Geoffrey de frémir en croisant mon regard, un frisson se faufilant dans sa nuque, imperceptible. Je m'élançai dans un grognement plus animal qu'humain. Je frappai. De toute mes forces. Il vacilla. Son bras chancelant et le forçant à venir poser le plat de sa paume contre sa propre lame. Je n'attendais pas qu'il se ressaisisse, frappant une nouvelle fois. L'épée de Nuada vrombit dans ma main. Dans un murmure à peine audible elle voulait me dire que le moment arrivait. Qu'elle m'apporterait son soutien.

Le ciel s'était noircit, des éclaires menaçants perçant la torpeur moite. Mes coups s'enchaînaient. Rapide. Puissant. Incisif. Il n'y avait plus de doute. Plus de question. Il n'y avait qu'une et unique pensée : je devais le faire. La sueur couvraient nos deux corps. Nous haletions autant l'un que l'autre. Mais il reculait. De plus en plus. Il cherchait une issue pour s'enfuir, ses yeux cherchant son échappatoire. Il voulait prendre de la distance, s'offrir l'opportunité de m'atteindre à nouveau avec son don. Et il essayait de changer de stratégie en constatant qu'il ne pourrait pas s'accaparer mon esprit comme il l'avait espéré. Il avait voulu me garder en vie, mais désormais il n'espérait qu'une chose : me tuer au plus vite. Car sinon, ce serait son cadavre qui jirait au sol. Il ne voulait pas l'admettre, mais pourtant son esprit lui imposait la vision. Il s'affaiblissait. Il en avait trop fait. Il n'était pas un Dieu, il n'était qu'un marqué.

Mon genou s'abattit dans son abdomen. Il se replia sur lui-même et ma main tapa sèchement dans son poignet. Il lâcha son arme. Un sentiment violent me fit tressaillir. Le dos droit, la tête haute, je faisais face à un homme agenouillé. Désarmé. Et qui me dévisageait avec une haine sans borne. Sa main se releva dans ma direction, prêt à m'envoyer un de ses jets de lumière. Mon pied s'écrasa, sans scrupule, dans sa figure. Il chuta en arrière. Ses yeux se replantèrent dans les miens alors que du sang coulait de sa lèvre ouverte.

Je pouvais le faire. Je pouvais tout terminé. Maintenant. Ici. Définitivement. Un sentiment de puissance voulut m'imprégner, mais n'y parvint pas. J'avais pitié de lui. Pitié de sa haine. Pitié de sa propre incapacité à reconnaître qu'il avait aimé. Pitié de sa lutte vaine pour le pouvoir. Sa vie aurait pu être totalement différente, il aurait pu connaître un bonheur dont il n'avait même pas conscience. Eleonora l'avait aimé d'un amour sans faille. Elle ne l'avait pas trahit. C'était lui qui l'avait trahit dès le début. Je levais l'épée de Nuada. Elle ronronna aussitôt. Aucun doute ne me traversait. Il devait mourir. La panique enveloppait Geoffrey qui refusait d'admettre sa défaite. Refusait de croire qu'il allait mourir. Il s'obstinait à pensé qu'il allait me vaincre, même à cet instant où ma dominance était totale. Mais il ne trouva pas sa délivrance par sa propre force. Quelqu'un d'autre le fit pour lui.

- Keylinda ! Arrête !

Mon cœur loupa un battement furieux alors que je bifurquai soudainement la direction de ma lame, la laissant s'abattre contre le sol alors que je n'avais pu arrêter mon geste. Je ne devais pas la toucher. Ne la touche pas. Ne la touche pas. Ne la touche pas. La peur me vrillait les tripes. Et elle s'écrasa lourdement. A quelques centimètres de Geoffrey. A quelques centimètres de ma mère.

Mes yeux contemplaient la scène alors que le chaos voulaient envahir mon esprit, encore une fois. Les questions se bousculaient avec incohérence. Mon corps entier c'était mit d'accord avec mon cœur pour cesser de fonctionner, laissant tous faire à mon cerveau sur le point d'exploser. Ma mère. Ma mère venait de se jeter devant moi. Ma mère avait risqué sa vie. Pour celle de cet homme. De celui qui avait ruiné sa vie de marqué. De celui qui n'avait su accepté qu'elle n'était pas celle qu'il aimait. Pire, de celui qui avait ravagé tant de vie. De celui qui avait faillit tuer mon père. De celui qui avait brisé leur lien.

Et je savais que ce n'était pas Eleonora qui avait agit pour elle. Ce n'était pas les souvenirs d'une femme passée. Non. C'était différent. Les deux femmes s'étaient réunis en une. Et Éléonore avait fait le choix d'aimer à nouveau. Mais pas mon père. Pas celui qu'elle aurait dû choisir. Les larmes qui coulaient sur le visage de ma mère me déchirait de l'intérieur. Tremblante, je reculai d'un pas assaillit par ses pensées que je ne voulais pourtant aucunement voir.

- Il n'est pas comme tu crois, affirma-t-elle sans trembler, sa voix forte portant toute sa conviction. Il a commis des erreurs mai...

- Des erreurs ? Coupai-je, ma propre voix totalement amorphe. Maman, il a faillit tué mon père. Ton marqué. Il a tué Gareth, son propre fils. Il a tué Devon...

Formulé cette phrase me serra la gorge à telle point que ma voix y mourut, étouffant un léger sanglot. Elle écarquilla un peu les yeux, surprise, alors que je restai immobile. Incapable de digérer ce qui était entrain de se passer. Mon monde voulait s'effondrer. Comment pouvait-elle agir de la sorte ? Comment pouvait-elle le protéger ? Je baissai mes yeux vers Geoffrey qui n'avait pas bougé. Il était à bout de force. Et à aucun instant son regard ne s'intéressait à celle qui le défendait. Ses yeux restaient fixé sur moi, brillant de cette même lueur qui ne l'avait jamais quitté. Il criait haut et fort, sans se cacher, qu'il voulait me tuer. Et pourtant elle restait devant lui, bras écartés pour le protéger.

- Laisse-moi lui parler, reprit-elle un peu moins assurée.

- Il doit mourir, articulai-je froidement.

- Non ! S'il te plaît ! Écoute-moi !

- Il doit mourir ! Répétai-je plus fortement.

Son corps fut secouer d'un sanglot. Elle savait aussi bien que moi que j'avais raison. Au plus profond d'elle-même, une voix voulait lui crier qu'elle avait tord, qu'elle ne pouvait pas lui faire confiance. Mais une autre part voulait rattraper le geste qu'elle avait commis. Elle avait fait le choix d'être fidèle à Dana. Aujourd'hui, elle le regrettait. Elle regrettait son amour perdu. Un haut le cœur me saisit. C'était une main froide qui venait encercler tous mon estomac et le serrait de toutes ses forces. Jusqu'à le faire éclater.

Elle refusait de bouger. Restant immobile en tentant de réunir les mots qui pourrait me convaincre. Et elle y parviendrait. C'était ma mère. Ma mère. Ma mère. Le mot se répète en boucle. Ma mère qui m'avait élevé. Choyé. Aimé. Protégé. Elle avait fait tellement d'effort, tellement de sacrifice. Elle avait aussi trop souffert. Eleonora aussi. Alors comment pouvais-je leur refuser une chance ? Un accord de lui laisser du temps ? Je me souvenais des paroles de Dana. « Mais au fond de lui réside toujours ce quelque chose qui m'avait fait croire qu'il serait un bon marqué. Je ne te demande pas de l'aimer, encore moins de lui pardonner tout ce qu'il a fait. Je te demande juste, le moment venu, de réfléchir à sa pénitence. Ne décide pas tout de suite qu'il doit mourir. Ses erreurs sont aussi les miennes ».

J'avais l'impression de la revoir dans l'acharnement d'Éléonore. Avait-elle raison ? Était-ce moi qui avait tord ? Était-ce qui incombait à une déesse ? Pardonner malgré toute la haine, pardonner malgré que tout me criait de le détruire ? Y avait-il encore quelque chose de bon au fond de lui ? Je ne parvenais pas à y croire en croisant ses yeux. Mais quand je contemplai ceux d'Éléonore, j'y lissai un espoir immense. Elle croyait en lui. Tout comme Bianca l'avait fait pour Gareth. Et il avait prouvé qu'elle avait eu raison d'avoir foi en lui.

Réfléchir à sa pénitence. Pouvais-je ne pas exiger la peine de mort ? Pouvais-je ne pas la donner moi-même ? J'en tremblais d'envie. Tremblais d'un besoin trop profondément ancré. Il m'avait détruit. De trop nombreuse manière. Il avait détruit trop de personne, engendré trop de haine. Qu'elle sentence laisser tomber autre que la plus haute dans ces conditions ? Pourtant, l'amour qu'elle lui portait me faisait douter. Il était un être aimé. Eleonora l'avait aimé. Et aujourd'hui, Éléonore était prête à le faire à son tour. Pourquoi ? Qu'est-ce qu'elles pouvaient voir que je ne percevais d'aucune façon ?

Ma main relâcha un peu sa prise. J'allais me laisser convaincre. Une courte seconde je m'étais laissé convaincre. J'envisageai de lui laisser un sursis. Une courte période où j'aurai peut-être l'occasion de voir à travers leurs yeux. Malgré la douleur, malgré la difficulté de ce geste, je renonçai à le tuer. Et cette fois je compris réellement le sens d'un monde qui s'écroule. Mes yeux s'écarquillèrent un peu plus. Ma bouche s'entrouvrit. Mon expression devint livide. L'acouphène me coupa du monde. Je ne l'entendis pas gémir de douleur. Je n'entendais pas sa voix qui prononçait mon nom. Je voyais juste la surprise sur son visage mâte.

J'assistai à la scène, comme si je n'en étais qu'une lointaine spectatrice. Je ne comprenais pas. Je ne parvenais pas à comprendre le jeu des deux acteurs. L'homme se tient dans le dos de sa comparse. Son regard froid est rivé sur moi, un sourire jubilatoire déforme ses traits. Il la retient quelque peu alors qu'elle ne semblait pas capable de se maintenir seule. Elle portait ses doigts au sang qui coloraient son vêtement blanc. Imbibant le tissu. Formant une tâche rougeoyante et grandissante. Je ne comprenais pas. Je ne parvenais pas à comprendre la scène. Un meurtre ? Oui. Clairement. Et enfin l'acte finale. L'homme s'écarta. La femme tomba au sol. Inerte. Immobile. Les yeux ouvert sur deux iris vertes qui fixe un point. Vide. Creux. Sans âme. Une légère perforation au niveau du cœur laissant s'écouler le sang jusqu'à ce qu'il puisse former une marre.

Mon corps commença à trembler. Mes jambes faiblirent jusqu'à ne plus me soutenir. Assise au sol je contemplai le spectacle, persuadée que le rideau allait tombé et que les applaudissements résonneraient. Ce n'était juste qu'une pièce. Qu'une simple pièce. Pourquoi tentai-je de me persuader d'une chose aussi incohérente ? Cela n'avait pas de sens. Mes mains chevrotante se portèrent jusqu'au visage de ma mère. De ma mère. Pas d'une actrice. Pas d'une femme. Ma mère. Ma mère. Ma mère.

L'acouphène disparaît. La brume qui veut m'entourer s'envolant avec lui. Un premier gémissement réussit à percer entre mes lèvres. Puis un autre. Je me redressai vivement pour secouer le corps d'Éléonore. Je l'appelai. Plusieurs fois. Encore et encore. Ma bouche devenait pâteuse, asséché à force de crier. De héler son nom. Je ne pleurai pas. Du moins, je crois. Je n'avais plus de réelle connexion avec ce qui m'entourait. Je ne réalisai pas. Je ne voulais pas réaliser. Une part de moi voulait encore croire à un spectacle, à une simple pièce de théâtre qui prendrait fin. Pourtant, les rideaux ne tombe pas. Une ombre noir se contentait de glisser devant moi.

- Elle est morte.

Sa voix cinglante me força à relever les yeux. Son moment de gloire était arrivé. Il m'avait mis à terre. M'avait détruite plus encore que jamais. Je laissai tomber mes yeux sur sa main qui tenait l'épée de Nuada. Je l'avais lâchée. Inconsciemment. Trop chamboulée. Trop sous le choc. Il l'avait tué. Elle l'avait défendu, protégée. Elle avait été prête à mettre sa vie en danger pour lui. Et il l'avait tué. Il avait planté son arme dans son dos, transperçant son cœur. Il ne lui avait laissé aucune chance. Pas même le temps de me dire au revoir. Pas même l'espoir de me laisser la soigner. Il avait choisi de la tuer. Net. Sur le coup. Alors qu'il savait qu'il aurait pu récupérer la femme qui l'avait tant bouleversé auparavant.

Je le contemplai, amorphe. Il redressait l'épée de Nuada au-dessus de ma tête. Il allait me tuer. Moi aussi. Je fus secoué par un nouveau spasme. Mais cette fois, ce n'était pas de la tristesse. Elle m'habitait toujours, s'insinuant dans les moindres parcelles de mon être. Mais c'était de la rage qui me secouait désormais. De la fureur. Plus encore que de la haine. Il avait finalement réussis. Il m'avait fait entrer dans son monde. Dans sa noirceur. Et il en payerait le prix. Je perdais pied. Je n'assistai même pas à la scène. Mes yeux d'un blanc parfait lui firent comprendre qu'il devait agir vite et il tenta d'abattre l'épée. Mais il était trop tard. Beaucoup trop tard.

La nature entière se déchaîna. Les racines des arbres vinrent l'enlacer. Brisant les os de ses jambes. Lorsqu'il parvint à s'en dégager, la foudre frappa le sol. Juste à côté de lui. Il déploya ses ailes, décidé à fuir. Mais un nouvel éclaire s'abattit. En plein dans son dos. En plein sur ce qui faisait de lui un ange. Son aile gauche fut calciné. L'odeur acre me faisant à peine grimacer. La douleur lancinante qui le fit hurler, m'apporta une satisfaction nouvelle. Je voulais l'entendre encore. Le feu s'enroula autour de ma main. J'allais le détruit. Doucement. Lentement. Ma propre folie ne me ramenait pas à la réalité. Cette fois, je crois que j'étais perdu. Mais dans ma chute, je l'entraînerai jusqu'au confins des enfers.

Cela dura. Longtemps. Pendant trente longues minutes j'assouvissais tout ce besoin que j'éprouvai à le torturer. Tous mes dons avaient laissé libre court à leur puissance. Mais le jeu n'était plus amusant. Il n'était plus conscient. Couché au sol, Geoffrey était vaincu. Terrassé. Les bleu sur sa peau commençaient à se dessiner, les plaies se collaient les une aux autres et son souffle saccadé témoignait de toute sa difficulté à respirer. Mais il devait souffrir encore plus. Sauf que je ne me contentai pas de le détruire. Je détruisais tout autour de moi.

La forêt avait prit feu. La terre était saccagé. Le ciel de plus en plus tumultueux laissé présager une tempête qui m'emporterait avec elle. Mon esprit était inexistant. Vide. Tétanisé. Devon était mort. Ma mère était morte. Sous mes yeux. À cause de moi. De ma négligence. De mon incapacité à prendre les bonnes décisions. Mon monde n'était qu'un lambeau. Qu'un tissu déchiré en milles morceaux dont le dernier bout tenait à peine accroché à son socle. Je crois que je voulais me détruire avec lui. La monstruosité dont je faisais preuve serait trop dur à supporter plus tard. J'aimais lui faire subir tout cela. Et ce sentiment faisait trembler la dernière part de conscience qu'il me restait à cet instant. Étais-je mieux que lui ? Étais-je mieux que cet homme qui m'avait enlevé ce que j'avais de plus précieux ? Mes amis. Ma famille. Mon monde.

Mais pas mon monde entier. Alors que j'allais encore jouer avec son corps inconscient, espérant que la souffrance le réveillerait, on me stoppa. Le bras lever, je n'arrêtai pas mon geste, laissant s'entortiller les flammes qui allaient un peu plus dévorer Geoffrey. Pourtant quelque chose de chaud venait de se coller dans mon dos. Quelque chose ? Ou quelqu'un ? J'étais déconnectée de la réalité. Je n'arrivai pas à le définir. C'était juste chaud. Doux. Rassurant. Un murmure se glissa dans mon oreille. Des mots que je ne parvenais pas à comprendre. Pourtant cette voix parlait ma langue. Plus encore elle m'était familière. Ma main trembla quelque peu.

De l'eau entoura bientôt mon poignet, faisant disparaître les flammes dansantes. Je fronçais les sourcils. Depuis quand l'eau surgissait toute seule de nulle part ? Une main pâle, se faufila rapidement après. Ah. Je comprenais mieux. Les doigts se glissèrent entre les miens, puis se refermèrent.

- Tout va bien, Keylinda. Tout va s'arranger. Calme-toi.

La voix me parvient enfin avec netteté. Mes épaules s'affaissèrent. Mes yeux retrouvèrent leurs iris vertes. Mes pieds retrouvèrent un peu brutalement le sol mais une main ferme se pressa sur ma taille pour me maintenir debout. Je tournai un peu le visage, encore engourdis par tout ce qui venait de se passer. Ma tête tournait. Que c'était-il passé ? Le décor autour de moi me fit blêmir. J'avais tout ravagé. J'avais tout détruit. Mon effarement fut cloué quand je regardai le corps de Geoffrey. Défiguré. Ravagé. Bousillé. Je plaquai ma main valide sur ma bouche. Qu'avais-je fait... ?

- Chut, me souffla la voix masculine toujours dans mon dos. Ça ira, je te promet que cela ira.

- Qu'est-ce que j'ai fait, balbutiai-je tant bien que mal.

- Tu n'as rien fait de mal.

Sans me brusquer, il me tourna face à lui. Son visage n'exprimait aucune peur. Aucune honte à me regarder. Ses immenses yeux bleu me fixaient avec cette même douceur, ce même amour qu'auparavant. Il n'avait pas bougé malgré ce que je venais de faire. Malgré toute l'horreur de ce que je venais de faire. Mes yeux s'embuaient. Sa main vint caresser ma joue avec tendresse, essuyant déjà les quelques larmes qui voulaient couler. Je me sentais perdu. Je ne réalisais rien. Ne comprenais rien. C'était flou. Trop flou.

- Tu as fait ce qui était nécessaire, me souffla-t-il en venant glisser sa paume dans ma nuque. Tu devais le faire.

- Ma mère... Devon...

- Je sais, souffla-t-il.

Il posa son front contre le mien, gardant les yeux clos quelques instants. Ses doigts étaient plus serrés sur ma peau. Il y avait d'autres morts. J'étouffai. Je voulais hurler. Mais je n'osais même pas bouger un petit doigt. Si je perdais encore le contrôle, que se passerait-il ? Pourrais-je lui faire du mal à lui ? A Maël ? Mon cœur se serrait. Et le percevant parfaitement, il passa rapidement un bras autour de moi pour me serrer contre lui.

- Tout se passera bien, m'affirma-t-il avec fermeté. Mais pour le moment, tu vas te reposer.

Et avant même que je n'ai le temps de protester, la main qu'il venait de poser dans mon dos influa un amas de calme et de sérénité. Sans même que je ne m'en rende compte, mon corps chuta en arrière. Il arrêta simplement sa course en venant me déposer doucement au sol. Maël venait probablement de me sauver de la folie. Mais pour combien de temps... ? 

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