Confessions Infirmes

By SylvainDuCosmos

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Je suis handicapé. C'est pas drôle. Mais en fait... Si ! À travers mes Confessions Infirmes, je vais vous rac... More

1 # Quand on a la courante et qu'on ne peut pas courir
2 # Le coup de la panne
3 # Fast and Furious : Wheelchair Drift
4 # L'handicapitaine de soirée
5 # Les boules de Noël
6 # A votre se(r)vice
7 # "Allez, tout le monde debout... Là-bas..."
8 # Le jour où je me suis fait « une Gourcuff »
9 # Eyes wide shut
10 # Jeune handicapé recherche une meuf mortelle
11 # Quand il faut régler la mire avant le tir
12 # L'école pour tous
13 # Normes énormes
14 # La mule
15 # Pot-pourri d'infirmes anecdotes
16 # Le professionnel
17 # Aussi forte qu'une fourmi
18 # Gallinacé
19 # Amsterdam...
20 # ... et ses dames
21 # 8 pattes vs 4 roues
22 # La fable du faible
23 # Quand on voit deux fois au lieu d'une
24 # Quand tu veux te faire beau mais que t'es polio
25 # « Pourquoi le monsieur il roule ? »
26 # Vacances à roulettes I - Nothing Toulouse !
27 # Vacances à roulettes II - Juppé, au s'cours !
28 # Vacances à roulettes III : Handicapé GO !
29 # Ces gens-là
31 # En plein deux dents !

30 # Tournicotis, photomaton !

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By SylvainDuCosmos

Salut à tous !

Comme vous le savez, de très nombreux endroits ne sont pas accessibles aux personnes handicapées, et plus précisément aux personnes en fauteuil roulant. Le truc, c'est que comme dans le quotidien de tout un chacun, nous, pauvres infirmes motorisés, avons néanmoins des choses à accomplir tous les jours en dehors de notre habitat ! Que ce soit se promener pour le plaisir, aller faire des petites courses (pas comme dans Need For Speed non non, encore que le concept serait intéressant), et bien d'autres choses encore, notamment du côté des personnes handicapées qui ont une activité professionnelle autre que dans le format du télétravail.

Mais pour en revenir à moi, oui car après tout, c'est moi qui écris les confessions infirmes, j'en suis le héros quelque part et je dois absolument répondre à mon ego démesuré qui veut que je sois au centre de tout, je suis... oula je m'égare...

Je disais donc, pour en revenir à moi, il n'y a pas longtemps, j'ai dû aller faire des photos d'identité pour les adjoindre à de la paperasse administrative. Réflexe commun : trouver un photomaton. Ça tombe bien, dans le supermarché pas loin de chez moi, il y en a un !

Ni une ni deux (ni trois ni quatre d'ailleurs, on ne pense pas assez à eux mais ils sont là, big up !), j'enfourche mon bolide tel Vinnie le motard de l'espace (je vous parle d'une série que les moins de 20 bougies ne peuvent pas connaître) et je me dirige à toute berzingue vers mon objectif, le nouvel album de Die Antwoord à fond dans les oreilles pour m'enivrer un coup. J'en profite au passage pour tester les nouvelles batteries de mon fauteuil, qui tiennent deux fois plus longtemps que les anciennes, celles qui ont provoqué maintes situations emmerdantes pendant mes vacances d'été.

Me voilà arrivé, avec une énergie explosive non seulement due à la jouissance d'un véhicule qui est passé de Ford Ka à Mustang mais aussi aux rythmiques hypers pêchues du duo de sud-africains. Seulement, tout ce positif s'effondre, sans pour autant avoir croisé Michel Serrault. Ce qui pour le commun des mortels ne prendrait qu'une minute à tout casser a tous les aspects pour moi d'une des épreuves les plus horribles de Takeshi Castle.

Pour commencer, bien sûr la cabine du photomaton n'est absolument pas adaptée aux personnes handicapées : pas de rampe, un tabouret à un pied métallique qui ressemble plus à un godemichet (l Serrault, encore lui ?) au bout plat qu'à un siège, un espace très réduit... ça s'annonce comique !

Cependant, je vais un peu trop vite dans mon récit. Car avant d'en arriver à la cabine, il va falloir que je me fraie un chemin jusqu'à elle. Piles de paniers de courses, grands écriteaux promotionnels et autres obstacles m'empêchent d'approcher à moins de deux mètres. Pour tout dire, même pour une personne debout ça doit être compliqué de s'immiscer entre tous les éléments de ce bordel.

Je sonne donc au guichet d'accueil qui est pour le moment désert. Une seconde fois, une troisième. À ma quatrième, je me fais alpaguer par une caissière : « ça ne marche pas Monsieur je vais vous appeler quelqu'un ! ». Je la remercie pour avoir profité d'une brèche dans la déferlante de clients pressés et parfois très impolis afin de me venir en aide, et j'attends.

Arrive enfin, depuis une porte derrière le guichet, une employée du magasin à qui j'expose mon problème. Il faut dire qu'elle n'a pas besoin de moultes phrases pour comprendre la situation. Elle me confie d'ailleurs qu'elle-même, elle trouve ça aberrant que tout ce foutoir soit resté en l'état depuis plusieurs jours.

Elle commence alors, avec ses petits bras, à déplacer à elle seule tous les encombrants. Bien sûr, je ne peux pas l'aider, je me contente de la regarder mais surtout d'observer l'attitude des gens autour. Aucune personne, homme, femme, jeune, vieux, petit, grand, gros, aucune des personnes qui entrent dans le magasin ne sort de son monde pour voir que juste sous ses yeux aveugles elle pourrait, l'espace d'un instant, donner quelques-unes des précieuses secondes derrière lesquelles elle court perpétuellement et qui lui font insidieusement perdre bien plus de bons moments qu'elle ne croit en gagner. Mais ça, c'est un autre débat que de parler des gens qui ne savent pas faire autre chose que s'occuper de leurs propres miches (l Serrault, bon Dieu il est omniprésent !).

L'espace est enfin dégagé et nous pouvons envisager elle et moi d'effectuer un transfert. Je vous en avais déjà parlé dans d'autres confessions, un transfert, ce n'est pas le sort du mage de Warcraft (si, la même blague peut marcher deux fois sur un lecteur, contrairement aux attaques des Chevaliers du Zodiaque, bon sang mais qu'est-ce que j'ai avec les séries de mon enfance ?), c'est un déplacement de mon fauteuil à un autre élément, par exemple mon lit ou un canapé, et vice versa, l'hémorragie de tes désirs s'est éclipsée sous l'azur bleu dérisoire du temps qui se passe et contre duquel on ne peut rien, être ou ne pas être telle est la question sinusoïdale de l'anachorète hypocondriaque...

Je me gare donc perpendiculairement à la cabine et demande à la volontaire et bienveillante employée de m'aider à me lever. Je lui explique la manœuvre à suivre : il va falloir me faire pivoter dos à l'entrée de la cabine, sur 90°, puis ensuite me tenir pour que je m'assois doucement sur le tout petit tabouret en métal. L'opération se passe très correctement, jusqu'au drame : ce putain de siège de photomaton de merde tourne ! Comme un manège enchanté, mais en version cocaïnée !

Aucune stabilité, aucun point d'accroche, Houston, on a un problème ! Je suis aussi désemparé que Sandra Bullock dans Gravity quand elle se prend la pluie de débris de satellite ! Je commence à glisser comme une fiente de pigeon qui s'écoule sur un pare-brise, mais heureusement, la dame qui m'aide est forte et réactive. Elle m'agrippe d'un coup sec et me redresse, puis me cale tant bien que mal au milieu du siège. Je plaque mes mains comme je peux sur les côtés de la cabine, histoire de me maintenir un peu plus, mais je suis tendu (oui Claudie je suis tendu comme une crampe).

Il faut maintenant prendre la photo, mais je dois enlever mes lunettes. Elle me les ôte, mais avec ma myopie pour ainsi dire forte, je n'arrive pas à voir si je suis dans le cadre de la photo (vous savez, vous devez faire tenir votre visage dans une espèce d'ovale rouge). Du coup, tel un chien d'aveugle elle me guide, et nous faisons un premier essai.

Catastrophe. Passons sur le fait qu'avoir porté un casque de dj pour écouter ma musique sur le trajet a complètement bousillé ma coiffure et que j'ai une tête de con avec mes cheveux en partie aplatis (Jean-Michel (Serrault, mais qu'est-ce que j'ai avec lui ?!)). Le problème est que je suis bien trop haut par rapport au cadre. Il va donc falloir baisser le siège... et donc que je me relève pour ça.

On a beau elle et moi faire tous les efforts du monde, le constat est implacable : il nous faut quelqu'un en plus pour nous aider. Elle appelle à la rescousse une collègue caissière, et celle-ci rapplique rapidement. Seulement, si la première employée est plutôt « douée » pour m'aider à me mouvoir, la deuxième est pour ainsi dire une empotée. À son corps défendant, ça ne doit pas être facile, c'est tout sauf limpide et si on rajoute à la simple situation où il faut aider un handicapé un cadre comme le bordel autour du photomaton et le photomaton complètement pourri en lui-même, il est clair que je ne peux pas lui en vouloir de ne pas savoir comment s'y prendre. D'ailleurs, le qualificatif « empotée » est assez mesquin de ma part... mais enfin bon, il faut appeler une gourde une gourde ! (Oui je suis un connard)

Malgré tout, les deux compères finissent par réussir à me relever, puis, pendant que l'une me maintient debout, l'autre baisse mon panta... le tabouret, puis les deux se réunissent pour me rasseoir. Le cadre est bon, la position aussi : il faut juste que les fesses je serre (ault Michel, encore et toujours lui ne cherchez pas à comprendre, mon cerveau est perdu à tout jamais).

Cheese !

Je relâche la pression devant le cliché réussi (mais rien à voir avec ma confession sur la courante) ! Tous ces efforts auront finalement payé !

C'est lors de la dernière étape, l'extraction. Chacune des employées me tient par un bras et me soulève, tandis que mes jambes aux infimes muscles ne peuvent pas faire grand-chose pour les aider. D'un coup, la deuxième dame relâche son effort, et je sens que mon corps chute !

Heureusement, la première me rattrape et m'expédie avec vigueur sur mon fauteuil, un peu comme Sébastien Chabal qui effectue un placage. J'en ai le souffle coupé, mais c'est allé tellement vite que je n'ai pas vu les choses venir. Et maintenant que je suis de retour dans mon bolide, que demande le peuple ?

Je remercie donc les deux amis charitables de m'avoir aidé, et je repars avec mes photos d'identité. Sur le chemin, je les regarde : il y a de la peur dans mes yeux. Et dire que je vais me coltiner cette gueule sur mes papiers pendant plusieurs années...

Je tiens pour finir à faire un point sur Michel Serrault. Je ne sais pas ce qui m'a pris, mais j'ai trouvé un jeu de mots avec son nom et j'ai voulu en faire un fil rouge secondaire. C'est inexplicable, c'est une pulsion humoristique que je vous laisse le soin de discuter, mais c'est comme ça ! Des fois dans la vie il faut pas chercher à comprendre !

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