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By collierdemisere

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◖du chaos naît une étoile◗ Quand le temps dépouille Ton cadavre de son odeur Tu n'as que chercher le fossé... More

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z o d i a q u e s ╹ 00
p r o l o g u e ╹ 00
j u m p ╹ 01
n i g h t m a r e ╹ 02
h a p p i n e s s ╹ 03
a n g e r ╹ 04
f e a r ╹ 05
g o o d b y e ╹ 07

k e s h ╹ 06

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By collierdemisere

Le temps défile lentement, vraiment très lentement. Je suis toujours dans ma chambre, mon père est sorti, sans rien dire. Il ne m'a même pas demandé de ranger, comme s'il s'en fichait. Pourtant, étant donné le capharnaüm que représente ma chambre à l'heure actuelle, ça aurait été la moindre des choses d'essayer d'y mettre un peu d'ordre. Cette simple absence de paroles, de demandes, me rend folle. Pourquoi ne me l'a-t-il pas demandé ? Parce qu'il s'en fiche ? Parce que c'est ma chambre et donc ma responsabilité ? Ou parce que justement, il ne compte plus me laisser habiter cette chambre et son état n'a donc plus aucune importance ?

Il a fermé la porte à clé, aussi. Et ça, ça a été un choc. Ce fût comme me prendre une claque en pleine tête, à tel point que mon corps aurait été projeté sur le côté et que des plaques noires auraient obscurci ma vue. Je suis restée, prostrée, contre la commode, pendant un temps qui m'a paru une éternité. Je ne pensais même plus à fuir, même si cette idée m'avait parcourue plus d'une fois depuis le début de la semaine, maintenant, ça me paraîtrait totalement fou. Où aller ? Pour quoi faire ? Je repense parfois, le temps d'une seconde, que je n'ai pas été prise à Yale, et que par conséquent, je n'ai aucun plan pour l'année prochaine. Mais en même temps, étant donné la situation actuelle, où serai-je, l'année prochaine ?

Si mon père a fermé la porte de ma chambre à clé, c'est sûrement parce qu'il a peur que je ne fasse une nouvelle crise, et je le comprends. Mais que compte-t-il faire ? Me laisser mourir ici ? Je n'entends aucun autre bruit dans le maison, comme si elle avait été désertée. Et je repense à ce qu'il s'est passé quelques minutes plus tôt. Je n'ai fermé les yeux qu'une seconde, comment cela se fait-il que ma chambre se soit retrouvée dans cet état ? A moins que j'ai été absente, comme toutes ces fois dont mon père a parlé.

Moi, hurlant au milieu du jardin ? Je n'ai réellement aucun souvenir. Est-ce que mon cerveau aurait effacé ces souvenirs de ma mémoire ? Suis-je devenue folle ? Ou bien schizophrène ? Le fait que je me trouve dans une impasse, dans l'incapacité de savoir ce que je pourrais faire maintenant, tout cela me fatigue grandement, et pourtant, j'ai peur de m'endormir. Je ne veux pas recommencer. Et si je m'endors et que je fais une nouvelle crise ? Il faut que j'empêche cela d'arriver, peut-être que mes parents me pardonneront.

Je sens un creux dans mon ventre, et je me rends compte que je n'ai pas mangé depuis plus de vingt quatre heures, sans compter le temps où je suis restée dans cette chambre, à attendre je ne sais quoi. Depuis combien de temps n'ai-je plus du tout faim ?

Soudain, des bruits de pas résonnent dans le couloir, et je tends l'oreille. Je distingue le pas léger de ma mère et celui plus lourd d'une autre personne, mais je ne crois pas cela soit mon père. Je cesse de respirer, priant pour que mes parents viennent s'excuser de leur comportement et qu'ils me promettent que tout ira bien.

-  ... comprenez ? Allez-y doucement, elle est...

- Ne vous inquiétez pas, Madame, tout va bien se passer.

On toque à ma porte. Je n'ai pas reconnu la voix de la personne à qui parlait ma mère. Ça pourrait être n'importe qui, un policier, un infirmier, je ne sais ! Qui me dit que cette personne veut réellement mon bien ?

- Vi, est-ce que je peux entrer ?

- Qui êtes-vous ?

La méfiance dans ma voix est presque palpable, malgré le fait qu'elle ne soit qu'un murmure. Je me demande d'ailleurs si la personne de l'autre côté de la porte a réussi à m'entendre.

- Je m'appelle Kesh, je suis... Directeur d'un endroit bien spécial...

Ok, ce discours de présentation est clairement le plus étrange que j'ai jamais eu à écouter. Kesh, déjà, c'est quoi comme prénom, ça ? Et Directeur d'un endroit bien spécial ? Non mais sans rire, ça pourrait être un club de strip-tease comme un hôpital psychiatrique ! J'espère que le silence qui suit ses paroles lui permet de prendre conscience à quel point il a échoué en matière de premier contact.

- Je préférerais qu'on parle de tout ça en tête à tête à vrai dire... reprend-t-il au bout d'une longue minute.

Il y a une certaine hésitation dans sa voix, comme s'il comprenait qu'il a commencé du mauvais pied avec moi, mais il y a aussi une sorte d'aisance, de confiance, qui a quelque chose de rassurant.

- Vous savez, la porte est fermée à clé, et ce n'est pas moi qui les ai, alors faîtes comme bon vous semble.

Un nouveau silence règne de l'autre côté de la pièce, suivi par une sorte de souffle de mécontentement. Je l'entends marmonner quelque chose, et ma mère répond par un petit hoquet de surprise. Le cliquetis des clés se fait entendre et une clé est rapidement insérée dans la serrure. A-t-il fait une réflexion à ma mère sur le fait qu'ils m'aient enfermée à clé ? La poignée tourne doucement, puis la porte s'ouvre, se cognant dans le bureau renversé qui l'empêche de s'ouvrir en grand. Un homme s'extirpe de l'entrebâillement de la porte, puis la referme derrière lui. Il joue quelques temps avec les clés en main, la tête baissée, avant de lancer avec négligence les clés dans un coin de la pièce. Les pièces de métal se cognent contre le mur et tombent dans un bruit sec. Mon regard revient sur l'homme, tandis qu'il hausse les épaules avec nonchalance et qu'un petit sourire s'esquisse sur son visage.

C'est un homme qui doit être dans la trentaine, voir la fin de la trentaine et le début de la quarantaine, je n'ai jamais été très douée pour donner l'âge des gens. Au premier regard, comme ça, il me paraît assez banal, ni trop grand, ni trop petit, ni trop gros, ni trop maigre, les cheveux d'un brun clair plaqués en arrière, une sorte de bouque coupé court lui entoure la bouche. Cependant, lorsque je regarde ses yeux, d'un bleu éclatant, j'ai comme l'impression d'y déceler des secrets que j'ai hâte de percer. Comme si cet homme savait des choses que je n'avais qu'une envie, découvrir à mon tour, comme s'il avait toutes les réponses à mes questions. C'est sûrement pour cette raison que je ne lui ai pas demandé immédiatement de quitter les lieux.

Il frotte ses mains sur son jean délavé et tire un peu sur son pull, dont je remarque quelques trous à l'extrémité. Il me fait penser à un vieux professeur de lettres, le genre de ceux qui ne comprennent la vie humaine qu'au travers des écrits et qui préfèrent vivre seul de peur d'être incompris au sein de la société.

Cependant, son visage reste rassurant, et mine de rien, je ne peux pas m'en plaindre, c'est tout ce que je demande. Sauf que j'aimerais que ce réconfort vienne de mes parents, et pas d'un inconnu.

- Je peux m'asseoir ? me demande-t-il en pointant du doigt le lit recouvert des plumes d'oreiller.

Je hoche la tête, les jambes recroquevillées contre ma poitrine. Il marche alors vers le lit, tout en prenant soin de ne se cogner nul part et de ne pas marcher sur les bouts de verre. Il s'assoit, teste le lit en rebondissant dessus comme un enfant, ce qui me vaut un haussement de sourcil, puis il passe une main dans ses cheveux, les ramenant encore plus en arrière.

- Je m'appelle Kesh, dit-il en levant les yeux vers moi.

Je pose mon menton sur mes genoux et je le scrute, non sans une certaine curiosité. Parce que c'est vrai, il m'intrigue. Cet espèce d'homme nounours gentil, et un peu bizarre.

- Vous l'avez déjà dit...

Kesh penche la tête sur le côté, le coin de ses lèvres se soulèvent légèrement, mais je peux voir qu'il se retient de sourire.

- C'est vrai, mais je n'étais pas vraiment sur que ça t'ait marqué.

- Vous avez un prénom bizarre, forcément ça m'a marqué... Enfin, je ne veux pas dire que je remarque que les trucs bizarres...

Ma voix monte légèrement dans les aigus tandis que les mots glissent sur mes lèvres. Kesh ne me quitte pas des yeux, comme s'il me poussait à continuer.

- Je ne suis pas folle...

- Cela ne m'est jamais venu à l'esprit.

- Ah bon ? Ce n'est pas ce que mes parents vous ont dit ? Pourquoi vous êtes là ?

Kesh joint ses deux mains devant son visage, sans me quitter des yeux une seconde. Son regard brille d'une certaine curiosité, et l'espace d'une seconde, je me rappelle que je ne connais pas cet homme et qu'il pourrait très bien me vouloir du mal.

- C'est ce que tes parents veulent croire, Vi, mais je ne suis pas de cet avis. Pour tout te dire, je sais que tu n'es pas folle.

Même si je n'aime pas du tout la tournure de sa phrase, je ne peux m'empêcher de souffler de soulagement. Au moins une personne, sur cette Terre, semble être de mon côté. Et pour une raison qui m'échappe, je n'arrive pas à douter de ses paroles.

- Tu es Vierge, n'est-ce pas ?

Mes yeux s'ouvrent grands comme des soucoupes avant de se mettre à lancer des éclairs.

- Ce ne sont pas vos affaires !

Je ne peux m'empêcher de rougir, parce que c'est la vérité. Mais j'essaye cependant de cacher ma gêne en gardant un visage complètement fermé. Kesh sourit, cette fois complètement, tout en secouant la tête de droite à gauche.

- Non, pas dans ce sens là, je parle de ton signe astrologique.

Je ravale ma salive, tout en expirant longuement par le nez, afin de reprendre mon calme. Je me sens légèrement honteuse de m'être trompée, en même temps, sa question était un peu bancale. Je hoche la tête, ne voulant pas ouvrir les lèvres pour ne pas dire d'autres âneries.

- Les signes du Zodiaques... dit-il, l'air ailleurs. Ils peuvent avoir beaucoup de significations... Les gens les connaissent surtout en ce qui concerne les horoscopes... Ce sont de véritables conneries, ces horoscopes, mais à côté de ça, les signes du Zodiaques représentent avant tout un enchevêtrement d'étoiles, des constellations, des croyances... Dis-moi, Vi, est-ce que tu crois en quelque chose ? Dieu ? Le paradis ? Les mythes ?

Je bois littéralement les paroles de cet homme, tandis que je prends conscience que j'étends mes jambes devant moi pour être plus à l'aise. C'est une manière pour mon corps de transmettre que j'écoute cet homme, et que je ne me renferme plus sur moi. D'ailleurs, le regard de Kesh le remarque tout de suite, parce que son corps répond au mien, il se penche en avant tout en posant ses coudes sur ses genoux, signe qu'il attend une réponse de ma part et qu'il compte m'écouter.

Je me souviens aussi très bien m'être posée cette question, il y a peu de temps, et en venir à la conclusion que je ne crois en rien. Alors, je ne sais pas quoi lui répondre. Au peut-être, je ne sais que trop bien.

- En rien.

Kesh sourit de plus belle.

- Le signe de la Vierge est l'un des plus purs signe du Zodiaque, il reflète, d'un point de vu simpliste, l'innocence et l'amour. Tu as beaucoup de chance...

Je hausse les épaules, je ne vois pas vraiment où il veut en venir et pourquoi il me parle de ça. Je ne crois pas vraiment à tout ce qui est horoscope et signes du Zodiaque. Ils sont marrants à chaque fois, de mettre une description en fonction de sa date de naissance, ça se saurait si toutes les personnes pouvaient être cataloguées de cette façon. Sans rire, je ne vois pas comment ça peut fonctionner. Et c'est pire encore avec ce truc d'horoscope, la soit disant description de son avenir est si bateau qu'elle pourrait correspondre à tout le monde.

- Vous êtes quoi, vous ?

Il a l'air content que je pose la question, mais il ne s'y attendait clairement pas. Je fais bouger mes pieds en rythme avec une musique silencieuse, tandis que je l'observe.

- Je suis sagittaire. Mes qualificatifs sont la sagesse, je suis un guide, une lumière qui redonne espoir.

- Vous et les milliers d'autres personnes qui sont nées entre le 23 novembre et le 21décembre.

Kesh sourit, amusé, apparemment par quelque chose qui m'échappe.

- Non, seulement moi.

Il prend un air particulièrement malin en me répondant, ce qui m'irrite légèrement, comme si j'étais mise à l'écart de sa blague. Il doit sentir que je m'éloigne légèrement, puisqu'il se redresse, et est apparemment prêt à changer de sujet, ce qu'il fait :

- Enfin, nous parlerons de ça plus tard. Je vais te parler de ce qui pourrait se passer par la suite, si tu décides de me suivre, et, malheureusement, je ne suis pas sûr que tu ais vraiment le choix.

Il doit voir à mon regard que je suis prête à paniquer, étant donné que j'imagine très bien qui va prendre la décision pour moi, et ce que cela représente.

- Je suis désolé, je ne mens pas, et je me doute que tu es comme ça toi aussi, n'est-ce pas ? (Il nattent pas une réponse de ma part et continue) Cet endroit spécial dont je t'ai parlé et dont je suis le Directeur, eh bien, disons simplement que c'est un centre de redressement pour mineur...

Mon regard s'assombrit immédiatement, mais pas autant que je ne le pensais, peut-être parce que je m'attendais à un hôpital psychiatrique. Kesh m'observe attentivement, maintenant, il doit analyser tous les changements dans mon visage, dans mon regard, dans ma posture.

- Enfin, c'est ce que pensent tes parents, finit-il dans un clin d'œil.

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