Je buvais le liquide chaud, assise en tailleurs sur le lit d'Alex. Il me regardait sans parler, sans vouloir me déranger. Une fois que j'eus fini ma tasse, Alex s'assit à côté de moi.
— Noa, commença-t-il. Je comprendrais que tu ne veuilles pas me parler de ce qui se passe. Mais je suis là si ça ne va pas.
Voir cet homme, qui ne connaissait rien de moi, me parler comme ça, me fit monter les larmes aux yeux. Et me revoilà en train de pleurer.
— Oh ma grande, dit-il d'une voix emplie de tristesse. Ça a dû être dur pour toi... Je n'imagine même pas ce que tu as dû endurer là-dehors.
Ça s'est sûr, il était loin de savoir ce que j'avais vécue. Il y avait des choses de mon passé que je voulais absolument oublier. J'avais essayé d'effacer cette dernière année de ma mémoire. Mais les images me revienaient de temps en temps. Peut-être que c'était à cause de ce qui s'était passé que je n'avais plus confiance en personne. Plus confiance en les hommes. J'avais beau me torturer l'esprit, ce qui avait eu lieu ne pourrait être effacé. J'avais fait des choses, de mauvaises choses. Mais je venais de perdre ma mère à cette époque, mes amies, tout. J'avais eu cette période de dépression. Ils n'étaient pas tous comme lui, je devais me rentrer ça dans la tête. Ce garçon que j'avais fréquenté était vraiment un des pires. Je ne devais pas tous les comparer à lui. Alex me ramena à la réalité.
— Aujourd'hui tout le monde à sa journée, dit-il. Je comptais aller voir mon supérieur pour faire en sorte que tu vives ici pendant tes deux semaines d'intégration.
— Merci, c'est gentil, répondis-je en essuyant mes larmes. Si vous vivez ici, pourquoi Nathalia avait sa maison dehors ?
— Les aides-soignants ont le choix du lieu d'habitation. Sinon, je comptais aller voir ma fille après, elle doit avoir à peine deux ans de plus qu'Élisa. Elles seront sûrement dans la même section, tu veux venir ?
Mon cœur s'accéléra. C'était la meilleure chose qu'on m'ait proposée aujourd'hui. Je hochais la tête vigoureusement. Je devais me reprendre. J'allais récupérer Elisa et m'enfuir avec elle. Nous n'avions besoin de personne d'autre après tout, ma mère m'avait bien élevée seule. Je sautai du lit pour me préparer. Alex m'avait donné une tenue bleue pétrole, et une blouse blanche. J'essuyai mon visage humide et serrai les poings. À partir de maintenant, c'était elle et moi contre tous. Mieux vaut être seule que mal accompagné après tout non ?
Nous marchions dans les couloirs blancs. J'imprimais dans mon esprit chaque couloir, chaque bifurcation, tout. Nous arrivâmes devant une porte à doubles battants. Elle était là, juste derrière cette porte. Je trépignais d'impatience et d'excitation. C'est comme si tous mes problèmes s'étaient envolés. Alex me demanda de l'attendre dans la pièce d'en face. Il ne fallait pas qu'Élisa me saute dessus devant les caméras. Un peu déçue, j'allais attendre dans le cabinet d'en face.
Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvrit. Mon cœur s'emballa lorsque je vis sa petite tête blonde. Son regard se posa sur moi, et elle écarquilla les yeux de stupéfaction, le sourire jusqu'aux oreilles. Je tombais à genoux, bras grands ouverts. Elisa courus jusqu'à moi, se jetant dans mes bras, manquant de me faire tomber à la renverse. Je pleurais à chaudes larmes, et elle aussi.
— Je suis tellement désolé ma chérie, tellement désolé.
— Je savais que tu viendrais me chercher ! Pleurnichait-elle.
Je la serrais aussi fort que je pouvais, l'embrassant sur le front, les joues, le nez. Son petit visage innocent et radieux n'avait pas changé. Mes poumons s'emplirent d'un air si pur, mes muscles brûlaient d'excitation. Je ne pouvais enlever la banane que j'avais sur mon visage. Je retrouvais ma sœur de cœur, ma petite protégée. À peine nous étions nous retrouvée qu'elle commençait à me débiter son histoire.
— Les messieurs en noir ils sont méchant, dit-elle. Ils n'ont pas voulu emmener Kira. Elle est toute seule...
— On ira la chercher quand nous sortirons d'ici, murmuré-je.
Elle hocha la tête.
— Ils ne t'ont pas fait de mal ? Tu n'as rien ? Demandai-je.
— Non, les madame en blanc elles sont gentille. Même que quand on est sage, on a des bonbons.
Je souriais. Elle était toujours aussi naïve et innocente. Mais elle allait bien et c'était le principal. Je la portais et l'asseyais sur le plan de travail. Elle me raconta à une vitesse folle tout ce qui s'était passé depuis notre séparation. Comment ils l'avaient emmené, les tests qu'ils lui avaient fait, l'école. Elisa m'expliqua qu'elle adorait l'école, qu'elle faisait beaucoup de choses là-bas. Malgré tout ce qui s'était passé, elle était toujours joyeuse. Toute cette joie me faisait du bien, mais il fallait qu'on discute de l'évasion.
— Elisa, l'interpelai-je. Tu sais qu'on va bientôt partir d'ici toutes les deux ?
Elle me regarda intriguée.
— Maxime ne vient pas avec nous ?
Une boule se forma dans ma gorge.
— Non... Il ne peut pas.
Elle parut déçue, mais ne se plaignit pas pour autant. Je lui expliquai le plan : elle devrait m'écouter attentivement et faire ce que je lui demandais. Ma petite protégée m'écouta, hocha la tête de temps en temps. Elle ne me posa aucune question, elle me faisait confiance.
Alex interrompit nos retrouvailles.
— Noa, il va falloir la ramener, ça fait longtemps qu'elle est là.
— Très bien, dis-je.
J'embrassais ma petite blonde sur le front et la laissais repartir avec Alex, à contre-cœur. Il revint quelques minutes plus tard.
— Je vois que tu es très attaché à elle, me dit-il.
— Oui, répondis-je. Elle est si fragile, je veux la préserver. Et sa mère me l'a confiée.
Il baissa la tête. Apparemment, parler de Nathalia ne lui plaisait pas trop. Mais c'est lui qui ramena le sujet.
— Nathalia... Elle était extraordinaire, murmura-t-il. Elle était belle, intelligente, aimante. Sa fille, c'était tout pour elle. Son mari est décédé un peu avant la naissance d'Elisa.
Je comprenais parfaitement ce que c'était de ne pas avoir de père, le mien m'avait abandonné. Voilà peut-être encore un point qui me faisait détester les hommes.
— Et puis elle est venue ici de son plein grès, continua-t-il. Il lui fallait le matériel nécessaire pour mener ses recherches, et le virus avait bien entamé sa route sur la petite. C'est à ce moment-là que je l'ai rencontré.
— Elle vous faisait confiance, dis-je. On a retrouvé un enregistrement qui vous était destiné. Vous pourrez sûrement demander aux garçons de vous l'envoyer.
Il releva la tête vers moi.
— Merci Noa. Merci pour ce que tu fais pour Elisa. Nathalia serait fière de toi.
— Oui... Et votre fille ? Dis-je pour changer de sujet.
Il soupira en souriant, l'air gêné.
— C'est compliqué... Elle ne sait pas que je suis son père.
— Comment ça ?
— Et bien, à l'époque, je buvais beaucoup. Et sa mère m'a quitté, ne jugeant pas nécessaire de me dire qu'elle était enceinte. Mais je l'ai appris... Quelques mois avant le virus, avant qu'elle ne succombe. Quand j'ai su qu'elle avait été emmenée ici, j'ai immédiatement postulé. Je vais la voir aussi souvent que possible.
Je baissais la tête. Pourquoi étais-je entouré de tant de négativité, d'histoire affreusement triste ? Vivement que je m'en aille, loin, seule avec ma sœur.
La journée passa à une vitesse folle. Alex et moi avions parlé toute la journée de comment je devais me comporter, de ce que je devais faire en tant que sa stagiaire. Il m'avait fait aussi quelques prélèvements de sang.
Et là, j'étais dans la chambre d'ami, attablé au bureau. Je dessinais les plans des couloirs que j'avais mémorisés, pour aller chercher ma sœur. Nous devions partir le plus tôt possible.
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Bonjour/Bonsoir à tous !
Tout d'abord, merci de lire mon livre, merci pour vos commentaires et votes ! Il ne reste que peu de chapitres avant la fin de cette histoire, une petite dizaine ! J'ai aussi remarqué que des "team" se formaient par rapport aux garçons ahah. Dîtes moi pour qui êtes-vous ? #TeamMaxime #TeamAdam #TeamSacha ??
❤Encore merci, plein de bisous ❤