♀ CHAPITRE 18 ♀

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Je n'osais pas bouger d'un poil. Mon regard était fixé sur Maxime, j'espérais qu'il trouverait une solution plus vite que moi. Il semblait tout autant paniqué, mais il m'empoigna le bras néanmoins. Il me tira au fond du sous-sol, près d'Elisa et Kira. Il avait raison, il valait mieux ne pas s'éloigner d'elles. Mon cœur ne décèlerait pas, et mes yeux zigzaguaient à toute vitesse dans la pièce. Il n'y avait aucune porte pour nous sortir de là. Nous étions fichus. Je remarquais alors un vasistas assez large pour nous permettre de sortir. Il devait donner sur le jardin intérieur. D'un signe fébrile de la main, je montrais à Maxime mon idée. Il hocha frénétiquement la tête et récupéra ses affaires. Il expliqua à Elisa qu'il ne fallait pas parler. Ma petite protégée blonde écouta attentivement.

Je devais prendre le Maximum d'affaires. Soudain une idée me traversa l'esprit. Si les traqueurs trouvaient le vaccin, qu'en feraient-ils ? Je devais le récupérer. Je m'engageai prudemment dans le couloir et délicatement je déplaçais le gros miroir, laissant apparaître la porte dérobée. J'entrais rapidement, fouillant du regard la pièce en bazar. Les notes de Nathalia étaient posées sur le bureau, je les rassemblais à la hâte, personne ne devait les trouver. Puis une fois que les feuilles formaient un tas à peu près convenable et facile à tenir, j'attrapais la petite mallette qui contenait les vaccins.

En traversant le couloir j'avais entendu les voix des traqueurs, ce qui m'avais provoqué une mini crise cardiaque. Ils étaient à l'intérieur de la maison, nous n'avions plus le temps. J'entrai en trombe dans la chambre d'Elisa, où je trouvai Maxime, à moitié passé au travers du vasistas. Il s'en extirpa non pas sans mal, et fit passer la petite. Puis vint mon tour. Enfin, nous nous retournâmes pour prendre la chienne, mais elle n'arrivait pas à grimper. J'avais beau l'encourager, c'était peine perdue, nous n'avions pas le temps de redescendre dans le sous-sol et d'en ressortir à nouveau. Cela me fendait le cœur, mais nous devions la laisser ici. J'expliquais tant bien que mal à Elisa que Kira serait plus en sécurité ici, mais elle ne voulait rien entendre. Nous n'avions pas le temps pour les caprices. Je prenais la main d'Elisa et la tirais vers le petit portillons de la cours de derrière, lorsqu'elle se mit à hurler. Maxime en panique se retourna, les yeux écarquillés. Elisa refusait de partir sans sa chienne. J'essayais de la faire taire. En vain.

Soudain, elle me lâcha la main et courut en direction du vasistas. J'allais la poursuivre lorsque je fut bloquée par quelque chose : Maxime.

- On doit partir, ils nous ont sûrement entendu !

- Pas sans Elisa ! Lui hurlé-je. Pas sans elle ! Ca va pas non ?!

Je la voyais se glisser dans le petit espace, et sans plus me contenir je hurlais son prénom. C'est alors qu'une tête apparut à la fenêtre de la baie vitrée : un traqueur. Mon sang se glaça, et je ne sais pas pourquoi, mais j'avais l'impression que la maison s'éloignait petit à petit de moi. En fait si, je savais, mais je n'avais pas remarqué : Maxime m'avait jeté sur son épaule et courait dans la direction opposée. Je le ruai de coups, lui criant de me laisser aller chercher Elisa. Il n'écoutait rien de ce que je lui disais.

Au coin d'une rue, il me posa devant lui, et j'eus à peine le temps de l'entendre s'excuser avant qu'il me frappe violemment l'abdomen. Ce coup me décrocha un cri, et me coupa la respiration. Mes yeux s'embrumèrent, ma tête me cognait. Mon cerveau me hurlait de fuir, de m'échapper. Mais mon cœur lui, me suppliait d'aller chercher Elisa, la sœur que je n'avais jamais eut.

Je me laissais guider par Maxime. Je n'avais pas le choix, mes jambes refusaient de me maintenir debout. Après ça, tout fut flou. Il me sembla que nous avions volés une voiture, car je revoyais Maxime me mettre ma ceinture. Il m'avait secoué comme un prunier pour que je lui communique l'adresse de mon ancienne maison. Ce que j'avais fais avec beaucoup de mal, chaque mots entrecoupés par d'horribles sanglots.

***

Cela faisait maintenant deux jours que nous nous étions réfugiés dans mon ancienne maison. La vue de ces pièces qui m'étaient tellement familières me dégoûtait. Je ne mangeais rien, je ne dormais pas, je n'arrivais pas à arrêter de pleurer.

J'en voulais énormément à Maxime, et je n'avais pas décroché un seul mot depuis notre arrivée. Il essayait de me faire parler, et je ne comptais plus le nombre de fois où il s'était excusé. Mais jamais je ne pourrais lui pardonner de m'avoir séparé de ma petite Elisa. C'est comme si on m'avais arraché une partie de moi. Je me sentais comme une carcasse vide. Les traqueurs l'avaient probablement emmenée dans le grand bâtiment HEAVEN, à Paris. Jamais je ne pourrais la revoir. On me l'avait confiée, et j'ai échouée à la protéger.

Et comme si cela n'était pas suffisant, je commençais à tomber malade. En temps normal, j'aurais pensé que ce n'était qu'un simple rhûme, que ça allait passer. Mais non, ce n'était sûrement pas ça. Je savais très bien ce qu'il m'arrivais. Normalement, j'aurais paniqué, j'aurais pleuré. Mais là plus rien n'avait d'importance, si je n'étais pas avec Elisa à quoi bon continuer de vivre ? De toute façon je n'allais plus jamais la voir. J'avais prévu de m'enfuir lorsque je deviendrais trop malade, pour épargner à Maxime ce que j'avais vécu avec ma mère. J'espérais qu'il ne s'en rendrait pas compte, mais comment pouvais-je le cacher ?

J'étais constamment prise de vertiges, je tremblais, j'avais les yeux explosés. Je passais mes journée à déprimer dans le noir, seule. Maxime ne m'en avait pas vraiment parlé, même si je savais qu'il avait comprit. Et puis un après midi, alors que je me rendais à la cuisine parce que je mourrais de soif, j'eus un vertige assez fort. J'avais trébuché et j'étais à présent au sol, la vue floue. Maxime accourut et se pencha au-dessus de moi.

- Noa, ça suffit, me dit-il. Je sais ce qu'il se passe, je ne suis pas aveugle. Arrête de tout garder pour toi, je suis là moi aussi.

Je ne voulais pas répondre, mais mon corps avait agit de lui-même.

- Je n'ai plus la force de me battre, j'ai perdu tout ce que j'avais, à quoi bon vivre ?

- Je ne te laisserais pas mourir. Je vais te soigner, et on ira chercher Elisa.

Le fait qu'il prononce son nom me mettais dans une colère noire. C'est vrai que j'avais pensé chaque seconde à prendre la voiture, et aller la chercher. Mais au vu de mon état, je n'irais pas bien loin. Il fallait que Maxime ouvre les yeux : j'étais condamnée. 

HEAVENWhere stories live. Discover now