Confessions Infirmes

By SylvainDuCosmos

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Je suis handicapé. C'est pas drôle. Mais en fait... Si ! À travers mes Confessions Infirmes, je vais vous rac... More

1 # Quand on a la courante et qu'on ne peut pas courir
2 # Le coup de la panne
3 # Fast and Furious : Wheelchair Drift
4 # L'handicapitaine de soirée
5 # Les boules de Noël
6 # A votre se(r)vice
7 # "Allez, tout le monde debout... Là-bas..."
8 # Le jour où je me suis fait « une Gourcuff »
9 # Eyes wide shut
10 # Jeune handicapé recherche une meuf mortelle
11 # Quand il faut régler la mire avant le tir
12 # L'école pour tous
13 # Normes énormes
14 # La mule
15 # Pot-pourri d'infirmes anecdotes
16 # Le professionnel
17 # Aussi forte qu'une fourmi
18 # Gallinacé
19 # Amsterdam...
20 # ... et ses dames
21 # 8 pattes vs 4 roues
22 # La fable du faible
23 # Quand on voit deux fois au lieu d'une
24 # Quand tu veux te faire beau mais que t'es polio
25 # « Pourquoi le monsieur il roule ? »
26 # Vacances à roulettes I - Nothing Toulouse !
28 # Vacances à roulettes III : Handicapé GO !
29 # Ces gens-là
30 # Tournicotis, photomaton !
31 # En plein deux dents !

27 # Vacances à roulettes II - Juppé, au s'cours !

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By SylvainDuCosmos

Reprenons le récit de mes vacances et retrouvons-nous à la deuxième étape de mon voyage : Bordeaux. J'y suis pour retrouver une amie que je n'ai pas vue depuis très très longtemps, une amie que nous allons surnommer « meuf de poche » car elle est toute petite (mais ce n'est pas une enfant attention) !

Pour commencer, je dois rendre hommage à cette copine qui a fait preuve d'un courage et d'une ténacité incroyables. En effet, il faut savoir qu'elle habite au deuxième étage d'un immeuble sans ascenseur. Vous voyez le tableau : il a fallu qu'elle me porte pour monter et descendre pendant une semaine ! Des nanas comme ça, on n'en croise pas tous les jours ! Elle a beau mesurer 1,55 m pour pas plus de 45 kg, quelle force ! Quelle endurance ! C'est beau l'amitié...

Il y a une chose vraiment regrettable à Bordeaux, c'est l'invasion de poubelles sur les trottoirs. Je ne sais pas si pendant l'été les éboueurs se raréfient, mais déjà que certains trottoirs sont difficilement praticables pour les fauteuils, vous imaginez le bordel lorsqu'ils sont encombrés de poubelles éparpillées ça et là. C'est dommage parce que c'est une jolie ville, qui bénéficie d'un héritage historique très visible notamment dans son architecture. Tout ça est gâché non seulement visuellement mais pratiquement. Et à mon avis, ça ne doit pas être gênant que pour moi...

Par contre, Bordeaux est quand même très au point au niveau de ses transports en commun : le tramway est très utile, et la plupart des bus (oui je dis seulement la plupart, vous allez comprendre pourquoi) sont accessibles, ce qui facilite largement les déplacements.

Il y a de nombreux endroits très agréables à parcourir, notamment les quais, sur lesquels ma copine de poche et moi avons fait de nombreux drifts, elle assise sur mes genoux et pilotant mon bolide en empoignant le joystick comme une pro. J'arrête tout de suite toutes les supputations qui commencent à germer dans vos cerveaux pervers : non, ne voyez pas là une métaphore pour désigner mon chibre, ma meuf de poche n'est pas ma petite copine de poche ou encore mon plan cul de poche, bien qu'on puisse dire que je l'ai montée à de multiples reprises, puisqu'elle m'a porté dans bien des situations... je suis sûr qu'elle va apprécier de lire ces lignes haha !

Mais assez de généralités, abordons le quotidien. L'appart' de ma copine de poche est petit, c'est un studio, et il n'est pas du tout praticable pour une personne handicapée dont le fauteuil est resté au rez-de-chaussée. Pour la moindre des choses, pour le moindre de mes besoins, je devais demander de l'aide à mon amie. Aller aux toilettes ? Elle devait tout d'abord me soulever du canapé puis m'aider à longer les murs jusqu'au glorieux trône. Idem pour me laver. Idem pour tout. Je n'ai bien sûr participé à aucune tâche ménagère, je n'ai rien fait. Dans ces moments-là, vous êtes partagé entre l'impuissance, la gêne, et la reconnaissance.

Bien sûr, elle ne m'a fait absolument aucun reproche. Elle ne rechignait pas à m'épauler dès que j'en avais besoin. Mais quand même, je dois reconnaître que j'ai été un sacré fardeau ! C'est dans ces instants-là que je me dis que j'ai une chance incroyable d'avoir des amis comme ça.

Un jour, tandis que nous désirions aller rendre visite à des amis à elle sur l'autre rive de la Garonne, nous avons essayé de prendre le seul bus qui alimentait cette zone. C'est là que j'ai eu ma première grosse déconvenue de mon séjour bordelais.

En 2016, on est en droit d'attendre des très grandes villes qu'elles soient adaptées aux besoins des personnes handicapées. Je demande pas que l'on refasse absolument tous les trottoirs et les bâtiments, mais il y a des choses à faire qui devraient être déjà faites. Les bus par exemple : nous attendions à l'arrêt, et la déception tant attendue arriva, incarnée par un véhicule qui ne disposait pas de rampes permettant à des gens en fauteuil de monter. Le conducteur s'est montré très aimable et a pris le temps d'appeler son central pour ne pas nous laisser comme des merdes sur le côté de la route. Quelques minutes plus tard, un minibus était « commandé » pour qu'il vienne à notre secours.

Hélas, Il n'est jamais venu. Nous attendons presque une heure, et nous décidons de rappeler nous-mêmes le central pour savoir de quoi il retourne. Stupéfaction ! Rarement j'avais entendu des employés d'un service municipal aussi impolis et irrespectueux. « Il fallait mieux vous organiser », « vous allez devoir vous débrouiller », « non personne ne viendra aujourd'hui » (alors que le conducteur du bus nous avait assuré du contraire...), etc., le tout avec un ton dédaigneux et méprisant au possible. Mais ce n'est pas tout !

Un autre bus passe, et nous espérons un peu naïvement que celui-ci sera accessible. Et bien nous n'aurons jamais la réponse : le bus, nous voyant ma pote et moi (en fauteuil donc), a à peine décéléré et ne s'est même pas arrêté ! C'est juste un handicapé en galère, pas la peine de s'arrêter pour lui signifier un minimum de politesse, de toute façon le problème restera le même ! Cet abruti de conducteur de bus n'a même pas vu qu'à côté de nous, il y avait une mère et ses deux filles qui elles auraient pu monter et auraient bien voulu... une bien triste image des services de transport bordelais...

Une autre triste anecdote qui n'est pas spécifiquement bordelaise mais qui est tout aussi choquante s'est produite lorsque j'ai voulu acheter un billet de train pour la prochaine étape de mon voyage, Lorient. L'employée, un cliché de la ménagère vieille, rabougrie et un poil vulgaire mais indubitablement impolie, est un monstre que j'avais envie de napalmer en moins de quelques minutes. 

Je lui explique que je veux un billet entre Bordeaux et Lorient, sans repasser par Paris car je n'ai pas un budget illimité, et je lui demande si la SNCF peut prendre en charge mon accompagnement lors des différents changements de train du trajet qu'elle me propose. Elle me demande alors ma carte d'invalidité. Malheureusement, celle-ci est en cours de renouvellement, mais mon handicap ne l'est pas ! Je suis là, vissé sur mon fauteuil électrique, et cette gorgone a besoin d'une carte pour comprendre que je suis handicapé et que j'ai besoin de services spécifiques. 

La sentence tombe : « pas de carte d'invalidité valide (je ne sais pas si elle a fait exprès d'utiliser cette formule, c'est soit du génie soit de la stupidité pure), pas de trajet pour handicapé ». Je n'en reviens pas. Qu'est-ce qu'il lui faut pour lui prouver que je suis bel et bien handicapé ? Que je me vautre devant elle en essayant d'accomplir un test d'équilibre ? Je suis tout bonnement scandalisé, et, confronté à la stupide muraille érigée devant moi, je ne peux que repartir sans billet, en assénant tout de même un « puisque vous êtes si bête, je vais me tourner vers du covoiturage ! » (Oui, j'aurais pu être beaucoup moins contenu, je me suis surpris moi-même).

Refermons cette parenthèse négative et passons à l'événement auquel je ne m'attendais pas du tout.

Un soir, la meuf de poche et moi décidons d'aller à un restaurant avec deux de ses copines. Je ne les connais pas, aussi nous discutons pour en apprendre un peu plus les uns sur les autres. Je dis à l'une d'elles que je travaille sur plusieurs projets d'écriture, dont un que je diffuse sur Internet et qui s'appelle les confessions infirmes, chose que vous devez connaître chers lecteurs étant donné que vous êtes dessus (et pas déçus j'espère) ! Elle me demande si par hasard, je cherche un illustrateur.

Sortons de la narration pour faire une petite annonce. Cela fait quelques temps que j'ai contacté un illustrateur pour qu'il me fasse une belle couverture pour les confessions. Je connais ce monsieur grâce à un site communautaire que nous fréquentons tous les deux et sur lequel il publie ses gribouillis et moi mes histoires. Donc, cette petite histoire me force à dévoiler quelque chose que je gardais pour plus tard, étant donné que ce n'est pas finalisé, mais voici : il y aura bientôt un visuel pour les confessions infirmes parfaitement original ! Je me permets de vous donner un petit aperçu du style...

Pleine lune ? Chance miraculeuse ? Prédiction de Nostradamus ? Alignement des planètes ? Je penche pour la dernière option. J'explique à la demoiselle que j'ai déjà quelqu'un qui travaille dessus, et je lui donne son nom. La conversation avance, et petit à petit, elle fait le lien entre le nom que je lui ai donné et les confessions infirmes. Mais quel lien ? Elle prend son portable, fouille dans son répertoire et passe en appel.

« Allô ? J'ai le mec des confessions infirmes en face de moi, est-ce que ça te dirait de venir prendre un verre avec nous ? »

Cette fille, qu'il y a environ une heure je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam, connaît mon illustrateur.

Elle connaît Poulop ! Bon sang, comment aurais-je pu prévoir qu'en allant voir ma copine de poche à Bordeaux, une ville que je ne ne connais pas, j'allais rencontrer Poulop, un mec que j'ai trouvé grâce à un site communautaire et avec qui j'ai échangé quelques mails uniquement centrés sur la couverture qu'il me fait ? À part son pseudonyme et les planches qu'il diffuse, je ne connaissais absolument rien de lui ! Je ne savais pas qu'il habitait Bordeaux, je ne savais pas qu'il fréquentait cette fille que je n'avais jamais vu moi-même avant cette soirée, bref, j'étais à des années-lumière de m'imaginer que ce soir-là, lui et moi allions trinquer ensemble et boire des mojitos !

Nous passons donc une excellente soirée, et j'ai découvert quelqu'un d'extrêmement sympathique que j'espère revoir quand il montera sur Paris. On s'échange nos numéros de téléphone comme deux adolescents qui se sont bien dragués et qui envisagent un coït dans les prochains jours. Hélas, coït il n'y a pas eu.

À l'heure où j'écris ces lignes, je n'en reviens toujours pas d'avoir rencontré Poulop... comme quoi, le monde est parfois vraiment petit !

C'est tout pour ce volet bordelais, je vous dis à la prochaine pour la conclusion en terre bretonne !

- - -

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Si tu aimes les confessions infirmes, n'hésite pas à acheter le livre !

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