Confessions Infirmes

By SylvainDuCosmos

46K 4.5K 958

Je suis handicapé. C'est pas drôle. Mais en fait... Si ! À travers mes Confessions Infirmes, je vais vous rac... More

1 # Quand on a la courante et qu'on ne peut pas courir
2 # Le coup de la panne
3 # Fast and Furious : Wheelchair Drift
4 # L'handicapitaine de soirée
5 # Les boules de Noël
6 # A votre se(r)vice
7 # "Allez, tout le monde debout... Là-bas..."
8 # Le jour où je me suis fait « une Gourcuff »
9 # Eyes wide shut
10 # Jeune handicapé recherche une meuf mortelle
11 # Quand il faut régler la mire avant le tir
12 # L'école pour tous
13 # Normes énormes
14 # La mule
15 # Pot-pourri d'infirmes anecdotes
16 # Le professionnel
17 # Aussi forte qu'une fourmi
18 # Gallinacé
19 # Amsterdam...
20 # ... et ses dames
21 # 8 pattes vs 4 roues
22 # La fable du faible
23 # Quand on voit deux fois au lieu d'une
24 # Quand tu veux te faire beau mais que t'es polio
25 # « Pourquoi le monsieur il roule ? »
27 # Vacances à roulettes II - Juppé, au s'cours !
28 # Vacances à roulettes III : Handicapé GO !
29 # Ces gens-là
30 # Tournicotis, photomaton !
31 # En plein deux dents !

26 # Vacances à roulettes I - Nothing Toulouse !

986 89 7
By SylvainDuCosmos

C'est l'été, il fait beau, il fait chaud, c'est la période idéale pour partir vadrouiller comme un bon vacancier !

C'est en tout cas ce que j'ai fait, partant de Paris et quittant le climat grisâtre et triste de l'Île-de-France pour voyager, en premier lieu, vers la ville rose : Toulouse. Pourquoi Toulouse ? Pour fêter les 30 ans d'un très bon ami ! C'est donc dans l'optique d'un week-end prolongé au chaud et au soleil avec mes supers copains que je débarque le vendredi soir.

Il faut savoir que mon pote trentenaire et ses colocataires vivent dans une maison qui s'avère très compliquée à arpenter lorsque l'on est en fauteuil électrique. Au rez-de-chaussée, le garage et la chambre d'un des colocataires. Au premier, cuisine salon toilette ainsi qu'une chambre. Et au deuxième, les autres chambres et la salle de bain. Il a donc fallu que l'on me porte pour me faire bouger d'une pièce à l'autre. Heureusement que j'ai des amis très sympas et costauds ! Ils étaient tellement gentils avec moi que j'avais l'impression d'être traité comme un seigneur, comme un César !

Admirez moi ce misérable vermisseau se délecter de son traitement de faveur...

Le samedi, nous nous sommes rendus à l'événement « Toulouse plages 2016 », où nous avons pu profiter de beaucoup d'activités en plein air. Et je dois dire qu'il y en avait pour tout le monde, handicapés inclus ! Si bien sûr il demeure des activités qui ne sont pas adaptables, force est de constater qu'il y avait largement de quoi s'amuser même en fauteuil.

Bon, il faut le reconnaître, nous n'avons pas été très diversifiés dans nos divertissements : l'essentiel s'est fait autour de plusieurs parties de pétanque ! Nous, les jeux de boules on aime ça. Encore plus quand il s'agit de tirer et de pointer.

Quand j'étais plus jeune, je pratiquais la pétanque dans un club, j'ai même participé à certaines compétitions dans le Val-d'Oise. On dirait pas comme ça, mais c'est très physique : entre tous les allers-retours entre le cercle de lancer et les boules, toutes les génuflexions pour ramasser, sans parler du poids des sphères de métal qui pèse durant plusieurs heures dans vos mains, je peux vous assurer que l'on prend tarif ! Cela faisait une dizaine d'années que je n'avais pas rejoué, et ça m'a fait un bien fou.

Certes, mon corps a évolué entre mes 20 ans et mes 30. Entre-temps, je me suis assis dans un fauteuil, j'ai pas mal perdu en puissance, et pour rester concentré sur la pratique bouliste uniquement, je n'ai absolument pas joué. Mes amis m'ont fait la grâce d'adapter les parties à mon petit corps fébrile. On dirait pas comme ça, mais le fait d'être assis, ça change tout, surtout au niveau de la force à envoyer dans le bras pour lever les projectiles pour les guider jusqu'au cochonnet. En plus de cela, les doigts de mes mains, surtout les index comme j'avais déjà pu en parler, ont un peu de mal à se tendre, ce qui n'est pas du tout pratique pour relâcher la boule au moment de lancer. J'ai donc dû jouer à la lyonnaise, c'est-à-dire main ouverte. C'est peut-être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup, enfin ça change tout (oui je sais j'ai déjà fait cette blague francegallienne mais je l'aime bien). Pour finir, pour pallier à mon manque de puissance, j'ai été autorisé à jouer à une distance réduite par rapport à mes adversaires.

Nous avons joué pendant quatre heures durant, et c'était vraiment l'extase ! Souvenirs d'enfance, osmose avec les copains, une super ambiance, bref, tout pour être heureux !

À noter la présence, non loin de là, d'une cabine de WC spécialement dédiée aux handicapés, j'ai nommé le HandiKub. Dépassant l'usage conformiste du bleu GIC, c'est un Rubikube géant qui s'offre aux infirmes pour assouvir leur besoin de se soulager. Détail qui pourrait échapper à certains mais que je tiens à souligner tant je le trouve drôle, il y avait de nombreuses traces de pneus devant le cube. Il y en avait probablement beaucoup d'autres à l'intérieur aussi...

Le dimanche, mes deux amis ont décidé de m'emmener vivre une expérience nouvelle pour moi : faire du kayak. Inutile de vous dire que j'avais quand même un peu les miquettes...

Le trajet décidé, nous nous rendons vers l'Ariège avec tout notre équipement, à savoir l'embarcation trois places, les pagaies, le gilet (il n'y en avait qu'un pour trois, et je fus l'heureux élu), et tout le foutoir habituel. Nous trouvons finalement un endroit pour se garer non loin du bord de la rivière, et nous commençons à préparer mon baptême en eau douce.

Une dame à côté de nous nous avertit qu'un fonctionnaire de la police rurale est en train de poser des amendes sur tous les pare-brises pour stationnement interdit. Elle nous explique qu'apparemment, nous sommes dans une rue réservée aux ayants droits. Mon ami tente d'intercepter le policier, mais il est trop tard : le papier est délivré. S'engage alors un duel verbal sur la légitimité de cette amende.

Nous expliquons au policier, qui ne semble pas avoir la lumière à tous les étages, que d'une part nous n'avions vu aucune indication mentionnant que la rue était réservée aux ayants droits, mais que de toute façon, j'étais un ayant droit du fait de mon handicap. Mais se pose un bémol : mon macaron GIC a dépassé la date limite de très loin, tout comme ma carte d'invalidité (j'en profite pour remercier l'administration française pour sa rapidité et sa réactivité suite à mes nombreux appels et relances par courriers ces derniers mois, voire années, pour obtenir ces précieux papiers qui ce jour auraient vraiment été salutaires). Du coup, il n'y avait en effet rien qui stipulait sur notre véhicule que nous avions le droit de nous garer ici. C'est notre tort, et nous l'assumons malgré tout, malgré le caractère assez injuste de la situation. Nous demandons au policier s'il ne peut pas retirer l'amende suite aux explications que nous lui fournissons, et surtout suite à son constat que je suis bel et bien handicapé et que je suis donc dans mon bon droit malgré l'absence de papier.

Mais voyez-vous, le policier est au top de la technologie, si bien que maintenant qu'il a entré l'amende sur son petit boîtier, il ne peut pas la retirer. Bah voyons... tout ce qu'il peut faire, c'est adressé une note à son supérieur pour le prévenir que nous allons faire opposition dans notre bon droit. Assez frustrant, mais nous n'avons guère le choix. Nous préférons nous concentrer sur le kayak, puisque de toute façon, ce qui est fait est fait, nous sommes un dimanche, il n'y a aucun courrier ou coup de téléphone qui pourrait nous aider à ce moment-là. Pour finir cette parenthèse policière, il est important de noter qu'à la fin de la journée, l'amende avait été clonée peut-être par le même policier, ou un de ses collègues. Au total, presque 250 € et huit points en moins sur le permis de mon ami. En toute logique, le doublon est très facilement contestable. Mais sur le principe, c'est vraiment d'un ridicule... et puis de toute façon, quitte à faire les démarches pour s'opposer à la première, puisque la deuxième est sa jumelle, il en sera de même pour nos courriers.

C'est le moment tant attendu pour se lancer enfin sur l'Ariège ! Je suis très crispé, je n'arrive pas à me détendre : l'embarcation bouge au moindre courant, et je ne me sens pas assez stable pour être un minimum rassuré. Vous allez me dire, c'est normal que ça bouge. Oui c'est vrai. Mais la peur au sens léger du terme à ce petit côté irrationnel assez difficilement effaçable...

(Soyez gentils, ne jugez pas ma coupe de cheveux, elle est désastreuse et l'eau n'a en rien aidé)

Peu à peu, je me relaxe. Le courant est assez faible, et mes deux amis sont assez experts. Les manœuvres sont fluides, même si nous avons du mal à choper les bons courants. Quand je dis nous, c'est eux, je ne manœuvre aucune pagaie, c'est bien trop lourd pour moi, alors je suis en simple observateur de la nature qui s'offre à nous !

À certains endroits, la rivière est si peu profonde que nous sentons les cailloux sous nos fesses, et quand je dis cailloux, ce n'est pas du gravier. À tel point que parfois, mes amis sont obligés de sortir de l'embarcation pour la pousser et passer les obstacles. Victime de ces endroits caillouteux, l'aileron du kayak s'est brisé, rendant la navigation beaucoup plus aléatoire et difficile pour les deux pagayeurs qui m'entourent. Certains passages sont beaucoup plus remuants, et à chaque fois je me cramponne plus ou moins inutilement sur les bords glissants du kayak en espérant que cela changera quelque chose alors que bien sûr cela ne change que dalle.

Petit interlude cocasse digne de Jacquie et Michel : nous sommes passés devant une clairière dans laquelle se faisait prendre en photo par deux hommes une jeune rousse plutôt bien fichue. Nous avons trouvé ça rigolo mais sans plus, jusqu'au moment où elle s'est mise torse nue ! Malheureusement, le courant a écourté le spectacle, et nous étions hélas bien trop loin lorsqu'elle a fait tomber le reste...

Nous arrivons sur la fin, et il y a des rapides ! Enfin, par rapide, je veux dire qu'il y a des remous plus sérieux que les précédents. N'empêche, on a failli se retourner deux trois fois, à cause de l'absence de l'aileron, et de la mauvaise coordination entre mes deux amis qui parfois, ne s'entendaient pas à cause du bruit de l'eau ! C'est sûr que si l'un pagaye vers la gauche et l'autre vers la droite, ça ne risque pas de fonctionner, et le retournement se rapproche un peu trop !

Nous sommes finalement rentrer sans encombre, et j'ai absolument adoré cette journée ! J'en profite pour remercier encore une fois les deux compères, sans qui je n'aurais pas pu goûter cette expérience !

Mais les vacances ne sont pas finies, le lundi, je prends le train pour Bordeaux, où de nouvelles aventures m'attendent...

La suite bientôt !

- - -

Merci de continuer à me lire et à me soutenir ! Voici le FB (http://tinyurl.com/hgguzwk)

Si tu aimes les confessions infirmes, n'hésite pas à acheter le livre !

http://amzn.eu/1SI0nMi 

Continue Reading

You'll Also Like

14.8K 947 18
La femme est une palette qui vient sous plusieurs variations de teintes.
12M 984K 145
Un faux numéro, des taquineries, un tas de smileys, des nuits blanches passées ensembles, si proches et pourtant si loin. Un sms peut tout changer...
217K 13.5K 198
Blagues pour vous remontez le moral. Je te parie ce que tu veux tu vas rigoler. 🤣 Rire 5 fois par jour est bon pour la santé. 🧡✨🔥
32.8K 3.1K 164
hé allez, on redémarre les bonnes vielles habitudes ? Oui ? Alors, bienvenue dans le volume 5 des images drôles :)