Water Lily : la floraison.

By RosalineOscar

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- Maman, murmurai-je. - Bonjour ma chérie, sourit-elle en m'ouvrant ses bras. Je m'y ruais aussitôt, enfoui... More

J'ai retrouvée ma place.
J'ai retrouvée ma place - scène 2.
Rebondissement. Cela m'avait presque manquée.
Bianca. Gareth. Les présentations sont faite, au revoir ?
D'émotions en émotions. Dieux des céréales, soyez clément.
F.A.Q : Réponse a vos questions.
Allié. Enfin, on va essayer.
Un dernier soir
Ma famille. Où plutôt un puzzle de ma famille.
Tiens-toi prête.
On règle nos problèmes. Non, j'ai pas dit qu'on s'entre-tuait.
Retournons en enfance. Vingt ans ou cinq, c'est pareil après tout.
Catastrophe, bonjour. Tu m'avais presque manquée.
Pardon.
Avoir ou ne pas avoir la tête sur les épaules telle est la question.
Normal.
Je ne suis pas folle. Enfin si peut-être. Mais non. Bon d'accord.
Je vais péter un plomb.
Cacophonie, je vais devoir devenir chef d'orchestre.
Le calme avant la tempête ? Non non, juste la bourrasque.
Le nénuphar prend l'eau. Mais parviendra à fleurir.
Un, deux, trois nous irons tous au bois. Quatre, cinq, six avec des explosifs.
Telle fille, telle mère. Aussi gourde l'une que l'autre
Tout ira bien. Enfin. Normalement.
Premier round. Un, zéro.
F.A.Q : la chanson qui...
Je vous emmerde. Bien cordialement, Keyli.
Aucune pitié.
Pikachu ! A l'attaque ! Pardon. Je confonds.
Un dragon. Où comment botter les fesses d'un ennemi en quelques secondes.
Trahison. Un partout. La balle au centre.
Je t'aimais. Je t'aime. J'aurai voulus dire je t'aimerai.
Tu m'as sauvé.
Le début d'une fin. Ou le commencement d'un début.
Vers l'infini et l'au-delà. Buzz l'éclair, sors de ce corps.
Épilogue Kenan.
Épilogue Maël.
Bonus I : Ma reine de cœur.
Bonus II : de diapositive en diapositive.
Bonus III : Qui suis-je ? Entre mort et renaissance.

Entre souffrance et joie, il n'y a qu'un seul pas.

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By RosalineOscar



Mes doigts caressaient ses cheveux avec douceur alors que ses épaules tressautaient dans des sanglots qu'il voulait ravaler mais sans y parvenir. Tout le monde le fixait avec incrédulité, avec crainte. Avec ce même regard qu'il m'avait offert lorsque j'étais apparu devant eux pour la première fois, couverte de marque blanche et de cinq marques noires. Mon regard se fit plus menaçant, déconseillant ainsi à quiconque de penser qu'il était un monstre ou toute autre horreur dans le genre. Je me chargerai personnellement de ceux osant le faire et je vis plusieurs personnes reculer légèrement sous mon regard meurtrier.

Je n'osai pas bouger même si j'aurai voulu emmener Maël plus à l'écart, à l'abri des regards curieux qui ne ferait qu'intensifier son sentiment de monstruosité. Bianca voulut s'avancer vers son frère mais Gareth la retint fermement. Elle le fixa un instant alors qu'il la retenait pour une unique raison. Il ne voulait pas qu'elle s'approche de lui. Pas qu'elle s'approche de quelqu'un d'aussi dangereux. Je me mordais la lèvre jusqu'au sang, comment ce type pouvait penser une chose pareil ? C'était lui le monstre. Bianca semblait, pour un fois, être d'accord avec moi et se dégagea d'un geste brusque avant de s'avancer lentement vers nous.

- J-je peux faire quelque chose ? Bégaya-t-elle.

- Fait reprendre les épreuves, ordonnai-je. Nous n'avons pas encore eu de vainqueur.

- M-mais...

- Je m'occupe de lui, affirmai-je calmement en lui coupant la parole.

Elle sembla hésitante, fixant son frère avec anxiété. Elle releva les yeux sur moi, totalement indécise. Elle ne voulait pas le laisser, mais c'était le mieux qu'elle puisse faire. Il fallait que l'attention se porte sur autre chose et faire reprendre les jeux était la meilleure chose à faire. Maël avait besoin d'être seul. Où plutôt d'être avec moi au vu de ses mains serrées sur ma taille. Et je ne comptais certainement pas l'abandonner. Brièvement, mes yeux tombèrent sur Kenan et la colère monta comme une flèche dans ma poitrine. Il ne détourna pas les yeux, sa mâchoire se crispant simplement un peu plus qu'elle ne l'était déjà. Mais ce n'était pas le moment de régler mes comptes.

Bianca avait finalement décidée de m'obéir, se tournant vers la foule de gens qui nous contemplait entre fascination et crainte. J'avais peur qu'elle ne parvienne pas à ramener l'ordre, mais me surprenant, un simple mot de sa part suffit à faire se détourner les regards. Je soupirai de soulagement quand enfin la pression redescendit un peu. Mais il me restait encore beaucoup à faire. Doucement, j'essayai de relever le visage de Maël, l'écartant légèrement mais il refusa de croiser mon regard. Sa souffrance était si puissante que j'avais peur de ne pas réussir à le soulager. Pourtant je devais le faire, coûte que coûte.

- Tu peux te lever ? Questionnai-je doucement.

- Probablement, répondit-il sans conviction.

Je hochai la tête alors qu'il tentait déjà de le faire, ses jambes tremblant encore. Je venais vivement poser mes mains sur ses épaules pour le soutenir et il me lança un regard en coin, ses yeux toujours humides de larmes. Il avait honte d'être aussi faible, chose ambivalente quand il avait aussi terriblement honte d'être puissant. Je tâchai de la rassurer dans un sourire doux mais il détournait les yeux en me faisant soupirer discrètement.

Sobrement, je vins appuyer mon épaule contre la sienne afin de l'aider à marcher, son bras passa autour de mes épaules sans trop d'hésitation et il commença à avancer avec moi. J'étais très attentive, veillant à ce qu'il ne retombe pas à genoux quand son esprit était si troublé que son corps agissait en conséquence. Ses mains étaient froides, de la sueur coulait sur ses tempes et ses jambes étaient si tremblantes que je savais que nous ne pourrions nous écarter que de quelques mètres. Mais ce serait suffisant.

- Keylinda ! Brailla soudainement la voix de Bianca en me faisant me retourner dans sa direction. Tu pourrais faire quelque chose pour ça ?

Distraitement, je contemplai le mur que j'avais créée. Il occupait la moitié du terrain et je comprenais aisément pourquoi Bianca m'avait stoppée malgré l'état de son frère. D'un geste sobre de la main, le mur s'écroula en perdant tout son aspect compact, retombant en son état originel. Le monticule formé était encore dérangeant, mais ils pourraient se débrouiller avec. Je n'étais pas la seule détentrice du pouvoir de la terre et ce petit monticule ne serait qu'un jeu d'enfant pour quelqu'un ayant ce don.

Sans plus me soucier d'eux, je m'avançai jusqu'au manoir, laissant Maël s'adosser contre un mur à l'ombre du majestueux bâtiment. Il se laissa glisser sur le sol, prenant sa tête entre ses mains. Je me mordis la lèvre, un peu incertaine face au comportement à adopter. Pourtant, je n'avais pas le temps de réfléchir, ni d'hésiter. Il avait clairement besoin d'aide. Sereinement, ou du moins en apparence, je me laissai glisser à côté de lui, collant mon épaule contre la sienne pour lui signaler ma présence.

- Je suis un monstre, murmura-t-il de façon à peine audible.

- Maël, soufflai-je en venant tirer ses mains pour l'obliger à me regarder et me plaçant bien face à lui. Est-ce que tu as déjà pensée que j'étais un monstre ?

- Bien sur que non, affirma-t-il vivement en fronçant les sourcils avant de soupirer et de chercher à fuir mon regard. Tes dons ont été donnés par Dana, moi ils ont été offert par des êtres empli de vice et de cruauté.

- Mais tu n'es pas eux, soufflai-je en venant passer ma main dans ses cheveux blond pour dégager son visage. Tu as perdu le contrôle, don de Fomhoire ou don de Dana, cela revient au même. Tout le monde va bien, il n'y a pas eu de blessé. C'est l'essentiel.

- Il n'y a pas eu de blessé cette fois-ci... mais quand sera-t-il des prochaines fois ?

Ses mains se crispèrent sur ses genoux, son regard se perdit dans le vide et son esprit sombra dans une torpeur sombre. Je le fixai entre inquiétude et douceur. Ma main passa sur sa joue, caressant sa peau avec tendresse. Il releva enfin les yeux sur moi, la gorge serrée et la mâchoire crispée. Je ne détournai pas le regard, tâchant de lui montrer que je n'avais pas peur de lui. Que je n'aurais jamais peur de lui. Sa main vint se refermer sur la mienne alors qu'il fermait les yeux, gardant ma paume sur sa joue.

- Je ne peux pas te dire que tout ira toujours bien, avouai-je. Mais je ferais toujours en sorte de veiller à ce que tout ce passe bien. N'ai pas honte de ce que tu es. Tu as commis des erreurs mais tu essaye de les rattraper, c'est suffisant pour moi.

- Tu es simplement trop gentille, sourit-il tristement en rouvrant les yeux pour me regarder.

- Je sais simplement qui est la personne qui se tient devant moi, rétorquai-je en venant appuyer ma main sur son torse. Je sais ce qui est là, à l'intérieur. Et je sais que tu ne seras jamais un monstre.

- Mais est-ce que les autres parviendront à le penser, murmura-t-il à nouveau en se crispant sur ma main. J'ai peur de finir par réellement blesser quelqu'un. Bianca... je l'ai déjà tué une fois. Et je pourrais recommencer...

- Maël, soupirai-je. Je comprend ce que tu ressens, mais tu ne dois pas te laisser submerger par ça. Les dons que tu possédais et que tu possèdes aujourd'hui ne feront pas de toi un monstre tant que tu n'agira pas comme telle.

- Mais je pourrais quand même blessé quelqu'un, même dans un simple accident. Je ne serais peut-être pas un monstre au sens propre... mais je suis un danger, une menace. Et ceux pour toutes personnes m'approchant. Même pour toi. Surtout pour toi. 

- Je suis un danger pour moi et pour vous tous plus que tu ne le seras jamais, rétorquai-je en fronçant les sourcils. Regarde autour de nous, une guerre va éclater par ma faute. Tu as faillis mourir à cause de moi. J'ai mis en danger des dizaines de vie et bientôt j'en mettrai une centaine. Mais j'arriverai à me regarder dans un miroir tant que je serais certaine d'avoir tout fait pour les protéger, d'avoir tout tenter pour être sur le bon chemin. Tu n'es pas une menace pour nous, Maël. Et tu ne le seras pas tant que tu voudras y croire.

Mes doigts se serrèrent sur sa main alors qu'il me fixait, plus incertain. Tout est une question de volonté. Une phrase stupide, que j'avais tant détestée entendre de la bouche de ma mère à chaque fois que j'intégrai une nouvelle classe. Cela ne dépend que toi de te faire des amies, me soufflait sa voix douce et sincère mais qui ne me faisait que souffrir. Oui, la volonté joue beaucoup. Avec de la volonté on peut perdre du poids, avec de la volonté on peut réaliser un rêve, avec de la volonté on peut affronter un monde qui nous terrifie. Avec de la volonté on peut franchir une montagne. Mais j'étais la première à savoir aussi que ce n'était pas toujours aussi simple. Cependant, je savais que dans le cas de Maël, tout reposerait sur lui. Sur sa vision de lui-même, sur sa façon de gérer ses craintes et ses émotions.

Il hocha simplement la tête, trop peu sûr de lui pour vraiment me donner une réponse. Néanmoins son esprit semblait se calmer, ne partant plus en tout sens et ce concentrant sur moi. C'était déjà ça. Je tentai de lui sourire, me voulant la plus rassurante possible tandis que les grondements avaient repris autour de nous, les combattants s'acharnant les uns sur les autres comme si rien ne les avaient jamais interrompu. Doucement, je me rasseyais à côté de Maël pour les regarder se balancer pieds et poings comme si leurs vies en dépendaient.

- Pourquoi Kenan a-t-il agit ainsi ? Murmurai-je alors que mes yeux se posaient dans le dos du démon. Pourquoi t-a-t-il balancer des horreurs pareilles ?

Maël se crispa alors que je me montrai extrêmement maladroite. Je parvenais tout juste à l'apaiser et voilà que je l'obligeai à se rappeler chaque image, chaque sensation qui lui avait fait perdre pied. Je m'excusai aussitôt mais il hocha négativement la tête dans un soupir. Je préférai rester silencieuse, attendant qu'il prenne la parole pour m'expliquer ses réactions :

- Je suppose que j'ai cherché, murmura-t-il sans vraiment me convaincre.

- Et la vérité ? Rétorquai-je froidement. Ne le couvre pas.

- Je ne le fais pas, désapprouva-t-il calmement.

- Je te connais Maël, tu n'es pas de ce genre là. Tu fais tout pour me pousser vers lui, alors pourquoi serais-tu aller le provoquer ?

- Je n'ai pas dit que j'avais délibérément provoqué la chose, souligna-t-il dans un haussement d'épaule. Je dis uniquement que j'ai cherché d'une certaine façon.

- Plus clairement ? Soupirai-je de dépit.

- Il sent que je suis toujours amoureux de toi. Et que, même si je cherche à m'éloigner, le lien qui nous unis reste présent, exprima-t-il enfin en soupirant à son tour. Il a probablement peur que j'assure mon retrait, pour uniquement attirer ton attention et ton affection. Ou simplement que je revienne sur ma décision. Maintenant qu'il t'a obtenu, maintenant que tu es « sienne »... il ne veut plus perdre. Il ne peut plus perdre.

Je passai mes doigts sur mon médaillon, les lèvres pincées, le regard perdu dans le vague et mon esprit bouillonnant. Oui. Cela ressemblait bien à Kenan. C'était sa façon de montrer sa faiblesse. Sa façon de montrer qu'il avait peur. Mais cette fois je ne trouvais pas son comportement mignon, pas plus que je n'allais le tolérer. Ce qui c'était passé aurait pu être une véritable catastrophe si quelqu'un avait été blessé, ou pire encore. Maël ne s'en serait jamais relevé. Et je ne l'aurai pas supporté. Lien ou pas, Maël était quelqu'un a qui je tenais énormément et pour rien au monde je ne pourrais le perdre. Jamais. Ma main se serra plus fort sur la sienne et il me rendit l'étreinte, son pouce caressant le dessus de ma main.

- Ne lui en veut pas trop, affirma Maël devant mon visage crispé. Il n'a jamais été vraiment très doué pour s'exprimer autrement qu'en blessant ou en se comportant comme un idiot.

- Ce n'est pas une raison pour blesser les autres, soulignai-je platement.

- Il s'excusera, continua Maël dans un calme parfait. Ce sera suffisant pour moi alors cela devrait l'être aussi pour toi.

- Tu es trop gentil avec lui, désapprouvai-je.

- Il a fait beaucoup de sacrifice pour moi. Je l'ai détesté pendant des années alors qu'il ne faisait que me protéger... je l'ai toujours extrêmement mal compris, mais aujourd'hui je commence doucement à le cerner. Et je ne peux plus le détester.

Maël me décocha un sourire en coin, débordant de sincérité. Sa douceur. Sa gentillesse. Sa candeur. Comment quelqu'un comme lui pourrait être assimilé a un monstre ? Non, ce n'était définitivement pas possible. J'étais sincèrement admirative devant sa capacité à ne pas haïr son frère, à ne pas même lui en vouloir. Moi je ne pourrais clairement pas. Pas tout de suite. Pas avant d'avoir pu régler mes comptes. Pas avant d'avoir pu lui hurler dessus.

L'ange semblait opposé à mon idée mais je refusai de l'écouter. S'il était aussi gentil, ce ne serait pas mon cas. Kenan avait dû mal à exprimer ses sentiments, avait du mal à comprendre ceux des autres et encore plus à agir moins impulsivement dès qu'il s'agissait de moi. Et puisque la manière douce ne semblait pas fonctionner, j'allais passer à la manière forte. Maël voulut ouvrir la bouche pour me dissuader, mais mon regard déterminé suffit à lui clouer le bec, il soupira mais finit par murmurer avec un vague merci tout bas. Au fond, malgré toute sa volonté, il lui en voulait. Au moins un peu.

- Tu devrais aller te reposer, soufflai-je doucement. Tu sembles épuisé.

- C'est juste ... le choc, je crois, confirma-t-il.

- Va te reposer, ordonnai-je donc en voyant qu'il restait immobile. Je vais demander à Andrew de t'accompagner.

- Keyli, grommela-t-elle. Vas-y mollo.

- Promis, clamai-je dans un maigre sourire.

Ses yeux se firent sévères mais je maugréai pour lui signifier de me faire confiance, il finit par sourire en secouant la tête d'un air réprobateur, l'ambivalence reflétant son indécision devant mon comportement. Mais Andrew s'avançait déjà vers nous, mon esprit n'ayant pas mit longtemps à trouver le sien. Sans que la moindre crainte n'apparaisse dans ses gestes, il tendit sa main dans la direction de Maël, souriant gentiment à celui-ci. Maël regarda la paume tendu un moment puis la saisit en se redressant. Andrew donna une petite tape sur son épaule, exprimant, par ce simple geste, que tout allait bien. Qu'il n'agirait pas différemment avec lui. Maël en fut aussitôt soulagé, sa poitrine s'allégeant un peu plus.

Andrew me fit signe qu'il prenait le relais et me promis de veiller sur lui. Maël me lança un dernier regard, méfiant et je souriais innocemment. Il fronça ses sourcils blonds mais Andrew le poussait déjà devant lui entre fermeté et délicatesse. Ils disparurent tous deux derrière les grandes portes des dortoirs. J'inspirai profondément. Je n'allais pas pouvoir attendre une seule seconde. Combat ou non, la colère que j'avais fait taire jusque là, éclatait dans ma poitrine.

Je me retournai et mes yeux tombèrent directement sur la source de ma colère. Un peu à l'écart, il semblait avoir terminé son duel. Parfait. Kenan se tourna aussitôt vers moi quand je commençai à foncer dans sa direction, mes mains se serrant déjà. Il fronça les sourcils mais ne bougea pas. S'il pensait pouvoir esquiver au dernier moment, il n'avait aucune chance. La colère me ravageait, se mêlant à l'angoisse que Kenan avait fait naître en poussant, ainsi, son frère dans ses derniers retranchement. Son esprit tenta de fouiller le mien mais je le bloquai nette, refusant catégoriquement ce genre de contact.

Enfin il eut une réaction censé, ses ailes se déployèrent dans un réflexe quand il remarqua mes iris blanches. Des grognements commençaient à résonner autour de nous quand j'arrivai enfin à sa hauteur. Les loups de la meute percevait ma colère et la ressentais dans toute sa vivacité, l'éprouvant alors de la même façon. Mais je n'allais pas l'être longtemps. J'allais pouvoir me défouler. Violemment, mon poing s'abattit dans sa mâchoire. Ses ailes tentèrent de l'écarter en voyant ma main se rapprocher de sa figure, mais j'étais plus rapide que lui. Mes phalanges craquèrent sous la violence du coup et Kenan se retrouva propulsé au sol dans un bruit sourd. J'expirai lentement.

Je secouai ma main endoloris par un si gros choc tandis que le silence régnait en maître dans le jardin. Les combats s'étaient stoppés pour regarder la scène et un léger gloussement me confirma que même Tamara avait interrompu son combat pour savourer ce moment. Kenan, couché au sol, du sang coulant de sa lèvre inférieur, me contemplait sans colère. Ses yeux étant rester aussi vert que d'habitude. Je me tenais debout à côté de lui, ma colère plus ou moins apaisé. Surtout moins que plus, mais c'était un début.

- Donne moi une seule bonne raison pour ne pas t'en coller un deuxième, commençai-je froidement.

- Fait toi plaisir, assena-t-il en venant s'appuyer sur ses genoux pour se redresser et se tenir droit devant moi. Je l'aurai mérité.

- Si tu pense t'en sortir avec des excuses et ce genre de parole, tu te fourre le doigt dans l'œil, rétorquai-je. Tu as conscience que cela aurait pu très mal finir ?

- Parce que ça a bien finit là ? Gronda-t-il en plantant ses yeux dans les miens alors qu'ils changeaient petit à petit de couleur. Je me sens coupable et je suis désolé, que veux-tu que je dise de plus ?

- Que tu te répande en excuse devant ton frère ! Grondai-je à mon tour en haussant la voix. Tu veux jouer les fières à bras et dire que je t'appartiens, vas-y mais sache que je ne veux pas d'un mec incapable de remballer sa fierté pour reconnaître qu'il a été un connard infini !

- Je le reconnais ! Vociféra-t-il en serrant les dents. Je n'aurai jamais dû agir comme je l'ai fait ! J'étais juste jaloux !

- Et je m'en contrefiche de ta raison, sifflai-je en plantant mes ongles dans ma paume sous l'effet cuisant d'une colère trop vive. Tu penses que Maël n'est pas jaloux de savoir que je suis avec toi, Kenan ? Tu penses qu'il avait vraiment besoin que tu lui montre toute ses horreurs pour qu'il ne le sache pas déjà ? Je suis ta petite-amie. C'est un fait et il le sait. Pour autant il ne vient pas t'éclater à la figure des horreurs par simple provocation.

Kenan ne répondit pas, sa mâchoire devenu bien plus saillante sous l'effet de sa propre colère. Ou frustration, je ne savais pas très bien délimiter l'un et l'autre quand mon esprit refusait de rentrer dans le sien. Je ne voulais pas comprendre ce qui avait justifié une telle chose, je ne voulait pas lui trouver d'excuse. Pas cette fois. Pas sur quelque chose d'aussi grave. Il ferma les yeux, respirant plus bruyamment tant il cherchait à se calmer.

- Va le voir, ordonnai-je sèchement.

- Maintenant ? On devrait discuter avant.

- Va voir ton frère, maintenant, répétai-je durement. De toute manière, je suis bien trop furieuse après toi pour avoir une conversation rationnelle. Donc sois-tu y va, soit je te colle un nouveau poing dans la figure devant tout le monde.

Il ne mit pas longtemps à peser le pour et le contre et, me surprenant un peu par sa docilité, déploya ses ailes pour se diriger vers Dacer. Probablement jusqu'à la chambre de Maël. Je soupirai longuement dès qu'il eut disparut de mon champ de vision. Ma main passa dans ma nuque pendant que je fermai les yeux, trop consciente que tous les regards étaient braqués sur moi. J'avais fait une esclandre devant un public. Géniale. Il ne me manquait plus que ça à mon palmarès de rumeur incongrus ayant déjà circulé au château.

Je finissais par simplement retourner vers mon équipe où Devon m'accueillit avec un sourire contrit. Pour une fois, il ne trouvait rien de réconfortant à dire et c'était encore plus décourageant. Mais la suite de l'épreuve me permit de me calmer progressivement. J'eus le plaisir de pouvoir mettre Uriel au tapis, puis d'enchaîner un combat plus complexe avec Léandre. Je fus déclarée vainqueur après une longue demi-heure à affronter le vieil elfe qui m'avait permis de me dépenser pleinement. Son habilité et ses techniques lui ayant permis de rivaliser pleinement avec mes capacités.

La deuxième épreuve s'enchaîna sans que Kenan ne fasse de réapparition, ni même Andrew qui devait sûrement être entrain de veiller à ce que tous deux ne dérapent pas à nouveau. Je ne participai pas à cette épreuve, préférant rester assise dans un coin, discutant vaguement avec ma mère qui avait été morte d'inquiétude pour moi. C'était la première fois qu'elle assistait à des scènes aussi violente et c'était d'autant plus déstabilisant que sa fille se mêlait à ce genre de scène avec aisance. Ce fut Andréa qui gagna l'épreuve alors qu'elle consistait simplement à soulever des objets de poids différent, celui pouvant soulever le plus lourd était gagnant. Cyriel n'ayant pu obtenir que la cinquième place.

Au début de la troisième épreuve, Kenan revint dans la compétition, accompagné d'Andrew qui m'assura que tout c'était bien passé. Ma colère était retombée et en voyant la lèvre toujours ouverte de Kenan, je commençai à comprendre qu'il s'en voulait réellement. Il empêchait le soin de sa lèvre, comme s'il voulait se souvenir de son erreur. Il me fixa un moment, le visage fermé et les yeux plus doux que d'habitude. Mais je m'étais détournée. Il fallait qu'il retienne très clairement la leçon, cela ne devait jamais se reproduire. Plus jamais. Ainsi, toute la journée ce passa sans que je ne lui adresse un seul mot. Et le soir, lorsque je finissais par réussir par m'endormir, je fus hantée par des cauchemars où Kenan et Maël s'entre-tuaient. Ils me rendaient dingue.

- Ils nous sous-estime franchement, bougonna Devon à côté de moi.

- Je ne serais pas si arrogant si j'étais toi, affirma Mikaël les yeux rivés vers le sommet d'un arbre. Ce ne sera pas aussi facile que tu le pense.

- Tu partages les infos où tu les gardes pour toi ? Questionna Devon en fronçant les sourcils.

- Méfie toi de tout, lança Mikaël avec désinvolture. Chaque branche, chaque feuille pourrait être une menace.

- Cela devient intéressant, sourit alors le loup-garou en se frottant vivement les mains. Je compte bien gagner.

- Aucune chance, souligna Nathan en imitant le geste de son aîné, me faisant lever les yeux au ciel. Je serais le gagnant.

Devon balança une claque sonore dans le dos du jeune loup et celui-ci baragouina en se massant le dos dans une grimace. Leurs dynamismes étaient contagieux, cependant j'étais encore légèrement amorphe. La journée d'hier n'avait pas été sans séquelle et l'absence de Maël me rappelait à quel point il avait pu souffrir. Kenan ne m'avait pas encore adressé la parole depuis que nous étions arrivé dans le jardin, son regard cherchait le mien mais je l'évitai encore. Ma colère était retombée en partie, mais la rancune persistait.

Fixement, je me contentai de contempler le sommet de l'arbre que nous devions gravir. Beaucoup de branche et donc, beaucoup de prise possible. Mikaël avait raison. Certaines seraient des pièges, je percevais déjà des branches trop frêle qui ne supporterait pas notre poids. Sans conviction, je me tournai vers les autres groupes, tous discutaient avec animation, cherchant probablement à établir un plan pour gravir les immenses arbres qui représentait le défis de la première épreuve d'habilité.

- On devrait travailler en équipe, suggérai-je platement, sachant d'avance qu'ils refuseraient nette tout les cinq.

- Aucune chance ! Gronda Devon en me faisant soupirer. Je monterai là-haut tout seul. Aurais-tu peur de perdre, princesse ?

- Je meurs de peur, affirmai-je dans un sourire en coin. Que tu tombe et te rétame au sol.

- Tu parles, siffla Devon en riant. Je sais que tu me sauveras toujours les fesses.

Je souris plus sincèrement. Oui, je lui sauverais toujours les fesses. Il avait déjà fait tellement pour moi, alors il était évident que je ferai mon possible pour lui rendre l'ascenseur, même si ce type était infernal. Il me décocha un sourire ravageur, très satisfait de mon manque de réponse. Mais il cessa bien vite de sourire, grognant simplement quand Bianca annonça le début imminent de la compétition.

Je me concentrai un peu plus sur le parcours que j'allais emprunter. Cherchant à délimiter les zones les plus dangereuses mais aussi celles qui étaient les plus propices pour arriver le plus rapidement possible au sommet. Kenan se glissa à côté de moi, me surprenant et je me tournai vers lui inquisitrice. Il me regarda platement, hochant la tête sans que je ne comprenne réellement pourquoi. Mais je n'avais pas le temps de l'interroger oralement, Bianca donnait le top départ. Devon bondit aussitôt, ses mains venant s'aggriper à une branche plutôt basse et se hissa avec aisance. Cyriel suivit son chemin, me surprenant réellement dans son intérêt à l'épreuve. Jusque là il n'avait montré aucun enthousiasme mais un léger sourire semblait avoir prit possession de ses lèvres alors qu'il n'eut aucun mal à doubler Devon. C'était un elfe, il était dans une épreuve faite pour lui.

Nathan partit à son tour, ayant privilégié un temps de réflexion en regardant les deux autres. Il finit par se décider à suivre le même parcours que Devon, cherchant probablement à prouver qu'il était le meilleur des deux. Mikaël soupira mais finit par se jeter dans la mêlé, sautant habillement sur une branche avant d'en empoigner une plus haute et de s'y hisser en grimaçant. Il n'aimait pas beaucoup faire des efforts. J'attendis patiemment que Kenan soit le suivant, décidée à fermer la marche et veiller sur chacun d'eux mais il resta planté dans mon dos, immobile.

- A quoi tu joues ? Questionnai-je un peu froidement.

- Tu voulais travailler en équipe, non ? Rétorqua-t-il sobrement. Je suis d'accord.

Je fronçai les sourcils. Kenan ? D'accord pour qu'on travaille en équipe ? Cela ne lui correspondait absolument pas, surtout quand l'équipière n'était autre que moi,  la personne qu'il n'avait cessé de traiter de gamine. Je supposai que c'était sa manière de faire un premier pas, sa manière de me dire qu'il était réellement désolé pour ce qui c'était passé. Je soupirai un peu, mal à l'aise mais hochai la tête dans un signe d'accord. Il faisait un effort qui devait lui coûter énormément, alors je pouvais en faire un aussi. Kenan s'avança alors, montant une première branche avant de se tourner dans ma direction, sa main se tendant vers moi.

Je la regardai quelques minutes, le visage fermé et les yeux rivés sur cette paume mâte qu'il m'offrait. Il ne fit aucun commentaire à mon temps de réflexion, ne chercha pas non plus à me brusquer, me laissant pleinement le temps de réfléchir. Je finis par m'adoucir. Il luttait contre lui-même pour ne pas me balancer des vacheries et je trouvais ça plutôt plaisant. Je glissai ma main dans la sienne et, sans la moindre difficulté, il me hissa à ses côtés.

- Quel est ton plan ? Me questionna-t-il en grimpant déjà à une nouvelle branche.

- Je pensais simplement veiller sur eux, expliquai-je en faisant de même mollement, mes yeux s'attardant sur les autres garçons du groupe. Surtout Devon et Nathan, ils foncent sans réfléchir et sans assurer leurs arrières.

- Alors on peut discuter tranquillement, affirma-t-il alors que notre ascension lente ne laissait aucun doute sur le fait que nous ne gagnerons pas.

- J'imagine, admis-je vaguement sans jamais reposer mes yeux sur lui.

- Je me suis excusé auprès de Maël, débuta-t-il, n'accordant pas la moindre importance à mon manque de conviction. Il m'a pardonné beaucoup plus facilement que je ne l'aurais imaginé.

- Ton frère est gentil, tu as de la chance. Je ne t'aurais pas pardonnée à sa place.

- J'en ai conscience, affirma-t-il en se crispant. Quand... il a explosé, j'ai cru revoir la mort de Bianca. Je me suis rappelé à quel point je m'étais senti coupable, à quel point j'aurai voulu pouvoir changer les choses. Et pourtant, aujourd'hui j'ai recommencé.

- Pourquoi ? Soufflai-je en le fixant, plus en douceur.

- Parce que je crève de trouille, rit-il nerveusement, mélange entre gêne et amertume. J'ai peur de te perdre avant même d'avoir pu réellement t'avoir. Désormais, tu es ma petite amie. Mais je sais que le lien qui t'unit à mon frère, te pousseras toujours vers lui d'une façon ou d'une autre. Et je ne peux pas permettre ça. Je ne peux pas permettre à qui que ce soit de me voler la seule chose que je souhaite conserver. La seule chose que je veux chérir et protéger.

Ses yeux vert se glissèrent dans les miens, sa haute stature me dépassait alors que nous étions sur deux branches relativement proche. Son visage juste au-dessus du mien, son souffle vint caresser mes lèvres en faisant accélérer les battements de mon cœur. Ses épaules larges me couvraient des autres regards, créant un cocon rassurant. Sa voix était douce et presque cassée, même je ne savais pas si c'était dû à l'émotion ou à sa difficulté à s'exprimer aussi clairement. Mais je fondai. Littéralement. Comment j'étais censée rester de marbre à ça ?

Quand Kenan descendit un peu plus son visage vers le mien, je ne m'écartai pas. Le laissant faire. Ses lèvres vinrent prendre possession des miennes, s'appuyant dessus d'abord avec tendresse puis avec beaucoup plus d'appuis. Sa langue vint chercher la mienne et là non plus je ne protestai pas, venant même glisser mes bras autour de son cou. Sa main appuya dans mon dos, me collant à son torse chaud. Mon cœur bondit en tout sens, il voulait probablement ce prendre pour un kangourou, je ne voyais que ça. Il s'écarta sans trop approfondir, sa main caressant ma nuque avant de descendre sur ma taille. 

- Suis-je pardonné ? Glissa-t-il dans un léger sourire en coin.

- Pour cette fois, soupirai-je avant de me refermer totalement. Mais je te préviens, la prochaine fois, je ne te pardonnerai pas.

- J'en ai conscience, approuva-t-il.

- Comment va Ma...

Avant de pouvoir le questionner sur son frère et son état, un cri rauque me fit sursauter. Je relevai précipitamment les yeux et les écarquillai en voyant le corps de Devon chuter en arrière. Il tentait de se rattraper mais les branches s'écartaient sur son passage, disparaissant soudainement et ne lui laissant aucun moyen de se rattraper. Mon sang ne fit qu'un tour. Brusquement, mon pied s'appuya sur une branche et je me propulsai en avant. Ma main droite saisit fermement une branche relativement solide et je me fis basculer pour avoir plus d'amplitude. Finalement, mon cœur devrait plutôt se prendre pour un singe. Je grimaçai alors que ma main gauche se refermai vivement sur le bras de Devon. Je gémis alors qu'il était lourd. Plus que ce que je ne pouvais supporter quand je me maintenais, moi-même, à bout de bras. Mais, me soulageant, Kenan venait déjà saisir son lié par la taille et le tirer sur une branche en-dessous.

Je soupirai et me remontai avant de rapidement retourner auprès du démon et de son lié. Devon, un peu sous le choc, était assis sur la branche, le visage plus pâle que d'habitude. Il me fixa et me remercia du bout des lèvres tandis qu'il avait réellement eu peur. Je réalisai alors l'évidence. Devon avait le vertige. Et il s'était rué, stupidement, dans l'ascension d'un arbre gigantesque. Je le regardai plus sévère mais m'accroupis devant lui, passant mes mains sur ses tempes pour apaiser les nausées qui commençaient a vouloir franchir ses lèvres.

- Que s'est-il passé ? Questionna Kenan dont les sourcils étaient froncés.

- Je ne sais pas, admit le loup en écartant mes mains pour m'affirmer qu'il se sentait mieux. J'avais une branche dans la main et j'allais me hisser dessus, mais pile quand je commençai à le faire, la branche a disparut soudainement.

Je pâlis. Je n'avais donc pas rêvée. Les branches avaient toutes disparut une à une dans sa chute, ne lui laissant qu'une seule possibilité : s'écraser au sol. Les organisateurs étaient-ils aussi fourbes que cela ? Ils en étaient capable. Cela aurait été beaucoup trop simple autrement. Vivement, je me redressai et fixai les arbres alentours. Sans me surprendre, je constatai que beaucoup de personne était au sol, encourageant leurs coéquipiers encore dans la course. Aucun ne semblait blessé. Les juges devaient probablement veillés à leurs sécurités. Mais cela signifiait que Devon n'allait être que le premier de notre équipe à découvrir les pièges de ce fichu arbre.

Mes yeux se reposèrent en hauteur, cherchant du regard les trois autres garçons. Cyriel était en tête, visiblement pas très contrariés par les branches qui disparaissaient soudainement quand il posait la main dessus. Il se montrait vigilent et surtout, semblait capable de déterminer là où les probables pièges se situaient. Un léger soulagement envahit ma poitrine quand je compris que Mikaël, bien que beaucoup plus bas que l'elfe, se débrouillait tout aussi bien. Je ne doutai pas que ses capacités de télépathe, plus que redoutable, lui servait à déterminer quel endroit était sans risque. Mais le soulagement disparut quand je tombai sur Nathan. La disparition des branches n'était que la première vague.

Se débattant, le jeune garçon se retrouverait bientôt totalement ligoté par des lianes épaisses et vivaces qui l'entouraient. Sa panique lui faisait perdre ses moyens et lorsqu'il tentait de trancher une liane à l'aide de ses crocs, il ne remarquait pas qu'une autre venait entraver ses jambes, le menaçant d'une chute imminente. Je secouai la tête dans un vague sourire. Il était tellement jeune. Et j'avais été bien pire que lui. Je plaignais très sincèrement tous ceux qui m'avait eu pour élève, ils avaient dû s'en mordre les doigts.

- Cyriel va gagner, affirma Kenan alors qu'il fixait aussi nos trois participants encore dans la course. Nous n'avons pas à nous inquiéter.

- Tu parles, bougonna Devon assis en tailleur et la mine boudeuse. C'est de la triche ! Être un elfe changeait totalement la donne !

- Tu es mauvais perdant, ris-je sincèrement en ébouriffant ses cheveux comme il me le faisait si souvent. Ne t'en fais pas, je sais que tu es le meilleur loup-garou de la terre.

- De la galaxie, rectifia-t-il toujours bougon avant de me décocher un sourire très satisfait. Et puis, si j'ai perdu, c'est un peu votre faute à tous les deux. Vous croyez que j'ai pas vu votre « réconciliation » ?

Je rougis vivement et lui balançai un coup de pied dans le genou, il éclata de rire devant mes rougeurs et je ne pu que constater la complicité de Kenan dont le sourire en coin était tout aussi révélateur que le rire de Devon. Fichu démon. Fichu loup. Ils me lancèrent un même sourire parfait et je levai les yeux au ciel, souriant moi-même incapable de faire autrement devant l'espièglerie qui se lisait dans leurs regards.

Bianca cria, quelques secondes plus tard, que l'épreuve était terminé. Cyriel avait atteint le sommet de l'arbre, mettant un terme à la compétition. Cyriel avait été le premier. Léandre le deuxième. Shayna la troisième. Et les autres équipes furent toute disqualifié quand il fut évident qu'aucun n'avait pu atteindre la moitié de l'arbre. Nous avions un avantage certain, les jeux nous était déjà quasiment acquis et c'était un soulagement certain.

De plus, si la veille avait été éprouvante, les jeux avaient réalisés tous mes espoirs. Tous le monde discutaient joyeusement, les tensions s'étant totalement volatilisé. Même Tamara et Saphira s'adressait la parole sans s'entre-tuer. Uriel trouvait une place malgré sa mauvaise volonté et Jena avait retrouvée, en partie, la confiance d'un Andréa très difficile à satisfaire. J'avais bonne espoir que les prochains jours confirmeraient définitivement cette ambiance. Si une guerre éclatait, nous devrions être soudés. Tous. Sans la moindre exception.

- Quelqu'un peut m'aider ?

La voix timide de Nathan me fit me tourner dans sa direction et je souris, un peu moqueuse, en constatant qu'il était définitivement empêtrer dans les lianes. Pieds et poings liés, il se retrouvait dans la désagréable situation de devoir demander de l'aide et cela lui coûtait beaucoup. Devon se redressa d'un bond, déjà ravis à l'idée de pouvoir aller se moquer du jeune homme. Cependant, je le stoppai dans un regard réprobateur. Il grimaça et se réinstalla sur sa branche, en prenant un air innocent. Je levai à nouveau les yeux au ciel.

Nathan était déjà dans une situation assez ridicule à son goût, pas la peine d'en rajouter. Je savais que Nathan était plus solide que je ne l'étais moi à son niveau, mais je ne préférai pas lui faire subir des moqueries que j'aurais détestée subir moi-même. Aisément, je grimpai sur les branches qui s'étaient stabilisés, ne disparaissant plus dès l'instant où Bianca avait annoncé la fin du jeu. Néanmoins, je restai prudente, préférant me méfier d'un mauvais tour, et ainsi avançait très lentement.

Mais je me stoppai brusquement. Le danger ne venait pas des branches. Il venait d'ailleurs. Je me tournai, mes iris devenus blanc sans même que je n'ai besoin de réfléchir. Mes jambes s'encrèrent sur le bois, cherchant une stabilité en cas d'attaque directe. Mes sens étaient en ébullition alors que je ne parvins pas à déterminer pourquoi ce sentiment venait de me saisir de plein fouet. Pourquoi d'un coup ? Je n'avais pas été ailleurs, je n'avais pas été déconcentrée. Au contraire, j'avais été attentive pour veiller sur mes amis. Alors pourquoi n'avais-je pas perçus cette menace avant ? Mes yeux fouillaient les arbres alentours, se plissant alors que je n'avais aucun mal a voir à plusieurs mètres.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Me demanda Kenan alors que ses ailes se déployait pour arriver à mes côtés. Qu'est-ce qui te prends.

- Je ne sais pas, admis-je la mâchoire crispée. Je sens un danger, mais je ne sais pas d'où il vient. Je ne suis même pas sûr de ne pas dérailler.

- La fatigue ? Suggéra Mikaël en fronçant les sourcils. Je ne perçois rien, aucun esprit n'est venu s'ajouter aux autres. Et pas non plus de penser meurtrière.

- Ses instinct sont meilleurs que les nôtre, souffla Devon en se redressant, ses poils se hérissant alors qu'il était déjà prêt à se transformer. Si elle perçoit un danger, c'est qu'il y en a un. A nous de le trouver.

Il bondit au sol, sans se soucier de la hauteur qu'il abattit dans ce saut. D'un seul regard de sa part, tous les loups de notre meute se mirent à humer l'air, leurs sens cherchant la même chose que les miens. Mais il n'y avait rien. Ni pour eux, ni pour moi. Devon avait raison, mes instincts m'avaient rarement joué des tours, mais je n'étais pas infaillible. De plus, que Mikaël ne perçoive rien accentuait mon doute, il était encore plus doué que moi pour ce genre de chose. Doucement, je tâchai de me détendre, me redressant quand je m'étais instinctivement voûtée. Mais par sécurité, je laissai quand même les loups inspectés l'endroit.

« - Je ne vois rien d'ici, me souffla la voix de Cyriel s'infiltrant dans mon esprit sans difficulté. Les animaux ne se sont pas agités non plus. »

- Mikaël doit avoir raison, affirmai-je simplement même si je ne parvenais pas à me calmer intégralement. Je suis simplement fatiguée, les derniers jours ont été intense.

Kenan me fixa, indécis. Tout comme Devon, il semblait vouloir me faire confiance, ou plutôt faire confiance en mes instincts. Mais dix bonnes minutes étaient passées, personne ne s'était jeté sur nous, la terre ne s'était pas effondrée sous nos pieds et le ciel ne nous tombait pas sur la tête. Il fallait voire la vérité en face : j'avais besoin de me reposer, voilà tout. Ma nuit avait été mouvementée et nous avions enchaînés des épreuves physiques et épuisantes. Et pourquoi tentai-je de me convaincre moi-même ? Je soupirai.

- Tu ne semble pas convaincu toi-même, me chuchota Kenan.

- Je suis juste fatiguée, répétai-je vaguement. J'irai me reposer quelques minutes et me rincer le visage, ce sera suffisant.

Pas convaincue le moins du monde, il s'écarta et s'éleva au dessus de la cime des arbres, espérant probablement détecter quelque chose qui n'existait pas. Je me faisais des films. Et je me répétais cette phrase en boucle tandis que mon corps entier n'était qu'une boule de nerf.

L'attention de tous était porté sur moi et je tâchai de sourire, voulant affirmer que tout allait bien. Machinalement, je reprenais ma route vers un Nathan dont la crispation était total. Il n'avait pas du tout aimé l'idée de se retrouver bloquée alors que j'étais en potentiel danger. Je lui souriais plus sincèrement alors qu'il ne me restait que quelques branches à franchir avant de l'atteindre et de le libérer.

Mais la sensation se fit plus violente. Plus vivace. Plus profonde. Mon cœur se retrouvait broyer dans ma poitrine, mon souffle se faisant plus fort. Non. Ce n'était pas que la fatigue. Ce n'était pas qu'un tour de mon esprit. C'était plus que ça. Brusquement, mes pieds appuyèrent sur la branche et je sautai habillement sur une branche inférieur, la flèche venant siffler contre mon oreille. Je me tournai aussitôt, suivant la direction qu'avait suivit l'arme. Mes yeux se plantèrent dans ceux d'un homme. Un loup de la bande à Luca. Voilà pourquoi Mikaël n'avait senti aucun esprit nouveau. La menace venait de l'intérieur. Mais pourquoi ne l'avais-je pas perçu avant ? Caché dans un arbre, sa présence m'éclatait à la figure soudainement alors que j'aurai du la percevoir avant.

Désireuse d'avoir des réponses, j'allai bondir sur lui alors que j'étais clairement la plus proche de ce type. Chose logique puisque j'étais très clairement sa cible. Un seul bond me suffirait à l'atteindre. Un seul bond et mon poignard se planterait dans sa poitrine. Le meilleur moyen de mettre un loup au sol. Confiante, je fis courir l'arme entre mes doigts alors que Andrew m'avait autorisée a en porter une, convaincu que, contrairement à sa petite-amie, je ne m'en servirai qu'en cas de nécessité majeur.

Mais je ne sautais pas. Je ne pouvais pas. Je ne pouvais clairement pas. J'avais pu éviter la flèche. Moi, j'avais pu. Mais pas lui. Mes épaules s'affaissèrent alors que cette fois ma poitrine se serra pour une toute autre raison. Je ne sentais plus son esprit. Je ne sentais plus sa présence. Mes yeux se tournèrent derrière moi, le haut le cœur trop proche et pourtant trop loin. Ma gorge broyée, mon estomac au bord des lèvres. Mais tout ça était sans importance. Totalement, sans importance.

L'homme sauta en bas de son arbre, se transformant en loup pour se mettre à courir en s'enfonçant dans la forêt. Le hurlement de plusieurs loups résonnèrent sans que je ne sois capable de tourner mes yeux vers la meute qui se jetait à sa poursuite. Les larmes commencèrent à ruisseler sur mes joues. La souffrance me broyait. Me torturait. Me lacérait. Non. Non. Non. Ce n'était pas possible

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