Confessions Infirmes

By SylvainDuCosmos

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Je suis handicapé. C'est pas drôle. Mais en fait... Si ! À travers mes Confessions Infirmes, je vais vous rac... More

1 # Quand on a la courante et qu'on ne peut pas courir
2 # Le coup de la panne
3 # Fast and Furious : Wheelchair Drift
4 # L'handicapitaine de soirée
5 # Les boules de Noël
6 # A votre se(r)vice
7 # "Allez, tout le monde debout... Là-bas..."
8 # Le jour où je me suis fait « une Gourcuff »
9 # Eyes wide shut
10 # Jeune handicapé recherche une meuf mortelle
11 # Quand il faut régler la mire avant le tir
12 # L'école pour tous
13 # Normes énormes
14 # La mule
15 # Pot-pourri d'infirmes anecdotes
16 # Le professionnel
17 # Aussi forte qu'une fourmi
18 # Gallinacé
19 # Amsterdam...
20 # ... et ses dames
21 # 8 pattes vs 4 roues
23 # Quand on voit deux fois au lieu d'une
24 # Quand tu veux te faire beau mais que t'es polio
25 # « Pourquoi le monsieur il roule ? »
26 # Vacances à roulettes I - Nothing Toulouse !
27 # Vacances à roulettes II - Juppé, au s'cours !
28 # Vacances à roulettes III : Handicapé GO !
29 # Ces gens-là
30 # Tournicotis, photomaton !
31 # En plein deux dents !

22 # La fable du faible

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By SylvainDuCosmos

Bonjour à tous.

Cette confession risque de ne pas être drôle du tout. Les faits que je vais vous relater sont d'une certaine gravité et, même si je m'en remets assez rapidement(notamment grâce à Uncharted 4), sont encore un poil trop frais pour que je puisse m'en esclaffer. Mais commençons par le commencement, les origines du mal.

Dans mes précédentes confessions,j'ai parfois pu mentionner une auxiliaire de vie qui m'intéressait sentimentalement parlant. Appelons-la Sandy. Il y a quelques mois,alors qu'elle travaillait chez moi depuis déjà un semestre sans quoi que ce soit de notable, notre relation a franchi un cap. C'est tout naturel, après quelque temps passé avec une personne qui vient régulièrement chez vous, de sympathiser avec elle. Sauf que cela a été plus loin que ça, du moins pour moi. Je lui ai fait part de mes sentiments et elle ne m'a pas éconduit directement. « J'ai besoin de temps, je dois y réfléchir ». Pourquoi pas. Seulement, le temps dont elle avait besoin n'a jamais eu de fin.

Le souci, c'est qu'elle a profité de moi pour obtenir tout un tas d'avantages et de facilités dans notre relation professionnelle : plusieurs fois elle m'a demandé si elle pouvait décaler les horaires, ou carrément ne pas venir car elle était malade (sans prévenir ses patrons afin qu'elle soit payée quand même), ce que j'ai très souvent accepté, par compassion pour ces prétendus soucis qui lui servaient d'excuses à chaque fois, et aussi pour mettre en valeur ma bienveillance et ma compréhension.

À y réfléchir, j'ai surtout brillé par ma stupidité et ma faiblesse psychologique. Ça me servira de leçon.

Je lui ai rapidement exprimé mon souhait de la voir en dehors de ces horaires de travail, parce que,honnêtement, ce n'est pas très glamour de discuter avec quelqu'un pendant que cette personne récure vos chiottes. Hélas, je n'ai jamais obtenu quoi que ce soit. Elle avait beau accepter mes propositions, voire elle-même m'en faire, absolument toutes ont conduit à des annulations au dernier moment avec des prétextes bidons (« mon frère est à l'hôpital », « mon père m'invitait au resto », « je me suis engueulé avec ma mère alors sur un coup de tête j'ai pris ma voiture et je suis partie en Normandie » (oui,celle-là elle était plus que grosse, mais bon, quand vous êtes très facilement manipulable à cause de sentiments comme j'ai pu en avoir pour elle, ça a beau être énorme,vous trouvez toujours quelque chose pour arriver à la conclusion que ce qu'elle dit est techniquement possible, donc potentiellement vrai)). Pire encore, plusieurs fois elle est simplement pas venue sans rien dire, se contentant de me donner une excuse du type de celles susmentionnées lorsqu'elle venait chez moi en tant qu'auxiliaire de vie. Et je continuais de lui donner une 2e, 3e, 4e, 15e chance...

Vous connaissez la chanson : « quand on est con, on est con... ».

Pendant toute cette période, tous mes amis me disaient que j'allais droit dans le mur, que je m'entêtais pour rien et qu'elle avait tout l'air d'une fille à problèmes.Effectivement, elle en avait beaucoup. En manque d'argent au point de se retrouver régulièrement en interdit bancaire (elle a déjà consulté ses comptes chez moi donc je peux vous dire que ça, ce n'est pas du chiqué), elle m'a parfois fait les yeux doux pour me demander indirectement de l'aider pécuniairement. Cela n'a jamais été concret, mais toujours suggéré. Et moi, j'étais tellement aveugle et stupide que je lui filais un billet par-ci, un billet par là, elle m'assurant qu'elle me rembourserait, et moi quelque temps plus tard comprenant qu'elle ne me rembourserait jamais mais ne disant rien pour autant, connement content de l'aider.

Nous en arrivons au point qui amène à ce qu'il s'est passé samedi dernier : son ex. Une vulgaire racaille,un tocard qui l'a tabassée plusieurs fois notamment quand ils se recroisaient tous les deux au hasard d'une rue. Pas de mensonge à ce niveau-là, j'ai vu les nombreux stigmates qu'elle portait sur son corps (visage, bras), du coquard aux hématomes... Jusqu'à ce week-end, je pensais que ce sauvage n'était plus son copain mais son ex, car c'était ce qu'elle disait, et je ne concevais pas qu'elle pouvait continuer d'avoir une relation avec ce barbare.

Tout cet ensemble faisait d'elle une personne fragile, et, malgré mes expériences douloureuses avec ce type de fille et malgré les incessants avertissements de mes proches, cela faisait parti pour moi de son charme. Une femme à protéger, une femme à aider... Allez savoir pourquoi cela me fait quelque chose... Là où je me suis bien fait baiser, c'est que derrière cette apparence de fragilité se cachait un esprit manipulateur et pervers, profitant de la faiblesse psychologique due à mes sentiments pour m'extorquer de l'attention, des services, et quelques poignées d'euros.


Petit aparté : ma faiblesse psychologique était probablement en partie due au contexte professionnel qui nous liait Sandy et moi. Vous avez une personne qui vient régulièrement chez vous pour vous aider dans vos tâches quotidiennes, qui assiste donc à vos difficultés et vous aide à pallier vos faiblesses. Vous êtes à nu devant cette personne, si bien que vous perdez votre rationnel et votre objectivité. Vous pensez voir en cette personne énormément de qualités car elle vous aide, mais vous oubliez qu'elle vous aide parce qu'elle est payée pour ça, non pas parce qu'elle vous aime.

Pendant tout ce temps, alors que quand j'allais vers elle pour essayer de faire avancer notre relation,malgré tout ses lapins, elle se laissait parfois aller à un certain jeu de séduction, parfois elle me repoussait, elle ne m'a jamais dit clairement ni qu'elle voulait sortir avec moi, ni qu'elle ne le voulait pas. Et pourtant je lui ai demandé clairement : « tu sais,tu ne serais pas la première à me mettre un râteau, alors si tu n'oses pas par peur de me vexer, fais-le quand même, parce que cette situation d'entre-deux est de plus en plus dérangeante ». Et cela n'a rien changé évidemment.

Pire que ça, quand elle voyait que je m'intéressais à d'autres filles, notamment quand j'étais au téléphone ou que je recevais des messages, cela l'énervait. Elle se comportait comme une petite amie jalouse et possessive alors qu'elle n'était pas ma petite amie ! Ça, ça m'a mis la puce à l'oreille. Je lui ai fait comprendre que je n'étais pas sa propriété, et que puisqu'elle ne répondait pas à mes attentes,elle n'avait aucun droit de se plaindre que je me désintéresse d'elle au bénéfice d'autres filles.

Le hasard des choses a fait quel'entreprise qui l'emploie m'a attribué une nouvelle auxiliaire de vie. Question de concordance de planning. Peut-être que j'ai été inconsciemment guidé par mon instinct de survie, mais à aucun moment je n'ai spécifiquement demandé que ce soit Sandy qui me soit réattribuée. À ce moment-là, nous sommes début mars, et je me dis que le fait de ne plus avoir de relations professionnelles avec elle pourrait peut-être faciliter une relation normale, qu'elle soit amicale ou amoureuse. Et bien non.

Je n'étais plus un bénéficiaire chez qu'il intervenait, donc je ne lui étais plus utile. Elle abloqué mon numéro, ne répondait jamais à mes SMS alors que je lui demandais simplement des nouvelles. J'ai fini par me faire une raison et à passer à autre chose. Évidemment, après un mois sans que je lui envoie le moindre mot, elle est revenue à la charge.Suis-moi je te fuis, fuis moi je te suis. Triste réalité.

Nous arrivons à l'élément déclencheur. Il y a 10 jours, j'ai fêté mes 30 ans avec mes amis,l'alcool coulait à flots et la musique explosait tous les tympans à des kilomètres à la ronde. Elle a choisi ce soir-là pour m'envoyer une flopée de messages dans lesquelles elle s'excusait et où elle me promettait qu'elle ne me mentirait plus, qu'elle voulait repartir à zéro. Je lui ai simplement répondu que si elle voulait faire ça,elles devraient avant dissiper tous les doutes que j'avais sur elle,sous-entendu me dire la vérité et rien que la vérité. Nous avons convenu d'un rendez-vous vendredi. Encore une fois, elle n'est pas venue, toujours à renfort de prétextes fallacieux.

Le jour même, je n'ai pas trop réagi.Mais le samedi matin, j'ai littéralement pété un plomb. Je lui ai envoyé une rafale d'insultes en la sommant de ne plus jamais me contacter, de sortir définitivement de ma vie car elle me gangrenait, et que je n'avais pas besoin de ça. C'était la goutte d'eau de trop, et le vase aurait déjà dû déborder depuis bien longtemps. S'en est suivi un échange d'injures sous le coup de la colère, que j'ai malgré tout essayé de tempérer vers la fin, sans pour autant la réinviter à revenir vers moi. Je supprime son numéro de téléphone, j'efface toutes les conversations (je les ai tout de même conservé, par instinct ou guidé par ma bonne étoile, sur une clé USB, car dans ses textos figurent beaucoup d'éléments qui valident tout ce que je vous ai raconté, et dans la situation dans laquelle je suis aujourd'hui, cela me sera sûrement utile).

Le soir même, j'invite une amie supportrice de l'Olympique Lyonnais à regarder le match chez moi.Deux de mes amis m'appellent pendant la première mi-temps, me disant qu'ils sont pas loin de chez moi et me proposant de passer. Nous nous retrouverons donc à quatre.

22 heures, un appel manqué apparaît sur mon téléphone. Comme un appel en absence, mais sans que cela ait sonné pour autant. Je reconnais le numéro de Sandy. Je n'y prête pas attention et me concentre sur le match et sur la fessée que prennent les monégasques face à Alexandre le Grand.

Une demi-heure plus tard, quelqu'un sonne. Mon amie se déplace pour ouvrir, mais (je remercie les dieux pour ça), elle galère avec l'interphone, comme si elle imitait l'handicapé que je suis. Mes deux autres potes vont dans le hall de mon bâtiment et découvrent deux personnes qu'ils ne connaissent pas.

Le florilège d'insultes commence de la part de l'homme qui se tient derrière la porte vitrée : bâtard,tarlouze, fiotte, je vais te niquer ta race, Serge Aurier est bien plus virulent qu'un jaguar sous ecstasy. Interpellé par le bordel,je sors de mon appartement pour voir ce qui se trame et découvre avec horreur que le puits de la stupidité n'a pas de fond.

Sandy et son ex, ou son mec, je ne sais pas ce qu'il est à ce moment-là, d'ailleurs je ne pense pas que j'ai su à aucun moment ce qu'il était. Lui est fou furieux et rumine comme un fauve tout en vomissant des jurons typiques des vieilles racailles pitoyables s'abreuvant de PNL et autres Gradur. Et je la vois elle, qui tente vainement de le retenir par le bras avec son petit gabarit de meuf de poche qui m'avait autrefois séduit mais qui ce soir-là me débecte. Elle le supplie de se calmer, lui criant que s'il continue, elle risque de perdre son job. Ah oui cocotte, ça c'est sûr que tu vas le perdre ton taf : en tant qu'employée, tu n'avais aucunement le droit de divulguer des informations me concernant, et encore moins mon adresse, surtout à ce sinistre connard qui démontre tout son courage quand, me voyant arriver sur mon fauteuil électrique, me défie de sortir pour me battre avec lui.

Mon premier réflexe, instinctif et primaire, est de me diriger vers la porte pour voir s'il va avoir le cran de réellement frapper un handicapé. Évidemment, mes amis me retiennent, et une seconde après ma montée stupide et suicidaire de testostérone, je recule. Et c'est là qu'arrive le clou du spectacle. Ou plutôt le coup.

Monsieur Courage, armé de toute sa bravoure, prend quelques pas d'élan et s'élance le point en avant vers la vitre. Falcon Punch ! L'impact est ultra violent, en témoigne la photo. Je préfère rentrer chez moi et appeler le 17 plutôt que de continuer à assister à cette triste démonstration de la débilité humaine.

Malheureusement, les gendarmes arrivent trop tard et ne peuvent faire qu'un constat des dégâts sur la porte ainsi qu'un début de déposition. Ironie du sort, avant d'arriver chez moi ils ont croisé Sandy et son colosse boloss se disputer très vivement au point qu'ils ont dû les séparer.

Autre ironie de la situation, la gendarmerie dans laquelle je suis censé allé pour déposer plainte est accessible après un escalier d'une quinzaine de marches. Les gendarmes se proposent de repasser chez moi dans la semaine. Je compose le numéro d'urgence de la boîte qui emploie Sandy pour les avertir de la situation et j'exige au passage une confrontation entre elle, son patron, sa responsable et moi. Je ne sais pas si elle a divulgué mon adresse sous la menace de coups, si c'était volontaire, si son mec l'a trouvée lui-même dans ses anciens plannings, mais elle est indubitablement reliée à tout ce dawa.

Vous n'imaginez pas la frustration quel'on éprouve quand l'on a clairement envie de broyer une personne et que votre corps n'est qu'un carcan carcéral. L'impuissance.L'impuissance totale.

Les sentiments se mélangent dans ma tête, je suis à la fois abasourdi par la déferlante de stupidité qui s'est abattue sous mes yeux, mais aussi par cet effroyable sentiment de vulnérabilité qui me gagne. C'est une chose de savoir que l'on est faible physiquement parlant, c'en est une autre d'être dans une situation où clairement, si je m'étais déplacé moi-même pour ouvrir la porte via mon interphone comme je le fais d'habitude, à savoir sans regarder ou demander qui sonne, je serais probablement à l'hôpital,voire dans un sac mortuaire. Vous allez me dire, mes amis étaient là. Certes, mais ce n'était pas prévu, et mon amie lyonnaise n'aurait rien pu faire pour me défendre. Comme quoi des fois tout se joue à pas grand-chose...

Au moment où j'écris ces lignes, je suis certain de deux choses : Sandy va perdre son travail suite au rendez-vous que j'ai exigé avec son staff, et je vais tout faire légalement parlant pour que son mec se fasse dépuceler le casier,si ce n'est pas déjà fait.

Au moment où j'écris ces lignes, je remets beaucoup de choses en question grâce ou à cause de la réapparition de cette vulnérabilité que j'avais toujours su ou cru cacher.

Au moment où j'écris ces lignes, je sais que si je peux le faire, c'est parce que j'ai été extrêmement chanceux.

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