Water Lily : la floraison.

נכתב על ידי RosalineOscar

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- Maman, murmurai-je. - Bonjour ma chérie, sourit-elle en m'ouvrant ses bras. Je m'y ruais aussitôt, enfoui... עוד

J'ai retrouvée ma place.
J'ai retrouvée ma place - scène 2.
Rebondissement. Cela m'avait presque manquée.
Bianca. Gareth. Les présentations sont faite, au revoir ?
D'émotions en émotions. Dieux des céréales, soyez clément.
F.A.Q : Réponse a vos questions.
Allié. Enfin, on va essayer.
Un dernier soir
Tiens-toi prête.
On règle nos problèmes. Non, j'ai pas dit qu'on s'entre-tuait.
Retournons en enfance. Vingt ans ou cinq, c'est pareil après tout.
Catastrophe, bonjour. Tu m'avais presque manquée.
Entre souffrance et joie, il n'y a qu'un seul pas.
Pardon.
Avoir ou ne pas avoir la tête sur les épaules telle est la question.
Normal.
Je ne suis pas folle. Enfin si peut-être. Mais non. Bon d'accord.
Je vais péter un plomb.
Cacophonie, je vais devoir devenir chef d'orchestre.
Le calme avant la tempête ? Non non, juste la bourrasque.
Le nénuphar prend l'eau. Mais parviendra à fleurir.
Un, deux, trois nous irons tous au bois. Quatre, cinq, six avec des explosifs.
Telle fille, telle mère. Aussi gourde l'une que l'autre
Tout ira bien. Enfin. Normalement.
Premier round. Un, zéro.
F.A.Q : la chanson qui...
Je vous emmerde. Bien cordialement, Keyli.
Aucune pitié.
Pikachu ! A l'attaque ! Pardon. Je confonds.
Un dragon. Où comment botter les fesses d'un ennemi en quelques secondes.
Trahison. Un partout. La balle au centre.
Je t'aimais. Je t'aime. J'aurai voulus dire je t'aimerai.
Tu m'as sauvé.
Le début d'une fin. Ou le commencement d'un début.
Vers l'infini et l'au-delà. Buzz l'éclair, sors de ce corps.
Épilogue Kenan.
Épilogue Maël.
Bonus I : Ma reine de cœur.
Bonus II : de diapositive en diapositive.
Bonus III : Qui suis-je ? Entre mort et renaissance.

Ma famille. Où plutôt un puzzle de ma famille.

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נכתב על ידי RosalineOscar

- Arrête de tripoter tes cheveux, m'ordonna Epona en tapant dans ma main. Tu vas tout défaire. Si tu es nerveuse, triture ton médaillon mais laisse donc cette coiffure que j'ai mis des heures a te faire ! Elle ne t'a strictement rien fait.

- Je suis nerveuse, grimaçai-je. Et cette mèche me perturbe.

- Les franges c'est démodées, annonça Saphira. Cette mèche dégage ton visage en plus. Pas vrai, Devon ?

- Pourquoi moi ? Gémit aussitôt l'intéressé.

- Tu es son meilleur ami, rétorqua Saphira. C'est à toi de la rassurer.

- Lui c'est son petit ami, c'est pas plutôt son rôle ? Rétorqua Devon en pointant Kenan du doigt.

Silence. Glaçant. Je passai ma main dans ma nuque alors que le malaise s'intensifia quand Maël détourna le regard pour fixer le paysage qui défilait sous ses yeux. Devon grimaça alors que tout le monde le fusillait du regard d'un comme un accord globale. Je soupirai légèrement avant de simplement tâcher de sourire quand les yeux se dirigèrent sur moi avec compassion, tandis que seul Kenan restait indifférent. Mes yeux tombèrent sur le sol de la voiture qui nous attendait à notre sortie de l'aéroport.

Je ne savais pas comment rompre le silence de plomb qui semblait vouloir s'installer. Oui, c'était probablement la réalité. Kenan et moi étions désormais officiellement ensemble. Nous n'en avions pas réellement parlé, mais c'était la seule chose qui s'imposait. Je me sentais bien avec lui. Et il voulait de moi. Non. Et j'en avais juste envie. Cependant, je ne parvenais pas à être à l'aise, ni à faire comme si je n'éprouvai rien pour Maël. Il me fallait plus de temps, mais je n'en obtiendrai pas avant longtemps et je ferai avec.

- Je suis d'accord. Cette coiffure te va réellement bien.

Je redressai le visage, extrêmement étonnée. Mes joues devinrent écarlates alors que Kenan fixait, à son tour, la fenêtre en gardant ses bras croisés sur son torse. Je passai ma main dans mes cheveux, ramenant la mèche devant mon visage pour cacher mes rougeurs. Au moins, cette mèche me servait a quelque chose.

Epona avait fait un vrai miracle. Me témoignant que les talents des marqués pouvaient être bien plus diverse que je ne l'imaginai. Jamais je n'aurai cru que mon don de soin pourrait me permettre de limiter les dégâts liés a mes cheveux, mais pourtant cela avait été le cas. Avec les indications d'Epona, j'avais réussis a retrouver une certaine longueur et Epona avait finit de les sauver en recoupant mes pointes abîmées. Elle avait finit le tout en offrant à ma coupe une certaine fraîcheur. Un léger dégradé permettait de donner une jolie volume a mes cheveux qui ondulaient à nouveau avec souplesse. Mon reste de frange était devenue une mèche qui glissait le long de ma joue droite.

- Epona a réussi un vrai miracle en te rendant presque regardable, rajouta-t-il platement.

- Tu aurais pu t'arrêter au compliment, grondai-je en lui envoyant un coup dans l'épaule.

Mais merci. Il avait rompu le silence, rompu la sensation envahissante de malaise. Il me lança un regard en coin mais se détourna dès l'instant où je tentais de lui sourire. Ce type allait finir par me rendre folle. Je reposai mes yeux vers Maël, qui les détourna presque aussitôt à son tour, se focalisant sur un paysage qui commençait à devenir familier.

Décidée a ne pas me torturer l'esprit, je contemplai les maisons de ma ville natale. Je reconnaissais les allées avec précision et mon souffle s'accélérait lentement mais sûrement. L'angoisse. Ma mère allait m'assassiner. Totalement. Plus d'un an. Cela fait plus d'un an que je ne l'ai pas vu, que je n'ai pas entendu sa voix. J'appréhendai ce moment, trop incertaine face à ce qui m'attendait, mais je l'attendais aussi avec une impatience furieuse. Elle me manquait. Elle me manquait vraiment énormément. J'étais persuadée de fondre en larme dès que j'aurai la chance de la voir, je savais que je me répendrai en excuse sous ses reproches parce qu'elle aurait raison. Je regrettai certains de mes choix, je regrettai de ne pas avoir choisi de faire d'elle ma priorité et de lui rendre sa véritable nature de marquée. Elle avait dû ce faire un sang d'encre et ma seule excuse serait que je voulais la protéger, chose qu'elle n'accepterait clairement pas. Elle était ma mère et j'avais l'impression de déjà entendre sa voix : « c'est à moi de te protéger, Keylinda ! ». Comme elle l'avait toujours fait.

- Détends-toi, souffla Andrew a l'avant du véhicule tandis que c'était Tamara la conductrice depuis environ une heure. Tu ne devrai pas autant te tracasser, ce serra un moment agréable.

- Tu connais pas ma mère, rétorquai-je dans une grimace. Quand elle est en colère, Tamara est un ange tombée du ciel.

- Elle doit vraiment être géniale en colère alors, sourit aussitôt la rouquine.

- Je doute que ce soit pour ça qu'elle use de ce comparatif, murmura Saphira.

Si cela venait de Devon, j'aurai pu sourire mais Epona décocha aussitôt un regard froid à une Saphira qui haussa les épaules avec désinvolture. Je souris alors que Tamara faisait mine de ne pas avoir entendu, bien qu'en réalité elle avait parfaitement entendu. Les vampires avaient une bonne ouï. Trop pour ne pas entendre quelque chose, même murmurer quand l'habitacle de la voiture faisaient que nous étions tous coller les uns aux autres. En réalité nous nous étions répartis en trois voiture distincte. La première contenait majoritairement des loups-garous, Andréa en était le conducteur et le dirigeant. Dans la troisième, Jena s'était proposé pour être la conductrice de la voiture que je ne pouvais considérer que comme la plus dangereuse. Gareth et Bianca s'y trouvait, encadrés par Josh et Mikaël. En prime, ponpon sur le bonnet. Chimpanzé sur la branche. Uriel se trouvait évidemment dans la même voiture que Jena. J'avais été cruelle de laisser Josh et Mikaël dans ce milieu plus que hostile mais ils étaient les plus neutres, les plus sûr pour cette tâche.

Et il restait une dernière voiture, réunissant le reste du groupe. Tamara et Andrew se relayaient le volant tandis que la conduite brusque de Tamara faisait que Andrew avait un teint livide, mais elle refusait de laisser le volant sans raison réelle. Andrew avait réussis a la convaincre qu'elle ne devait pas conduire plus de deux heures d'affilés mais cela n'avait marché qu'une seule et unique fois. Ensuite, en face a face deux banquettes larges m'avait permis de m'installer entre Kenan et Devon. A mes pieds, Isidora feulait régulièrement quand un soubresaut de la voiture la réveillait. En face de nous Epona et Saphira s'étaient collées l'une a l'autre, laissant un grand espace à Maël qui n'avait pas ouvert la bouche depuis le début du trajet. Qui durait depuis plus de six heurs désormais.

J'allais lui adresser la parole, décidée a le faire parler. Je n'étais pas suffisamment courageuse pour faire comme si de rien n'était, mais je l'étais suffisamment pour savoir que je détestai le voir ainsi, exclu. Autant par lui-même, que par les autres. Cela ne pouvait pas durer et il était temps que je prenne les choses en main puisqu'ils ne semblaient pas décidés a le faire. Mais, me stoppant dans mon élan, Andrew murmura de façon à peine audible :

- Quelque chose cloche.

Tout explosa en moi à la seconde même ou sa phrase alarma mon esprit. Mes yeux devinrent blanc alors que mes sens cherchaient avidement la moindre information. Je ne mis pas longtemps a comprendre qu'Andrew visait juste, qu'il avait su percevoir quelque chose. Il n'y avait rien. Pas l'ombre d'une voix résonnant dans la rue, pas l'ombre d'un mouvement, pas l'ombre d'un bruit. Et ce n'était pas normal. Nous venions de pénétrer dans le quartier où vivait encore ma mère et je le connaissais bien, à cette heure ci de la journée la rue aurait dû déborder de vie. Ce n'était pas normal.

- Arrêtez-vous, sifflai-je sèchement dans un ordre globale.

Tamara eu à peine le temps d'obéir que j'ouvris déjà la portière arrière et me glissait en dehors de l'habitacle, aussitôt rejoins par Andréa qui vint agripper mon poignet quand je m'apprêtai déjà à avancer dans la direction de mon foyer. Ma maison. Où se trouvaient mes parents. J'avais le cœur au bord des lèvres, mon estomac se tordait alors que l'angoisse ne cessait de grandir en broyant tout sur son passage.

- Laisse moi y aller en premier, annonça Andréa alors que je le regardai en tâchant de garder un maigre calme.

- Pourquoi ? Rétorquai-je. Ne te met pas a faire comme Kenan.

- Ne me mêle pas à ce type, gronda aussitôt la voix rauque du démon.

- Stop, clamai-je dès que je remarquai les regards qu'ils échangeaient, prêt à se bondir dessus à la moindre occasion. C'est vraiment pas le moment.

- Il y a des loups-garous dans le coin, souffla Andréa sans pour autant cesser de dévisager Kenan avec froideur. Ils auront plus d'hésitation à attaquer un autre loup.

- Tu proposes d'aller tâter le terrain, approuva Kenan. Cela me semble une bonne idée. Laisse-le aller.

- Pas question, affirmai-je sobrement en me faisant aussitôt fusiller du regard par l'un et par l'autre. Soyez logique. S'ils en ont après moi, ils sauront forcément qu'Andréa est mon lié.

- Alors j'irai.

La voix féminine ne me surprenait pas outre mesure, je m'y attendais. Jena s'avança dans ma direction, sous les yeux ulcéré d'Uriel. Je fronçai les sourcils, incertaine. Envoyée quelqu'un était judicieux, j'en avais conscience. Andréa avait raison, peu importait les raisons de la présence de ses loups dans les environs, ils étaient nerveux. Ils cherchaient à rester discret, voir invisible aux yeux de tous. Alors foncer tête baissée n'était pas l'idée la plus judicieuse mais c'était celle qui faisait trembler mon corps. Ma mère. Mon père. Ils étaient peut-être en danger. Je devais y aller. Je devais courir vérifier s'ils allaient bien. J'en ressentais le besoin viscéral, violent, prenant. Et pourtant je restai en place.

- D'accord, murmurai-je. Mais Josh, tu veux bien l'accompagner ?

- Bien sûr, approuva le loup après avoir échangé un vague regard avec Jena. On y va.

Jena hocha la tête, me remerciant d'un bref signe de tête lorsqu'elle passait devant moi. J'avais conscience qu'elle cherchait à retrouver la place qu'elle avait, en quelque sorte, perdu. Je les regardais foncer dans la direction de ma maison que je ne pouvais pas apercevoir d'ici. J'enfonçai mes mains dans les poches de mon pantalon, cherchant à les occuper pour ne pas devenir folle. Mon pied se mit à battre sur le sol a un rythme régulier.

Mais une main se glissa sur mon épaule. Le calme s'immisça lentement dans ma poitrine et j'inspirai profondément. Mes yeux se tournèrent vers Maël qui hocha la tête quand je le remerciai à voix basse. Il resta à côté de moi alors que je regardai du coin de l'œil Uriel bouillir tout autant que moi. Il faisait les cents pas sans s'arrêter, ses yeux se levant régulièrement devant lui pour vérifier si Jena ne revenait pas.

- Il tient énormément à elle, souligna Maël en suivant mon regard.

- J'ai encore du mal à le cerner, murmurai-je. Mais c'est un fait. Il l'aime.

- Keylinda, murmura-t-il à son tour. Je ne ressens pas la présence de tes parents.

- Moi non plus, avouai-je alors que ma gorge se nouait. Ils devraient être là. Mon père m'avait promis de retourner auprès de ma mère.

- Calme-toi, ordonna-t-il fermement en plantant ses yeux dans les miens. On va les retrouver. Je ne sais pas ce qui ce passe, mais je suis certain que tes parents vont bien. Tu l'aurais perçu s'il leur était arrivé quelque chose.

- J'ai peur, avouai-je en venant vivement serrer sa main.

- Je sais, souffla-t-il plus doux en serrant plus fort ses doigts sur les miens. Mais je te promet qu'on va les retrouver.

Je hochai la tête, la gorge nouée. Ma maman. C'était ma maman. C'était ridicule de soudainement se rendre compte à qu'elle point elle me manquait, à qu'elle point son sourire me manquait, à qu'elle point sa douceur me manquait. Le moindre de ses gestes, la texture de sa main qui caresse ma joue, sa voix furieuse ou inquiète. Tout. Tout me manquait. J'avais peur. Peur d'avoir perdu tout ça et d'avoir passée la dernière année loin d'elle. Au fond, n'avais-je pas été pire que mon père ? Je l'avais abandonnée a mon tour, sans même m'en rendre compte. Ma gorge se serra un peu plus.

La main de Kenan glissa sur mon bras et je me tournai dans sa direction, m'attendant à sa colère mais ce ne fut pas le cas. Ses yeux avaient gardés leurs éclats émeraudes. Il était doux. Calme. Ses doigts caressèrent ma peau et je l'attrapai, gardant celle de Maël tandis que je nouais ma main libre à celle du démon. J'avais besoin d'eux. L'un et l'autre.

« - Keylinda ?

- Josh ? Murmurai-je incertaine quand la voix masculine résonna dans mon esprit. Je croyais que les loups ne pouvaient communiquer par télépathie qu'avec..., je me stoppais légèrement avant de soupirer. Leurs meutes.

- Il faut croire que notre alpha est de retour, affirma-t-il avec enthousiasme.

- Que ce passe-t-il ? Lançai-je rapidement.

- Vous pouvez venir, cela ne risque rien. »

Je ne réfléchis pas une seule seconde de plus, lâchant les mains de Maël et de Kenan je me précipitai en avant. Andréa me suivit aisément, ayant eu accès à la conversation et s'étant déjà préparé à ce que je me précipite là-bas. Nous étions les premiers a arriver sur place, mais vite suivis par tous les autres qui m'entourèrent. Je les regardais vaguement, ma respiration se soulevant plus calmement. Leurs soutiens m'apaisaient.

Devant nous, Josh et Jena étaient eux aussi escortés d'un large groupe. Des loups-garous. Une dizaines environs. Et s'ils m'étaient inconnus, ce n'était pas le cas de tout le monde. Andréa écarquilla les yeux en se détendant aussitôt alors qu'un homme barbus s'avançait déjà vers lui avec familiarité. J'écarquillai un peu le yeux quand Andréa laissa l'homme lui coller une grande claque dans le dos sans broncher.

- David m'avait bien dit que le petit garçon était devenu un homme, mais dis-donc. Où est passé le petit gamin freluquet a qui j'ai foutu de sacré rouste !

- Il a grandi, maugréa Andréa en me laissant un regard en coin, visiblement très gêné.

- Vous connaissez mon père ? Lançai-je vivement. Vous savez où il se trouve ?

- Tu dois être Keylinda, souffla l'homme en se tournant dans ma direction. Je suis Loïc, l'un des meilleurs amis de ton père. C'est lui qui nous a demandé de surveiller la maison, il savait que tu reviendrais bientôt. Nous t'attendions donc.

Qu'est-ce que cela signifiait ? Pourquoi être parti ? Et ma mère ? L'avait-il emmené avec lui ? Cela signifierait alors qu'il avait réussis, qu'il avait puis lui retirer son collier. Mon cerveau semblait en ébullition, cherchant à trouver toutes les explications possible. Mais ce n'était pas en me torturant que je trouverai des réponses et Andrew combla se besoin de réponse en exprimant les questions qui bourdonnaient en moi :

- Pourquoi ne se trouve-t-il pas ici ? Y a-t-il eu un problème ?

- L'organisation qui en après la petite semble aussi s'intéresser à Éléonore. Ils ont débarqués ici il y a environ un mois.

Mon cœur cessa tout battement. Geoffrey était venu ici. Geoffrey en avait après ma mère. Mon sang se glaça dans mes veines et Andréa vint vers moi craignant probablement que mes jambes ne tremblent trop pour me soutenir. C'était ma faute. C'était à cause de moi s'ils étaient en danger. C'était pour me viser qu'il cherchait, désormais, à s'en prendre à ma famille. À ce qui m'était cher.

- Ils vont bien, me lança Loïc avec précipitation. David est doué, il a réussit à s'enfuir avec Éléonore. Il a trouvé refuge dans son ancienne meute, que je dirige depuis son départ. Ils sont en sécurité, nous sommes juste là pour te conduire à eux.

- Comment va ma mère ? Demandai-je un peu tremblante.

- Je ne sais pas vraiment, admit-il. Elle est en vie, ça je peux l'affirmer. Mais je pense que tu comprendra mieux si tu vois par toi-même. Acceptes-tu de nous suivre ?

- J'accepte, affirmai-je vivement sans l'ombre d'une hésitation.

- Bien, approuva Loïc dans un large sourire confiant. Je constate que tu as avec toi de nombreux loup, ils pourront donc porter ceux qui ne seront pas assez rapide ou solide pour nous suivre.

- Nous avons des voitures, souligna Uriel qui c'était rué vers Jena dès qu'il l'avait vu.

- Et nous vivons en autarcie du monde moderne, désapprouva Loïc dans une grimace de dégoût. Pas de voiture.

- Nous allons nous séparer, annonçai-je lentement en faisant se tourner Andrew dans ma direction. Andrew j'aimerai que tu rentre à Dacer, prépare notre retour. Organise aussi une réunion avec les élèves.

- Cela pourrait attendre, rétorqua Andrew. Je n'aime pas l'idée de nous séparer, tu prends des risques inutiles en le faisant.

- Pas inutile. Ce sont des loups-garous. Loups-garous qui n'ont aucunement envie de voir un lien tissé, rajoutai-je devant son regard sévère. Tamara ira avec toi, ainsi que Mikaël. Et vous emmènerez avec vous Gareth et Bianca.

- On ira aussi à Dacer, assena Jena, visiblement très décidée a montrer sa bonne volonté à réintégrer le groupe. Nous veillerons à ce que le démon se tienne à carreaux.

- Merci, murmurai-je en lui souriant sincèrement reconnaissante.

- Bien, soupira Andrew. Tout sera prêt pour votre retour, mais je te préviens : si vous n'êtes pas rentrer dans les vingt quatre heures, on viendra vous chercher.

- Cela me semble un bon compromis, concédai. Alors, a dans vingt quatre heure.

Andrew hocha la tête et se détourna après une courte seconde d'hésitation persistante. Cependant, il était plus raisonné que Tamara qui fulminait largement, il savait que leurs présences, au milieu d'une bande de loup-garou réfractaire à l'idée de rencontrer leurs marqués, créeraient des problèmes. Tout comme la meute d'Andréa avait eu du mal à nous accepter, je doutais que celle-ci serait réellement différente malgré l'amabilité dont faisait preuve Loïc. Alors il fallait éviter d'envenimer les choses.

Loïc me regarda en biais alors qu'il semblait assez étonné que je prenne ce genre d'initiative mais il me remercia d'un bref hochement de tête. Je tâchai de sourire bien que mon angoisse n'était aucunement partit, je faisais juste en sorte de la canaliser afin de pouvoir me rendre auprès de mes parents, au plus vite. Ils étaient peut-être encore en danger et l'incertitude régnait en maître dans mon esprit. Dans qu'elle état se trouvait ma mère ? Elle était en vie mais il ne savait pas comment elle allait. L'ambiguïté de cette information me laissait craindre le pire. Je contemplai mes amis en instant alors que Loïc se mettait déjà a courir.

- Prouvons leur que nous pouvons parfaitement suivre leur rythme, souris-je calmement.

Je ne devais pas céder à la panique, encore moins laisser transparente mon angoisse. Ils avaient tous besoin que je sois solide, surtout la meute. Si j'étais leur alpha, mes émotions se répercutaient sur les leurs et je ne pouvais pas prendre le risque de les influer. Devon sourit à pleine dent, prenant cela comme un défis et un jeu dont il se voulait le gagnant. Il se mit aussitôt à courir, passant à côté de moi à toute vitesse.

- Le dernier arrivé fait la lessive de tous les autres pendant un mois, lança-t-il en éclatant d'un rire sonore et franc.

- Pas question, gronda Nathan vivement en s'élançant à son tour.

- Quelle bande de gamin, murmura Andréa dans un soupir.

Je souris négligemment. Peut-être oui, mais il était aussi agréable de voir qu'il y avait des choses qui ne changeait pas. Qui ne changerait pas. Jamais. J'inspirai longuement alors que la plus part des loups-garous de notre groupe s'étaient élancés en suivant Devon. Je restais légèrement en arrière avec Isidora, grognant d'impatience de suivre les autres mais attendant sagement mon propre départ, Maël, Kenan et Andréa. Ambiance terrible.

- Je te porte ? Questionna Kenan platement.

- Sérieusement ? Rétorquai-je en le regardant en coin.

- Quoi ? Interrogea-t-il avec indifférence.

- Tu peux me porter, affirmai-je platement. Si tu parviens à m'attraper.

Mes pieds s'enfoncèrent dans le sol et mes yeux devinrent deux globe blanc. Ils n'avaient aucune chance. Mes jambes se tendirent et Isidora rugit de plaisir quand enfin je me mettais à courir. Elle s'élança derrière moi alors que je riais légèrement quand Kenan vociféra mon nom mécontent. J'avais déjà rattrapé Devon quand Maël fut le dernier à s'envoler. Je respirai plus aisément. Un court moment de répit avant que ma respiration ne se bloque à nouveau.

Je m'étirai alors que nous attendions patiemment les retardataires, mes membres ne me faisaient pas particulièrement souffrir mais c'était une habitude saine qui était devenu systématique. À côté de moi, Devon était vautré au sol, haletant et transpirant à grosse goûte. Il se redressa sur ses coudes en me fixant de façon insistante.

- Quoi ? Lançai-je en ramenant mes cheveux en arrière pour les attacher alors que Epona allait devenir folle en voyant que la jolie natte qu'elle m'avait faite était partit en fumée.

- Définitivement tu es pas une princesse, assena-t-il alors qu'un sourire commençait à se dessiner sur son visage mâte. Un vrai mec.

- Parce que une fille ne peut pas battre un garçon sur un terrain sportif ? Rétorquai-je cynique.

- Pas un garçon, grogna Devon. Moi. Le meilleur des garçons sur cette terre.

Je pouffai vaguement alors que Devon se relevait en appuyant ses mains sur ses genoux. Il vint passer son bras autour de mon cou familièrement alors que nous étions arrivés, quasiment, au même instant. En tête, évidemment. Vite suivit par Epona et Saphira. Andréa était arrivé sans conviction au côté du reste de la meute, veillant particulièrement sur Nathan à qui il avait promis de le renforcer. Il semblait avoir déjà commencé cette tâche et avait poussé le jeune garçon a ses limites puisque celui-ci, totalement à bout de souffle, était encore penché en avant, reprenant difficilement sa respiration. Kenan arriva ensuite, accompagnée de Maël qui ferma le petit groupe. 

- Vous êtes pas mal les petits, j'suis impressionné.

- On est pas « petit », assena Kenan alors que Loïc s'approchait de lui pour s'apprêter à lui balancer le même genre de tape amicale qu'a Andréa.

- Loïc, ce n'est pas le moment, coupa Andréa alors qu'il venait glisser sa main sur ma taille en me faisant me crisper imperceptiblement. Elle doit voir ses parents. Maintenant.

Je lui étais sincèrement reconnaissante de presser cet homme tandis que je n'osais guère le faire. Je ne le connaissais pas, je ne connaissais pas non plus les coutumes d'une meute, alors je ne pouvais pas me permettre d'ouvrir la bouche et de commettre un impair. J'étais donc sincèrement soulagée qu'Andréa le fasse à ma place, sans doute trop conscient que mon angoisse ne c'était pas volatilisée contrairement à ce que j'essayai de faire croire.

Mais sa proximité me mettait encore très mal à l'aise. Sa main sur ma taille, la sensation ferme de ses doigts me serrant contre lui. Je n'aimais pas ça. Je luttai furieusement contre l'envie de le repousser, comprenant aisément qu'il ne réalisait pas que ce simple geste faisait remonter les images de ce soir là. Mon esprit était plus fermé aux siens depuis que j'étais revenue d'Autre Monde, il avait plus de difficulté a lire mes pensées et même s'il y parvenait forcément, il n'arrivait, pour autant, pas à le faire de façon fluide et limpide.

Le regard noir de Kenan ne dissuada pas Andréa alors que je fixai mes pieds, gênée. Je savais que j'aurai dû lui dire de s'écarter, mais je savais aussi qu'il ne pensait pas à mal. Il cherchait juste à me protéger, à veiller sur moi. Comment pouvais-je lui dire que sa main posée sur ma taille me gênait à ce point quand il faisait simplement preuve de douceur ? Mais Kenan ne voyait pas les choses de la même manière, la main de ce type sur mes hanches le faisait bondir hors de lui et il s'avançait déjà dans notre direction pour lui coller son poing dans la figure. Encore une fois. Mais avant qu'il n'ait l'occasion d'agir, Devon balançait un coup de coude à Andréa qui le fusilla du regard. Je me crispai davantage. Ils n'allaient pas encore ce battre tous, si ? Pas maintenant. Néanmoins sous le regard insistant de Devon, Andréa sembla réaliser et retira vivement sa main.

- Désolé, affirma-t-il en se détournant.

- Ce n'est pas grave, murmurai-je en m'avançant simplement vers Loïc dont les yeux se firent interrogateur. Est-ce que je peux voir mes parents ?

- Bien sur, approuva-t-il sobrement. Suivez moi.

En tête de file, je marchai avec le cœur plus serré que jamais. J'avais peur de savoir ce qui m'attendait. Peur de savoir que mon monde allait encore être bouleversé. Car ce serait le cas, j'en étais intimement convaincu. Kenan se glissa à mes côtés alors que de nombreux loups-garous, curieux, s'entassaient dans les allées d'un large camp. Les tentes s'entassaient a tel point qu'on avançait difficilement entre et je réalisais soudainement à qu'elle point Andrew avait raison. Le monde marqué était bien plus vaste que je ne l'imaginai. Pour chaque marqué, naissait un loup-garou et vu le nombre immense de cette espèce, il fallait se rendre à l'évidence : les marqués étaient bien plus nombreux que je ne l'avais imaginée.

Les regards se posaient sur moi avec une curiosité qui ne me dérangeait plus tant que cela. Je savais que j'étais différente et j'avais appris a apprécier ce fait. Si j'étais différente c'était parce que je devais accomplir quelque chose, parce qu'on en attendait beaucoup de moi. Pas parce qu'on voulait me punir, pas parce qu'on voulait m'exclure. Je restai donc la tête haute tandis que les murmures se répandaient comme une traînée de poudre.

« - Ils sont nombreux, me souligna Isidora en marchant à côté de moi, ses crocs visible en signe de menace à tout ceux qui envisageraient de m'attaquer. Tu as un plan si tout ça n'est qu'un piège ?

- Pas vraiment, admis-je sans détour. Mais je ne ressens aucun danger.

- Tu es pourtant au comble de la nervosité, me souligna-t-elle de sa voix bourrue. J'ai du mal à croire ce que tu affirme. Ne cherches-tu pas à te convaincre toi-même ?

- J'ai un mauvais pressentiment, avouai-je en serrant mes poings. Mais cela n'a rien à voir avec eux. »

Isidora me fixa un instant, devenant incertaine à son tour. Elle ne comprenait pas où je voulais en venir mais pour dire vrai je n'en avais aucune idée moi-même. Je savais juste que cette sensation étouffante n'était pas un bon signe. Quelque chose allait éclater. Quelque chose allait s'effondrer. Kenan posa sa main sur mon épaule, son regard toujours aussi vert. Il faisait réellement des efforts. J'acquiesçai sobrement, reconnaissante de sa compassion.

- Il t'attend.

Loïc c'était stoppé devant une grande tente, plus large que les autres. Mon cœur se mit à tambouriner. Qu'est-ce que j'allais trouver derrière cette toile grisâtre ? Kenan intima le geste le premier, écartant le tissu en constatant que j'étais trop tremblante pour le faire. Il s'engouffra le premier et me tendit sa main pour que je le suive. Je ne me fis pas prier et le laissait me guider à l'intérieur de la tente. Et la réalité me frappa de plein fouet. Cuisante. Lacérante.

- Maman, murmurai-je les larmes me montant déjà aux yeux.

- Keylinda, souffla la voix rauque de mon père en se levant précipitamment de son fauteuil. Tu es enfin de retour !

Avant que je n'ai le temps de vraiment poser mes yeux sur lui, il me tirait déjà dans ses bras. J'inspirai longuement, ma poitrine se gonflant d'une émotion brûlante. Il allait bien. Il allait vraiment bien. Ses bras solides me serraient avec fermetés, son souffle caressait ma nuque. Oui. Il allait bien. J'enfouissais mon visage contre son torse, bien plus chamboulée que je ne l'aurai pensée. Cependant, malgré l'effet fulgurant et apaisant de sa présence, je l'écartai pour me tourner vers le lit où était allongée ma mère.

- E-est-elle ... ? Bégayai-je incapable de terminer ma phrase.

- Elle est vivante, assura-t-il en fixant à son tour le corps étendu.

- Que lui a-t-il fait ? Murmurai-je persuadée que Geoffrey était pour quelque chose dans son état, de façon apparemment erronée.

- Rien, affirma mon père dans un soupir contrit. Du moins directement. Elle est dans cet état depuis que je lui ai retiré son collier.

J'accusai le coup. Alors, c'était ma décision. C'était moi qui lui avait dit de le lui retirer. David posa sa main sur mon épaule en secouant négativement la tête alors que mes yeux devaient se ternir en exprimant toute ma frustration, toute ma colère envers moi-même. Je le contemplai, trop instable pour parler.

- Ce n'est pas de ta faute, annonça-t-il en visant avec justesse le sentiment qui m'envahissait. Geoffrey est responsable de tout ça, pas toi.

- Raconte moi ce qui s'est passé, soufflai-je sobrement.

David m'invita sobrement à venir m'asseoir alors qu'il lançait un regard en coin à Kenan, puis à Andréa qui se faufilait dans la tente. Maël suivit le chemin mais mon père ne lui adressa pas le regard noir qu'il infligeait aux deux autres. Je m'avançai jusqu'au fauteuil où il était installé quelques minutes auparavant et, machinalement, venait saisir la main de ma mère. Sa poitrine se soulevait a un rythme régulier, me rassurant sur son état mais quand mes doigts pressèrent sa paume elle n'eut aucune réaction. Mais quelque chose me fit tiquer. Des murs. Épais. Large. Protecteur. Si elle était inconsciente, son esprit fourmillait toujours de vie. Et cela signifiait aussi une autre chose : son esprit était belle et bien celui d'une marquée.

- Elle a mit beaucoup de temps à accepter de me parler, encore plus à me parler sans me hurler dessus, sourit-il légèrement. Mais j'ai été patient et insistant, elle a finit par me laisser une chance. Je lui ai alors tout dit. Sans mensonge, sans détour. Tu imagines son état, elle n'en croyait pas un mot. J'ai dû me transformer sous ses yeux pour qu'enfin elle réalise que je ne mentais pas et que je ne cherchai pas à inventer toute une histoire rocambolesque pour me faire pardonner.

- Elle a du complètement paniquer, soulignai-je vaguement en contemplant son visage profondément assoupis.

- Effectivement, admit-il en souriant un peu plus. Elle m'a balancée tout ce qui lui tombait sous la main jusqu'à ce que je me transforme à nouveau en humain. Et là elle est tombée dans les pommes. C'était trop d'un coup.

Il se stoppa un moment, contemplant sa femme avec une tendresse profonde. Plus encore que la tendresse d'un simple mari, c'était la tendresse d'un loup-garou à son lié. Le lien avait définitivement éclatés entre eux, étincelant joyeusement malgré la situation. Il tourna ses yeux dans les miens et me sourit, voulant probablement m'apaiser quand je restai extrêmement tendue. Je tâchai donc de sourire à mon tour bien que cela manquait cruellement de naturelle.

- Lorsqu'elle s'est réveillée, elle a été plus attentive et m'a laissé terminer mon histoire jusqu'au bout. Elle ne cessait de pâlir, surtout quand je lui ai dit que toi aussi tu étais... comme moi en quelque sorte, grimaça-t-il. Et elle a refusée de me croire quand je lui a dit qu'elle aussi était différente.

- Elle a refusée de retirer le médaillon, n'est-ce pas ? Questionnai-je distraitement.

- Refus total et illogique, approuva-t-il. Elle me croyait quand je lui disais que tu étais partit en Autre Monde, mais refusait de me croire quand je lui disais que ce médaillon bridait sa véritable nature. Cela n'avait aucun sens.

- Nana m'a dit qu'elle avait toujours refusée de le retirer, bec et ongle, avouai-je. Geoffrey est douée pour la manipulation mentale, cela n'a dû être difficile, pour lui, de convaincre maman que ce médaillon lui était vitale.

- Sans doute. Dans tout les cas, j'ai abandonné l'idée de le lui retirer pendant un temps. Je me suis contenté de lui prouver qu'elle pouvait à nouveau compter sur moi. J'ai fait de mon mieux pour me faire pardonner, pour faire qu'elle puisse encore m'aimer.

- Elle n'a jamais cessé de le faire, murmurai-je plus doucement en caressant les cheveux brun et soyeux de ma mère. Elle n'a cessée d'attendre que tu rentre à la maison.

Je souris plus naturellement cette fois alors que j'étais sincère. Ses yeux s'embuèrent légèrement alors qu'il semblait avoir du mal à y croire. Peu importe si c'était logique ou non, peu importe si c'était horrible à vivre ou inconscient, c'était juste réelle. Ma mère aimait mon père d'un amour qui ne s'effaçait pas aussi facilement qu'on efface le tableau noir barbouillé de craie. Elle avait attendu. Chaque jour, chaque seconde, elle avait eu l'espoir de le voir franchir la porte de notre maison. L'espoir de le voir revenir. L'espoir de l'entendre à nouveau lui dire qu'il l'aimait plus que tout au monde. Jamais je n'avais compris pourquoi elle attendait un homme qui l'avait abandonné, j'avais même été furieuse quand j'avais découvert ce sentiment si puissant qui enveloppait régulièrement ses pensées. Je ne comprenais pas. Comment pouvait-elle aimée quelqu'un qui l'avait autant fait souffrir ? Mais maintenant je comprenais.

Vaguement, mes yeux tombèrent sur Kenan, resté en retrait comme les deux autres garçons. Ils étaient éparpillés dans la tente, Maël examinait ma mère avec précaution et en silence. Je le laissai faire malgré qu'il me semblait évident qu'il ne pourrait rien y faire. Tout comme moi. Nous n'avions aucune idée de ce qui causait ce coma et je doutai que ce soit physique. Andréa restait prêt de l'entré, ses yeux restant rivé sur moi. Il était pensif mais j'étais trop obnubilée par l'état de ma mère pour suivre le court de ses pensées. Et enfin Kenan. Assis dans un coin de la pièce, il avait les yeux clos et ne semblait guère intéressé par la situation.

C'était grâce à eux que j'avais finis par comprendre. Aimer était un verbe très compliqué. Parfois aux pluriels, parfois au singulier. On se perdait dans les temps aussi aisément qu'on se perdait dans un labyrinthe. Et parfois, nous voulions placés un autre temps que celui qui allait réellement à la phrase mais on se rendait toujours compte de l'évidence : pas moyen que cela sonne juste. Alors on revenait à la réalité, a un temps juste et inévitable. J'avais pardonné à Kenan ses erreurs, j'avais retrouvé la conjugaison au présent quand j'avais voulu en faire un passé. Et j'imaginai aisément que ma mère ressentait la même chose. Elle avait dû vouloir l'oublier, elle avait du vouloir faire comme si rien ne c'était passé, mais elle avait échouée. On oublie pas quelqu'un que l'on aime réellement, on peut avancer mais pas oublier. Mais pour avancer il faut le vouloir et ni elle, ni moi, ne l'avions voulu. Le passé nous rendait heureuse.

- Elle continuait de refuser pour le collier, continua mon père la voix un peu plus rauque à cause de l'émotion. J'avais beau tout essayer, elle ne voulait pas le retirer. J'ai donc fini par me résoudre à le lui enlever de force.

- Et vous avez réussis, ajouta Maël en me surprenant un peu par son intervention. Il n'y a plus de collier autour de son cou et les barrières de ses pensées témoigne qu'elle est bien une marquée. Une métamorphe, si mon jugement est exact.

- Exact, approuva mon père en le contemplant pour la première fois. J'ai réussi à lui arracher assez facilement, elle n'était qu'une humaine et moi un loup, elle n'avait aucune chance.

- Et que sait-il passé une fois que tu as réussis ? Insistai-je aussitôt.

- Elle est tombée dans mes bras, soupira-t-il en se crispant. Elle a articulée quelque chose que je n'ai pas compris et depuis elle est dans le comas.

- Son comas n'est pas naturel, confirma Maël sobrement alors qu'il s'écartait du corps de ma mère. Mais je ne pourrais pas affirmer par quoi il est provoqué. Contrairement à Tamara, ajouta-t-il à mon attention. Il n'y a aucune magie noir. Je ne perçois pas non plus de signe pouvant indiquer la présence d'un don qui s'exerce sur elle. C'est plus comme...

- Comme si elle refusait de faire face à la réalité, ajoutai-je.

Sa tête s'agita d'avant en arrière, m'approuvant silencieusement. Je contemplai le visage pâle de ma mère. Il semblait plus jeune. Plus ferme. Les quelques rides qui commençaient à se dessiner sur la commissure de ses lèvres avaient disparu et les rares mèches grisonnantes s'étaient volatilisés. Mais soudainement je me demandais si j'avais fait le bon choix. Et si ma mère n'avait pas souhaité redevenir une marquée ? Et si elle n'avait souhaitée qu'être humaine ? Être normal. Sa vie de marquée n'avait rien eu d'idyllique et si elle avait le moindre souvenir de sa vie antérieur, alors cela ne devait que renforcer un sentiment puissant et virulent de ne vouloir accéder qu'a une vie d'humaine. J'avais été égoïste. Je n'avais vu que l'intérêt de pouvoir avoir ma mère à mes côtés pour l'éternité. Avoir ma famille pour l'éternité.

Mais il était trop tard pour revenir en arrière, ce qui était fait était fait. Il fallait donc simplement gérer la situation au mieux possible. Pour cela, une seule et unique option s'offrait à moi. Je me redressai posément. Le calme envahissait doucement mon esprit.

- Je pense pouvoir lui parler en forçant ses murs, annonçai-je sereinement. Mais cela va me demander une énorme concentration et je deviendrai alors une cible facile.

- Tu ne risque rien ici, m'affirma David. C'est ma meute.

- Je suis désolée, souris-je vaguement. Mais je pense que tu as conscience que je suis devenue beaucoup trop intéressante. Ma tête est mise a prix. Tu penses sincèrement qu'aucune personnes présentes ici n'a pas le désire de devenir riche ? Où aucun intérêt à avoir Geoffrey dans ses amis ?

- Je ne dirai pas cela, concéda David dans un soupir. Mais Loïc nous défendra si quelqu'un tentait quoi que ce soit.

- Peut-être, approuvai-je. Mais je préfère faire confiance au mien et je pense que tu peux le concevoir.

- Bien, soupira-t-il à contre cœur.

- Kenan, Andréa, je peux compter sur vous pour assurer les environs avec les autres ? Questionnai-je. Sans que vous vous entre-tuer ?

- On devrait pouvoir s'entendre s'il s'agit de ta sécurité, affirma Andréa avec désinvolture.

- Je te promet pas de te le rendre intact, souligna Kenan en haussant les épaules.

- Je suppose que je devrais me contenter de ça, soupirai-je avant de me tourner vers Maël. J'aurai besoin que tu m'aides. Je ne sais pas ce qui se passera lorsque je forcerai ses murs et je compte sur toi pour veiller à ce qu'elle soit stable.

- Je veillerai sur vous deux, affirma-t-il sans plus douter de lui.

J'inspirai une grande bouffée d'air en fermant les yeux. Il était tant de réunir les pièces du puzzle. Lorsque mes yeux se rouvrirent, Kenan et Andréa étaient déjà en dehors de la tente. Mon père me regardait avec une fierté qui illuminait ses yeux. J'avançai jusqu'au corps de ma mère et glissait lentement ma main dans sa nuque, mes dons commençant déjà leurs travailles. La télépathie avait toujours été mon domaine privilégié, celui qui avait fait éclore celle que j'étais avant même que je ne sache qui j'étais réellement. Néanmoins, rien n'est jamais tracée. Rien n'est jamais prévisible.

Je n'eus pas besoin de forcer le passage des murs épais. Ce n'était pas des murs. C'était un piège. Une prison solide et infaillible. Mais destinée à une unique personne. Moi. Lorsque les murs tombèrent soudainement, je compris que ce n'était qu'un moyen, qu'une façon de m'atteindre. Moi. Mon esprit. Avant que je n'ai le temps d'écarter mes doigts de la peau de ma mère qui ouvrait brutalement les yeux, je sombrais. Mon corps tomba en arrière et ma dernière sensation fut les bras solides de Maël m'attrapant de justesse tandis que je tombais dans un comas. Où plutôt. Dans un rêve

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